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Lucha Libre

AAA TripleMania XXIII : L’impossible mission de réussir un grand show

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L’ouverture à l’international de l’AAA entreprise franchement depuis un an devait se concrétiser dimanche dernier dans l’énorme Arena Ciudad de Mexico. Devant une excellente assistance, il y a pourtant eu de nombreux couacs. Les problèmes ont surtout été pour le téléspectateur international qui a eu droit à un son désastreux, à un saut d’images lors d’un gros match et à une réalisation parfois très bancale avec comme bouquet final une coupure soudaine de l’après main event.

Matt Striker et Hugo Savinovich ont donc dû s’armer de beaucoup de calme pour se faire entendre. Et malheureusement là seule fois où le son était bon dans toute la première moitié du show, c’était pendant le combat d’ouverture. Les quatre styles de la lucha libre étaient représentés pour un rendu pathétique. Très mauvaise idée d’octroyer à Drago et à Daga des rôles mineurs et de laisser le premier rôle à la très imposante Ghoya Kong et à l’exotico Pimpinela Escarlata vu à la Lucha Underground et qui fait vraiment son temps.

Beaucoup de désordre dans ce match sans fil conducteur, ça aurait pu être bon. Mais malheureusement, ça ne l’a été que quand les deux minis Dinastia et Mini Psycho Clown sont intervenus, montrant que les plus petits ont beaucoup de classe sur un ring mexicain. Mais voilà, il fallait donc déjà mettre en avant Ghoya Kong, mastodonte en largeur à la technique nullissime et aux déplacements pathétiques. La Sexy Star vue à la Lucha Underground est méconnaissable et dans un rôle de ruda tape sur une soumission de Pimpinela Escarlata qui donne ainsi la victoire à son équipe composée de Ghoya Kong, Dinastia et Drago qui aurait surement aimé ne pas être dans ce match quand on voit le rôle qu’il a joué.

Villano III part en retraite avec une victoire

Lors de TripleMania, beaucoup d’hommages aux anciens sont rendus et dans un match à 3 contre 3, c’est Villano III qui tire sa révérence après 45 ans de carrière. L’accomplissement est notable et la dernière représentation se fait en portant le masque aux côtés de ses frères Villano IV et Villano V qui forment la famille Mendoza. La précision du masque est utile car ils ont été démasqués par le passé, notamment par la famille rivale du Psycho Circus composée des trois clowns plus jeunes. Psycho Clown qui n’a même pas la trentaine intervient logiquement le plus souvent dans ce match pour lui donner un semblant de rythme.

Les gabarits sont lourds, usés par l’âge et les Villanos ne brillent bien sûr plus comme avant. Villano IV et Villano V servent un joli tope suicida coordonné qui est à peu près la seule bonne chose à retenir. Pour le reste, Psycho Clown domine facilement Villano III mais par respect ne veut pas faire le tombé et à ce jeu c’est lui qui s’incline dans un scénario cousu main pour les Villanos. On oubliera volontiers le match pour juste rendre un hommage à Villano III.

Dans un grand show de l’AAA, il faut toujours un match en cage, mais ce soir-là on avait envie de dire malheureusement. Car ce match à trois équipes pour les titres Trios s’annonçait vraiment explosif mais dans une cage, les neuf hommes sont vraiment bridés. Pendant toute la première partie, c’est du lent et pénible 6 contre 3 qui se déroule avec les tecnicos Jack Evans, Fénix et Angelico qui se font rudoyer par les Hell Brothers ainsi que par Pentagon Jr, El Hijo Del Fantasma et Texano Jr. Ces trois derniers ne sont pas à leur aise dans cet environnement trop confiné même s’il est permis de quitter la cage avant d’y revenir, mais ce n’est pas conseillé.

Il y a eu la volonté de mettre les neuf luchadores dans une haute altitude dangereuse. Pentagon Jr a juste fait un Moonsault, Texano s’est ridiculisé en retombant tout seul du pylône sur lequel étaient fixées les ceintures et heureusement pour ce trio qu’El Hijo Del Fantasma a été actif pour contrer Jack Evans et Angelico incontestablement les deux meilleurs dans ce match dès qu’il prenait beaucoup d’altitude. Averno et Chessman se sont montrés plus à l’aise que Cibernetico et au bout du match c’est Averno qui décroche une ceinture suffisante pour conserver les titres Trios. Mais le regret de ne pas avoir vu ce match sans cage sera bien présent tellement ils ont été longtemps bridés et bien loin des attentes qu’ils auraient surement rempli dans un combat simple.

Les légendes déçoivent

Quand on aime les légendes mexicaines, on ne peut que saliver devant un match par équipe opposant Blue Demon Jr et La Parka à El Mesias et Electroshock. Il y a de bonnes choses, les mouvements sont propres mais le rythme est bien faible, le match est bien court et il y a toujours les mêmes oppositions dans le ring. El Mesias est loin d’être aussi impérial que sous le masque de Mil Muertes mais il doit composer avec un La Parka pas dans le coup.

Blue Demon Jr fête ses 30 ans de carrière dans le ring donc le beau rôle et le tombé final ne pouvait que lui revenir. C’est un reproche pas forcément là mais ailleurs qui peut être fait de ne voir strictement aucune surprise dans ce show et beaucoup trop de scénarios convenus. Là donc Blue Demon Jr fait le tombé victorieux sur Electroshock au bout d’un match une nouvelle fois décevant qui met fin à une première partie bien morne.

