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Night of Champions 2015 : Seth Rollins voit rouge

© WWE.com

Seth Rollins avait donc une lourde tâche pendant cette fameuse nuit des champions, battre à la fois Sting et John Cena. Un exploit qu’il allait en plus devoir faire en affrontant les deux hommes successivement, alors que la WWE préfère habituellement marquer des pauses entre les matchs. Là, il était apparemment question d’accabler le protégé de The Authority, un traitement assez étrange pour un heel, même si celui-ci est loin d’être dorloté depuis un moment.

Mais loin de la sphère du main-event, c’est le traditionnel kickoff qui accueille les fans de la WWE. Toujours sur le même principe, les analystes sont revenus sur les matchs à venir, mais depuis l’extérieur cette fois, pour une sorte de plan marketing sur le nouveau jeu Mattel estampillé WWE, où l’on peut créer des stars au look dégueulasse, encore une occasion de voir que vos enfants n’ont pas de goût.

Du coup, des fans de la WWE se sont agglutinés dehors et n’étaient pas vraiment installés lorsque le match a commencé entre Stardust en équipe avec The Ascension – appelés The Comic Wasteland –  et Neville accompagné lui par les Lucha Dragons. Une opposition assez typé sur le ring, très correct pour un kickoff mais qui ne va pas au-delà du petit match où tout le monde sort le set classique puis repart. On notera la victoire des heels pour une rivalité entre Neville et Stardust qui continue sans trop que l’on sache pourquoi. It’s only Comic Wasteland comme disait les Who.

The Ryback s’est mis le doigt dans l’œil, Summer Rae fait perdre Rusev

Le titre Intercontinental avait besoin d’un sauveur. On l’attendait depuis longtemps cette défaite de Ryback, grâce à Kevin Owens elle est venue. Le canadien a en effet battu l’américain en grenouillère pour le titre, non sans avoir glissé un petit poke avant de faire un roll-up. Mais il y a eu un match avant tout cela, et on se doutait que le match ne serait pas une merveille de technique, il fallait juste voir si l’opposition physique valait le déplacement.

Bon, on est loin, bien loin des matchs de Kevin Owens avec John Cena, l’ancien champion de NXT ayant eu affaire à un catcheur qui ne lui permet pas vraiment de placer son moveset puisqu’il se fait dominé. Mais plus intelligemment, Owens va cibler le bras de Ryback, ayant pour malheureux effet de donner des coups de mou à ce match avec des phases au sol pas très dynamiques. C’est toujours intéressant de faire du storytelling évidemment, mais dans ce cas précis cela n’a pas rendu le match plus attirant.

Mais Kevin Owens touche son premier titre dans le main roster, et si on ne pourra pas éviter le rematch, savourez l’idée que les prochaines rivalités du titre Intercontinental auront la meilleure grande gueule de tout le roster actuel, avec une midcard / upcard qui foisonne d’éléments sous-utilisés et qui ne demande qu’à toucher un bout de ce titre. On espère que les derniers runs de champion, mêlant malchance et mauvais booking, seront vite oubliés.

Vient ensuite la rivalité qu’on aurait aimé ne jamais voir entre deux catcheurs pourtant intéressant sur le ring. Ziggler et Rusev sont en effet embourbés dans une confrontation du fait de Lana et désormais de Summer Rae. Enfin, cette rivalité nauséabonde aurait au moins pu accoucher de match avec un peu plus d’originalité.

Bien sûr Dolph Ziggler vend toujours très bien les prises, bien sûr Rusev fait toujours de bonnes phases de dominations, mais le tout manque cruellement d’un petit plus, d’un supplément d’âme pour lequel le public pourrait s’emballer, ayant du mal à entrer dans une rivalité qui consacre tellement ses femmes que Lana avait envahi le design du pantalon de Ziggler et c’était tout sauf mignon.

Et après le double count-out de Summerslam, le match de Night of Champions s’est aussi terminé sur un fait extérieur assez ridicule. Tentant une intervention, Summer Rae se loupe et l’arbitre décide alors de l’expulser des abords du ring, ce à quoi Summer Rae réagit assez mal, balançant sa première chaussure puis tentant de jeter la seconde sur l’arbitre qui esquive, mais pas Rusev qui se retrouve assez distrait pour subir un Zig-Zag et perdre du coup ce match. Terrible ce syndrome de la rivalité post-Cena toujours compliquée pour ses adversaires, quand on pense à tout ce que représentait Rusev en début d’année, ça fait peur.

New Day sauve (presque tous) les meubles, Nikki perd (enfin) son titre

S’il y a bien une chose qu’on ne pensait jamais dire, c’est que New Day est une des meilleures choses de la WWE actuellement. Le chemin fut assez long mais force est de constater que les trois hommes ont progressivement acquis un gros capital de sympathie, même s’ils restent heels. Ce gimmck axé sur la comédie est assez clair, entre les discours outrageusement déclamé, le clapping exagéré et ce trombone qui a presque fait le match d’hier.

