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WWE Extreme Rules 2016 : Roman Reigns face à ses vieux fantômes

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Extreme Rules est toujours un pay-per-view compliqué à aborder. La WWE et l’extrême n’ont pas grand chose en commun et les stipulations ne sont pas toujours aussi violentes qu’une partie du public l’espère. Néanmoins, les rivalités en cours sont pour la plupart toutes bien lancées et dans la continuité d’un esprit post-WrestleMania où les McMahon font du neuf avec du vieux, gardant la main mais en appelant cela la « New Era ».

On sépare du coup les catcheurs qui embrassent cette nouvelle ère et ceux qui s’y opposent. Les nouvelles opportunités créées sont pas mal symbolisées par le fait que AJ Styles était challenger numéro un au titre, et même s’il a de nouveau perdu hier soir, cette double-confrontation avec Roman Reigns laissera probablement un impact positif sur la suite du Phenomenal One.

Mais avant cela, il y a un long chemin à parcourir qui débute par le Kickoff. Et autant le dernier avait été particulièrement chargé, autant celui-ci a eu un allègement en terme de match assez significatif. Brièvement, le segment entre les Dudley Boyz et Big Cass a permis à ce dernier de toujours garder la pop que la team SAWFT aura au retour de Enzo Amore et le match entre Baron Corbin et Dolph Ziggler a tenu la barre, avec une belle domination de Baron Corbin même si l’absence de disqualification n’était pas forcément nécessaire et peu utilisée au final – en dehors donc de ce finish qui n’impose pas réellement Corbin comme la brute qu’il veut être.

Une première heure sage, trop sage

Pour débuter la soirée, la WWE a décidé de rester en lien avec son main-event. En commençant par le tornado match entre la paire Anderson / Gallows et les Usos, la WWE a mis au centre de son pay-per-view la rivalité autour du titre de la WWE. Pour le Club, c’est surtout le premier match officiel en pay-per-view et autant le faire sur une victoire, chose faite. Détail cependant, la WWE n’avait pas précisé que cela était sans disqualification, ce qui a été fait dans les commentaires à partir du moment où la cloche du timekeeper a été prise par Karl Anderson.

Victoire finalement des alliés de AJ Styles et on questionne légitimement la présence des Usos après un finish assez douloureux. Le match en lui-même a largement comblé les standards de la division et de ce que l’on pouvait attendre d’un tel affrontement, même si l’on regrettera que l’objectif d’évincer les Usos du main-event n’ait pas été plus présent.

La suite n’est pas forcément plus haletante, c’est même plutôt l’inverse. Kalisto perd assez sèchement face à Rusev sur une soumission de ce dernier qui arrive globalement à dominer physiquement le champion des États-Unis. Si on peut comprendre que la WWE veuille mettre de nouveau le bulgare en avant, il est triste de voir que c’est en dépit d’un champion qui mériterait un peu plus de travail autour de son exposition.

En quatre mois de règne, Kalisto a connu trois kickoff et le seul match en pay-per-view qu’il a en tant que champion, il le perd. Un règne qui freine du coup les débuts du luchador tout comme la progression qu’aurait pu avoir l’équipe Lucha Dragons, en qui la WWE ne semble jamais avoir vraiment cru. Il est vraiment dommage de voir que la lucha libre n’arrive plus à reprendre un véritable entrain à la WWE, surtout qu’en dehors d’un mic-skill faible, Kalisto a vraiment les attraits du parfait catcheur pour prendre une place majeure dans l’upcard. Avec une défaite aussi sèche, on doute qu’il reviendra rapidement toucher la ceinture.

Un trio qui lui n’a pas ce genre de problèmes, c’est bien le New Day. Difficile de parler d’une rivalité marquante tant la place de challenger des Vaudevillains a plutôt été marquée par la blessure de Enzo Amore que par des débuts réussis. L’équipe ne fait pas réagir malgré un gimmick original clairement. Le match lui, n’a rien eu d’exceptionnel en dehors de la participation de Xavier Woods à la place de Kofi Kingston.

