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WWE Hell In A Cell 2016 : Triple main-event, triple déception

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C’est peut-être le pay-per-view thématique qu’aucun fan ne digère réellement. L’utilisation d’une stipulation comme celle du Hell In A Cell devrait être protégée, raréfiée de telle façon à en faire un événement unique en son genre. La WWE répond à ces critiques fréquentes depuis le retour annuel de la structure en offrant non pas un mais trois matchs dans la cage emblématique, qualifiant même ceux-ci de « triple main-event », une expression qui nous suivra tout au long de la soirée.

Une expression fallacieuse commune à la WWE mais dont elle ne se sert pas habituellement et qui frustre, surtout lorsque pour la première fois, des femmes font le main-event d’un pay-per-view de la WWE. Dans les faits, le « triple main-event » est en fait un découpage du show en deux actes encadrés par des Hell In A Cell. La WWE a pris un risque en mettant Rusev et Roman Reigns en opener étant donné la difficulté qu’ils avaient eu à intéresser le public lors de RAW tout comme le placement en début de deuxième heure du match pour le titre Universal était un choix assez original.

Le show prendra du coup un rythme assez irrégulier, avec des enjeux pas toujours bien cernés par une foule sur courant alternatif. Selon l’intérêt que la foule porte aux matchs, elle se fera plus ou moins entendre. Et l’intérêt, ou il est déjà présent par une préparation de match qui donne envie à la foule, sinon, il faut le créer. C’est ce dont se chargeront les six hommes du kickoff pour un tag team match entre Cruiserweight. Sin Cara en premier qui revit légèrement depuis son transfert dans la division puis Lince Dorado qui a fait quelques bons mouvements symathiques.

C’est surtout Cedric Alexander qui aura le droit au plus d’attention. Très populaire depuis la fin du Cruiserweight Classic, il pourrait bien se frayer un chemin vers le titre dans les prochains mois, à moins que Rich Swann ne le devance, bien qu’absent du tag team match. Les « heels » – si on peut les appeler ainsi – de ce match sont restés plus discrets, prenant les bumps et mouvements high-fly du trio. Si Drew Gulak et Tony Nese ont quand même eu l’occasion de se montrer un peu, Ariya Daivari a quant a lui été assez transparent.

Rusev domine sans gagner

Commencer le show en voyant la cage d’ores et déjà baissée est un bon moyen de susciter immédiatement une attention de la foule particulière. Voir Roman Reigns et Rusev rentrer dans la cage fait cependant un peu plus peur à la vue de leurs dernières confrontations. La cage avait un côté plutôt rassurant pour eux malgré tout. Avec un style agressif, peu technique, la cage sied assez bien aux styles des deux hommes. On a tout de même une vague impression d’un aspect plus décoratif que scénaristique de la cage. Le match ressemble au final plus à un match sans disqualification tellement la cage ne représente pas grand chose pour les deux.

Les séquences se suivent d’ailleurs dans un rythme assez bâtard pendant quelques minutes jusqu’à ce que Rusev entame une partie de domination en utilisant une chaîne. Une phase qui se conclut par un Accolade assez impressionnante sur les escaliers que Reigns finit par contrer. C’est extrêmement décevant de voir que la WWE laisse le Bulgare dominer à ce point pour au final se faire contrer. Certes, le spear final qui donne la victoire à Roman Reigns est impressionnant, mais cette victoire semble forcée, sans réelle logique par rapport à la dynamique des deux dernières semaines pour un Rusev qui mérite quand même bien mieux.

Si la cage a permis aux deux hommes de livrer un match plus intéressant que leurs précédents, elle n’est restée qu’un élément décoratif. C’est plus l’absence de règles et l’utilisation d’objets qui ont permis aux deux hommes de paraître plus intense et d’être plus intéressant au final. Mais dans ce cas-là, il ne faut pas forcer les choses en mettant la cage et un match sans disqualification aurait largement suffi.

L’enchaînement après un Hell In A Cell est assez délicat et on a senti que le cycle entamé avait permis à la foule de se mettre en jambes, chantant notamment pour Rusev et réagissant assez bien au match. Envoyer Bayley à la suite de ce match n’est pas une mauvaise idée en soit du fait de sa popularité supposée. Le problème, c’est que la rivalité mise en place avec Dana Brooke a reçu un traitement dont l’objectif est d’un flou presque artistique.

