Ring of Honor

ROH Final Battle 2013 : le retour des anciens

chris hero final battle

Le 14 Décembre dernier, la Ring Of Honor organisait son plus grand show de l’année, Final Battle. Avant les fêtes de fin d’année, comme d’habitude les comptes sont réglés à l’issue d’une année 2013 inégale. Dans son fief du Hammerstein Ballroom de New York, la ROH dresse une carte d’expérience pour offrir un spectacle sûr. De là à emballer ?

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Pour l’opener, Matt Hardy remplit sa dernière obligation contractuelle avec la ROH contre le jeune Adam Page. L’ambiance est hostile comme jamais et Hardy ne fait rien pour l’améliorer. Lourd, minimaliste, il est tout l’opposé de Page qui tente de dynamiser un rythme de match très plat. Grâce aux moves d’un Page dominant, le match est sympa mais sans plus. La durée est faible et Hardy joue à l’opportuniste basique profitant d’un saut raté de Page pour finir victorieusement un run franchement oubliable à la ROH.

Cette première partie de show est un vrai paradoxe car elle propose des matchs baroques. Le premier Strap match de l’histoire de la ROH se déroule entre Silas Young et Mark Briscoe sur le thème « je suis un homme, t’es une lopette ». Cette stipulation est tout sauf emballante et le public ne sait pas comment l’interprêter d’ailleurs. Pas de lumière ici mais le contrôle de l’arbitre pour valider les quatre coins. Par rapport à la stipulation, le match n’est pas si mauvais que ça. C’est surtout à l’extérieur que le match est intéressant avec sa partie brutale. Silas Young, expérimenté revenant sur le devant de la scène, s’offre un succès de prestige de manière très moyenne et trouble, dans un méli-mélo où la main touche in extremis le dernier coin après s’être appuyé sur l’arbitre. Premier et il faut l’espérer dernier Strap match à la ROH malgré un rendu au-dessus du JTG vs Shad Gaspard.

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Le sommet de Final Battle arrive dans ce troisième match. Les Young Bucks terminent une année 2013 très complète. Très voyageurs de nature, ils sont champions par équipe à la NJPW. En face c’est pas mal non plus et très frais avec la sensation ACH et son pote TaDarius Thomas. Dans ce match de la rédemption pour les Young Bucks, massivement encouragés et acclamés ce qui les change d’une époque où ils étaient étiquetés TNA, trois hommes offrent un grand spectacle. Thomas est un ton en-dessous, plus emprunté dans ses mouvements et surtout n’ayant pas vraiment voix au chapitre. Il est en fait le mec qui est chargé de subir. Parfois il y a donc cette sensation d’Handicap match mais qui n’en rend pas moins énorme ce match. ACH a le coffre pour régler deux comptes à la foi et pour résister malgré plusieurs Super Kicks reçus par les Jackson. Une Super Kick Party adorée par les Jackson, moins marquants que les kicks de Shawn Michaels et James Storm mais très efficaces. S’il faut en retenir un, c’est celui qui écarte définitivement l’opiniâtre ACH dont on a pas fini d’entendre parler. Et le More Bang for Your Buck frappe sur Thomas le sceau d’un show stealer.

La brutalité est au programme avec un Stretcher match, encore une stipulation et encore une stipulation rare surtout. Entre Mike Bennett et Kevin Steen, il est question de garder son Piledriver, mouvement « chéri » par Vince McMahon au passage. Facteur charme dans ce match, Maria Kanellis, la compagne de Bennett, en mode tigresse enragée tout du long du match et même dans l’après match pour son grand malheur. Steen fait le match à sa main, décidant même qu’il en a assez de la civière qu’il sort du jeu. Pas vraiment pratique car la stipulation est soudainement totalement oubliée. Et dans ce festival de piledrivers, surtout de la part de Steen, c’est en pliant deux fois des chaises avec son package piledriver appliqué sur un Bennett bigrement résistant qu’il s’impose logiquement par arrêt de l’arbitre.

Mais il faut parler du Despicable Steen. On sait qu’il n’est pas politiquement correct et ce côté très anti-conformiste plait beaucoup, mais brutaliser les femmes, c’est non. Et là c’est même un acte grave commis car il inflige un Package Piledriver à Maria. Un drame qui mobilise tous les officiels à la rescousse à la seconde. Le show aurait pu s’arrêter là sur cette tragédie.

