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Royal Rumble 2016 : Quand Triple H trafique le jeu en sa faveur

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Le Royal Rumble est comme chaque année l’occasion pour la WWE de lancer sa Road to Wrestlemania. L’underdog des pay-per-view du Big Four, tant il sert de tremplin à son grand frère, a connu des années assez difficiles. De l’échec de l’année dernière dans le booking de la victoire de Roman Reigns aux victoires un peu insipides de Sheamus, Alberto Del Rio ou encore Batista, la WWE a souvent du mal à lancer correctement sa route vers le Biggest Stage of Them All au point de souvent devoir corriger le tir.

Cette année, le booking pesait une nouvelle fois sur les larges épaules de Roman Reigns, lui qui devait défendre son titre contre vingt-neuf autres catcheurs dans une édition du Royal Rumble Match renommée symboliquement « One vs All », Roman Reigns ayant à démarrer le match en première position. Mais le pay-per-view avait d’autres matchs, et chacun d’entre eux concernaient les titres de la fédération de Stamford, une Night of Champions en avance en quelque sorte.

Tandis que les spéculations tournées principalement autour de Roman Reigns et Brock Lesnar, la WWE s’est amusée à un peu brouiller les cartes et de ne pas trop révéler la suite de son projet pour le Wrestlemania, même si le main-event semble désormais acté. Mais quoiqu’il arrive, il faut dire une simple chose : ce Royal Rumble a eu la qualité qu’on en attendait.

On soulignera aussi la présence de Christophe Agius et Philippe Chéreau sur place, c’est vraiment agréable de sentir le groupe AB très impliqué dans la promotion du catch et que leurs liens avec la WWE soient désormais autant installés.

Kevin Owens et Dean Ambrose font parler la poudre

Si l’on se doit d’évoquer le pre-show car il existe, on peut en critiquer la pertinence. Dans un 4-Way Tag Team Match, Mark Henry et Jack Swagger ont battu les Dudley Boyz, The Ascension et le duo d’un soir Damien Sandow / Darren Young. Un match de piètre qualité, marqué par ce finish un peu hasardeux où Mark Henry essaye de faire le tombé sur Bubba Ray Dudley pour finalement se retourner vers un membre de The Ascension qui avait subi le 3D.

Pire que ça, les deux vainqueurs, qui gagnent le droit à une place pour le Rumble, n’ont pas fait long feu dans celui-ci. Une victoire un peu sans envergure pour chacun, tellement elle est dispensable et ne fait pas spécialement plaisir à la foule, là où les Dudley Boyz ou Damien Sandow sont toujours un peu plus populaires.

Le show en lui même débute fort avec cette rivalité pour le titre intercontinental qui, disons-le, a fait un peu de bien à la ceinture mais aussi aux deux hommes. Ambrose est toujours aussi bagarreur mais passe moins pour un inconscient et Kevin Owens a pu retrouver une certaine férocité qui s’était un peu perdue entre sa rivalité avec Cena et celle-ci. Cela tombe bien car les deux s’affrontaient dans un Last Man Standing, une stipulation qui peut offrir de très bons matchs comme des purges, et qui nécessite une violence que les deux hommes ont.

Mieux que la violence, Kevin Owens et Dean Ambrose partage une certaine alchimie sur le ring, un certain don de l’improvisation – on pense à la tête de Owens qui reste coincée dans la chaise – et un bon contact avec la foule. Si Owens est en théorie le bad guy de cette opposition, il reste très aimé d’une partie de la foule et les « Fight Owens Fight » n’ont pas manqué. D’autant plus que sur le ring, les catcheurs ont offert un spectacle de haute volée avec des spots de qualité et avec un suspens très présent entre les deux.

Owens et Ambrose ont en fait énormément joué avec le compte de 9, utilisant des méthodes très variables et moins clichées qu’habituellement, avec souvent une rechute par la suite. Le selling de la violence progressive et de plus en plus intense du match a été une part importante dans la distinction de cette opposition au reste de la soirée. On tient là une des bonnes bases pour la Road to Wrestlemania du titre intercontinental. Qu’elle soit avec ou sans Ambrose.

The New Day sort de son deuil, Kalisto reprend le titre des États-Unis

La suite n’allait pas être de plus haute volée mais allait garder un niveau plus que correct, avec une opposition entre The New Day et The Usos pour les titres par équipe. Et quand on dit New Day, on dit évidemment introduction et petit segment d’avant-match. Sur la continuité de la storyline autour de la perte de Francesca le trombone, Xavier Woods a présenté Francesca II, invoquant le fait qu’un « frère avait des besoins« , mais on ne veut pas vraiment en savoir plus. Le public du soir est vraiment derrière le trio d’ailleurs, et les « New Day Rocks » pleuvent tandis que les Usos n’ont que des huées.