Ce serait presque oublier qu’en face, ce sont les Dudley Boyz, neuf fois champions par équipe, qui se présentent au clan. Cette rivalité, qui se concentre autour de la passion qu’ont les Dudley Boyz pour les tables – qui ont fait leur succès et popularité lors de l’Attitude Era, a comme beauté sa simplicité. #GetTheTables vs #SaveTheTables, un moyen simple de conquérir un public qui en redemande.

Pour le match en lui-même, c’était assez bordélique dans sa construction. Bubba Ray effectue une grosse part du match face à Big E et Kofi Kingston, les deux offrant des confrontations de style assez sympathique. Devon prendra le relais dans une grosse séquence de domination et à un 3D – Dudley Death Drop – qui aurait pu mener à la victoire si Xavier Woods n’était pas intervenu pour causer la disqualification.

C’est d’ailleurs lui et son trombone qui sont les stars de ce match. De Final Fantasy à Rocky, Xavier Woods vous interprète tout et n’importe quoi pour la plus grande joie du public. Il a d’ailleurs fait fort sur un plan capillaire, s’offrant une coupe à la Rufio dans Hook. On notera aussi Big E, très à l’aise dans ce rôle de prêcheur habité, et qui n’hésite pas à sortir un « This is our time, old man » à Bully Ray. Sympa.

La fin en disqualification ne dérange pas outre mesure puisqu’on se doutait que la rivalité ne tiendrait pas sur un unique match, et avec Hell in a Cell, les tables ne seront pas bien loin, surtout que les Dudley Boyz finissent par faire passer Xavier Woods à travers une table, alors que New Day voulait faire subir ce sort aux Dudley Boyz. La suite est tout aussi importante puisqu’il s’agit d’un match pour le titre des Divas entre Charlotte et Nikki Bella avec pour unique but de voir la consécration de Charlotte, après que la WWE se soit fait un malin plaisir d’effacer AJ Lee de ses tablettes en laissant la jumelle Bella prendre le record.

Et cette consécration a eu un goût un peu étrange. Déjà parce que la défense lors de Raw reste en travers de la gorge, mais surtout sur la construction du match. Le booking du match a vendu une blessure rapide à la jambe de Charlotte, sur laquelle Nikki Bella allait miser TOUT le match. Mais quand on dit tout, c’est vraiment TOUT le match. Hormis la dernière phase où Charlotte fait un come-back et termine le match, la championne cible outrageusement cette jambe.

Le pire étant qu’au final, le match se termine sur un Figure 8, comme si cette blessure n’avait jamais existé. La conclusion est assez simple : Charlotte sur une jambe, c’est plus fort que Nikki sur deux. Bien. Ric Flair en tire même une larme, ému de voir sa fille devenir la patronne de la division féminine. Le gain de championnat par Charlotte, c’est en tout cas la porte ouverte à une rivalité avec Sasha Banks. On en salive d’avance.

Chris Jericho porte la poisse

C’était le potentiel mark moment de la soirée, le partenaire mystère de Dean Ambrose et Roman Reigns allait en effet être révélé pour affronter The Wyatt Family qui torture depuis des semaines les deux frères d’arme avec le nouveau membre, Braun Strowman. Et à l’heure de la révélation, un fan se glisse derrière les deux hommes, habillé comme le Shield et voulant sûrement déposer candidature. Mais vu que le bonhomme est encore plus chétif que Joey Mercury, l’option du vrai partenaire mystère fut privilégiée par la WWE.

Et ce partenaire est nul autre que Chris Jericho, pas forcément absent depuis très longtemps mais qui avait marqué une plus longue pause avec la WWE à la télévision, n’apparaissant qu’une seule fois cette année lors du show au Japon diffusé sur le WWE Network. Habitué à faire des apparitions en house show, l’Ayatollah of Rock’n’rolla n’aura pas forcément brillé par son utilité face à Braun Strowman.

En forme comme à son habitude, il donne toutefois un certain rythme à un match d’une qualité certaine entre les six hommes. L’épreuve de force que consiste Braun Strowman sera bien sûr au centre du storytelling, chacun des faces en voulant un morceau et tentant de le mettre au sol. Alors que Roman Reigns semblait tenir le bon bout, Chris Jericho effectue un blind tag et se fait contrer son Codebreaker dans une prise de l’Ours qui met fin au match.