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Ce qui suit va vers cette tendance de l’arrêt de l’action avec l’affiche la moins sympa depuis des lustres pour les titres par équipe. Entre les champions Bobby Fish et Kyle O’Reilly et les clowns Eddie Kingston et Homicide, difficile de choisir son camp et c’est d’ailleurs à partir de ce moment que le public va plonger. Cet affrontement heels contre heels est une mauvaise pilule de 15 minutes. Entre des champions au style technique et des challengers au style bourrin, l’assemblage n’est pas agréable et souvent ennuyeux. Dans ce cas, les bourrins dominent dans l’ensemble bien sûr. Et comble du comble, à vicieux, vicieux et demi dans cet affrontement car Bobby Fish va profiter d’un étourdissement de l’arbitre pour jouer un sacré tour d’entourloupe terminé par un coup de chaise donnant le tombé victorieux à son pote Kyle O’Reilly. Rapidement oubliable jusque dans l’après-match où Kingston et Homicide ont sorti les poubelles sur le ring après avoir fourni une prestation pleine de déchets.

Déjà que ce qui s’était passé avec Maria est traumatisant, mais là Tommaso Ciampa est totalement fiché pour agression aux femmes. Dans le match pour le titre Television, Matt Taven se fait broyer au sens propre du terme. Ciampa mérite son statut de Sicilian Psycopath, totalement dingue et détruisant l’intégralité du clan de Taven. Cela inclut Truth Martini ce qui n’est pas un drame en soi. Mais mettre d’abord un violent coup de genou en plein dans la tête de Scarlett Bordeaux et cueillir la fine Kasey Ray avec le terrible Project Ciampa, cela donne une vision d’horreur à l’issue d’un match rapide où il empoche le titre d’une manière violente. Décidément les femmes ce soir-là sont martyrisées et auront toutes fini leur nuit à l’hôpital. Triste car c’est dans le rôle de patientes et non d’infirmières, ahem.

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Même si le coeur n’y est plus, il faut bien poursuivre avec un départ et un retour surprise. Eddie Edwards dispute ici son dernier match avec la ROH, sans son pote Davey Richards qui lui a décidé par rébellion d’aller à la CZW, avant que les deux voguent possiblement vers WWE NXT. Mais en attendant, pour affronter Roderick Strong et Jay Lethal, Nigel McGuiness lui donne un coéquipier pour le moins inattendu. Il s’agit de BJ Whitmer qu’on avait laissé il y a quelques mois sur une fin de carrière suite à une grave blessure sur un Piledriver de Mike Bennett. Il revient pour un one shot qu’il soigne bien avec son style pas très varié mais appréciable ici avec les souplesses. Les échanges entre Edwards et ses deux adversaires sont délicieux et bien rythmés pour un match agréable allant dans l’escarcelle d’Edwards et de Whitmer.

Mais le happy end finit en cauchemar pour Eddie Edwards car BJ Whitmer est en réalité revenu pour exprimer un ras-le-bol. On pouvait s’attendre un jour à ce genre de réaction, tellement la ROH a été pillée en 10 ans, et Edwards en fait les frais, étalé et martelé de coups par une pique de Jimmy Jacobs, venu synthétiser à l’oral ce ras-le-bol. Et maintenant, gare à ceux qui ont des velléités de départ car Jacobs, Whitmer et Roderick Strong veillent au grain.

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On passe déjà au main event mine de rien avec un triple threat entre Adam Cole le champion actuel de la ROH, Michael Elgin son challenger désigné, et Jay Briscoe qui avait perdu son titre sur blessure mais n’admet pas cela et a fait sa propre ceinture. Du coup, il s’agit ici de voir qui est le champion du monde de la ROH sans discussion. Dans un combat de près de 30 minutes, Adam Cole essaye de sortir de cet affrontement à plusieurs reprises, étant dans une situation d’Handicap match. Michael Elgin fait la plus forte impression, planant même sur le match ce qui indiquait qu’il aurait peu de chances de remporter enfin le titre.

L’espoir est donc légitime pour un Jay Briscoe basique mais Adam Cole reçoit le renfort final de Matt Hardy, totalement déterminant dans sa conservation du titre à l’issue d’un match qui aura un peu déçu tout de même. Bon, Matt Hardy reste à la ROH donc et tout le monde fait la gueule. Les challengers battus sont étalés par des coups de ceinture, et un thème bien connu retentit signifiant un sacré retour. Chris Hero, maltraité à la WWE, fraichement débarqué depuis 40 jours, revient fort avec son elbow qui frappe Matt Hardy puis Adam Cole. Le Knockout Kid is Back et ce n’est pas pour déplaire.

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«Oh hai!»

Final Battle déçoit dans son rendu total. Ce n’est pas vraiment un feu d’artifice d’une fin d’année. La ROH s’est tournée vers ses valeurs sures et ses anciens pour faire un show de facture convenable mais en-dessous des précédents Final Battle. Mais la fin donne des perspectivesq agréables pour attaquer 2014, et la ROH malgré des départs arrive toujours à fidéliser tous les catcheurs qui y sont passés et finissent par y revenir, car ils savent qu’ils y seront les rois.

Photos : Scott Finkelstein

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