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TNA Wrestling

Bound For Glory 2015 : La TNA désormais sur les épaules de Matt Hardy

© TNA

Avec la TNA, il y a toujours quelque chose de spécial et même de carrément déroutant. Alors que les shows weeklys ont été globalement bons, que les talents sont en forme, le build-up de son grand pay-per-view de l’année est quasi absent sur une bonne partie des matchs. Et même si la salle est pleine de 5000 spectateurs, c’est sans artifice et dans une faible ambiance que le show s’est déroulé. Il faut préciser que malheureusement pour elle, la TNA a dû encore distribuer des tickets pour remplir la salle.

Le match d’ouverture n’a absolument aucune histoire. C’est dommage pour la X-Division qui n’a toujours pas droit à une mise en valeur depuis des années. C’était pourtant le gros titre qui avait mis la TNA sur la carte notamment avec l’Ultimate X match qui est encore de sortie mais avec un contexte totalement inexistant. Une petite story n’aurait pas fait de mal mais le champion mexicain Tigre Uno n’en a cure car tranquillement il continue son petit bonhomme de chemin. Le match était bon, avec surtout Manik qui n’a plus son masque mais qui était le plus en valeur. L’invité surprise du circuit indépendant Andrew Everett a pu faire admirer ses qualités de high flyer.

Pour DJ Z en revanche c’était bien compliqué car il s’est retrouvé plus souvent à terre que les autres. Les pylônes n’ont cette fois pas été utilisés et en revanche la corde a joué son rôle avec au final Tigre Uno qui envoie Everett s’écraser au sol pour arracher la ceinture au bout d’une énorme effort traduit par son incapacité à descendre seul. Gregory Helms se pointe ensuite pour tranquillement saluer Tigre Uno mais aussi pour directement s’immiscer dans la course au titre X-Division sans avoir disputé encore le moindre match à la TNA.

Après une promo classique d’EC3 pour s’attirer de la heat, le match des surprises bonnes et mauvaises a eu lieu. Au départ, ils étaient neuf hommes en ligne pour devenir le nouveau challenger au titre poids-lourd dans un Gauntlet match qui s’est avéré être une Battle Royal. Et en fait ils étaient douze ou plutôt onze et demi car la participation du commentateur D’Angelo Dinero a été pathétique puisqu’il est sorti seul du ring en voyant face à lui Abyss et Tyrus, les deux poids-lourd qui ont dominé le match.

La surprise Tyrus

Al Snow accompagné d’Head a lui eu un beau rôle, au même titre que Tommy Dreamer. Ces deux-là n’étaient pas annoncés dans ce match mais ils ont apporté quelque chose. Tout le contraire d’à peu près tous les participants annoncés. Eli Drake, Robbie E et Jessie sortent piteusement, Chris Melendez a galéré et a tenu très peu, Mahabali Shera à part ne faire qu’une danse indienne ne montre rien. Et que dire d’Aiden O’Shea, qui est en réalité Jay Bradley grimé en irlandais dans une volonté plus que maladroite de copier Sheamus jusque dans la façon d’écrire le nom à l’écran. Et pourtant malgré tous ces défauts, ce match a été en partie sauvé par les surprises. Mais le final est bien médiocre. Tyrus et Mr Anderson se retrouvent seul à seul et Tyrus l’emporte en se contentant de se coucher sur Anderson assez ridiculisé sur le coup. Surprenant de voir Tyrus en challenger du titre et cela ouvre la voie future à une feud contre EC3 à qui il n’a pas manqué de dire qu’il a gagné tout seul lui.

La TNA a gagné sa guerre interne contre la GFW de Jeff Jarrett mais cela n’empêche pas de voir les Wolves défendre leurs ceintures par équipe face au duo made in GFW formé de Trevor Lee et de Brian Myers, anciennement Curt Hawkins. Ce match bénéficie d’un gros rythme très souvent porté par les Wolves qui s’imposent sans souci comme la meilleure équipe de la TNA actuelle. Le hic c’est que Davey Richards et Eddie Edwards sont seuls au monde mais en attendant de retourner à un quotidien vide d’adversité, ils en ont rencontré une bonne. Parfois brouillon mais physique et rythmé, ce match met bien en valeur les deux équipes et la victoire propre des Wolves conclue une douzaine de minutes agréables.

Le titre King Of The Mountain s’impose déjà comme le remplaçant du titre Télévision mort dans l’indifférence la plus totale. Il faut espérer que ça ne soit pas le cas pour ce titre porté jusque là par Jeff Jarrett, PJ Black et maintenant par Bobby Roode. C’était la bataille des Bobby, Roode contre Lashley, décidée trois jours avant avec un Open Challenge. Ici, ce n’est pas gênant qu’il n’y ait pas de rivalité car la volonté est de construire le meilleur match et le contrat a été rempli avec des prises réalisées à tour de rôle, apportant un gros rythme au match. Quand Roode passe un Spinebuster, Lashley réplique par un Spinebuster. Dans l’autre sens, on voit un Spear, habituel chez Lashley mais beaucoup moins chez Roode qui manie beaucoup plus le Crossface et la Roode Bomb. Dans cet affrontement très agréable et rendu indécis par son déroulement c’est le Spear infligé par Roode qui a signifié le début de la fin pour Lashley qui tombe après la deuxième Roode Bomb qui conclue le show stealer.

