Décryptage

L’après WrestleMania XXX : La nouvelle génération qui s’installe

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Commençons par le commencement. Ce segment iconique, avec les trois légendes de la WWE balançant des catchphrases à un public qui écoute religieusement — enfin, pas trop quand même. Toutefois, The Rock, Stone Cold Steve Austin et Hulk Hogan n’ont pas oublié de rappeler que ceux qui allaient faire le show, ce seraient les catcheurs actuels de la fédération. Le trio lançait cette idée, toute simple du symbolisme que pourrait prendre WrestleMania XXX dans le futur : celui du show qui met en avant une nouvelle génération de superstars, d’autres modèles.

Pas la peine de vous refaire le show, il suffit tout simplement de regarder les résultats et ce qu’ils traduisent. Car une victoire à WrestleMania, ce n’est pas un coup d’essai, c’est la volonté affichée de la WWE de faire passer un message. Et si lors des trois dernières éditions le message est assez mal passé, c’est à cause des main-event avec The Rock, qui est loin d’être l’avenir de la WWE.

Mais cette année, un vent d’air frais a massivement soufflé sur WrestleMania. Cesaro, The King of Swing, gagne la bataille royale en mémoire d’André The Giant. Une victoire suivi d’une poignée de main avec l’héritier du français à la WWE, The Big Show. La WWE semble placer d’énormes espoirs dans le Suisse, et à raison. Plus important encore, l’annonce du lendemain de l’affiliation de l’ex-Castagnoli avec Paul Heyman lui promet un avenir radieux qui commencera sûrement par un titre intercontinental.

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Cette association lui permet d’exprimer sereinement son talent, sachant que le manager capitalisera sur son statut d’intouchable depuis que Brock Lesnar a battu L’Undertaker. La défaite de ce dernier, aussi contestable soit-elle, porte aussi un message très fort. Celui d’une page tournée par la WWE, puisque revoir l’Undertaker à WrestleMania après cela semble improbable. Place aux jeunes donc ?

Pas entièrement, la victoire de John Cena sur Bray Wyatt avec le thème de l’héritage montre bien le symbole que tiendra John Cena dans les années à venir. Rôle qu’il tiendra conjointement avec Randy Orton. Ceux qui vont passer tranquillement le flambeau à cette nouvelle génération tout en restant d’indéboulonnable cadres. À 36 et 34 ans, on voit en effet assez mal Cena et Orton disparaître des écrans de la WWE. Surtout que c’est à peine plus âgé que Cesaro (33 ans) et Daniel Bryan (32 ans).

Bray Wyatt, seul perdant plus jeune que son adversaire direct, aura probablement une seconde chance puisque la rivalité face à John Cena va continuer et une victoire semblera possible puisqu’elle ne sera pas à WrestleMania. Là où Extreme Rules permettra sûrement à Bray Wyatt d’avoir une revanche intéressante car touchant au personnage de Cena. Quelque chose d’impensable il y a encore quelques années semble désormais tout à fait probable : une modification (temporaire) du personnage de John Cena.

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Mais bien entendu, c’est la victoire de Daniel Bryan qui fut la plus forte. 1,79 m, 95 kg. Loin des standards de la WWE, Daniel Bryan a enfin conquis le titre suprême. À l’instar de CM Punk en 2011 qui représentait déjà un nouveau genre de catcheur au sein de la compagnie, la victoire à WrestleMania en main-event semble marquer ce virage que prend la WWE avec des catcheurs plus techniques, auparavant coincés dans des rôles d’upper-carders solides n’atteignant le titre mondial uniquement lors de PPV secondaires. Il faut remonter à WrestleMania XX pour voir un catcheur du même profil technique et physique gagner en main-event avec Chris Benoît lors du fameux Triple Threat Match.

Cette fois-ci, la ferveur populaire semble plus forte autour de Bryan et il n’est pas seul. The Shield, dernier symbole de cette jeune génération qui pointe le bout de son nez, a éliminé, pour ne pas dire laminé, la vieille garde de The Authority en battant Kane et les New Age Outlaws qui n’ont de New que le nom. Le trio aux physiques et caractères variés joint Bryan dans cette lutte contre les despotes menés par Triple H. Un partage de la rivalité important puisqu’il porte Roman Reigns, Seth Rollins et Dean Ambrose dans la plus important rivalité de la WWE depuis celle du Nexus.

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Ce WrestleMania a mis en avant les nouveaux visages potentiels de la compagnie. On sait que tout va très vite à la WWE mais un certain changement d’image semble être faisable, avec Daniel Bryan en leader de ce nouveau genre de superstars, moins imposantes, mais tout à fait capables de se faire une place au soleil. Un changement qui concerne également le look. L’invasion de la barbe avec Daniel Bryan et Bray Wyatt semble confirmée et les personnages de la WWE semblent plus denses, complexes ou au moins plus originales. Des personnages que la WWE peut de mieux en mieux préparer grâce à son WWE Network et à l’antichambre qu’est NXT.

Auparavant un concept gaguesque rapidement devenu une sorte d’enfer télévisuel ridiculisant le peu de catcheurs inclus dans l’émission, NXT est devenu une véritable petite fédération avec ses champions et une exposition nettement plus importante que la FCW. Un des visages qui pourraient le plus bénéficier de cette ouverture aux poids léger est Sami Zayn. Le canadien plus connu sous son ancien nom, El Generico, fait partie de ces catcheurs globe-trotters qui ont atterri à la WWE avec une réputation déjà forgée et qui ne semble pas avoir besoin de grand chose pour accéder au rang supérieur.

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Pas encore lancé, le catcheur est précédé dans le main roster par Adam Rose, l’ex-Leo Kruger, lancé à 34 ans dans le grand bain va présenter un personnage qui semble lui aussi bigger than life avec un côté festif qui, soyons honnêtes, risque de ne pas dépasser la midcard et les comedy matchs avec Fandango, à moins d’un vrai projet et développement du personnage, autre que celui de ramener trente gars pour le soutenir. Un retour à des personnages qui tranchent avec le quotidien, qui paraissent n’appartenir uniquement à la sphère catchesque et qui dépasse le simple intérêt sportif.

Tout va vite à la WWE, on le sait, on peut se retrouver l’année prochaine et se plaindre des retours des éternels revenants, du retour d’un trust du main-event par des anciens visages dont une partie du public ne veut plus, mais ce WrestleMania XXX ainsi que la politique mise en place depuis plusieurs mois par la WWE semble dessiner ce changement de génération à la WWE, un catch plus moderne, où le talent in-ring prime en général sur le physique.

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