C’est dommage qu’avec un tournoi mis en place pour la division tag team, on est pourtant la sensation que celle-ci stagne pas mal depuis la Road to WrestleMania, faute de défense réellement entourée par un véritable enjeu. Il fallait être fous pour miser sur les Vaudevillains pour arrêter le règne d’un New Day toujours aussi populaire, et qui devrait commencer à demander à ce qu’on augmente les enjeux. Car même si les segments comiques sont toujours drôles et divertissants, un peu de plus de concret ne ferait pas de mal à la division et au titre.

Le titre intercontinental dans les nuages, Chris Jericho sur des punaises

On vous l’avait dit que ce Fatal-4-Way pour le titre intercontinental serait le showstealer de la soirée. Et même s’ils sont utilisés cette souplesse / powerbomb à 4 qui devient le mouvement le plus cliché de l’histoire du catch, l’opposition entre The Miz, Kevin Owens, Cesaro et Sami Zayn a accouché d’un des meilleurs matchs de ce début d’année. Tout y était. Rythme, nearfalls, interventions et même des moments contestables qui serviront à relancer les rivalités.

Rien que le début a été surprenant avec ce Helluva Kick de Sami Zayn sur Kevin Owens qui a claqué si fort. On retiendra aussi ce mouvement à trois avec cette T-Bone Suplex combinée avec un Exploder. Du grand art. Au final, c’est The Miz qui s’en sort après avoir livré une promo hilarante en pre-show où il se voyait en héros ultime du match. C’est peut-être lui qui, au final, bénéficie au mieux de cette rivalité. On redécouvre son personnage et l’ajout de Maryse en manager n’est pas de trop, ne s’imposant pas trop puisque son mari est assez talentueux au micro pour se débrouiller tout seul.

Le « Supporting Cast » quant à lui n’est pas forcément passé très loin. Et surtout Cesaro qui une nouvelle fois a servi de leader sur le ring. La capacité des quatre de gérer l’action existe et a participé à la réussite de ce match, mais Cesaro a vraiment eu ce rôle de lien constant entre les catcheurs. Bien sûr, Kevin Owens et Sami Zayn ont interagi sans le Suisse, continuant cette rivalité éternelle qui se dessine et qui va se téléporter de match en match pendant un sacré moment. Préparez-vous, ça sent la rivalité de l’été, voire de l’année.

Une rivalité qui est plus délicate, c’est celle entre Dean Ambrose et Chris Jericho. Solide au niveau des segments micros, le in-ring ne suit pas l’ambition que les deux ont pu porter à leur rivalité. Malgré une stipulation toute neuve, le match n’a pas vraiment réussi à décoller pour de bon. Certes, cet Asylum Match n’est pas la purge de la soirée, il a même livré son lot de spots impressionnants et brutaux, mais le sentiment qui prime sur le reste c’est que par moment, sans aucune raison, l’alchimie entre les deux s’essoufflait et le rythme devenait extrêmement lent.

Pas faute d’y avoir mis les moyens. La planche enroulée de fils barbelés a servi et même si les coups assénés par Chris Jericho sur Dean Ambrose n’étaient pas des plus convaincant, le finish sur les punaises a lui bien marqué les esprits. On appréciera que Dean Ambrose ait gagné ce match grâce à un mélange entre folie et calcul. La suite du programme de Dean Ambrose se trouve peut-être vers le Money in The Bank, mais en attendant ces deux victoires l’ont remis dans la course, lui qui en avait tant besoin.

La division féminine en crise d’identité

Difficile de ne pas être en colère après la manière dont s’est terminée le match féminin ce dimanche. En dehors du fait qu’on retrouve les mêmes défauts que lors de Payback en terme de densité in-ring. Natalya et Charlotte ont dû encore une fois vendre un finish catastrophique. Son père banni des rings, Charlotte a vu son destin tournée en sa faveur grâce à l’arrivée de Dana Brooke, déguisée en Ric Flair, faisant croire à Natalya qu’elle avait remporté le match par disqualification et que le titre lui revenait.

Il y a énormément de choses à souligner pour dire à tel point ce finish décrédibilise une nouvelle fois la division féminine. En premier lieu, c’est la stipulation qui souffre d’un tel match. Alors qu’elle devrait se centrer autour de la soumission et d’un abandon qui signifie un effort maximum, on se retrouve ici avec une fin qui pourrait autant être un roll-up que ce serait la même chose.