Faire patienter Bayley tout en essayant de faire de Dana Brooke une menace légitime, c’était pourtant pas plus compliqué que cela, mais les segments de domination de Dana Brooke ont été tous tellement mal exécutés qu’on se retrouve avec une opposition qui tombe à plat. Le public s’est d’ailleurs totalement désintéressé du match, du selling de Bayley autour de son bras et même de sa victoire. Le match est tout simplement tombé dans un désintérêt général du public qui rappelle de sombres heures de la division féminine.

Dana Brooke perd ce match sans vraiment briller face à une Bayley avec un bras en moins, pour une catcheuse dont on voulait mettre en avant le côté menaçant, c’est plutôt loupé. Le pire, c’est que Bayley n’a absolument rien gagné dans cette histoire. Elle n’est pas parue plus courageuse ou plus forte, on dirait juste qu’elle a perdu trois semaines avec une personne un peu trop collante. Et quand on sait que Nia Jax était disponible et qu’elle n’a eu aucun programme, on se dit que c’est un beau gâchis.

Kevin Owens et Seth Rollins élèvent l’enjeu

Depuis la séparation des brands, l’opener a perdu ses deux princes, Enzo Amore et Big Cass. S’ils commencent à énerver pas mal de monde, ils restent une valeur sûre avec le public, à fond dans la moindre promo des deux catcheurs. Enzo Amore prouve encore une fois que, s’il n’est vraiment pas une référence in-ring, il a de la réserve quand il a un micro dans les mains, renommant Gallows et Anderson, notamment Anderson qui se fait renommer Andy comme dans Toy Story et disant que Big Cass deviendrait Woody en ayant Andy sous sa chaussure – comprenez qu’il va pas lui faire du bien.

L’opposition est sur le papier à l’avantage de Gallows et Anderson malgré leurs défaites face au New Day. Pourtant, c’est Amore et Big Cass qui mèneront davantage le tempo de l’opposition. Si Amore n’est toujours pas exceptionnel sur le ring ne faisant que le minimum, Big Cass est lui bien plus sympathique à voir dans son style. Un big guy mobile et impressionnant dans les phases accélérées, il porte – littéralement – son partenaire sur certaines phases in-ring.

En dehors de cette dynamique, le match est assez classique, interchangeable avec les tag team matchs qu’on peut voir habituellement. Peu de spots en dehors des habituels sauts à l’extérieur du ring. La victoire finale de Gallows et Anderson sur SAWFT grâce au Magic Killer fait du bien au duo même si l’on se demande vraiment à quoi cela va leur servir, si ce n’est arriver de manière plus menaçante aux Survivor Series, où ils seront probablement parmi les cinq meilleures équipes de RAW — ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus compliqué vu la faible réserve d’équipes à Raw comme à Smackdown.

Pas le temps de vraiment dire qu’on s’ennuie légèrement que la cage redescend. Un bon moyen de remettre un peu d’enjeu à une soirée qui commençait à en manquer cruellement. Kevin Owens et Seth Rollins entrent dans la cage avec derrière eux un tas de questions. Leur match à Clash of Champions n’avait pas été plus exceptionnel que cela malgré le talent in-ring des deux hommes. Ce Hell In A Cell pourrait bien être un déclic dans la rivalité. Avec un Seth Rollins conquérant et un Kevin Owens plutôt dominateur, les deux rivaux se sont échangés des phases bien sympathiques et ont mis un accent un peu plus important sur la cage en tant qu’objet physique.

Avec une prise de risque du niveau de la ceinture mise en jeu, on a pu voir un match vraiment très plaisant de bout en bout, s’offrant même un gros spot avec Seth Rollins qui fait passer Kevin Owens à travers deux tables. L’arrivée assez inévitable de Chris Jericho est même plutôt bien amenée. Le coup de l’extincteur non pas sur Rollins et sur l’arbitre pour créer la confusion est assez bien pensé et semble même crédible dans son enchaînement. Cela reste téléphoné et laisse peu de mystère quant à la conclusion du match, mais le tout est assez bien interprété pour qu’on ne s’en rende pas malade.

Seth Rollins devra absolument capitaliser sur ce match pour peut-être revenir du lourd dilemme qu’il subit actuellement. Étant sensé jouer le face de l’histoire, Seth Rollins a tenu un discours de heel chouineur assez problématique. Au lieu de renier ses actions passées et de jouer la carte de la rédemption, l’ancien protégé de The Authority a préféré dire que Kevin Owens ne méritait pas l’aide de Triple H, ce qui est maladroit pour ne pas dire idiot. Seth Rollins a avec ce match et sa performance une deuxième chance pour changer de cap, et il ferait mieux de sauter sur l’occasion.

