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WWE Money in the Bank 2016 : La soirée de Dean Ambrose

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Money in the Bank est devenu au fil des ans le pay-per-view qui alimente le cycle estival. En étant à SummerSlam ce que le Royal Rumble est à WrestleMania, la mission de l’événement est de lancer une voire plusieurs rivalités qui devrait se conclure le 21 août à New York. Pour se faire, la WWE a plusieurs solutions : soit elle utilise des retours ou des interventions, soit elle utilise son outil principal pour redistribuer les cartes, la mallette Money in the Bank.

C’est un outil scénaristique parfait, mêlant la surprise de son utilisation à la possibilité de voir un outsider prendre plus aisément le titre majeur de la WWE. Cette année, les candidats étaient nombreux à pouvoir créer ce moment d’hystérie chez les fans. On avait en plus le droit à deux matchs de grande facture sur le papier : John Cena vs AJ Styles et bien sûr le match pour le titre entre Seth Rollins et Roman Reigns.

La soirée n’a pas débuté par là mais bien par deux matchs très secondaires en pré-show. À la place de Baron Corbin et Dolph Ziggler, c’est Breezango et Golden Truth qui s’affrontaient. Un semi-squash de Golden Truth sur les deux heels pour un comedy match un peu lourd. C’est presque dommage de ne pas faire de Golden Truth une équipe avec les capacités de gagner ses matchs sérieusement tout en gardant l’aspect comique. Un peu comme pouvait le faire Hell No en son temps. Goldust et R-Truth sont deux vétérans à la WWE et autant ne pas les traiter avec aussi peu de considération.

La même chose pourrait être dite pour les Dudley Boyz. Les deux compères n’ont jamais paru aussi loin des titres et perdent aujourd’hui face aux Lucha Dragons, qui sont pourtant eux aussi tombé en disgrâce. Même si la WWE a désormais une division par équipe fournie, ça ne l’autorise pas à délaisser les équipes qui ne tournent pas autour des titres et de les voir se débattre pour un match en pre-show.

The New Day vers un record

L’affiche de Fatal-4-Way tag team match était assez alléchante. À l’exception des Vaudevillains, chaque équipe pouvait potentiellement l’emporter hier. On ne peut pourtant pas dire que ce match ait été totalement mémorable. Brouillon et confus, la stipulation n’a clairement pas aidé les lutteurs en manque de direction sur le ring. Si cela n’a pas franchement entaché le contenu in-ring, cela a entamé sa lisibilité, surtout sur la fin où Aiden English reste assommé trois ans avant de finir par subir le tombé par les New Day.

Autant voir les New Day filer vers le record du plus long règne de champions par équipe semble mérité, autant la manière est un peu biaisée. Le match n’a pas été si compliqué pour les comparses de Xavier Woods et les voir dans un affrontement contre Gallows et Anderson uniquement aurait semblé plus cohérent. Reste que pour la division tag team, le temps d’antenne reste stable voire plus avantageux qu’auparavant.

Baron Corbin et Dolph Ziggler sont eux allés chercher des records d’ennui pour nous offrir un troisième match qui, on l’espère, sera le dernier. Pas que l’affiche soit mauvaise techniquement mais personne ne s’y intéresse réellement. Entre Ziggler qui a dû s’empiffrer de chocolat à force d’entendre parler de son cash-in de 2013 et Baron Corbin qui tire toujours une tronche de dépressif, la passion n’est plus vraiment présente.

C’est un peu symptomatique des rivalités de bas de tableau, et lorsque l’on voit la fin du match entre Apollo Crews et Sheamus sur un roll-up du premier, c’est triste de voir que cette rivalité n’ait pas eu un peu plus de corps, tant Sheamus a le potentiel d’offrir un vrai premier défi à Apollo Crews. On peut aussi grimacer sur ce dégagement à deux alors que Sheamus venait d’infliger un White Noise depuis la deuxième corde. On est pas aussi old-school que Stone Cold mais reste que pour un match aussi court, c’est dommage de ne pas le finir avec un mouvement plus spectaculaire.

La déchéance de la révolution féminine

Que représente réellement la division féminine pour la WWE? On se le demande très sincèrement après les derniers mois. Des oppositions gâchées par de l’overbooking et des matchs moyens, un temps d’antenne qui revient à un niveau très bas et maintenant ça. Sept petites minutes, combat le plus court de la soirée — et deuxième si l’on prend le pre-show, une victoire des heels qui n’implique absolument rien et un heelturn qu’on ne comprend pas.

L’intérêt du retournement de Natalya sur Becky Lynch est très limité. Cela n’implique aucun changement en ce qui concerne les challengers au titre, pire encore, cela affaiblit les rangs des personnages faces féminins à la WWE qui commencent à sérieusement se compter sur les doigts de la main. Même si Sasha Banks est de retour, quel visage de la division va-t-elle retrouver?

