ambrose hiac 2014
Décryptage

Dean Ambrose, l’underdog de service

Il y a un catcheur dont le placement actuel inquiète. Souvent perdant de ces matchs et désormais évincé de la course au titre, Dean Ambrose semble un peu perdu dans l’upcard de la WWE. Retour sur un booking qui l’a un peu sacrifié sur l’autel du succès de Seth Rollins. Mais pas que.

WWE

À l’image de son comparse Seth Rollins, il sera intéressant de voir ce que fut la progression de celui que la WWE appelle « Lunatic Fringe » depuis la trahison de son frère d’armes. Depuis cet événement, Dean Ambrose a eu deux rivalités majeures, celle face au traître Seth Rollins en deux temps, encadrée par une petite escapade avec Bray Wyatt puis des retrouvailles accompagnées par Roman Reigns et Luke Harper.

Un seul dénominateur commun regroupe les deux rivalités : Dean Ambrose a perdu, souvent, et a subi un booking pour le moins hasardeux. Il existe d’ailleurs quelques moments clés qui, au travers des derniers mois, ont appuyé assez fort sur ce côté loser par manque de chance ou de concentration. Et pendant que le public chante ses louanges, la WWE a dû le laisser se prendre le mur du main-event en pleine face.

Bien au-delà de ce soucis de palmarès où l’on voit qu’en PPV, Dean Ambrose perd souvent, il y a le soucis que c’est souvent pour de mauvaises raisons. En justifiant son côté lunatique, la WWE s’est permise de lui asséner quelques défaites au scénario assez détestable, et qui ont souvent fait l’objet d’un moment de frustration chez les fans.

Hell in a Cell : Un Bray Wyatt sauvage apparaît

C’est la première des défaites vraiment dommageables pour Dean Ambrose, dans une rivalité où Seth Rollins a le dessus grâce à la supériorité numérique de The Authority, c’est un peu la place de Daniel Bryan que prend Dean Ambrose, alors que son ancien camarade n’est pas encore champion. Les points culminants de cette rivalité se tiennent probablement au moment où Seth Rollins enfonce la tête de Dean Ambrose dans des jolis parpaings, le laissant out quelques semaines – pour aller tourner tranquillement un film.

À son retour, Dean Ambrose est une véritable épine dans le pied de celui qui était encore détenteur de la mallette et qui montrait de plus en plus de velléités dans la prise du titre détenu par Brock Lesnar. L’absence chronique du champion place toutefois les deux hommes sur le devant de la scène. C’est bien simple, c’est la rivalité majeure de la transition entre Summerslam et Survivor Series. Et vu que Seth Rollins agace particulièrement la foule dans son rôle de heel pur, c’est Ambrose qui gagne toute la sympathie de la foule par son côté hybride entre la folie de Mankind et le côté chien fou que pouvait avoir Stone Cold.

C’est d’ailleurs Mick Foley – détenteur de la gimmick de Mankind et surtout auteur de la chute historique du haut de la cage – qui viendra définitivement hyper la foule en rappelant les enjeux de la cage. Tout va bien jusque-là, même le match commence par des folies des deux catcheurs, et probablement le Hell in a Cell le plus brutal depuis quelques années. Mais voilà, Dean Ambrose tombe sur un coup du sort qui s’appelle Bray Wyatt, intervenant un peu sans raison comme il le fera plusieurs fois depuis, et qui permet à Seth Rollins de prendre ce match.

TLC 2014 : Dean Ambrose explose l’écran

La transition est assez maladroite et la rivalité entre les deux anciens frères du Shield paraît alors inachevée. Mais soit, celui qui disait qu’il « empêcherait Seth Rollins de cash-in quoiqu’il arrive » détourne son attention du traître du Shield pour Bray Wyatt, avec qui se lance une rivalité assez confuse, surtout à partir de Survivor Series. Ce premier match finit par une disqualification sous forme de grande promo pour un TLC match au pay-per-view éponyme.

Des promos assez bonnes mais loin d’être mémorable, un passif pas si bien mis en avant que ça et vous obtenez une construction pas totalement claire. Malgré tout, l’absence de Brock Lesnar se fait à nouveau sentir et les deux ont les faveurs du main-event lors de ce dernier pay-per-view de l’année. Et c’est à ce moment précis où la frontière entre le booking maladroit et l’erreur grossière se fait sentir.

Cette fichue télé qui défie les lois de l’électronique pour aveugler Dean Ambrose, qui non seulement perd lourdement sa rivalité avec Bray Wyatt, mais à cela est ajouté un côté inconscient et pas très réfléchi. Sur cette rivalité, Ambrose devient le moins bien loti parmi ses anciens camarades du Shield. Alors que Reigns gagne le Rumble et que Seth Rollins croise le fer avec John Cena et Brock Lesnar puis Randy Orton, le troisième frère d’armes se retrouve coincé entre les restes de sa rivalité avec Bray Wyatt, un rôle de piédestal pour Roman Reigns et une approche non concluante du titre intercontinental. Dur.

Un deuxième acte avec Seth Rollins pour attendre Brock Lesnar

Mais après Wrestlemania, Seth Rollins devient champion et au fur et à mesure, Randy Orton ainsi que Roman Reigns s’effacent d’une nouvelle rivalité entre les deux hommes qui ont vraiment une meilleure alchimie au micro et sur le ring. Le soucis de cette rivalité tient dans le simple fait que l’on connaît son enjeu : assurer les premiers mois de champion de Seth Rollins.

