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Portrait

Les grands managers de l’histoire : Dutch Mantel

D’abord catcheur puis manager, Dutch Mantel a eu une histoire loin des projecteurs mais non moins marquante.

Pro Wrestling Illustrated

Vous le connaissez actuellement sous le nom de Zeb Colter mais dans sa carrière c’est bien celui de Dutch Mantel que Wayne Maurice Keown a le plus souvent emprunté et c’est sous cette identité qu’il a connu le plus de succès. Le paradoxe est que ce nom n’a jamais été utilisé à la WWE puisqu’avant d’être le très patriote Zeb Colter, il était Uncle Zebekiah au milieu des années 90. Zeb, c’était donc bien ce nom que la WWE a voulu lui donner à tout prix.

Mais avant ces aventures à la WWE qui sont finalement très mineures dans son parcours, Wayne Keown a donc lancé sa carrière de catcheur en 1973. A l’époque, c’était la NWA la plus puissante et ses compagnies dispatchées. Et Mantel s’est distingué dans le catch par équipe au sein des Kansas Jayhawks, des Desperados et des Vaqueros Locos. Ainsi, il rentre dans le personnage de cowboy qui lui collera dans la peau durant quasi toute sa carrière de 40 ans. Homme du Tennessee, il s’oppose à l’autre icône locale, Jerry Lawler, dans une série de combats au début des années 80 qui vont le faire connaitre un peu plus au-delà que des cadres plus confidentiels.

Ses matchs parviennent à remplir des salles de plus de 10000 places, mais à une époque et un lieu où le catch n’était pas le plus visible. Il croise aussi la route de nouveaux, Sting et l’Undertaker, qu’il va conseiller et aider à monter, ainsi il aura été une pierre à l’édifice de légendes.

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The Master of Pain (The Undertaker) sous la houlette de Dutch Mantel (1989).

Après s’être forgé un palmarès bien enviable formé d’une cinquantaine de titres et en ayant déjà démontré une certaine personnalité, en 1990 il rejoint la WCW comme commentateur et a droit à son groupe, Los Desperados, l’histoire se répète ainsi dans le nom et dans des vignettes typées Far West, il part à la recherche de Stan Hansen avec son petits groupes sans finalité au bout. Mais au-delà de cela, son premier grand accomplissement de manager aura été de créer Steve Austin en trouvant le nom Austin vraiment indispensable pour la star encore naissante qui patinait avec son nom Williams, déjà utilisé par un autre catcheur.

Après avoir rejoint la Smoky Mountain Wrestling de Jim Cornette comme commentateur où il s’illustre également à l’écriture pendant trois ans, son premier passage à la WWE intervient mais n’est pas marquant. Cependant, il lance Justin Bradshaw qui deviendra JBL dans un environnement très Far West, ainsi que l’équipe des Blu Brothers qui n’ont pas vraiment marqué l’histoire.

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Avec Justin Bradshaw (JBL).

Son accomplissement majeur dans le monde du catch intervient dans les quinze années qui suivent. D’abord à la WWC et l’IWA au Porto Rico puis à la TNA, Dutch Mantel s’impose tant à l’écran qu’à l’écriture comme un élément essentiel de leur succès. Ultra bosseur à l’esprit imaginatif incroyable, il développe ces deux fédérations, participant pleinement à leur éclosion sur le plan télévisuel où il est un bosseur hors pair, travaillant toute l’année pour fournir plusieurs heures de show, c’est un individu qu’on aurait ainsi aimé voir bien avant à la WWE que sur des petites périodes.

La TNA entre 2003 et 2009 lui doit énormément, tant dans la constitution de son roster que dans l’écriture des shows. Ainsi, est-ce réellement une Coïncidence si après des désaccords sur l’écriture, il est parti en juillet 2009 puisque la TNA s’est noyée avec une gestion et une écriture catastrophique ? Clairement pas, et la division Knockouts lui doit tout, sortant de son esprit et construite directement de ses mains. Il dynamisera ainsi aussitôt le catch féminin qu’il créera même en faisant venir Gail Kim et Awesome Kong pour la première rivalité fondatrice de cette division féminine qui aura d’entrée connu des moments mémorables, et ce vraiment grâce à lui.

Toujours boulimique dans l’écriture, Dutch Mantel revient au Porto Rico pour des piges. Ainsi, il s’agit vraiment du travailleur de l’ombre, ultra reconnu dans son milieu, connu des fans les plus durs, et au parcours vraiment dans l’ombre médiatique qu’est devenue la WWE. C’est ainsi que tout de même il aura droit à son exposition dans un rôle très patriotique et avec sa barbe plus affinée.

Les souvenirs qu’il a évoqué de la guerre du Vietnam sont réels, venant d’une année de service dans l’armée américaine en plein milieu du conflit vietnamien. Il récupère ainsi un Jack Swagger retombé au plus bas après être monté jusqu’au titre. Le succès n’est pas forcément au rendez-vous, mais l’attitude prend de l’ampleur au fur et à mesure, et sous l’identité de Zeb Colter il a aussi le suisse Cesaro sous son aile dans l’équipe des Real Americans qui montera encore jusqu’à toucher les titres par équipe sans jamais les attraper.

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Au micro, il accroche vraiment, a le verbe juste et les discours naturels. Toute son écriture rejaillit même dans l’attitude quotidienne où sur son compte Twitter il balance des perles en série, totalement ancré dans son personnage. C’est sûr qu’il est entier mais il va jusqu’au bout de ses idées et elles finissent par passer bien auprès de tous et même les discours paraissant limites — si bien qu’ils ont fait grincer des dents du côté du parti républicain américain pour le côté caricatural des tea party — ils ne sont pas pour autant à bannir, clairement en raison de son écriture vraiment précise et pointilleuse, dans le moindre souci du détail de son chemisier comme des poils de sa barbe.

Lors de SummerSlam, il est mis hors service par Rusev et on peut vraiment s’interroger sur la suite à l’écran, lui qui a peu connu cet honneur et l’a pleinement eu lors des deux dernières années, comme une récompense qui devait arriver une fois les soixante ans passés. Ainsi, c’est la fin de carrière probable pour ce Dutch Mantel à l’expérience extrêmement riche mais qui aurait vraiment mérité à être connu du grand public.

Mais c’est par son écriture et des empreintes extrêmement encore visibles qu’il a laissées dans les fédérations où il a exercé pleinement ses talents que son nom restera gravé et ne doit pas rester inscrit comme uniquement celui du personnage de l’Amérique profonde dans l’imaginaire collectif.

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