Quand on voit la chute libre depuis WrestleMania 32, on se demande si celle-ci a réellement une fin. L’absence de défense de titre montre une absence de rivalité concrète depuis la deuxième défaite de Natalya à Extreme Rules. La copie est à revoir entièrement car le public ne se satisfait plus de cette dose pathétique de catch pour les femmes, et il l’a bien fait savoir.

John Cena continue sa tournée des catcheurs indépendants

C’est devenu une routine pour John Cena depuis quelques années. Comme un moyen pour la WWE de montrer qu’elle passe progressivement à autre chose. Un par un, les catcheurs issus du monde indépendant ont le droit à leur rivalité avec John Cena. Cette fois-ci c’est au tour de AJ Styles, qui est passé partout sauf par la TNA pour la WWE. Un affrontement vendu par la compagnie de Stamford comme un dream match pour le catch avec presque autant d’engouement que si Sting croisait l’Undertaker aujourd’hui.

En dehors de cette tendance à l’excès, la rivalité a été somme toute classique dans le genre du face contre un groupe heel. Le match en lui-même a d’ailleurs eu le droit à une fin tout aussi classique avec l’arbitre, mis K.O. malencontreusement. De la constatation de l’infériorité évidente du face en trois contre un jusqu’à l’arrivée des acolytes de AJ Styles pour l’aider à gagner, le scénario du match était très lisible, trop peut-être. Il ne faut cependant pas voir cela comme une simple facilité scénaristique.

John Cena a donné quelques victoires cleans dans sa carrière, beaucoup trop rarement au goût de beaucoup, mais cela les rend d’autant plus exceptionnelles et, on va le dire clairement, jouissives. La victoire de Kevin Owens lors de Elimination Chamber l’année dernière reste un des plus gros moments de 2015. C’est naturel de conserver un peu de cette aura de John Cena qui ne se fait pas battre en un contre un pour le début de cette rivalité.

Quand on veut construire une rivalité plus longue, et ce probablement jusque SummerSlam, il est nécessaire de ne pas tout de suite donner au public une chose qu’il veut, ou rejette si vous êtes fans de Cena, et d’entamer un durcissement progressif de la-dite rivalité. Le match en lui-même n’a pas été d’ailleurs à l’avantage de John Cena, bien au contraire, puisque celui-ci a beaucoup joué sur la fatigue du fait de la rapidité de AJ Styles.

Reste que sur l’instant, cette fin est décevante, surtout lorsque l’opposition entre les deux a été aussi fortes, avec un rythme saccadé mais assez bien géré. Les pauses ont été prises pour laisser le temps à la foule de réagir, et à l’inverse les phases pour placer les finishers ou les esquives de ceux-ci ont été plus intenses. Un mélange qui ne donne pas le plus beau match de l’année, mais un affrontement de haute volée.

Tout l’inverse de l’opposition entre Rusev et Titus O’Neil qui ne devait tenir que sur une réflexion autour de la fête des Pères. C’est probablement uniquement à ça que tiennent les rivalités autour du titre US, un détail dont il faut faire une histoire. Malheureusement, Titus O’Neil a un niveau in-ring très aléatoire et ce dimanche, il était au plus bas. Heureusement que Rusev était un peu là pour tourmenter ses enfants. C’est très lourd de devoir subir ce genre de rivalités quand on connaît la densité actuelle du roster.

Dean Ambrose prend sa revanche

Mais la grande partie de la soirée était consacrée à son match éponyme, le Money in the Bank Contract Ladder Match. Une opposition qui voyait clairement Dean Ambrose partir favori, lui qui recherchait toujours sa première grande victoire en pay-per-view. Et malgré cela, la direction du match a permis de ne pas trop se laisser envahir par l’idée qu’il était déjà attribué au Lunatic Fringe.

Tout cela grâce un début très rythmé, pas très orienté autour de la mallette mais autour de la destruction de chacun. Dans cet exercice, Alberto Del Rio a été excellent, jonglant entre intensité et efficacité des mouvements. Si vous regardez ses premières interventions dans le match, vous ne le voyez à quasi aucun moment tergiverser, le gars contrôle le ring avec un professionnalisme impressionnant et c’est sûrement pour cela que la foule a enfin eu une réaction à son égard.

On a eu aussi le droit à notre traditionnel moment Kevin Owens vs Sami Zayn. Les deux vont probablement reprendre leur rivalité où elle en était restée en ajoutant que l’un bloque les opportunités de l’autre. Comme lors du précédent Ladder Match entre les deux, c’est plutôt Sami Zayn qui a infligé le spot à Kevin Owens dont le dos a fait une rencontre assez inappropriée avec l’échelle.