Ce match reste en fait dans la lignée des matchs tag team. Un peu brouillon par moments, le tout est compensé par le jeu avec Xavier Woods, qui n’hésite pas à jouer avec le public ou les commentateurs, interpellant Michael Cole sur une phrase qu’il a dite ou en n’acceptant pas de jouer du trombone quand le public le demande. Il faut noter ce finish aussi bien pensé avec le Big Ending appliqué après que Big E ait rattrapé Jimmy (ou Jey on ne sait jamais) en plein air. On aura sûrement encore quelques éditions de cette opposition avec le recul des Lucha Dragons sur la scène tag team, et on ne dit pas non.

C’est d’ailleurs Kalisto qui prend la suite de ce match pour récupérer un titre qu’il avait conquis au dernier Raw avant de le perdre à Smackdown. Et là où la League of Nations avait pas mal soutenu Alberto Del Rio, elle n’a pas fait son apparition ce soir au moment de sa défaite. Pas de Barrett, Sheamus ou Rusev, ce qui est un peu étrange. Le match en lui-même a été assez chaotique. Les prises de risques ont été nombreuses, on sentait la volonté de montrer de gros enchaînements de chaque côté mais les botchs furent plus de la partie que les gros spots.

Malgré cela Del Rio a fait une performance plus qualitative que ces dernières sorties et a montré pas mal de contres vraiment brutaux et dans l’esprit stiff qu’il a pris depuis son retour in-ring à la WWE. Quant aux botchs sur les mouvements initiés par Kalisto, la responsabilité est difficile à désigner tant la rapidité d’exécution nécessitait sûrement de meilleures dispositions de chaque côté. En tout cas le titre est de nouveau sur les hanches de Kalisto, il serait temps par contre que cette rivalité prenne de la densité.

Sasha Banks prend l’autoroute pour Wrestlemania et AJ Styles fait exploser la salle

Le titre Divas est de nouveau à un moment charnière de son histoire. Alors que la Divas Revolution n’a jamais été beaucoup plus qu’un ajout de talents de NXT au roster, les événements de ce soir devraient mener à quelques changements nécessaires. D’autant plus que l’opposition entre Becky Lynch et Charlotte, si elle n’a pas été mauvaise in-ring, a cruellement manqué de saveur et de suspens.

Le scénario présenté pour ce match du Royal Rumble est semblable aux oppositions pendant les épisodes weekly de la WWE. Becky est déconcentrée par Ric Flair qui est ringside, Charlotte s’en sert à son avantage et conserve la ceinture. Une situation déjà vue plusieurs fois et qui lasse un peu. La surprise de ce match interviendra finalement après avec l’arrivée de Sasha Banks, jouant le double-jeu en repoussant Becky Lynch avant de défier plus ou moins amicalement la championne.

Un défi pas si amical puisqu’elle arrive à placer Charlotte dans le Banks Statement, sa prise de soumission. On a senti dès son arrivée que Sasha Banks avait ce petit plus pour donner un coup à cette division : le soutien d’une grosse fanbase. Là où les Charlotte, Paige et Becky Lynch ont un soutien un peu éparse, Sasha Banks fait plus souvent l’unanimité quant à son statut de meilleure catcheuse de la division. Et si la WWE cherche à affirmer le changement de la division un peu plus fermement, la jeune femme de vingt-quatre ans risque bien d’être la bonne personne pour réaliser cela.

C’est d’ailleurs dommage d’effacer de plus en plus Charlotte derrière son père, elle qui avait fait preuve d’un sens aigu du leadership de la division féminine à NXT, preuve supplémentaire que la transition entre la division expérimentale de la WWE et le main roster est assez compliquée à effectuer.

Place au plat de résistance avec ce « One vs All« , édition spéciale du Royal Rumble qui, soyons clairs, a été vraiment préparé avec beaucoup plus de consistance et de sérieux par la WWE que l’année dernière. Si le public n’a pas toujours été réceptif au booking, il faut quand même dire que les temps forts de ce Royal Rumble ont été dispersés de manière intelligentes, et que la logique d’éliminations des catcheurs va sûrement permettre à la Road to Wrestlemania de s’enclencher beaucoup mieux que ces précédentes années.

On peut discerner plusieurs temps forts de ce match avec, en premier lieu, l’arrivée de AJ Styles à la WWE en troisième position dans ce Rumble Match. Une arrivée intéressante, qui s’est ponctuée par une assez longue prestation sans possibilité pour le catcheur d’asséner le Styles Clash. Difficile de dire si c’est pour faire languir les fans ou si la WWE juge le finisher pas assez sécurisé, surtout que AJ a déjà eu quelques soucis pour le placer ces dernières années.

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Autre temps fort qui ne concerne pas forcément les gros noms de ce match, c’est l’enchaînement des entrées de Kevin Owens, Dean Ambrose et Sami Zayn. Le fait d’avoir donné l’élimination de Kevin Owens à AJ Styles est brillante car elle ne déplaît pas tant que ça à la foule qui ne va pas aller prendre Kevin Owens en grippe, mais cette enchaînement où on sentait toute la tension qui restait du Last Man Standing puis la tension de l’éternelle rivalité entre Kevin Owens et Sami Zayn n’a pu que faire réagir la foule.