Pour Kevin Owens, la vie d’un champion protégé par ses alliés continue. On peut reprocher à la WWE de jouer sur un registre qu’elle a sur-utilisé depuis quelques années mais l’interprétation est correcte et le duo Owens / Jericho reste une valeur sûre. Par contre, il faudra faire revenir Triple H pour qu’il s’explique et pour lancer une rivalité avec Seth Rollins, peut-être lors des prochains RAW, sinon probablement aux Survivor Series. Il faudra que pendant ce temps Seth Rollins se concentre à obtenir un soutien plus ardent de la foule, ça ne peut que lui faire du bien.

Brian Kendrick piège grossièrement TJ Perkins

Relever la cage après une performance aussi convaincante est assez délicat. C’est le défaut de cette division du show en deux parties, la fin de la première s’est terminée avec une très bonne performance et il faut s’accrocher pour la suivre. Une tâche qui a été confiée à Brian Kendrick et TJ Perkins qui sont dans une rivalité bien étrange. Dans le kickoff, Kendrick demande même à TJ Perkins de le laisser gagner ce qui créé une dynamique particulière au début du match.

Le public a d’ailleurs était totalement mort du début à la fin. Pas un mouvement n’a capté l’attention du public qui aurait peut-être pu être plus clément pour une division qui cherche encore ses marques. Mais, il faut bien le dire et arrêter de chercher des excuses, la WWE est en train de totalement se louper avec les Cruiserweights. Entre un dispositif plus excluant qu’autre chose et une rivalité bien trop mal mise en avant pour susciter un intérêt, la division Cruiserweight est entraînée dans une spirale négative auprès du public.

Ce n’est pas le contenu in-ring qui va aider. Peu rythmé et pas vraiment mis en valeur par des commentaires très génériques, le manque de passion pour les Cruiserweights est sensible et compréhensible. Ce n’est pas non plus la fin où Kendrick simule une blessure pour piéger TJ Perkins qui aidera à donner de la heat à Brian Kendrick. Le soucis, depuis le début de la rivalité, c’est que personne ne s’intéresse à l’amitié de TJ Perkins et Brian Kendrick. D’ailleurs, Michael Cole a raconté la même histoire qu’avant leur match à Clash of Champions, comme s’il fallait de nouveau installer les bases d’une rivalité qui dure depuis quasiment un mois. Un échec autant pour le contenu qui n’était ni vraiment mauvais ni exceptionnel mais aussi pour une rivalité qui va vite tomber dans les oubliettes, dommage pour le début d’une division.

Pour réveiller le public, rien de tel que le New Day. Qu’on aime ou non les champions, ils restent toujours efficace pour générer une réaction. Des champions qui ont clairement leurs yeux sur le record de Demolition qui est à 478 jours. Encore presque deux mois pour les champions avant d’atteindre ce record et on se doute que la WWE veut offrir à leur groupe le plus populaire ce record. Du coup, pour le duo Sheamus / Cesaro, on se doutait que ce ne serait pas pour cette fois.

De plus, les tensions ont été plus que visibles et restent au quasi status quo. Même si une union plus complète semble en vue, ce n’était pas ce soir qu’elle serait totale. Plusieurs fois les deux jouent sur les dissensions sur la manière de combattre le New Day. Cesaro s’amuse à casser les temps forts de Sheamus et l’engueule lorsqu’il fait des mouvements qui sont certes des mouvements de heels mais efficaces. Du coup le match est légèrement en manque de rythme par moments, se concentrant sur la relation entre Cesaro et Sheamus.

Cette divergence d’opinions amène à un final prévisible pour continuer la rivalité. Sheamus, qui essayait d’empêcher Big E de casser le Sharpshooter de Cesaro sur Xavier Woods, tape Big E avec Francesca II – repose en paix – puis se fait frapper par Kofi Kingston devant l’arbitre qui disqualifie le New Day – alors qu’il aurait pu le faire avec Sheamus vu qu’il frappe Big E avec un objet. Du coup, Sheamus et Cesaro gagnent le match mais par disqualification alors que Cesaro avait fait taper Xavier Woods grâce à son Sharpshooter, ce qui permet de continuer la rivalité sans toucher au potentiel record du New Day. Une astuce qui passe pour cette fois mais il faudra trouver une fin plus conclusive la prochaine fois, à Survivor Series si les titres sont mis en jeu.

