Portrait

Sting, l’icône à la WCW dans le sang

sting hall of fame
© WWE

Tout le milieu du catch s’était fait une raison : Sting et WWE, ça ne serait jamais une association. Et pourtant l’année 2014 est arrivée, à cinquante-quatre ans passés, clairement pas au meilleur de sa forme, son personnage avait fait suffisamment son œuvre pour qu’il débarque, surtout pour un plan marketing.

C’était la dernière pièce manquante de la WCW que Vince McMahon a toujours voulu faire venir à tout prix. Mais Sting était beaucoup trop attaché à la promotion de Ted Turner, au point d’en être qualifié de « franchise », mot très fort aux Etats-Unis car il illustre le lien très fort entre une individualité et une grosse entité. Ce terme est d’ailleurs employé pour Kobe Bryant aux Lakers pour faire un parallèle, ce qui illustre à quel point l’appartenance de Sting à la WCW était forte et le reste encore dans le cœur des vrais fans ayant connu le faste des années 90.

La carrière de cette icône a pourtant commencé sur le tard. C’est à l’âge de vingt-six ans que Steve Borden a vraiment commencé sa carrière sur les rings de catch. Il était Flash mais il est très rapidement devenu Sting, un nom évidemment célèbre dans le sport divertissement. Mais c’est donc toujours sur une autre route que celle tracée par les McMahon que Sting a construit sa légende et surtout une sacrée marque. Avec son gabarit d’athlète exceptionnel et un charisme naturel, les clés lui ont rapidement été données à la NWA puis à la WCW. Il a affronté les plus grandes légendes, y compris celles de la WWE qui avaient décidé de venir peupler les rings de la WCW dans les années 90.

Sting contre Ric Flair, rivalité de légendes

C’est ainsi qu’il a eu ses plus grandes rivalités contre Ric Flair avec des combats de très haut niveau qui électrisaient les foules. Le commencement est bien entendu ce fameux combat de quarante-cinq minutes à Clash of the Champions 1988 qui a lancé un chapitre de plusieurs années durant lesquelles la WCW ne s’est jamais privée de relancer les combats entre ces deux légendes pour avoir un maximum d’audience. Il s’agissait d’établir déjà Sting en légende totale de la WCW et c’est rapidement fait avec ces débuts fracassants, un personnage à l’allure très colorée qui ne pouvait qu’être face. Ensuite d’ailleurs, à la WCW comme à la TNA, de brèves tentatives de le faire devenir heel ont eu lieu mais c’était à chaque fois un échec retentissant car Sting a toujours eu cette image d’être fabuleux qui résistait à l’impossible.

Cet impossible, ce sont donc d’abord les Four Horsemen, un clan évidemment célébrissime et dont il avait été membre pendant une période très courte. C’était pour mieux construire une rivalité avec Ric Flair au tout début des années 90, après des combats avec la légende japonaise The Great Muta. Longtemps Sting n’a pu abattre l’obstacle Ric Flair. Il a fallu attendre Great American Bash 1991 pour qu’enfin la chance tourne en sa faveur avec son premier titre de la WCW à la clé. Il en aura trois autres par la suite avec des règnes équilibrés et bien répartis dans le temps.

Et puis il y a surtout ce personnage légendaire sous deux peintures. Après celle très flashy, on est passé à celle qu’on connaît depuis vingt ans, ce noir et blanc en référence au personnage du film The Crow. C’est là qu’il a ensuite affronté l’autre grande faction de la WCW, la nWo, menée par Hulk Hogan. Il était ainsi toujours tentant pour la WCW d’opposer rapidement Sting aux légendes vivantes, histoire de montrer qu’il y avait quand même un patron bien décidé à se faire respecter quitte à parfois laisser ses rivaux prendre la lumière. C’était surtout essentiel pour les Monday Night Wars où le choc des icônes pouvait se répéter pendant des semaines et même des mois et cela pouvait passionner sans problème les téléspectateurs. Ainsi dans ce contexte de succès général, pour ne pas faire de jaloux, Sting a aussi gagné un titre de la WCW en battant Hulk Hogan. Il s’est aussi allié à Kevin Nash qui deviendra par la suite un complice de beaucoup de succès à la TNA.