Mais au final c’est bien Dean Ambrose qui l’emporte malgré un match où il est resté beaucoup en retrait et où, comme lors des derniers pay-per-views, il n’était pas réellement dans sa meilleure forme. Il vend moins, a du mal à trouver un rythme dans ces matchs et c’est bien dommage. Reste que cette mallette est à lui et que globalement, ce match est probablement l’un des meilleurs depuis la création de la mallette.

Cette mallette va d’ailleurs revenir plus vite qu’on ne le pense. Mais avant cela il y a eu le match entre Rollins et Reigns qui a été vraiment bon malgré quelques moments de flottements. C’est bon de revoir Rollins dans le ring et en main-event. Ce n’est vraiment pas pour rien qu’il a tenu le main-event entre WrestleMania 31 et sa blessure. Le gars assure dans son rôle et maintenant, alors que la WWE aurait dû sauter sur l’occasion d’en faire un face, il doit un peu déjouer en gardant son côté heel.

Reste que la dynamique entamée par la WWE en faisant revenir Rollins en heel a été semble-t-il très vite abandonnée. La fin du match est elle aussi entachée par un petit ref bump, comme lors du Cena vs AJ Styles, qui permet à Rollins d’éviter la défaite et à Roman Reigns d’avoir une excuse pour la suite de la rivalité. Le gros point noir du final réside probablement dans le fait que Roman Reigns se soit sorti du contre de son Spear. Le contre en Pedigree par Rollins était sublime et la rapidité d’exécution des deux est vraiment parfaite. C’est dommage du coup de ne pas rester sur une victoire de Rollins après ça au lieu de devoir attendre le second Pedigree trente secondes plus tard.

Mais l’important va vite résider ailleurs avec ce cash-in classique mais efficace de Dean Ambrose. Encore une fois, tout était très lisible mais cela n’a pas empêché la foule de réagir et d’apprécier. Et pourtant, très vite les personnes ont pas mal râlé sur la prévisibilité de la chose et d’un « gâchage de mallette ». Pourtant, le tout était nécessaire et justifié.

À l’origine de la soirée se trouve la volonté et le besoin de faire une rivalité entre les trois anciens membres du Shield. Ils se tournent autour depuis plus d’un an et demi et n’ont jamais eu d’affrontement uniquement à trois — il y a eu un Fatal-4-Way avec les trois membres mais pas de Triple Threat — et forcément, ce match sera un événement.

Le problème pour Ambrose c’est qu’il n’a pas eu le même traitement que ses partenaires. Il n’a jamais été champion de la WWE et a souvent perdu ses rivalités. Dernièrement, il a seulement vaincu Chris Jericho deux fois, pas assez pour être légitime à la conquête du titre, alors que ses deux partenaires sont indéboulonnables des premiers rangs. Pire, Ambrose avait perdu toute chance au titre depuis son Ladder Match contre Seth Rollins, l’année dernière, à… Money in the Bank. Il avait d’ailleurs alors livré une petite promo d’après match avec un discours qu’on aurait aimé plus présent par la suite chez le Lunatic Fringe.

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De là à dire que tout le chemin de croix d’Ambrose depuis ce Money in the Bank 2015 était pour finalement en arriver à cette grande soirée dédiée au personnage, on va presque s’y risquer. Ambrose, c’est le délaissé du groupe, celui qui n’a pas eu le soutien d’une figure d’autorité ni le côté powerhouse pour s’imposer par la force. C’est la cinquième roue du carrosse qui a fini par dépasser tout le monde.

Tout cela va tranquillement nous mener vers une rivalité entre le Shield cet été, à moins que la draft ne vienne interrompre la confrontation. Cependant, ce serait dommage de gâcher une affiche qui serait parfaite pour un pay-per-view du Big Four comme SummerSlam dans un pay-per-view de transition comme Battleground. Reste qu’on se délecte d’avance de tout ce qui pourra provenir des trois hommes. Le main-event, il est cousu de fil blanc et pour une fois, c’est pas plus mal.

Money in the Bank a été très inégal entre des matchs majeurs préparés, plutôt satisfaisants en terme de qualité in-ring et une midcard délaissée par les bookers, le titre US n’étant définitivement pas du même acabit que le titre Intercontinental en ce moment – même si celui-ci était en vacances. Il va falloir donner un petit coup de fouet à cette midcard, dont l’inutilité en pay-per-view devient sacrément handicapante. Un à deux matchs bouche-trou, on veut bien, mais quatre, c’est trop. Et puis on a enfin un champion face et acclamé, et ça c’était pas gagné.

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