Les intronisations au Hall Of Fame sont toujours de grands moments et cette année elles sont particulièrement chargées d’émotion. Hector Garza, décédé en 2013 des suites d’un cancer, et El Hijo Del Perro Aguayo, brutalement décédé suite à une blessure subie dans le ring en début d’année sont les deux nouveaux noms ajoutés à la postérité. Garza était vraiment une légende alors que Perro Aguayo Jr représentait la nouvelle vague avec déjà un palmarès solide. Ainsi il était logique de les voir cote à cote rejoindre pour l’éternité le Hall Of Fame de l’AAA et on est certain qu’ils ne seront jamais oubliés.

Finalement, les quatre matchs précédents ne comptaient presque pour rien et les deux derniers cristallisaient en fait tous les enjeux. A l’applaudimètre il n’y avait pas photo, Alberto El Patron est bien le roi dans son pays. Le megachampion de l’AAA se retrouvait face à son meilleur ennemi Brian Cage. El Hijo Del Fantasma au soutien de Cage et Fénix au soutien d’El Patron ont été beaucoup plus à leur avantage dans la première partie de ce Hair vs Hair match que lors de leur match en cage. Ainsi, les ingrédients pour le meilleur combat du show étaient réunis.

Cage et El Patron offrent le match de la soirée

Cage et El Patron se sont créé une alchimie lors de leurs précédents affrontements et ces deux gabarits assez lourds sont connus pour apporter beaucoup de mouvement dans leur match. Et à ce jeu, Brian Cage impressionne en dominant longtemps Alberto qu’il fait saigner à coups de chaise avant de le faire passer deux fois à travers une table tout en bénéficiant du soutien de l’arbitre qu’El Patron va finir par mettre KO. S’il y a un seul match à retenir c’est bien celui-là même si on se doute bien qu’El Patron ne peut pas perdre. Ainsi logiquement c’est à l’issue d’un combat brutal mais très juste techniquement qu’El Patron fait taper Cage après l’avoir étourdi avec une chaise. Cage se fait ainsi raser la boule à zéro sans broncher et El Patron tient jusqu’au bout sa revanche en mettant Cage KO et en le recouvrant du drapeau mexicain.

L’élan était ainsi bien retrouvé pour ce main event sans enjeu de titre mais ô combien attendu par le public. Les entrées sont moyennes quand même avec un Rey Mysterio qui a pris le masque et la tenue de Drago. Mysterio Jr il faut dire maintenant était vraiment l’idole de la foule en opposition avec son ancien compère des années WWE Myzteziz, l’ancien Sin Cara et Mistico. C’est bien rare que Myzteziz soit autant hué et ainsi le plan du match s’en retrouve modifié.

Très vite Myzteziz endosse le rôle du rudo prêt à toutes les brutalités et surement pas à fournir un pur combat aérien de lucha libre. C’est là que l’AAA a eu tout faux car rares sont les bons moments dans ce match et peu nombreuses sont les prises. Détail aussi gênant que frustrant, Myzteziz a la conduite du match, fait plutôt de bonnes choses mais le rythme est bien pauvre et c’est vraiment un comble quand on connait les caractéristiques des deux hommes. Ainsi à contre emploi, Myzteziz réussit une bonne Swanton, mais rate une powerbomb sur une table et biaise une souplesse arrière faisant passer Rey Mysterio Jr à travers une table. En fait c’est l’enchainement du 619 que Myzteziz réussit le mieux. Très passif, Mysterio se contente vraiment du minimum, frappe le 619 mais cherche la soumission et au deuxième essai il fait taper Myzteziz avec la Fujiwara Armbar.

Voilà, c’est donc sans surprise que le main event s’est conclu et avec beaucoup de déception. Mais le projet de départ de faire basculer Myzteziz du côté sombre devait encore se confirmer et donc on a eu droit à un après match beaucoup trop long que la production n’a même pas maitrisé. Et Myzteziz s’en serait bien passé, ratant de manière ridicule son dive sur Averno qui était passé à l’attaque avec Joe Lider et Pentagon Jr. Lider se fait agrafer la tête et l’épaule et reçoit un 619 avec Pentagon Jr. Et c’est là que le grand vilain Myzteziz se dévoile totalement en attaquant Rey Mysterio tout en lui disant qu’il voudra l’humilier dans un Mask vs Mask. Ainsi, cet affrontement n’est qu’un prélude pour un prochain combat plus chargé en enjeu. Et Myzteziz fait cette fois bien passer Mysterio à travers une table avant de revêtir le t-shirt des Perros Del Mal et de rejoindre la Sociedad de Konnan dans la confusion la plus totale pour une production tellement dépassée qu’elle coupe le signal avant la fin de ce segment.

De bout en bout, l’AAA aura ainsi bien eu du mal à fournir un bon show. Entre les multiples soucis techniques bien amateurs et des matchs pour la plupart médiocres, TripleMania XXIII est bien un cru raté à peine relevé par le bon El Patron contre Cage. En 2015, le meilleur show de l’AAA aura bien été Lucha Underground et même si l’année n’est pas finie, l’AAA a du mal à intéresser le spectateur international à ce qui se passe sur le sol mexicain.

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