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Elimination Chamber : Le futur c’est Kevin Owens

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© WWE.com

Sentiment bizarre que l’on a à l’approche des pay-per-views de la WWE. Les affiches sont mal construites à l’exception de celles autour du titre majeur et des rivalités de John Cena, et on a souvent dans un pay-per-view un certain sentiment de vide dans l’intérêt qu’on devrait donner à certains catcheurs, malheureusement en manque de temps d’antenne pour que l’on puisse vraiment être intéressé.

Ce paradoxe qui ne semble jamais finir du Raw de 3h qui ne permet pas d’être plus constructif que ce que faisait Raw et Smackdown du temps des deux rosters à part est assez dérangeant, surtout quand on a une midcard aussi riche que la WWE avec une division tag team finalement assez pleine quand on voit qu’elle peut remplir une Elimination Chamber et des upcarders qui trainent souvent autour des titres secondaires depuis la fin du titre poids-lourds.

On notera sur un coin de table ce pre-show de une heure où si Zack Ryder a été battu par Stardust, on retiendra plus l’annonce de Bryan qui signale bien que sa carrière n’est pas terminée. Une bonne nouvelle certes mais il faudra cette fois-ci que l’American Dragon n’hésite pas à prendre son temps pour éviter un retour qui semblerait de nouveau précipité, surtout quand on sait que le type de blessure qu’il a contracté est assez similaire à celles qui ont causé les fins de carrière de Stone Cold Steve Austin ou Edge.

The New Day font jouer le nombre pour conserver leur titre

Le show commence et la cage ne se fait pas désirer plus longtemps puisque ce sont les tag teams qui s’installent dans les pods aux quatre coins du ring. On notera plusieurs détails qui font comprendre que la WWE et le respect des règles de base ce n’est plus ce que c’était avec The New Day qui a le droit de faire le match à trois et Los Matadores à deux et demi avec El Torito.

Un sentiment un peu brouillon se dégage de ce match, très saccadé en terme de rythme mais avec quelques spots sympas. Le MVP sera Cesaro qui aura été d’une propreté in-ring toujours aussi impressionnante avec notamment une Superplex depuis le haut d’un pod sur Kalisto ainsi qu’un dropkick adressé à un adversaire assis sur le coin du ring, très aérien donc. Et c’est là qu’on se sent mal de le voir dans cette position, surtout que l’équipe qu’il forme avec Tyson Kidd, The Brass Ring Club, a développé de très bons automatismes mais qu’elle semble malheureusement sur le déclin, subissant un tombé par roll-up.

C’est The New Day qui réussit à finalement se débarrasser de Prime Time Players, derniers présents sur le ring. Une victoire assez fade et lisible dans le déroulement de la rencontre assez classique. Seul surprise, la sous-exposition des Lucha Dragons, pas autant mis en avant que leur début le laissait espérer. Les Tag Team stagnent un peu mais garde un rendement qualitatif in-ring satisfaisant.

Ce n’est pas le cas de la section Divas qui ne finit pas d’en rester au même point : les matchs sont courts, pas immondes mais peu marquants et les storylines sont faibles. C’est dans ce contexte que Nikki Bella gagne grâce à son Rack Attack sans plus d’émulation autour de la division Divas qui semble plus que jamais avoir besoin de sang neuf. On a l’impression que le frein à main a été mis sur la division malgré la volonté des fans d’un changement de statut des femmes dans le roster, et cela se ressent.

Surtout que dans le ring ce n’était pas extraordinaire, chacune des participantes au match a déroulé le petit arsenal qu’elle pouvait développer sur un match de six minutes, ce qui laisse peu de place à l’originalité et à la surprise. Surtout que, point important, le public de Corpus Christi est archi-mort et le sera toute la soirée, pas facile pour accrocher le spectateur devant son écran.