Le match des Knockouts déçoit

Earl Hebner nouveau Hall of Famer de la TNA vient arbitrer le classique des Knockouts. Gail Kim contre Awesome Kong, c’est clairement l’ADN du catch féminin à la TNA. Il était donc naturel de retrouver les deux meilleurs rivales face à face pour le titre conquis il y a peu par Gail Kim. Le match est quand même en-dessous des précédents qui avaient placé la barre bien plus haute. Awesome Kong domine tranquillement avec notamment un  joli Splash, Gail Kim bénéficie du soutien de son -vieux- mari qui trouve le moyen de s’engueuler avec son contemporain Hebner. De façon très réaliste et assez décevante, Gail Kim conserve son titre avec un Eat Defeat enchainé d’un petit paquet. Tout le monde en attendait bien mieux.

Eric Young s’est auto proclamé comme étant un Dieu plus taré que jamais. Depuis le Piledriver mis à Angle début juillet, il s’était acharné à jouer avec la jambe factice de Melendez et à figurer dans le camp de la GFW contre la TNA. Vraiment à contre courant, il affrontait le revenant Kurt Angle qui a réussi à se débarrasser d’une tumeur au cou et qui disputait son dernier grand match à la TNA. Ce match se transforme en un sans disqualification bien curieux. Après une phase de brawl, Young inflige rapidement le Piledriver à Angle. Et là les médecins viennent dire que c’est fini. Or, Eric Young a bien compris le principe du match et balance le médecin pour reprendre. Dans un match sans vrai rythme et au déroulement bien singulier, c’est un Kurt Angle très économe qui fait la différence à l’extérieur du ring avec une German Suplex puis l’Ankle Lock dans le ring qui lui permet de conclure victorieusement mais pas avec un sommet.

Ethan Carter III déchu

Le main event était bien entendu pour le titre mondial poids-lourd avec tous les signaux au vert pour Matt Hardy. Evoluant à domicile, bénéficiant du soutien de sa femme, de son petit garçon et de son père assez mal en point, il était surtout arbitré par son frère Jeff, un soutien providentiel apporté par Dixie Carter. Et pourtant dans ce match, Jeff Hardy arbitre dans l’ensemble de façon très neutre et compte même rapidement les tentatives de tombé d’EC3 sur Matt Hardy. Le champion ne pouvait pas s’estimer lésé sur ces tentatives, lui qui a été privé de Tyrus d’entrée.

EC3 pourtant dans une situation défavorable se montre sous son meilleur jour. Révélation de l’année 2015, il n’a cessé de progresser et les « You can’t wrestle » longtemps scandés se sont peu à peu évaporés au fur et à mesure de cette année. Il est vraiment l’homme dominant du match, déclenchant la plupart des mouvements à trois qui ont été nombreux et bien faits. La déception du match est le troisième larron Drew Galloway. Car malgré un bon début, il décline franchement et se contente de participer aimablement aux séquences à trois. Et forcément c’est le favori pour se prendre le tombé et il va bien se le prendre.

Le problème, c’est que la TNA a souvent du mal à bien finir ses matchs pour le gros titre, avec parfois des scénarios rocambolesques dont un qui avait ridiculisé AJ Styles et Ric Flair en même temps. Ici, il n’y a pas de ridicule mais du frustrant car le match était bon, l’histoire racontée l’était aussi et l’atout Jeff Hardy n’était pas sorti. Mais quand il a été utilisé, ça a été pour offrir totalement sur un plateau le titre à son frère en écartant EC3 du jeu, lui qui cherchait à se faire disqualifier mais qui se reçoit un coup de la plus mauvaise chaise de tous les temps et un Twist Of Fate laissant le champ libre à un autre Twist Of Fate, celui délivré par Matt Hardy sur Galloway. Evidemment que toujours invaincu EC3 le digère mal et il envoie John Gaburik valdinguer et engueule Dixie car dans le scénario il peut vraiment se sentir arnaqué. Il faut dire que plus téléphoné que cette fin, on ne pouvait pas faire mieux.

Avec des scénarios parfois déroutants, des matchs parfois très frustrants, au final dans le rendu global, Bound For Glory parvient à être un show correct. Loin des altitudes de certaines éditions passées, il y a pourtant eu de bonnes oppositions, pas forcément venues des catcheurs les plus mis en avant. C’était une de leurs rares chances de se montrer car la TNA a trop tendance à privilégier uniquement le haut de son panier, et même si elle parvient à réussir son coup, elle devrait donner de la visibilité aux autres matchs que le main event.

Bound For Glory 2015 : La TNA désormais sur les épaules de Matt Hardy
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