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Payback 2016 : Quand la WWE laisse le talent s’exprimer

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À la sortie d’un WrestleMania historique pour la WWE avec le plus grand nombre de spectateurs, Payback s’avançait avec l’ambition de lancer une nouvelle ère pour la WWE. Après une série de Monday Night Raw dirigée par Shane McMahon, l’enjeu de la soirée se trouver dans les mains de Vince McMahon qui devait choisir entre son fils et sa fille pour la direction de son show principal. Mais la WWE fit un peu mieux hier malgré les imprévus et les imperfections inhérentes à tout show de catch.

Même le pre-show a eu le droit à un traitement correct. Logiquement placés, les deux matchs en question sont des rivalités avec assez peu de temps d’antenne ou d’enjeu, et se trouve à la porte du show principal. C’est plus inquiétant quand l’un des matchs est pour le titre des États-Unis mais les questions vont très vite s’effacer. Avant cela, c’est Baron Corbin et Dolph Ziggler qui s’affrontent pour la seconde fois après leur combat à Raw qui s’était conclu par un double count-out.

Cette fois, l’action s’est terminée dans le ring par un roll-up de Ziggler sur un Baron Corbin qui a été trop confiant tout au long du match. Difficile pour un big guy de se laisser malmener de la sorte et on doute que la rivalité en restera là, mais cela reste dommage de voir le match se terminer par une fin aussi pauvre. La rivalité risque de continuer sur cet axe d’un Corbin un peu trop sûr de lui et c’est un axe qui ne convient pas tout à fait à quelqu’un qui doit devenir une nouvelle menace pour le roster.

Parlant de menace, The Ryback apparaît. Et comme on est à Chicago, il a décidé de s’amuser un peu. Arrivant avec une ceinture « The Pre-show stopper » et en imitant l’entrée de CM Punk, Ryan Reeves aime bien jouer les trolls de l’Internet Wrestling Community. Dans une redite du pre-show de WrestleMania, l’action dans le ring pour ce match pour le titre US a toutefois été de bien meilleure qualité. La raison provenant principalement du fait que le match a été mieux rythmé avec de grosses séquences laissées à Kalisto.

Vif, agile et laissant que très peu de déchets dans ces mouvements, Kalisto a montré ce qu’il était capable de faire quand on lui donne les clés du match. Et – parce qu’on se doit de rester objectif – Ryback a très bien suivi en restant impliqué dans le match et face à la foule. On en serait presque à laisser une chance à ces deux-là de faire un troisième essai, et cette fois-ci dans le show principal. Pour cela il leur faudrait du temps d’antenne et des idées pour le titre US, et c’est principalement cela qui manque aux deux hommes.

Enzo Amore offre une belle frayeur à tout le monde

Le match des États-Unis se termine à peine que le show se lance avec le New Day. Une transition rapide qui permet de garder la foule captive. Cette finale du tournoi pour les titres par équipe entre les Vaudevillains et Enzo & Cass va toutefois rapidement tourner au vinaigre. Après les entrées classiques de chacun et quelques joutes physiques sur le ring, Simon Gotch envoie très vivement Enzo Amore vers les cordes et qui devait probablement alors glisser sous la première corde. Cependant, le lancement se fait bien trop près et Amore décide tout de même de tenter le mouvement, se cognant la tête sur la seconde corde avant de se cogner très brutalement la tête contre le ring et de tomber dans les pommes.

Ce mouvement était bien plus compliqué qu’on ne le pense. Avec la vitesse d’exécution, le placement était primordial et a largement contribué à l’incident. Aussi, Amore n’a pas eu le temps de se rendre compte de l’impossibilité du mouvement et n’a pas eu le temps d’improviser. Tout cela fait que, aussi bête qu’un envoi vers les cordes puisse paraître, la vitesse de l’action fait que ce genre d’incident est possible. Le catch est de toute façon un sport risqué et on ne vous apprend rien là-dessus.

Il faut souligner aussi la rapidité de réaction de Big Cass. Le coéquipier de Amore a très vite alerté l’arbitre et a permis l’intervention plus efficace. À un moment où on ne connaissait pas la gravité de la blessure, c’est ce genre de détails qui peuvent être importants. Au final, c’est une commotion cérébrale pour l’usine à clashs que peut être Enzo Amore. Déjà sorti de l’hôpital, il aura tout de même laissé une grosse frayeur à tout le monde. Du côté catch, on présume que les Vaudevillains vont surfer sur cet incident pour peut-être récupérer un peu de huées, eux qui ont du mal à percer dans le main roster.

La première heure, temple du « Kevin Owens Show »

Passer après ce genre d’événements est très délicat. En coulisse, on ne connaît pas trop l’état de santé de Enzo Amore et le public est forcément sorti un peu du show, plongeant dans une inquiétude certaine. Et c’est là que la construction d’une carte peut changer le visage d’un show. Car envoyer Kevin Owens et Sami Zayn, c’était l’assurance d’avoir un retour à la normale en terme de réaction. La rivalité est cousue de fil blanc, le match est attendu par tous les fans.

