Reportage

Ouest Catch Pop : Brian Kendrick et Paul London à la conquête de l’Ouest

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© Pascal Bloas

Après le stage de l’après-midi, la transition vers le show fut rapide. Pas vraiment beaucoup de temps pour bavarder, la salle ouvrant ses portes à 19h. et dès l’ouverture, une bonne partie des locaux s’accumule déjà dans la salle, avec une bonne centaine de personnes présentes en un quart d’heure, montrant une popularité certaine de la fédération de Téo Ti Spun. Au final, c’est quelques 400 personnes environ qui ont assisté au show. Une réussite sans aucun doute, à une heure où le catch français n’est plus à un rythme si régulier que lors de la grande période NT1.

Un show qui débute avec deux connaissances, Aymeric et Alexis Autier. Les deux nordistes débutent le show après que Téo leur ait offert ce spot grâce à leur performance lors du stage. Un honneur que les deux catcheurs saisissent avec talent. Installant leur opposition sur leur connaissance commune, les deux hommes ont réalisé un match correct, avec de bons mouvements qui ont permis de donner les premiers sursauts à la foule. Un opener qui voit Aymeric battre Alexis, qui est sans démesure mais avec de la jeunesse à revendre, de quoi encore une fois glaner de l’expérience pour les deux cousins.

Démarre ensuite les matchs prévus sur la carte, avec une opposition entre Lucas Di Léo et Big Abis – mon très sympathique camarade de voiture pour le weekend. Le match en lui-même se fonde sur la forte différence de poids, Big Abis étant annoncé à 203 kg. Lucas Di Léo est clairement heel et ses multiples sorties permettent de chauffer la foule de plus en plus. Le français ne se prive d’ailleurs pas de la cheap heat, communiquant directement avec le public.

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C’est finalement Big Abis qui remporte le match par disqualification du fait de l’intervention de Peter Fischer, installant l’équipe French Flavour comme étant heel, et bien que l’équipe ne soit pas en activité ensemble ce soir, elle souligne bien son entente et son intention de voir Peter repartir avec le titre de champion ce soir, dans son match face à Damien Barone et Blue Falcon. Le match entre Di Léo et Big Abis n’aura pas été très dense dans son contenu et aura eu un intérêt plutôt dans l’action hors-ring, mais il a eu le mérite de chauffer la foule et de montrer clairement qui huer ce soir. Efficace donc.

Le match suivant est un match féminin entre Shanna et Pauline. La première, depuis sa tentative lors des GutCheck Challenge de la TNA s’est faite une bonne popularité depuis. L’opposition est très solide et verra chacune se mettre en avant, bien que Shanna domine globalement le match. On aime voir la fluidité qui existe entre les deux catcheuses, avec un match de plus de dix minutes où chacune a le temps de s’exprimer.

Shanna l’emporte finalement et aura dégagé une très grosse impression sur le match. Très populaire, la portugaise avait clairement le public dans la poche lorsque Pauline campait un personnage de heel classique mais efficace également. La qualité in-ring est toujours à saluer et le double foot-stomp dans le coin du ring est vraiment très marquant sur la foule. Shanna confirme tout le bien que l’on pense d’elle et quant à Pauline, la voir face à d’autres adversaires serait intéressant puisque ce match était vraiment satisfaisant.

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Le prochain match est entre Teo « Capitaine Savate », le patron en personne, et El Kid Lux, hollandais qui correspond très bien au style du boss. Un match assez équilibré, qui aura vu les premières prises de risques hors ring. Les barrières bougent assez facilement, rendant les sauts à l’extérieur assez serrés, et d’autant plus spectaculaires. Il y a aussi pas mal de travail avec la foule, dans un premier temps hors du ring avec El Kid Lux qui est particulièrement énervé puis sur le ring avec un affrontement heel/face plus classique, sans pour autant que le heel ne soit totalement couard.

C’est d’ailleurs El Kid Lux qui remporte le match sur une confrontation encore une fois très solide, qui aura eu des spots très travaillés. L’attitude de chacun était très agressive et agréable à suivre. Même si Teo Ti Spun est plus « léger » — 82 kg contre les 92 kg de son adversaire, les deux catcheurs ont eu une alchimie intéressante sur le ring, et revoir une confrontation entre ces deux-là ne serait pas de refus, tellement il y a encore à creuser sur le ring.

Seul entracte de la soirée où on s’aperçoit d’un aspect local tout de même indéniable. Entre les petits messages de la mairie, l’installation de la buvette tenue par des personnes qui n’ont pas l’air très fan, il y a cet aspect nécessaire du show de village — on reste quand même à Plouasne, 1500 habitants environ. On reprend le show une vingtaine de minutes plus tard alors que Paul London — qui a eu quelques soucis dans l’après-midi — n’est toujours pas revenu, Téo annonçant en début de show la possible absence du catcheur.

