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Portrait

Les grands managers de l’histoire : Jim Cornette

Des managers omniprésents, aux rôles multiples qu’on se demande même s’ils dorment un peu, il en existe. Des grandes gueules et des gros caractères remplissent ce rôle et l’homme aux lunettes et à la raquette en est un représentant fort. Zoom sur Jim Cornette.

Même pas besoin de changer d’identité pour lui. Quand à peu près tout le monde change de nom, Jim Cornette réussit très vite à se faire remarquer et a un nom qui passe bien et n’a pas besoin de modification. Il a un destin proche de celui de Paul Heyman, ce qui illustre déjà l’appartenance au cercle particulier des grands pluriactifs.

Très jeune il installe chez lui une gigantesque antenne satellite pour voir le plus de catch possible. Comme Heyman, il occupe le même rôle de photographe en travaillant pour des magazines et ajoute déjà en bonus le rôle d’annonceur. Autant dire que très vite, il est repéré et Jerry Jarrett le prend sous son aile, sa carrière de manager débute alors vitesse grand V à l’âge de 21 ans. Riche jeune homme, il est le manager de plusieurs catcheurs et catcheuses l’espace d’un soir car à la fin de la soirée, ceux qu’il accompagnait le virent, et parmi eux, un autre futur manager nommé Dutch Mantel.

Il aurait pu devenir tennisman s’il ne faisait pas ce que John McEnroe aurait surement rêvé de faire avec les arbitres à la même époque, à savoir casser la tête de l’adversaire avec une raquette de tennis, instrument incontournable et marquant de toute son ère et de sa heel attitude de grande gueule. Cette arme sera incontournable pendant une décennie.

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Tout comme les lunettes.

Son parcours est riche et encyclopédique. Il forme d’abord un trio de catcheurs puis connait les premiers succès avec Bobby Eaton et Dennis Condrey qui sous sa direction remportent plusieurs titres par équipe à la NWA. Arrivé sans mal à la pointe de la NWA, cette ascension comporte aussi une sérieuse blessure qui bloque un temps son parcours pour mieux repartir. Il complète son curriculum vitae déjà riche avec un rôle de commentateur puis un rôle de scripteur de la WCW même si ce rôle sera bien bref en 1990.

A l’âge de 30 ans, Jim Cornette finit de faire tout ce qui peut être possible dans le catch en créant sa propre compagnie, la Smoky Mountain Wrestling. Mais c’est un échec car entre temps et il le reconnaîtra lui-même, il ne réussira pas à faire entrer son produit dans le monde populaire à une époque où les compagnies prenaient un minimum de risque avec un creux. Mais comme il y a toujours des mais avec Cornette, quand il a un échec, c’est tout de suite suivi d’un succès, et même inséré car des catcheurs de la WWE feront leurs gammes dans la petite fédération.

En 1993, son meilleur chapitre s’ouvre à la WWF où d’abord il est le représentant de Yokozuna. D’entrée sur la grande scène, son rôle va encore s’étoffer après la fin officielle de sa fédération et ainsi le fameux Camp Cornette est lancé avec ni plus ni moins que Vader, le British Bulldog et Owen Hart sous son aile. Il est dans un rôle de manager controversé, très à contre courant, dont le rôle consiste à être désavoué. Ainsi, en trublion et en pleines Monday Night Wars, il se régale et sa voix se fait plus que jamais entendre dans tous les shows.

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Jim Cornette et Vader

Il a le plaisir de refaire revivre la compagnie qui l’a lancée, celle de Jim Crockett et un angle d’invasion de la NWA se fait jour en 1998 avec Jeff Jarrett en tête de proue, et il ne résistera pas à la tentation de remettre une nouvelle équipe Midnight Express en route après celle qui avait fait ses premiers triomphes de manager. Comme un manager omniprésent depuis des années ne peut pas y rester éternellement non plus, cet angle d’invasion va coïncider avec une mise hors des écrans de la WWE et il s’adonne alors tout à la fois au rôle de scripteur qu’il peut alors davantage exprimer ainsi qu’à celui de recruteur.

Et à cette époque, le recrutement et les premières formations qu’il dispense ensuite à l’OVW, le premier territoire de développement de la WWE, vont être importantes. Durant son temps, John Cena ou Randy Orton font leur entrée et ce routier va déjà les aiguiller. Sa liste de talents formés est d’ailleurs remarquable quand on sait l’époque charnière entre fin 90 et début 2000. Malheureusement, il faut un coup de sang et un seul pour que l’aventure prenne fin. Une claque à Santino Marella et une fin lors de l’été 2005. Dommage car il était parti pour tellement de choses encore et vu comment le développement s’est toujours plus étoffé au fil des années, le voir travailler avec les jeunes talents qui ont fait leur arrivée progressive aurait été très excitant sachant que beaucoup de main-eventers des années 2006 à 2009 — et encore aujourd’hui pour certains — ont reçu son expertise, et on ne peut pas dire qu’il les a conduit à l’échec loin de là.

Mais qu’à cela ne tienne, il va devenir une grande figure de la TNA dès son arrivée lors de Slammiversary 2006 où il débarque en chef manager et embarque le titre mondial avec lui pour le remettre ensuite à Jeff Jarrett. Les décisions folles sont de mise à une heure de grande créativité pour la TNA, gonflée qui plus est par l’arrivée progressive de noms de la WWE. Sa grande gueule s’exprime plus que jamais et même si la raquette a alors disparu, la hauteur de sa voix est une arme redoutable. Les coups de gueule sont fréquents et le micro est bien inutile et surement pas branché d’ailleurs. Ce n’est pas une surprise si son départ arrive en 2009 quand l’ère Hogan-Bischoff pointe son nez.

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C’est alors forcément un régal de garder le contact avec Jim Cornette qui ne manque évidemment pas l’occasion de phrases assassines bien senties. Ses analyses sont fortes et sans concession, du premier degré digne de la vieille école mais tout à fait valable et on lui donne en fait bien souvent raison tellement il est un observateur avisé du milieu. Ainsi dans son podcast The Jim Cornette Experience, c’est maintenant là qu’il déverse ses conseils et critiques.

Avant cela, il fait aussi un tour à la ROH et quand on sait que plusieurs des talents de l’époque sont maintenant à la WWE avec des rôles sympas, là aussi on voit qu’il aura donc gardé de manière indirecte le rôle de pass avenir pour la WWE. Il est chef scripteur et General Manager, surement ses deux rôles préférés qu’il peut exprimer alors que la ROH passait aux shows télévisés. Pas un immense succès visuel c’est certain mais une trace indélébile et un départ là aussi tumultueux en 2012, vraiment une marque de fabrique.

De manière fracassante, et pas qu’avec sa raquette, Jim Cornette aura ainsi fait son trou dans le monde du catch. Pas si vieux que ça, la cinquantaine à peine dépassée, il peut prendre ses distances et surtout un repos dans l’action mais pas dans la parole. Il faut dire qu’il s’est tellement brouillé qu’il serait pour lui bien compliqué de reprendre une place dans une fédération de pointe et d’ailleurs c’est quelque chose qu’il ne souhaite pas après avoir été tellement actif pendant plus de 30 ans.

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Du coup le voilà comme vous, un smart.

Mais il serait bien mal avisé de ne pas lui accorder le moindre crédit car au bout du compte, son parcours ne rassemble pas de grosse faute de gout, sauf sur ses sorties. Mais gageons que c’est bien comme cela qu’il voulait mettre la flèche car de lui-même il n’aurait pas voulu lâcher une fédération et il fallait vraiment le pousser dehors pour qu’il en parte en prince fier de ses convictions.

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