Et, même si l’on s’en doutait, le match fut très bon. Ce qui est bien avec la rivalité entre Owens et Zayn, c’est qu’elle s’écrit toute seule, sans avoir besoin d’artifices ou de ceintures pour se légitimer. L’intensité entre les deux est tellement connue et sensible qu’il n’y a pas réellement besoin de plus que cela. Le match fonctionne d’ailleurs sur cette même intensité entre deux hommes qui lâchent tout, quitte à ne pas vraiment calculer le coup d’après. Les séries de coups de poing sont là un peu pour rappeler un acharnement pas forcément raisonné, ce qui ajoute au storytelling du match.

Et cette histoire de deux hommes qui se détestent, elle se termine sans fioriture, sans aucune tricherie. Kevin Owens finit le match avec sa Pop-Up Powerbomb pour le compte de trois après des échanges où chacun aura eu son temps de domination et de réaction. Et cette victoire, Kevin Owens a capitalisé immédiatement dessus. En jetant Sami Zayn hors du ring puis en appelant Byron Saxton pour une interview / parade, le Québecois a tout de suite recentré ses objectifs sur le titre intercontinental et en victimisant Saxton qui a très bien joué son rôle : ne rien faire et laisser Kevin Owens faire son travail.

Parce que non-content de gagner son match, Kevin Owens décide de rester aux commentaires pour le match entre The Miz et Cesaro pour le titre intercontinental. Commence alors une humiliation permanente du trio en place, exception faite d’un JBL plutôt discret et pas vraiment agressé du fait de son orientation heel. Punchline après punchline, les interventions de Kevin Owens étaient parfaites car elles empêchaient toute réaction de la part des commentateurs américains.

Seul défaut, cela a totalement déconcentré l’attention par rapport au match qui se déroulait. D’ailleurs, tous ceux qui ne suivaient pas le show en anglais ont dû énormément perdre sur le match entre Cesaro et The Miz et le fait que Kevin Owens faisait un énorme travail pour relancer une rivalité où il se lance à la reconquête du titre. Mais ne boudons pas notre plaisir. Surtout que dans le ring, ce n’est pas si mal non plus. Le contrôle du match est laissé à Cesaro et The Miz reprend que très rarement le dessus, jouant tout de même sur la blessure à l’épaule du Swiss Superman, apportant un point d’appui pour contrer les phases de Cesaro.

Le pire étant que finalement, Sami Zayn revient pour se venger de Kevin Owens, montrant un peu que cette rivalité ne meurt jamais mais qu’elle finit par s’étendre sur les autres matchs, empêchant Cesaro de gagner le titre du fait de la distraction de l’arbitre, lui aussi plus intéressé par ce qu’il se passait à l’extérieur. The Miz en profite pour faire un roll-up et conserver sa ceinture mais l’action est loin d’être terminée.

Cesaro se venge immédiatement de cette défaite en effectuant le Neutralizer mais reçoit immédiatement un kick de Owens en pleine figure. Zayn revient mais se fait avoir dans la Pop-Up Powerbom et le Miz n’échappe que de très peu à ce traitement. Tout cela laisse Kevin Owens seul, debout avec la ceinture entre les mains puisque The Miz n’a pas pu la prendre en partant. Une soirée parfaite pour Kevin Owens qui s’impose de plus en plus quand une figure forte du main roster mais surtout une relance potentielle pour le titre intercontinental qui risque de voir la rivalité entre Sami Zayn et Kevin Owens s’ajouter à l’opposition entre The Miz et Cesaro. Un casting avec un trio in-ring exceptionnel, deux faces populaires et deux heels extrêmement doué au micro. Une vraie bonne rivalité pour la midcard.

Ambrose surprend Y2J, Natalya victime d’un screwjob

La transition est délicate après une heure où les événements de Payback ont fait passer le public dans plusieurs états bien distincts. À l’arrivée de Chris Jericho et de Dean Ambrose, on a senti un peu moins d’intensité, une redescente à la fois nécessaire mais pas forcément voulue du show. La rivalité, plutôt bien construite et ayant apporté de bons échanges verbaux ces dernières semaines, a accouché d’un match qui s’est finalement révélé sans grand relief.

Et bizarrement, c’est Dean Ambrose qui n’a pas été vraiment à la hauteur du match hier soir. Très peu aux commandes et peut-être victime de la physionomie du match où la domination a plutôt été du côté de Chris Jericho, Dean Ambrose a fait le minimum syndical pour jouer les underdogs pendant ce match. Subissant deux Walls of Jericho, la seule véritable offensive du Lunatic Fringe aura été cette tentative de Dirty Deeds sur la table des commentateurs allemands. Finalement, Ambrose prend une victoire sans relief et on a comme un sentiment de gâchis.