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La mission de Booster et Bulla Punk à leur entrée semble alors assez claire, gagner du temps pour laisser Paul London arriver et s’assurer de sa présence. Et quand vous donnez un micro à Booster, la magie opère. Celui depuis longtemps surnommé The French Pro Wrestling God incendie le public du soir, avec une cheap heat des plus hilarantes. C’est bien simple, Booster aurait pu continuer trois heures sans s’arrêter. Ajoutez à cela Bulla Punk chantant Chandelier de Sia et vous obtenez un moment hilarant.

Tout ceci est interrompu par Hugo Perez, et le match peut « commencer ». Encore une fois gagnant du temps, Booster et Hugo Perez s’évitent environ cinq à dix minutes, commençant quelques oppositions de force sans véritablement enchaîner. La foule s’impatiente un peu et est virulente, ce dont profite Booster pour à nouveau l’échauder. Au final, le match débute tout de même, London étant arrivé, et l’opposition fut très intéressante dans la puissance mise par les deux catcheurs. Hugo Perez est très agile pour son gabarit – 1m70 pour 110 kg. C’est malgré tout Booster qui remporte ce match, Bulla aidant au tombé sans que l’arbitre ne s’en rende compte.

Une fin qui évidemment ne satisfait pas le public, qui n’allait pas vraiment avoir plus de satisfaction sur le prochain match. Peter Fischer s’opposait à Blue Falcon et Damien Barone pour le titre Ouest Catch. Un match avec des catcheurs légers, plus ou moins aériens mais tous offrant une technique des plus appréciables sur le ring. Le match en est d’ailleurs bénéficiaire puisque l’alchimie est totale entre les trois. Beaucoup de mouvements à trois ont d’ailleurs été réalisés pendant le match, chacun utilisant la stipulation au maximum.

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C’est finalement Peter Fischer qui remporte le match grâce à l’aide de Lucas Di Léo, venu faire un Superkick sur un Blue Falcon sur le point de remporter le match. On notera la performance des trois, extrêmement juste tout au long du match avec plusieurs spots venant naturellement, sans aucun sentiment de cassure. C’était fluide, beau et parfois stiff, tout ce que l’on aime. On surveillera Damien Barone dans les futurs shows français voire étrangers, le catcheur montrant un énorme désir d’apprendre lors du stage avec Kendrick et réalisant dans la soirée une performance des plus agréables. On espère entendre encore parler de lui.

Pour Peter Fischer, c’est une série de succès après la conquête du titre par équipe avec Lucas Di Léo à la wXw, les deux catcheurs sont sur un maximum de shows et le temps de l’export semble être venu. On se dit que le show avait atteint son apogée mais il reste pourtant le main event.

Un main event entre l’équipe de Jack Spayne et Tristan Archer et celle de Paul London, finalement bien arrivé, et Brian Kendrick. Le storytelling, impliquant un Jack Spayne désireux de faire mal à Brian Kendrick — il avait effectué une promo en ce sens plus tôt dans la soirée  — allié à Tristan Archer, étant lui plutôt face, même s’il garde son envie de gagner. Cela donne un match très intéressant dans la relation qu’entretient Archer avec son partenaire Spayne, qui profite d’un ref bump pour emmener ce match dans des contrées plus extrêmes.

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Cela amenant à ce spot. Jack Spayne veut projeter Kendrick sur une barrière qu’il a installé, Archer l’en empêche, esquive le coup de son partenaire pour l’envoyer voler en dehors du ring. Un mouvement très impressionnant, surtout que la barrière fait quelques tours, laissant Spayne s’écrouler sur un sol très dur. Un mouvement qui m’a fait froid dans le dos, très risqué mais heureusement sans grande conséquence pour Spayne si ce n’est les bobos obligatoires.

Dans le reste du match, les échanges sont complets, le style hybride physique et un peu aérien de chacun offre un match plaisant, prenant une autre envergure avec un ref bump mémorable – l’arbitre se prenant un kick en pleine face. C’est finalement Archer qui effectue le tombé final sur Brian Kendrick. Les trois faces du match se serrent la main alors que Jack Spayne reprend doucement ses esprits avant de finir une nouvelle fois aux mains de London et Kendrick, s’offrant le scalp de leur opposant du soir, qui aura vraiment eu le sale rôle tout en offrant une prestation mémorable.

Une fin de show qui satisfait finalement le public, dans une soirée globalement dominée par les heels. Ouest Catch a offert une soirée alliant les détours obligatoires d’un show local avec sa cheap pop et sa cheap heat mais les performances in-ring ont été suffisamment bonnes pour que tout cela ne soit pas superficiel loin de là. En ressort un show à la fois populaire mais aussi pertinent in-ring, et on aimerait vraiment que ce genre de rassemblement qui arrive à amener Brian Kendrick et Paul London soit plus nombreux en France, et aussi plus fréquentés encore.

En tout cas, l’effort de proposer un show de qualité est là, alliant valeurs sûres du catch français, duo d’envergure mondiale et des catcheurs européens installés. On ne peut que savourer notre présence et encourager ce genre d’initiative, offrant du spectacle autant aux initiés qu’aux personnes qui ne suivent pas le catch.

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