Après ça, Chris Jericho se permet même de bousculer Dean Ambrose avant de se casser, alors qu’il vient de faire perdre le match et que Roman Reigns et Dean Ambrose ne paraissait même pas énervé. Un retour en demi-teinte, et c’est malheureusement assez fréquent ces dernières années pour Y2J. Grosse victoire par contre pour la Wyatt Family, qui retrouve une certaine force perdue auparavant, et c’est toujours bon à prendre.

Sting est trop vieux pour ces conneries, pas John Cena

Le premier chapitre de l’épopée de Seth Rollins commence avec John Cena, un match qui se devait d’être épuisant pour le champion, mais qui semblait plutôt être acquis au protégé de The Authority. Que nenni, après un match d’un peu plus d’un quart d’heure, c’est John Cena qui reprend son bien après l’avoir perdu lors de Summerslam. Mauvaise surprise pour ceux qui voyaient Seth garder ses deux ceintures.

Il faut signaler tout de même la qualité du match entre les deux hommes qui auront pas mal jouer sur le contre des mouvements adverses. Seth Rollins imite John Cena et joue pas mal sur le fait que les deux se connaissent bien pour pouvoir offrir une confrontation très rythmée et agréable, dans les hauts standards de ce que peuvent donner les main events de la WWE. Tout cela se termine sur un AA pour une victoire clean de Cena, ce qui fera sûrement hurler les haters du poster boy, pour changer.

Mais c’est aussi le retour probable de l’US Open Challenge, et c’est vrai qu’il reste bon de garder la ceinture avec un propriétaire qui lui donne toute son attention, et on ne peut pas dire que John Cena soit vraiment avare en ce qui concerne le temps qu’il donne à une ceinture. Dommage toutefois de ne pas voir Seth Rollins réussir ce doublé, la WWE n’a pas voulu le mettre sur un piédestal aussi haut, et on peut dire qu’avoir détenu les deux ceintures est déjà un exploit assez retentissant.

Restait un second défi pour Seth Rollins, celui de Sting. Un match où l’ex-WCW n’aura pas fait semblant et aura vraiment beaucoup donné. À 56 ans, il a pris de gros spots avec notamment un passage à travers la table de commentateurs et en faisant un saut vers l’extérieur. Un match pas forcément toujours rythmé et qui va prendre une tournure plus particulière après une powerbomb de Seth Rollins sur Sting vers le coin du ring.

En se relevant, on sent que The Icon a pris un mauvais coup et semble même s’être blessé. Ce n’est pas son effondrement juste après en évitant une clotheline qui va rassurer la foule. Après un petit moment, le match reprend pour un final fait de contres mais qui finit avec un roll-up de Seth Rollins pour garder sa ceinture de la WWE.

Alors, on est loin de dire que ce match était infamant, et si Sting ne s’était pas blessé à la réception, peut-être qu’on aurait eu une moins mauvaise impression, mais ça restait assez mou en général, surtout que les temps morts furent assez nombreux, la blessure n’arrangeant rien. On peut questionner le fait qu’à 56 ans, Sting prenne part à de si grands matchs, et même si tout est conditionné pour crédibiliser la chose, le temps rattrape trop souvent nos légendes. Il suffit de regarder l’Undertaker que l’on fait revenir encore et encore avec difficulté.

C’est un discours qu’il faut tenir en se disant que malgré l’affiche et le prestige que représente Sting, il ne correspond pas au roster actuel. Et au lieu de builder un événement sur quelques semaines, la WWE devrait peut-être se concentrer autour d’une rivalité à plus grande ampleur pour le titre de la WWE, Seth Rollins n’effectuant quasiment que des one shots depuis la fin de sa rivalité avec Dean Ambrose – exception faite de John Cena, évidemment.

On aurait aimé que le pay-per-view s’arrête là, mais Sheamus n’a pas pu s’empêcher de pointer le bout de son nez pour un éventuel cash-in avorté par le retour de Kane dans son habit de Big Red Monster. Corporate Kane est à nouveau mort et le démon rouge revient pour s’occuper de Seth Rollins, offrant Chokeslam et Tombestone pour son retour. Après une légende de 56 ans, on passe à un vétéran de 48 ans. C’est assez frustrant pour tout un roster de voir tant de personnes prendre une place qui pourrait être la leur, montrant un peu la fébrilité de la WWE quand il s’agit de construire des faces main-eventers.

Ce retour conclut une édition de Night of Champions assez massive en terme de péripéties. Si le final est douteux, le reste de la soirée aura été globalement agréable bien que jonchés de défauts dans chaque match. L’upcard de la WWE semble toutefois voué à un avenir plus radieux qu’auparavant avec les avènements de Kevin Owens et Charlotte. En attendant, la carte de Hell in a Cell s’annonce tout aussi dense avec déjà un match annoncé dans la cage infernale entre Brock Lesnar et l’Undertaker. La WWE a de la suite dans les idées, sauf pour son titre principal, et c’est peut-être ça le comble.

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