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En 2012, Kevin Owens a bien failli prendre sa retraite

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Ric Flair, « Stone Cold » Steve Austin, Chris Jericho, Jim Ross… De nos jours, la plupart des grands noms du catch qui ne travaillent pas à plein temps à la WWE ont leur propre podcast. Bien avant que ce genre d’émission se démocratise, Colt Cabana a été le premier à s’installer derrière un micro pour parler du monde du catch et de ses coulisses.

Cinq années se sont écoulés et le meilleur ami de CM Punk — dont la participation au podcast restera dans les mémoire — délivre toujours chaque jeudi un nouvel épisode de Art of Wrestling. La semaine dernière, Cabana a remercié ses fans et les personnes qui se jointes à lui chaque semaine pour avoir fait de son podcast un programme incontournable du net pour tout fan de catch. En revanche, au lieu de proposer une conversation fraichement enregistrée, Cabana a souhaité nous faire écouter une partie inédite d’un podcast enregistré il y a trois ans avec Kevin Steen.

Le désormais Kevin Owens vit le rêve de son enfance: combattre chaque soir dans le ring de la WWE devant des milliers de fans dont certains venus spécialement pour le voir martyriser ses adversaires. En un an, il est devenu champion NXT aux dépens de son vieux rival Sami Zayn, a fait ses débuts à Raw, a battu John Cena dans son premier match en pay-per-view et a même défié le posterboy de la WWE dans un match pour le titre des États-Unis. Mais il y a trois ans, l’avenir du Québecois n’était pas aussi radieux qu’il ne l’est aujourd’hui.

« Je ne peux pas arrêter le catch, alors qu’en toute honnêteté je devrais »

Cette partie diffusée pour la première fois démarre par: « Je ne suis pas une personne normale parce que je ne peux pas vraiment arrêter le catch, alors qu’en toute honnêteté je devrais le faire pour plusieurs raisons. Je suis à un carrefour de ma vie et ma carrière. J’ai une grosse décision à prendre. » Des propos qui feraient froid dans le dos si la carrière d’Owens avait connu un tournant dramatique plutôt que le succès qui s’offre à lui aujourd’hui. Steen, ou Owens si vous préférez, commence à expliquer la difficulté du mode de vie d’un catcheur indépendant: « Ma vie est compliquée à cause du catch. Je délaisse ma famille chaque week-end. C’est dur pour ma femme car elle élève notre enfant toute seule pendant deux jours consécutifs. On vit dans une ville qui ne lui est pas familière, elle n’a pas de voiture pour aller se promener quand elle le souhaite. C’est des choses très personnelles dont je suis en train de parler mais si je gagnais, je ne parle pas de sommes d’argent affolantes, mais si je gagnais 60/70 000 dollars par an, ça serait bien car je pourrais payer mes factures aisément, donner à ma femme et mon fils une vie qu’ils méritent. Cela ne serait pas si mal car au moins ils vivraient de manière confortable quand je les laisse à la maison. La vérité c’est que je n’ai pas la carrière qui me permet d’avoir autant d’argent, je n’ai pas de travail de journée, je devrais probablement en avoir un. » Quand Colt dit qu’il pensait que Kevin avait un travail de nuit, Owens répond qu’il en avait un pendant un moment mais que ce n’était plus le cas car « j’essaie de vivre le rêve de pouvoir vivre du catch. »

Avec ces difficultés financières que font face Steen et sa famille, le Québecois se pose donc la question de la retraite. Cabana lui demande s’il a déjà essayé de vivre comme une personne « normale »: « Non, pas depuis que j’ai 16 ans ». Il poursuit: « Je n’ai jamais eu plus de quatre week-end sans catch depuis 2004 [l’année où j’ai commencé à me produire sur des shows aux États-Unis]. Au bout de la quatrième semaine, je deviens fou, j’ai besoin du catch. À l’époque je n’avais pas besoin du soulagement que m’apporte le catch. Je n’avais pas tout ce stress qui pesait sur moi, je n’étais pas père de famille à l’époque. La vie était plus simple. Aujourd’hui j’en ai besoin, j’aime être dans le ring, performer devant une foule. Mais je me demande si ça en vaut le coup de quitter ma maison pour deux à trois jours et revenir chez moi avec aucun argent réel, de l’argent que je peux mettre sur mon compte en banque et le garder de côté pour mon fils. »

Même à la ROH, difficile de bien gagner sa vie

Cabana rappelle pourtant qu’à l’époque Kevin Steen est l’une des principales stars de la Ring of Honor. L’année 2012 voit un nouveau chapitre de la rivalité Steen/Generico s’écrire avec notamment leur Ladder War à ROH Final Battle en décembre. Il balance avec ironie: « Je doute que quiconque pense qu’un catcheur puisse bien gagner sa vie à la Ring of Honor […] Pour quelqu’un qui travaille 40 heures par semaine et profite de sa famille les week-ends gagne probablement autant que moi. » Bien conscient à l’époque qu’il peut s’attirer les foudres des dirigeants de la ROH, il ajoute: « C’est la pure vérité. Si vous n’êtes pas contents, payez-moi plus. »

Si Steen a environ le même cachet que peut avoir Cabana sur les shows où il combat, il n’a pas son propre podcast et surtout ne gagne pas de l’argent bonus grâce à des produits dérivés comme des t-shirts ou des DVDs. Il explique que la poste canadienne est « si mauvaise » que lorsqu’il essayait d’envoyer des produits à des fans, il devait envoyer trois fois le même colis pour que cela arrive à destination, ce qui évidemment ne lui permettait pas d’avoir quelconque bénéfice. Il précise également quelque chose qu’on ne sait pas forcément. Il aurait pu travailler à plein temps au Japon et vivre là-bas mais n’a pas accepté car le mode de vie au Japon ne l’intéressait pas, ce n’est pas la vie qu’il souhaitait pour sa famille.

Steen évoque aussi sa condition physique que tout le monde connaît: « La frustration est mienne. Je n’ai pas fait les bons choix. J’ai préféré manger de la pizza lorsque j’aurais dû m’entraîner. Je le regrette vraiment alors que j’avais l’habitude de ne pas le regretter. Même si j’aime ce que je fais dans le ring et je n’ai aucun problème avec qui je suis, je n’ai jamais fait les efforts pour avoir le corps qui me donne le train de vie que ma famille mérite. »

Ce podcast nous ramène à la dure réalité du mode de vie d’un catcheur indépendant qui essaie de se faire un nom, une réalité qui est parfois nécessaire de se rappeler pour apprécier d’autant plus le long parcours vers le succès à la WWE qu’ont connu Kevin Owens, Daniel  Bryan ou Seth Rollins.

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