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Cinéma

Les Reines du Ring : On a échappé au pire

La comédie française est depuis ses débuts un genre assez inconstant, spécialement quand elle traite d’un sujet particulier. Le sport est d’ailleurs souvent l’objet de comédies qui sont, soyons franc, très moyennes voire débiles. Et l’appréhension d’un navet face à ce premier long métrage de Jean-Marc Rudnicki était bien présente tant le sport qui englobe ce film est un sport (spectacle) à part entière : le catch.

Rose (Marilou Berry) sort de prison et trouve un premier emploi de caissière où elle y rencontre Colette, Jessica et Viviane (respectivement Nathalie Baye, Audrey Fleurot et Corinne Masiero). Quand elle découvre que son fils de 10 ans, placé dans une famille d’accueil, a une passion pour le catch, elle décide de monter une équipe de catch avec ses collègues caissières afin de se rapprocher de son fils.

Ce film est à double tranchant, il faut le savoir. On est en présence d’un film à l’aura assez particulière. Le scénario tout d’abord est assez convenu, on connaît déjà l’histoire de la mère qui veut se racheter auprès de son enfant. Étonnamment cela fait un peu penser à un The Wrestler mais avec un fonctionnement inverse. C’est à dire qu’ici pour reprendre contact avec son enfant, Rose va entamer une carrière de catcheuse au lieu de l’arrêter.

Le thème de la rédemption est présent bien entendu et reste cantonné à son aspect le plus classique dans la narration. En plus de l’histoire principale s’ajoutent d’autres histoires plus secondaires avec les trois autres caissières. Là aussi on tombe dans quelque chose de très commun pour les amateurs de comédie. La mère de famille dépassée par ses problèmes de couple ou encore la femme assez simple et peu attirante qui cherche à être une personne aimée. Seule l’histoire entourant Jessica, qui reste simpliste, sort un peu du commun avec une Audrey Fleurot en mangeuse d’hommes qui jette son dévolu sur Jonathan qui ne lui cède pas.

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Les personnages sont d’ailleurs globalement attachants, chacun possédant un caractère propre et unique. D’ailleurs, le film possède un comique fortement fondé sur le caractère de ces personnages, notamment Viviane, quelque peu enfermée dans ce personnage de ch’ti qui cherche à être aimée de tous et à la parole assez sèche. Ce personnage est clairement l’usine à clichés de ce film mais est aussi celui qui pourra vous décrocher le plus de rires ou au moins de sourires. Des clichés qui sont d’ailleurs quand même assez nombreux et les personnages sont caricaturaux à souhait, comme beaucoup de catcheurs en somme.

Le film est assez drôle, entre quelques gags déjà vus et un comique parfois très rude qui peu surprendre. On navigue gaiement du potache au vulgaire avec plus au moins de succès. Par contre, le personnage de Sandrine — joué par Isabelle Nanty — est un échec comique. Cette dirigeante de super-marché est vraiment peu drôle voire désolante.

Les acteurs sont d’ailleurs corrects sans totalement briller si ce n’est Audrey Fleurot qui est vraiment géniale dans ce film. La Dame du Lac de Kaamelott crève l’écran dans ce rôle quand le reste du casting se cantonne à une performance propre mais oubliable. On saluera également le boulot des actrices principales pour la partie combat avec pas mal de prises effectuées par les actrices elle-même, entraînées par Vincent Haquin, catcheur lui-même à l’APC.

D’ailleurs plongeons-nous dans ce qui nous intéresse réellement nous, fans de catch, dans ce film : le traitement de notre sport-spectacle favori. Et bien c’est assez ambigu car le catch est présenté sous différentes formes. Déjà, le phénomène en France concerne massivement les enfants, ce qui n’est pas faux mais le film en rajoute une couche. Le gamin de Rose vit WWE, mange WWE et rêve WWE. Il va même jusqu’à clasher sa mère comme le pire des heels mais là je m’égare. On appréciera les quelques caméos avec une mini-apparition de CM Punk, The Miz et Eve Torres.

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En dehors de ça, le film s’en sort plutôt bien, on insiste sur le côté spectacle et assez amusant des personnages tout en montrant que c’est quelque chose qu’il faut travailler même si parfois, les conditions nous rappellent celles dans lesquelles Julien Sirlande aka Spécimen travaille, c’est à dire un matelas uniquement. La présence de Philippe Chéreau et Christophe Agius est également appréciable et entendre quelques commentaires du duo sur grand écran fait franchement plaisir.

Mais il y a également une ambiguïté, notamment sur la scène finale avec une impression de semi-réalité assez étrange. En somme, on fait semblant mais on prévoit pas qui va gagner et le film vend la scène finale comme un vrai combat, ce qui n’est pas logique vu que c’est… du catch. Et c’est encore plus illogique car auparavant dans le film on nous montre l’aspect prévu du catch. C’est pas grand chose mais c’est une incohérence qui peut gêner les connaisseurs.

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L’univers du catch est tout de même bien représenté et il n’y a rien de vraiment affligeant sur l’image qu’il possède dans ce film. Là où Les Reines du Ring prend un petit coup de la corde à linge, c’est au niveau de sa gestion du scénario et sa navigation entre les histoires de caissières. Si Viviane a un traitement des plus simplistes et n’est là que pour amuser la galerie, Jessica et Colette prennent de la place et cela donne un effet une succession de scènes Rose/Colette/Jessica avec des problèmes et des solutions qui se forment très voire trop rapidement.

L’histoire est très rapidement posée, il n’y a pas de réel développement ou surprise et tout cela donne un sentiment de scénario convenu, ce qui un peu désagréable. Des fois il n’y a même pas de développement comme le personnage d’André Dussolier aka Richard Cœur de Lion vendu comme une ancienne gloire mais on ne vous explique jamais pourquoi. C’est une star de la région, point barre. Sa femme l’était également, point barre. Tout cela fait que certaines autres scènes, voulues probablement comme étant des scènes plus tendres, tombent totalement à l’eau en évoquant ce passé vague et lointain.

Alors, est-ce que ça vaut le coup d’aller le voir en salle ? Oui et non. C’est une bonne comédie, franchement, on a vu bien pire, encore plus vulgaire et débile alors que là les histoires, même si elles sont convenues et souvent brouillonnes restent sympathiques à suivre. Le catch est retranscrit de manière honnête en en faisant même un petit peu l’apologie. Toutefois, le film possède des personnages secondaires parfois bien lourdingues et un comique qui flanche un peu avec ceci.

Les Reines du Ring c’est une comédie familiale classique, rigolote et qui tient son originalité et sa force par le fait qu’il tourne autour d’un sujet peu commun sur grand écran, le catch. Celui-ci n’est pas tourné au ridicule, et rien que pour ça, il faut vraiment, si vous en avez l’opportunité, que vous tentiez de le voir car on passe un moment agréable et même s’il n’y a pas de quoi crier au génie, pour un premier long métrage, Jean-Marc Rudnicki s’en sort avec les honneurs.

Les Reines du Ring : On a échappé au pire
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