The New Day n’a fait entrer que Kofi Kingston pour son spot annuel, plus classique mais aussi plus orienté sur l’humour avec cette licorne humaine offerte pas le fier Big E. Une licorne finalement décapitée dans une séquence diffusée en replay où l’on découvre le responsable, Chris Jericho, l’homme qui est resté le plus longtemps dans le ring du Rumble – même si Reigns a un temps supérieur, il est parti dans les coulisses un bon moment. Ah, et R-Truth a confondu le Rumble et un ladder match. Son personnage devient peut-être un peu trop excessivement stupide même si cela reste encore de l’humour bon enfant.

Triple H à la fois juge et bourreau

Mais l’essentiel du match s’est joué autour de Roman Reigns, cible numéro une non seulement des McMahons mais aussi du public lors du Royal Rumble. Un Roman Reigns qui commence assez rapidement en se débarrassant (trop?) facilement de Rusev avant de croiser AJ Styles et de laisser le ring un peu grossir à mesure que les entrées se sont faites. Mais à mi-parcours, la League of Nations est venue venger Rusev en assénant un sérieux beatdown à Roman Reigns sans que celui-ci ne soit éliminé, ce qui est toujours un peu bête de voir des heels déclencher un plan pareil sans penser à se débarrasser définitivement de la menace.

Le deuxième temps fort pour les favoris pour le titre, c’est la confrontation entre Lesnar et la Wyatt Family. Alors que Braun Strowman effectuait une prestation assez gargantuesque, éliminant avec facilité Kane puis le Big Show, lui et ses frangins se sont faits balayer par l’ouragan Brock Lesnar, auteur d’une prestation dans la lignée de ses apparitions, brutales et énergiques. Mais la Wyatt Family est revenue pour aider son leader à rester dans le match en éliminant Brock Lesnar. La rivalité entre la famille et le monstre semble actée, avec une nouvelle fois un gros risque pour que cela ne soit pas à l’avantage de Bray Wyatt, qui côtoient les hautes sphères sans jamais pouvoir atteindre les sommets. On doute de sa victoire à Wrestlemania, on doute de l’originalité des discours de Bray Wyatt, et c’est un peu dommage.

Et enfin, le temps fort final se situe dans le quatuor final de ce Rumble, qui constitue une nouvelle opposition entre The Authority et les deux anciens frères du Shield. Cette fois, Triple H et Sheamus ont remplace Big Show et Kane. L’arrivée de Triple H était dans les suppositions pour ce Rumble même si elle était moins prévisible que la victoire de Lesnar ou Roman Reigns. Ce dernier se fait éliminer par Triple H qui exulte mais qui aperçoit Dean Ambrose. L’affrontement tourne finalement en faveur du beau-fils du patron qui s’octroie son quatorzième titre mondial et revient au premier plan.

Une nouvelle fois, un catcheur qui n’a plus une carrière quotidienne à la WWE tient le titre à l’approche de Wrestlemania, une situation un peu trop fréquente ces temps-ci – The Rock et Lesnar avaient notamment eu le titre pendant la Road en tant que catcheur à temps partiel – et qui n’est pourtant pas si affreuse que cela. Triple H a toujours eu cette volonté d’avoir une influence sur le titre, désignant ses champions quand il le voulait et désirant à tout prix garder le titre.

Cette tentative finale de The Authority de garder le titre sous leur joug, c’est peut-être ce qui sonne leur grand dernier acte à la WWE en tant que figures d’autorité majeure. Cela risque d’amener Roman Reigns dans son dernier chapitre de l’opposition avec The Authority également, même si la performance de Dean Ambrose et la réaction du public est à souligner. Difficile de dire si le Lunatic Fringe, comme la WWE aime l’appeler, a vraiment réussi à prendre une place plus importante dans les calculs de la WWE, mais reste à saluer sa prestation de ce dimanche.

Présent dans le meilleur match de la soirée, auteur d’une prestation globale d’une grande intensité, la WWE a vu également que le catcheur a un soutien qui reste toujours aussi fort, malgré le nombre d’occasions ratées qu’il a pu subir en 2014 et 2015. Il est amplement possible que Dean Ambrose participe à la storyline du main-event de Wrestlemania cette année, jouant un rôle peut-être fondateur dans la route de Roman Reigns.

La prise de titre de Triple H va devoir en tout cas servir à plus que de simplement mettre Roman Reigns en position de chasseur plutôt que celle de chassée. Sinon le risque de retournement des fans sera à nouveau présent lors de Wrestlemania. En attendant, même si la Road to Wrestlemania a pris un chemin assez défini, la prise du titre par Triple H et la performance de Dean Ambrose peut offrir de nouvelles perspectives au Biggest Stage of Them All.

Mais il faut bien dire une chose, dimanche, la WWE a offert un pay-per-view booké avec intelligence, et pas seulement pour son main-event, mais dans la majorité de ses rivalités en cours, et c’est vraiment bon signe pour la période qui va suivre.

Royal Rumble 2016 : Quand Triple H trafique le jeu en sa faveur
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