Décryptage

AJ Styles : quel avenir pour la carrière du Phenomenal One ?

aj styles avenir

AJ Styles est clairement le seul joyau dont peut se targuer la TNA, fournisseur du plus grand nombre de matchs de qualité dans la boutique de Carter. Depuis plusieurs mois, le joyau a du mal à être poli et la frustration est grande de voir ce génie du ring mal utilisé. Comment en est-on arrivé là et une porte de sortie à cette voie sans issue est-elle possible ?

À la TNA existe un groupe très restreint dont ses membres sont déclarés étant des « Originals ». Décrivant les catcheurs présents depuis les premières années de la fédération, si l’appellation n’est pas valable pour AJ Styles, elle ne l’est pour personne.

19 juin 2002. Premier show de la TNA, alors branche de la NWA, qui lance ses pay-per-view hebdomadaires. En match d’ouverture, un match par équipe. Trois répliques sveltes du King d’un côté appelées « The Flying Elvises », trois lutteurs d’exception de l’autre : le vétéran Jerry Lynn, l’intense Low-Ki et le jeune loup AJ Styles. Les premières images de la TNA sont explosives, nous attirent insatiablement vers notre écran. C’est le début d’une longue route pour Styles qui connaîtra toutes les gloires possibles chez Dixie Carter.

Cinq fois champion X-Division, deux fois champion télé, deux fois champion par équipe, il est enfin champion poids lourd de la TNA (et non de la NWA) en 2009 mais en plein paradoxe. C’est en évoquant une fin de carrière qu’il obtient ce fameux titre à une époque où les dinosaures Sting et Mick Foley monopolisaient l’affiche. Jusqu’à fin 2009, ses 3 premiers mois de règne sont bons, avec comme d’habitude le copain Daniels qui vient offrir l’opposition indispensable. Mais le 4 Janvier 2010 va complètement renverser la dynamique: ce fameux jour de l’arrivée officielle d’Hulk Hogan. Le Hulkster, aussi grand soit il, ne connait pas le natif de Gainsville, ubuesque.

Il ne suffit que de deux semaines pour que Styles devienne heel, un Ric Flair wannabe, et suive le chemin tortueux qui avait dégoûté Petey Williams 2 ans auparavant dans son imitation de Scott Steiner. Toujours sans personnalité propre donc, AJ Styles se retrouve embarqué dans des moments pathétiques, l’apogée ayant lieu contre Abyss à Destination X où il passe à travers le ring. Et pourtant, à l’époque, il parvient à battre le record du règne le plus long avec 211 jours de règne. Malheureusement les 120 derniers jours marqueront par leur côté médiocre, en grande partie à cause d’un Hogan très impliqué.

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Oh shit.

On se retrouve trois ans plus tard et AJ est toujours englué dans un marasme sans fin. Une énième rivalité en 2012 avec Christopher Daniels, mêlant une affaire de coucherie et d’enfantement non reconnu avec une certaine Claire Lynch, l’a même écarté de toute chance au titre poids-lourd après une défaite au pay-per-view Final Resolution. S’en est suivi un hiatus de plusieurs mois pour Styles avec un retour forcé en storyline, mettant en avant une personnalité plus sombre, plus solitaire, The Lone Wolf. Les fans sont perdus : doit-on continuer à soutenir AJ Styles ou doit-on lui tenir rigueur de sa volonté de faire bande à part ?

On peut considérer qu’il a tout accompli à la TNA. Chaque titre est passé entre ses mains, il a affronté chaque figure de la fédération, que ce soit Samoa Joe, Bobby Roode, Sting, Jeff Jarrett ou Kurt Angle. Y a-t-il une porte de sortie pour Styles ?

La seule espérée et adéquate au vue de son mérite serait un contrat à la WWE. Non pas un contrat de développement pour aller à NXT, mais un vrai contrat. À 36 ans, il a acquis assez d’expérience pour ne pas perdre quelques mois en Floride. S’il n’a plus les gouttes des premières rosées du matin au bout du nez, il est loin d’être usé. Chrétien convaincu, son hygiène de vie est irréprochable. AJ Styles a tout pour réussir : un charisme à en faire déchirer les caleçons les plus résistants, de la technique, des prises de haut vol et des qualités au micro qui sont à souligner. La WWE étant en manque de face fort, il serait l’élément parfait à incorporer dans la marmite de Stamford.

En plus il connait déjà des gens là bas.

En plus il connait déjà des gens là bas.

Les plus réticents diront que ce n’est parce qu’on réussit à un endroit que le succès nous est offert dans n’importe quel autre lieu. Le premier exemple qui vient à l’esprit est celui de Diamond Dallas Page. Face incontournable à la WCW, il n’avait pas fait long feu chez McMahon au début du deuxième millénaire. Une petite rivalité contre l’Undertaker suffira pour enterrer sa carrière à la WWF. Quand Vince McMahon ne croit pas en un de ses éléments, il le fait comprendre.

Le contre-exemple parfait est l’homme le plus populaire du moment : Daniel Bryan. Star du circuit indépendant, il surprend pas mal de gens en signant chez McMahon. Quelques matchs à la FCW et il est lancé dans l’aventure NXT. Les murs des bureaux de la rédaction ne se sont toujours pas remis de son opposition face au dieu canadien Chris Jericho. La tristesse est grande lorsqu’il se fait virer après les débuts fracassants du clan Nexus. Les fans crient leur désespoir à RAW chaque semaine. Il fera un retour triomphal à Summerslam et le début de sa fulgurante ascension ne fait que commencer.

En attendant, c'est la déprime.

En attendant, c’est la déprime.

Un succès d’AJ Styles à la WWE est donc possible. Il faut donc pour cela qu’il se remette en question, réfléchisse à la meilleure solution pour sa carrière mais également pour lui et sa famille. La perte de Styles serait conséquente pour la TNA — qui n’est déjà pas en très grande forme — mais n’en serait que profitable pour le dirigeant avisé qui l’accueillera.

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