Reportage

Une journée à l’INFC : L’école où la France prépare ses futurs champions

stage infc novembre 2014

Le week-end dernier, l’ICWA organisait dans son Usine à catch deux journées intensives de stage avec comme instructeur Tristan Archer, catcheur dont la renommée en France n’est plus à prouver et qui avait ébloui les fans en mai dernier lors de son affrontement face à Chris Hero au show Adrenaline.

C’est dans la même salle qui avait accueilli ce show que les stagiaires avaient rendez-vous samedi à 9h30 pour le début d’un stage qui s’annonçait éprouvant mais ô combien enrichissant. Six élèves sont présents. « Ils devaient être neuf mais certains ont eu quelques bobos durant la semaine de stage qui s’est terminée hier« , explique Pierre Booster Fontaine, qui a créé l’école en 2002. Sur les élèves présents, tous ont par le passé déjà suivi au moins une formation de l’INFC.

Entrainement cardio pour démarrer la journée

La matinée débute avec un entraînement cardio pour que les muscles soient prêts pour la suite qui aura lieu dans le ring. Au programme: pompes, abdominaux, flexions, step et course. On ne pourra pas dire qu’ils ne sont pas réveillés après cela. Une fois dans le ring, ce sont les bases qui sont passées en revue : roulade avant, arrière, sur le côté, chute simple, chute avant. Le bruit des corps qui s’écrasent au centre du ring se fait entendre comme il se doit dans la salle. Aucun élève ne rechigne à la tâche, tous sont motivés pour apprendre. Ce stage est l’occasion pour eux de progresser plus rapidement avec ces seize heures de stage sur deux jours, étant donné que la formation continue contient un entraînement de deux heures par semaine.

Pendant que les élèves suent à grosses goutes dans le ring, Booster raconte comment il a effectué ses premiers pas dans le monde du catch: « J’ai appris le catch au Canada chez Édouard Carpentier (ndlr: ancien champion du monde poids-lourd de la NWA et commentateur francophone de la WWF de 1985 à 1992). Ça a été plus facile de trouver l’école d’Édouard qu’une école en France. À l’époque, il n’y avait que Flesh Gordon qui avait une école. J’ai donc passé en tout neuf mois au Canada, de fin 1995 à 1996. Édouard était un ancien gymnaste et lutteur amateur. Il m’a enseigné un catch très old-school, avec peu de gros mouvements mais doté d’une psychologie du catch. »

Différentes façons d’enseigner les prises

Tristan Archer partage ce point commun avec Booster d’être allé à l’étranger pour se former puisqu’il est allé s’entraîner à la Storm Wrestling Academy, école dirigée par Lance Storm, ancien catcheur de la WWE et de la WCW où il a remporté de nombreux titres. Plusieurs anciens élèves de la Storm Wrestling Academy sont aujourd’hui sous les projecteurs de la WWE, tels que Emma, Tyler Breeze ou notre français Sylvester Lefort.

« En mai dernier, Harry Smith est venu ici diriger un séminaire de deux jours (ndlr: à l’instar de Chris Hero durant trois jours fin mai). Tristan a été formé par Lance Storm, qui lui même a été formé au donjon des Hart », précise Booster. « De ce fait, Harry et Tristan enseignent les mêmes choses à 95% mais c’est les 5% de différence qui sont intéressants. Lance Storm est axé vers un style de catch plutôt pro wrestling alors que Harry Smith s’inspire du shoot wrestling ». Le meilleur exemple a peut-être eu lieu l’après-midi lorsque Tristan a enseigné aux stagiaires comme porter un bras à la volée. Alors que Tristan avait appris à le porter avec un mouvement rotatif tel Ricky Steamboat, Booster connaissait une version plus classique de la prise.

D’autres catcheurs de renom pour les prochains stages

Ce type de stage avec un invité extérieur à l’ICWA est voué à se renouveler. Booster est en contacts avancés avec Heddi Karaoui, catcheur français qui parcourt les rings du monde entier (Japon, Cameroun, Mexique, Italie, etc). D’autres comme l’Anglais Doug Williams ou l’Allemand « Bad Bones » John Klinger pourraient débarquer en 2015 à Béthune.

L’actuel champion de France de l’ICWA prévient des éventuelles erreurs que peuvent commettre les apprentis-catcheurs. « Lorsque vous effectuez vos lock-up (ndlr: prise de tête), ne les faites pas mollement sinon le public va se dire que vous n’y allez pas franchement« .  Parfois, une image étant plus efficace que de bons mots, « Pour la chute arrière, tu donnes un coup sec de bassin vers l’avant. Tu t’imagines que tu as une belle demoiselle nue devant toi. On va voir qui est toujours puceau. » Pour les plus jeunes, l’image du babyfoot est conseillée.

L’enseignement ne profite d’ailleurs pas qu’aux élèves, mais également à Booster. « Tout à l’heure, Tristan a montré aux élèves comment on porte une manchette.  En dix neuf-ans de carrière, je n’ai jamais fait de manchettes. Je sais les faire mais je ne les utilise jamais. Le but d’un catcheur n’est pas de montrer toutes ses prises dans un match. On n’est pas là pour présenter un catalogue des prises que l’on sait faire. Il faut savoir placer les prises. C’est pour cela que plus les catcheurs sont expérimentés, moins ils en font dans un ring. Ils apprennent à donner du sens à ce qu’ils font« .

« Le projet serait de dissocier l’INFC à l’ICWA. Beaucoup de catcheurs hésitent à venir suivre des cours à l’INFC parce qu’elle est associée à l’ICWA. Les mentalités en France font que lorsque tu es formé par l’ICWA, les gens pensent que tu ne peux travailler qu’avec l’ICWA. C’est faux« . La preuve en est que Lucas DiLéo et Peter Fisher étaient il y a un petit mois sur un gala de la FRPW à Talence, Fisher y étant même devenu le champion.

À 18h30, les derniers efforts de la journée ont été fournis. Les six élèves vont pouvoir bien dormir ce soir en rêvant peut-être un jour de détrôner leur entraîneur du week-end pour le titre de champion de France de l’ICWA.

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