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À la WCW jusqu’au bout

Mais avant ce chapitre moins marquant, il y avait progressivement cette image du bateau WCW sombrant mais tel un capitaine dévoué jusqu’au bout — une notion que Triple H n’hésitera pas à reprendre pour construire leur petite rivalité à la WWE treize ans plus tard — il est resté et a fait le job. Le plus grand symbole illustrant cela est bien évidemment, car ça coule de source, le tout dernier combat de la WCW qu’il remporte contre… Ric Flair, les deux meilleurs rivaux de l’histoire de la WCW mais deux grands amis, d’ailleurs c’est le Nature Boy qui l’introduira au Hall Of Fame en toute logique.

Sting n’a pas fait le bond immédiat vers la TNA qu’il n’a rejoint qu’en 2004. Il s’est même fait sacrément oublier car après tout la célébrité dans le monde du catch il l’avait déjà et il voulait aller au bout de ses envies. La quarantaine était passée mais les quinze années de carrière l’avaient modérément usé. Le personnage du Crow était bien ancré depuis 1996 et il le conservera jusqu’au bout de sa carrière. À la TNA il y a vraiment eu cette volonté d’en faire une franchise également, et cela de deux façons. D’abord en lui construisant une streak à Bound For Glory mais dès 2009 AJ Styles y a mis fin. C’était un Sting beaucoup moins passionné qui fréquentait les rings il est vrai beaucoup moins enflammés de la TNA.

Au bout de quatre années, il considérait déjà la retraite mais il aura finalement encore poussé sept ans. Pour cela, il a fallu lui aménager un calendrier où il revenait uniquement pour les grandes occasions, mais après tout, rien de plus normal car déjà il atteignait la cinquantaine. La TNA a alors fait une deuxième tentative pour l’inscrire comme franchise, en le mettant dans son Hall Of Fame en 2012 alors que sa carrière était encore active. Mais peine perdue, car même s’il a toujours eu de l’affection pour le dévouement de Dixie Carter envers la TNA, il n’avait pas cette image d’homme attaché à la compagnie comme il a pu l’être à la WCW.

2014, la surprise des Survivor Series

En 2014 aux Survivor Series, il débarque alors à la WWE après tout un plan marketing ultra-soigné, car il s’agissait vraiment de s’approprier la marque Sting, et ce surtout avec le jeu vidéo et les goodies. Ensuite il fallait donc réaliser ce fantasme de le voir sur un ring de la WWE, même à 54 ans et sans moteur. Bilan complet de ce « run » très étalé dans le temps : quatre matchs en tout et pour tout dont deux le même soir à RAW, un combat perdu à Wrestlemania 31 contre Triple H qui ne restera clairement pas dans les mémoires ainsi qu’un match pour le titre de la WWE contre Seth Rollins à Night Of Champions 2015, achevé par une défaite et une grave blessure à la nuque qui sifflait la fin de carrière — toujours pas officialisée.

Même si le run à la WWE n’a pas été brillant, même si l’usure de son corps s’est fait fortement sentir quand il a atteint la cinquantaine, c’est quand même une icône qui a finalement ramené sa batte de baseball à la WWE ainsi que ses deux prises fétiches, le Scorpion Death Drop et le Scorpion Deathlock. On aurait aimé voir Sting contre The Undertaker à une époque où les deux catcheurs étaient dans une meilleure forme physique, cela restera surtout le grand regret de nombreux fans et de la WWE. Pour entrer au Hall Of Fame, il fallait bien l’y voir un peu même si l’intronisation peut paraître rapide, mais c’était en réalité le seul but affirmé des McMahon. Après tout, Sting est un modèle pour de nombreux catcheurs, un homme qui en a toujours imposé par sa présence y compris des plus grands car il est bien du monde des figures légendaires de ce business.

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