En parlant de gâchis, le match féminin se présente avec un parfait exemple de comment un match peut avoir deux visages, malgré des conditions de départ similaire. Natalya vs Charlotte, c’est une affiche qui a déclenché l’engouement autour de la division féminine grâce à un match à NXT Takeover où Ric Flair et Bret Hart étaient déjà présents en ringside. Une situation qui n’avait en aucun cas influencé le match et où la présence des légendes suffisait à élever l’enjeu, en jouant sur « l’héritage » que représente les deux catcheuses.

Mais à Payback, entre un match qui n’a jamais réellement démarré et une fin désastreuse, on a eu là un des pires matchs féminins depuis un bon moment. C’était pas rythmé, on a pas bien senti les intentions de l’une et de l’autre et alors vint cette fin, répétition du Montreal Screwjob où Charlotte gagne le match en faisant un Sharpshooter et sans que Natalya n’ait abandonné. C’est de mauvais goût, c’est mal exécuté et en plus ça montre un vrai manque d’idées pour cette division. Ressortir Natalya après WrestleMania au lieu de Sasha Banks n’était pas une mauvaise idée, mais si c’est pour juste jouer sur le nom et faire des finishs comme celui-ci, c’est non.

Une autorité à deux têtes déjà au travail

« I want to see blood… figuratively ». Avec cette phrase, Vince McMahon révèle donc ses ambitions pour Raw. Il veut voir si Stephanie McMahon et Shane McMahon sauront coopérer. Après des préliminaires bien trop longs où on rappelle que Shane ne devrait même pas être là et où Stephanie tente de mettre en avant son bilan, la décision semble finalement être la meilleure pour nos lundis soir. Une collaboration qui finira sans aucun doute par éclater, mais collaboration quand même entre les deux enfants de Vince McMahon.

En lui-même, le segment micro est toujours un peu gênant dans un événement tel qu’un pay-per-view et même si le Network et AB1 ont contribué à rendre ces événements plus accessibles, ce genre de moments a plutôt sa place lors d’un Monday Night Raw et on se dit qu’un autre match féminin ou un match pour le titre US auraient plus leur place dans le show si la WWE prenait le temps de développer des rivalités.

Shane et Stephanie McMahon sont malgré tout en place et ont pu donner un avant-goût du début de leur collaboration lors du match entre AJ Styles et Roman Reigns. Dans le catch, on parle d’overbooking quand on ajoute un peu trop de péripéties écrites pour changer le cours d’un match. Interventions, changements de règles ou un quelconque événement en dehors du match simple. C’est ce qui s’est passé avec le début des fonctions du duo décisionnaire. Après deux victoires de AJ Styles, la première par count-out puis par disqualification, Shane puis Stephanie ont supprimé ces conditions de victoire pour donner un No Disqualification Match.

Tout cela laissant la porte ouverte aux interventions de Luke Gallows, Karl Anderson et des Usos, créant deux trios pour une fin de match qui verra finalement Roman Reigns gagné sur un spear. Mais ce serait être particulièrement de mauvaise foi que de critiquer ce match sur cet aspect là. Car le tout a été assez bien amené, certes irritant d’un point de vue mais cela à surtout permis de donner une intensité au match et une sensation que la victoire de AJ Styles était possible.

La performance de ce dernier était en plus, exceptionnel. S’offrant des séquences énormes, The Phenomenal One a vraiment tout donné dans ce match et a probablement servi sa meilleure performance depuis son arrivée à la WWE. L’emploi par AJ Styles du terme « match of my life » n’était donc pas mauvais, loin de là. Les forearm ont tous été très bien portés mais aussi vendus par Roman Reigns et ce Phenomenal Forearm qui brise la table des commentateurs reste comme le mouvement de la soirée.

Roman Reigns reste donc champion mais il y aura un autre match avec cette fois-ci l’absence de disqualification comme postulat de base. Karl Anderson et Luke Gallows seront donc encore dans l’équation et joueront un rôle de plus en plus prédominant dans le succès ou l’échec de AJ Styles. Il faudra un peu plus de corps aux échanges verbaux qui n’avaient pas été fantastiques lors des précédents Raw mais avec ce match, la rivalité est définitivement lancée.

Globalement le pay-per-view a d’ailleurs fonctionné comme une rampe de lancement pour la fameuse « nouvelle ère » que souhaite promouvoir la WWE. Les choses risquent encore de bouger un peu, mais globalement les rivalités s’installent et devraient ne pas trop bouger jusqu’au début de l’été et l’approche de Money in The Bank où l’on aura encore des surprises pour Summerslam.

En ce qui concerne Payback, loin d’être un show parfait, ce pay-per-view a eu le mérite de faire bouger les lignes et de donner un peu plus qu’une simple série de bons matchs comme avait pu l’être la majorité des pay-per-views de la WWE l’année dernière. Il faudra revoir la copie sur la division féminine qui est sujette à un booking des plus maladroits mais la copie rendue est bonne et redonne un peu d’engouement autour des péripéties de la WWE.

Payback 2016 : Quand la WWE laisse le talent s’exprimer
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