Charlotte Flair gâche la soirée de Sasha Banks

Ce match a focalisé toutes les attentions durant ces dernières semaines et pas forcément pour les meilleures raisons. Faire l’histoire est une noble entreprise mais il ne faut pas oublier de la raconter. En se concentrant sur la cage et le fait que les femmes allaient faire le main-event, la WWE a un peu oublié de continuer de développer la rivalité. Mick Foley qui s’était déjà bien trop incrusté dans la signature du contrat quelques jours avant, arrive même à quasiment être plus présent dans les vidéos de promotion pour son match en Hell In A Cell face à l’Undertaker que les deux catcheuses. Un soucis quand tu veux écrire l’histoire, c’est si celle-ci te fais de l’ombre et le fantôme du mythique Mankind vs Undertaker a pas mal plané sur ce début de match.

Tellement que la WWE a joué la carte de la civière après un spot sur la table de commentateur entre Charlotte et Sasha Banks. Un spot qui, en comparaison de celui de Mankind, est certes moins impressionnant, mais a donné le ton du reste du match. On regrettera la logique globale de la séquence, montrant une Sasha Banks déjà très atteinte mais se relevant puis dominant le début officiel du match dans la cage. Le match ensuite prendra un rythme par séquences, Charlotte prenant la main puis Sasha Banks la reprenant. La série de double knee de Sasha Banks était d’ailleurs très sympa.

Il fallait cependant s’y attendre, le match a été marqué par des imperfections techniques, largement compensées par une volonté très présente chez les deux femmes pour offrir un grand match. Si les spots avec les tables à l’intérieur de la cage n’ont pas été bien gérés, cela a été compensé par une intensité mise par Charlotte notamment dans la manière dont elle envoie Sasha Banks sur la table en fin de match. Charlotte Flair, puisqu’elle récupère son nom par intermittence, c’est la patronne de la division actuellement et dans un autre contexte, la voir gagner aurait semblé plus que logique.

Malheureusement, c’est le premier Hell In A Cell dans le home-town de Sasha Banks à Boston qui a accueilli sa championne avec une grande ferveur. Un public qui restera perplexe face à un finish incompréhensible. Vendant une blessure au dos, Sasha Banks s’écroule alors qu’elle tente de projeter Charlotte sur la table installée au coin du ring. Cette dernière saisit sa chance et applique sa Natural Selection sur Sasha Banks pour la victoire.

Et c’est dommage tant ce Hell In A Cell avait un supplément d’âme par rapport à ses prédécesseurs. Offrir la victoire à une heel gâche une fin de soirée qui aurait pu être très belle avec un public en adoration pour sa championne et le match qui s’est déroulé. On voit mal Sasha Banks revenir de nouveau pour le titre et cette défaite est un coup très dur d’autant plus que la manière semble au final très fausse. On dirait que le forcing est fait pour que Charlotte garde sa streak en pay-per-view et si les records sont importants pour l’histoire, des fois il faut les sacrifier pour en écrire une meilleure.

Reste que la division féminine pourra refaire le main-event quand elle veut et a prouvé qu’elle avait l’appui et le talent nécessaire pour assurer le main-event d’un show. Enlevez les « triple main-event », enlevez les Hell In A Cell sans raison et sans but. Ce Hell In A Cell a considéré la cage comme elle devrait être considérée, comme une élément scénaristique à part entière, un ajout à une histoire déjà intense, un enjeu qui dépasse le simple affrontement pour un titre. Ce match doit définir des personnages dans leur manière d’être comme Mick Foley essayait de le dire d’une manière un peu grotesque lors de la signature du contrat du match.

C’est globalement ces décisions maladroites qui ont terni un pay-per-view qui a été techniquement bon in-ring. Si les Hell In A Cell ne sont pas mauvais, il n’y a que le Hell In A Cell final qui semble réellement à même de donner du sens à une victoire. Celle de Kevin Owens est quant à elle somme toute très classique avec l’intervention de Chris Jericho et aurait pu se dérouler sans la cage. Si les Hell In A Cell ne sont plus que des matchs sans disqualification, on ne peut qu’être triste devant ce constat car on n’écrit plus l’histoire mais on se fait écraser par celle-ci.

Ce Hell In A Cell est un bon pay-per-view mais qui est terni par des décisions scénaristiques et des constructions pauvres, ce qui est globalement une bonne manière de résumer ce que vit RAW depuis le brand split. C’est une brand avec des catcheurs à énorme potentiel mais dont les histoires, les objectifs et les promotions sont faites sans grand but. Les Survivor Series marqueront peut-être une pause dans la gestion des titres en se concentrant sur l’opposition entre les deux brands. Mais les rivalités continueront probablement et il serait temps de corriger le tir pour mettre les talents de RAW en valeur. Le potentiel est là, exploitez-le.

WWE Hell In A Cell 2016 : Triple main-event, triple déception
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