Natalya quant à elle passe pour une personne crédule, qui se laisse berner par toutes les supercheries des Flair et par conséquent n’est pas en capacité de surmonter l’obstacle dressé par Charlotte. On est dans une situation où la championne a tous les droits, et lorsque l’on veut promouvoir une « nouvelle ère », cela fait mal de voir que la division féminine semble exclu des interventions urgentes de Shane et Stephanie McMahon comme cela avait pu être le cas à Payback pour le titre majeur masculin.

Pour le bien d’une division qui semblait enfin avoir trouvé sa voie à WrestleMania, la WWE a besoin de se dégager de ces dirty finishs qui rabaissent deux catcheuses qui avaient pourtant montré à Roadblock qu’elles avaient la synergie pour offrir une première grosse rivalité post-WrestleMania à ce titre féminin. Les femmes ont un rôle à jouer dans le renouveau de la WWE et il va falloir les motiver en offrant autre chose que des constructions de matchs douteuses.

Le retour du Roi Rollins

Pour terminer la soirée, on savait que le main-event serait probablement l’enterrement des derniers espoirs des fans de AJ Styles et des haters de Roman Reigns. Mais en dehors de toute considération pour le résultat final, il faut le dire : ce match était très bon. Rien que le public qui chante « You Still Suck » prouve que malgré une haine qui devient de plus en plus irrationnelle pour Roman Reigns, les mouvements de ce match ont été à la hauteur de l’attente.

Dans un chaos contrôlé avec un mano a mano constant, AJ Styles et Roman Reigns ont tout donné dans ce match. AJ Styles, qui souffre apparemment du dos, n’a pas hésité à prendre de gros spots et si la WWE ne voit pas le potentiel ne serait-ce que d’un run de champion de AJ Styles, l’intérêt de le faire venir paraît alors bien obscur. Encore une fois à un plus haut niveau que sur ses premières sorties, l’ancien catcheur de la TNA a montré qu’il avait les épaules assez larges pour le main-event.

Un point ambigu reste quand même le côté parfois too much accordé aux deux hommes et les nearfalls à 2,99 qui sont à double-tranchant. À la fois cela offre une tension énorme qui transporte la foule et en même temps, Roman Reigns s’est quand même dégagé deux fois d’un Styles Clash, dont un était fait sur une chaise. Ce n’est pas le genre de chose qui va améliorer sa relation avec le public, même si la WWE semble clairement avoir abandonné tout espoir qu’il redevienne le face d’il y a deux ans au moment du Shield.

Il ne faut cependant pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué car après un match jonché d’interventions des Usos et du Club, Seth Rollins a fait son retour en assénant un Pedigree au champion. Un retour fait sous les applaudissements de la foule, et si à ce moment on pouvait croire à un retour en tant que face, le discours lors de Raw a bien montré que Seth Rollins continuera d’être le top heel de la WWE.

Cela fera un peu de concurrence à Kevin Owens et le main-event avait besoin de toute façon du retour d’un vrai alpha-vilain et pas juste d’une personne impopulaire. Est-ce que pour autant Seth Rollins va tout de suite redevenir champion? On peut en douter tant la rivalité pour le titre de la WWE risque de tourner en Rollins et Reigns jusque Summerslam. À moins que le Money in The Bank ne vienne changer les plans.

Extreme Rules a suivi la ligne dressée lors de Payback. Tout est loin d’être parfait mais le titre Intercontinental et le titre de la WWE sont en ce moment de grandes sources de satisfaction tant sur le plan des rivalités et des matchs. Pour le reste, on vogue entre le bon et le moins bon, sans vraiment discerner de ligne directrice définie, ce qui peut paraître inquiétant notamment pour le titre féminin à qui on promettait monts et merveilles après WrestleMania.

Si Extreme Rules n’a toujours pas une dimension aussi extrême que certains fans voudraient, il reste que le meilleur match de la soirée pour la majorité des fans est finalement un match qui n’a rien eu d’extrême. Le plus important réside donc dans les rivalités et lorsqu’on fait le bilan, c’est bien le titre intercontinental qui sort vainqueur du post-WrestleMania. Une coïncidence lorsque l’on a quatre des meilleurs éléments du roster? Certainement pas.

WWE Extreme Rules 2016 : Roman Reigns face à ses vieux fantômes
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