Dean Ambrose aura le droit à trois chances pour le titre de la WWE à Payback où il est du Fatal-4-Way pour le titre avec Randy Orton et Roman Reigns, en un contre un à Elimination Chamber puis à Money in the Bank. Le problème du manque d’enjeu doit être compensé et la WWE utilise des subterfuges entre interventions lors du Fatal-4-Way et disqualification de Seth Rollins après une victoire clean de Dean Ambrose, laissant la victoire au Lunatic Fringe mais pas le titre.

Voyant la rivalité à bout de souffle, on décide donc de donner le titre à Ambrose mais en le volant. Ce vol de la ceinture de Seth Rollins permet d’emmener les deux hommes dans un dernier face à face en ladder match où les retombées sont lourdes pour Dean Ambrose. Après un très long match où Dean Ambrose s’est fait assez largement dominé par Seth Rollins en terme de dégâts infligés – notamment lors de cinq dernières minutes assez violentes, le favori de la foule perd clean, sans intervention, se faisant arracher la ceinture qu’il avait au bout des doigts.

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L’occasion pour Ambrose de donner un petit speech d’après-match qu’on aurait aimer voir un peu plus tôt dans la rivalité, et montrant que loin d’un simple remplaçant, Dean Ambrose peut sortir des promos vraiment appropriées et dignes du main-event. Sacrifié sur l’autel de la montée de deux catcheurs, le Lunatic Fringe affiche un bilan très négatif en pay-per-views avec une dizaine de défaites pour une victoire par disqualification. C’est beaucoup pour un catcheur placé comme top face pour affronter le heel le plus détesté actuellement à la WWE.

Un booking parfois injustifié

Si l’on se met dans le cas de ces derniers matchs entre lui et Seth Rollins, on ne peut pas dire que la WWE aurait pu faire beaucoup mieux, à une époque où les champions ont des règnes plus longs qu’auparavant avec des défenses tous les mois, il est inévitable qu’une perte de suspense se fasse sentir et les bookers doivent trouver des moyens de garder le public impliqué au maximum, d’où les disqualifications, interventions. Parmi ces trois matchs, seul celui de Money in The Bank doit être pris en compte quant à la place qu’a Dean Ambrose actuellement : celle d’un underdog de l’upcard, capable d’avoir des matchs de championnats mais pas de les remporter.

Dans le groupe du Shield, il est celui qui a subi le plus la séparation. La montée naturelle de Seth Rollins et l’ambition des bookers de faire de Roman Reigns la nouvelle tête d’affiche de la WWE l’ont un petit peu mis à l’écart. Il n’est pas question de seulement parler du titre majeur de la WWE, mais aussi secondaires. Plusieurs fois en position de s’impliquer dans la course au titre Intercontinental, Ambrose n’a jamais touché le titre, lui qui n’a été qu’un champion – un peu fantôme malheureusement – des États-Unis alors qu’il était avec le Shield.

Mais c’est surtout son job pour Bray Wyatt qui est critiquable. Il faut dire que Dean Ambrose a un petit peu servi de jobber de luxe pour mettre en avant le gourou en marge de son futur affrontement avec l’Undertaker. Tout cela pour nous mener à une rivalité sans confrontation au micro et terminant avec un défaite sans grand éclat de l’ancien leader de la Wyatt Family. Ambrose a donc subi quatre mois d’un booking le mettant en situation de défaite constante pour finalement conclure sur une défaite du nouveau visage de la peur.

Un visage qu’il recroise actuellement avec Roman Reigns, alors qu’il fait équipe avec son ancien camarade pour affronter Bray Wyatt et Luke Harper lors de Summerslam. La boucle est bouclée, et cette semi-réunion du Shield et de la Wyatt Family est un peu confuse, surtout que Dean Ambrose semble prendre une place de side-kick de Roman Reigns du fait de l’intervention de Luke Harper lors de Battleground. Pas franchement le booking idéal d’un upcarder qui a tenu le champion en difficulté pendant environ deux mois.

Clairement, ce n’est pas l’heure de Dean Ambrose, et ce genre d’année vierge de titre et où il faut compter les victoires sur le bout des doigts ne sont pas rares pour les catcheurs – On pense à toi, Dolph Ziggler – surtout depuis que les places sont comptées du fait de l’ambition de la WWE de rendre sans cesse du prestige au titre ou de trouver le futur de la WWE – Ce qui est dans 100% des discours actuels lors des promos pour le titre, vous pouvez vérifier – et dans cette période de transition, certains catcheurs se voient utilisés comme des underdogs éternels, rarement récompensés.

Actuellement, Dean Ambrose a cette place à la WWE, il comble les brèches, aide souvent à remplir une rivalité mais il serait temps de trouver un réel projet pour le catcheur, lui qui a une personnalité vraiment à part dans le roster, ce qui pourrait offrir des segments plus marquants que des catcheurs un peu plus génériques dans leurs actions – On pense à toi, Roman Reigns. Mais à l’heure où la montée de Kevin Owens est la plus marquante actuellement et que la WWE semble vouloir capitaliser également sur la popularité affichée de Cesaro, le chemin sera long pour Dean Ambrose afin de retrouver des opportunités de se glisser dans la course au main-event, de plus en plus rude ces dernières années.

Dean Ambrose, l’underdog de service
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