Kevin Owens entre dans le roster principal par la grande porte

C’était probablement l’affiche de la soirée car totalement neuve. John Cena contre Kevin Owens dans un match où l’opposition se jouait sur l’engagement réel des deux catcheurs avec d’un côté Kevin Owens très fier et sûr de lui face à un John Cena dans la même veine. C’est d’ailleurs le jeu qui a été déroulé pendant le court laps de temps qu’a eu la rivalité avant ce pay-per-view. Ce côté à la fois si proche et si lointain des deux catcheurs dans leur manière de pensée.

Les deux sont combatifs, veulent montrer une certaine domination mais c’est dans les motivations que les séparations se font très denses : quand Owens veut affirmer être le meilleur, John Cena campe son refrain traditionnel et connu de tous en se réfugiant avec le Hustle – Loyalty – Respect traditionnel.

Et on pourra dire ce que l’on veut, qu’on ne l’aime ou pas, aussi frustrant soit-il, John Cena fait le boulot pour s’assurer que la nouvelle garde soit dans les meilleures conditions. Ce match, c’était l’occasion de montrer le plein potentiel de Kevin Owens dans toute sa brutalité et son côté spectaculaire. Si c’est le Canadien qui a bien amené le côté spectaculaire au match avec un style hybride toujours aussi impressionnant pour un catcheur de son physique, c’est le poster boy de la WWE qui aura bien fait en sorte de le mettre dans les meilleures conditions même si ce côté ring general du catcheur aura été parfois trop audible.

Finalement, et à la surprise de tous, même nous qui avions appelé de nos vœux cette victoire, c’est bien Kevin Owens qui l’emporte sur John Cena avec sa Pop-Up Powerbomb dans ce qui sera dans le top des matchs de l’année tellement le tout aura été détourné de tout botch ou approximation. C’était beau, intense avec un nombre énorme de nearfalls et une fin qui aura mis un coup à tout le WWE Universe, Pro-Cena comme Pro-Owens. Kevin Owens s’offre même le luxe de piquer quelques moves à Cena, continuant sur cette lignée de catcheur provocateur et efficace.

Ce dernier s’offre même un petit segment post-match qui signale à John Cena que son temps est terminé. Il rejoint dans la liste des catcheurs à avoir gagné sans intervention John Cena ces dernières années des noms comme Daniel Bryan, CM Punk, The Rock et Brock Lesnar. Une bien belle liste et une victoire qui saura être exploitée, en tout cas on l’espère, car le futur de Kevin Owens à la WWE n’a jamais semblé aussi positif avec ce personnage de heel fort et n’ayant peur de rien. Surtout qu’il faudra remiser sur lui rapidement car la revanche aura lieu pas plus tard qu’à Money in The Bank, et on a hâte.

Descente très brutale après ce moment de joie et d’excellence avec un match rapide entre Bo Dallas et Neville. Le second bat le premier avec une certaine facilité et végète un peu en attente d’un premier morceau plus sérieux à se mettre sous la dent, sa rivalité avec Bad News Barrett n’ayant jamais vraiment pris, les deux se tournant plus autour que s’opposant frontalement au micro. Une victoire pour attendre le match pour la mallette Money in The Bank où il participera mais sera assez loin d’être favori.

The Ryback remporte son premier titre à la WWE

Puis vint l’étron, ce match informe pour le titre intercontinental. Loin de nous de réduire ce match au choc de la rédaction de voir The Ryback remporter un titre à la WWE et par conséquent s’offrir une section palmarès dans Wikipédia, mais il faut dire les choses comme la réalité s’offre à nous : c’était nul. Pas une chose n’a été à retenir dans ce match.

Construit avec les pieds, cette opposition a vu les catcheurs oublier la présence même de la cage et on se demande vraiment si ce match avait une réelle feuille de route. C’est à se demander si un angle majeur du match ne tournait pas autour de Rusev et que son absence a déstabilisé un peu tout le monde. Mais tout ça n’est pas une excuse suffisante pour justifier la pauvreté d’un match et de son booking.

Il faut la voir le paradoxe de la construction de la midcard depuis quelques mois. Bad News Barrett gagne le King of The Ring et a perdu deux fois face à Neville et est éliminé en premier de la Chamber depuis. Sheamus, de retour le lendemain de Wrestlemania, affiche deux défaites sur trois pay-per-view alors que son retour semblait l’afficher en heel destructeur. Ziggler lui est décidément bien loin de son moment de gloire de Survivor Series.

Signalons dans ce match également le retour de Mark Henry remplaçant Rusev au pied levé mais qui devrait en rester là, tant sa prestation aura été secondaire et que son momentum est loin derrière lui. Sa présence dans la cage aura été remarqué par le moment où Dolph Ziggler aura rencontré bien involontairement la vitre du pod de Mark Henry et qui aura libéré le World Strongest Man, qui finira sous les coups de Sheamus.

Tout ça pour nous conduire à The Ryback, pas vraiment exposé, perdant face à Bray Wyatt lors de Payback et qui n’a refait surface sur un plan du booking que depuis un petit mois. Ce match avait à charge de relancer la montée de la ceinture intercontinental et aura été un échec. Pire, voir Daniel Bryan saluer un champion après un match avec si peu de teneur est vraiment décevant, alors qu’un match de meilleur facture aurait permis de rendre son discours un peu moins faux à nos oreilles. Espérons que tout cela change vite, mais ça risque d’être assez difficile.

Dean Ambrose s’empare du titre sans pour autant le posséder

Il fallait bien un main event comme celui entre Seth Rollins et Dean Ambrose pour nous remettre dans le bain pour cette dernière demie-heure. Et les deux ex-membres du Shield auront fait leur travail avec ce booking mettant toujours Seth Rollins dans une position confortable, encadré par J&J Security ainsi que Kane. Une défense qui se sera montrée toutefois insuffisante alors que Dean Ambrose prend un push tel qu’il s’envole jusqu’à atterrir sur les trois aides du champion.

Car malgré une fin controversée où Seth Rollins pousse l’arbitre sur Dean Ambrose, qui du coup est sonné puis voit Dean Ambrose appliqué son Dirty Deeds pour le compte de trois validé par un second arbitre, décision invalidée par l’autre arbitre qui conserve la décision de la victoire de Ambrose mais la donne par disqualification. Chose assez illogique de faire cela dans le cadre où un tombé de trois très clair a été validé par la suite. On se retrouve dans le même système d’échappatoires utilisés avec Orton face à Bryan entre Summerslam 2013 et Wrestlemania 30. Pas très original.

Sauf que Dean Ambrose a vu Money in The Bank 2011, et qu’il sait comment on subtilise un titre de la WWE, bien aidé par son acolyte Roman Reigns qui l’aide à s’échapper avec le titre. Situation intéressante qui relancera un peu la rivalité pour les prochains Raw en attendant Money in The Bank. C’est loin d’être le final le plus stupide que la WWE nous ait offert mais on reste dans un niveau de frustration face à la légitimité d’un tel booking de match assez élevé.

Dommage car la confrontation entre Dean Ambrose et Seth Rollins aura été fort concluante, dans ce qui pourrait être vu comme leur meilleur match ensemble. Après une entame un peu lente, les deux ont commencé à accélérer les choses et à élever le niveau que ce soit dans l’engagement comme dans la technique avec une belle Powerbomb de Seth Rollins adressée à Dean Ambrose sur les barricades ou encore quelques nearfalls bien sentis. Ce match a été bon, et en attendant le probable futur retour de Brock Lesnar, Dean Ambrose assure vraiment dans son rôle de face avec une popularité avéré.

On retiendra finalement de ce special event une soirée qui aura fait les montagnes russes, alternant l’excellence avec le match entre Owens et Cena, le très bon avec Dean Ambrose et Seth Rollins, mais aussi le moyen avec l’Elimination Chamber pour les titres tag team, la nullité pour celle du titre intercontinental, et pire, l’indifférence pour le titre des Divas et le match entre Neville et Bo Dallas. Tout cela pas facilité par l’absence nette du public, qui aura payé cher pour rester quasiment muet trois heures, même lors de moments plus intenses.

Allez, emballez-nous tout ça pour cet été, on en a besoin.

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