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WrestleMania, Le phénomène qui dépasse le catch lui-même

C’est la Road to Wrestlemania. En dehors des fans de catch, cette période de l’année n’a pas forcément une saveur plus particulière mais pour les aficionados, Wrestlemania est le temple de tous les possibles.

Le MetLife Stadium (New Jersey) pour WrestleMania 29 en 2013 — © WWE

« It’s a global phenomenon ». Michael Cole aime rappeler aux téléspectateurs l’ampleur de WrestleMania lors des semaines qui précèdent le Grandest Stage of Them All. Alors que l’évènement approche, il serait bon ton de revenir un peu sur ce qu’a été, est et restera le plus grand événement pour les fans de catch. De temple de matchs légendaires jusqu’au statut de phénomène de divertissement, WrestleMania brasse large sur un plan médiatique.

La vision de Vince McMahon

Tout cela n’aurait pas été possible sans un homme à l’ambition démesurée, devenu un mythe télévisuel à la fois par sa participation au programme qu’à ses décisions supposées ou effectives, Vincent Kennedy McMahon. Mais au départ, il y a juste la 3ème génération de McMahon à diriger une promotion de catch et qui veut en changer le visage. Bien avant d’en faire le divertissement que l’on connaît, Vince McMahon Jr. va pousser le travail de son père qui avait déjà fait de la WWWF (World Wide Wrestling Federation) une compagnie indépendante de la NWA, qui auparavant rassemblait un ensemble de compagnies de catch.

Raccourcie à WWF afin d’éviter l’acronyme à rallonge, la fédération a désormais une vision plus conquérante qu’auparavant. Tout de suite, dans l’esprit de Vince McMahon, la nécessité de faire de WrestleMania un événement semblable au Superbowl est mis en avant. Pour cela, il va ajouter une composante à l’aspect catch qui va faire de WrestleMania un divertissement à part : la participation de célébrités extérieures au milieu.

En 1982, il y a déjà dans l’esprit de Vince McMahon l’envie de voir une mixité entre la construction de ses stars du catch, aujourd’hui plus communément nommées Superstars, et l’extension d’un aspect divertissement qui touche une culture globale. C’est tout à fait semblable au Superbowl. Vous qui n’êtes pas forcément des fans assidus de football américain, il vous est pourtant probablement déjà arrivé de suivre le direct de la finale « mondiale » annuelle de ce sport. Certains aiment l’aspect sportif, d’autres aiment l’aspect divertissement entre les multiples spots publicitaires spéciaux et les concerts. Vince McMahon n’a fait que calquer ce modèle en l’adaptant à l’univers du catch.

La forge des légendes

La double dimension de WrestleMania se construit donc autour d’un événement multiculturel et de matchs événements. Dans la vision de McMahon et de la WWF / WWE, chaque match doit être un main-event. Dans les faits, c’est un peu plus complexe. Comme dans chaque pay-per-view, WrestleMania a ses matchs plus modestes, des affiches bouche-trous, moins développée ou attendue. L’exemple le plus récent est celui de la Andre The Giant Memorial Battle Royal, placée en pre-show l’année dernière et qui ne semble déjà plus, après trois ans d’existence, avoir une dimension majeure dans le pay-per-view.

Mais ce qui fait le sel des WrestleMania se retrouve souvent dans son main-event, et c’est généralement à celui-ci qu’on repère les bons et moins bons WrestleMania. Une institution qui s’est créée autour d’affiches principales majeures : Hulk Hogan contre Andre The Giant, Shawn Michaels contre Bret Hart, Stone Cold contre The Rock, Shawn Michaels contre The Undertaker. Des affrontements légendaires, qui ont marqué leur époque et qui sont des exemples aussi des différentes époques et attitudes qu’a pu avoir la WWE.

À l’inverse, on peut aisément pointer les moins bons. La trilogie du retour de The Rock aux WrestleMania 27, 28 et 29 est notamment assez mitigée et ses main-events n’ont pas eu la force que la WWE souhaitait probablement leur donner, l’affrontement de John Cena et The Rock n’atteignant pas vraiment le choc qu’avait pu être l’affrontement générationnel entre ce dernier et Hulk Hogan — qui n’était pas le main-event cependant.

Dans un genre différent, WrestleMania peut aussi être le temple de tous les possibles. Le dernier exemple en date étant ce WrestleMania 30 où Daniel Bryan est sorti vainqueur et champion de la WWE ou encore lorsque Chris Benoit et Eddie Guerrero concluent WrestleMania XX sous les confettis avec les deux titres majeurs de la fédération américaine. Les tableaux de fins font eux aussi partie intégrante de l’imagerie de WrestleMania. Créatrice de stars et temples d’affrontements titanesques, le but est d’en mettre plein la vue au spectateur.

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L’événement a une aura si grande qu’elle s’est attachée à quelques catcheurs en particulier. Des noms qui vous viennent et qui sont liés directement à WrestleMania. The Undertaker et sa streak ont captivé les médias non-spécialisés pendant des années et sa défaite lors de WrestleMania 30 a fait écho dans des sphères qui vont au-delà du cercle des fans de catch quotidien. Dans une autre proportion, Shawn Michaels n’a pas été surnommé Mr. WrestleMania pour rien. La liste des matchs épiques du Heartbreak Kid lors du plus gros show de l’année est probablement plus longue que celle de ses comparses.

Des affiches destinées à étendre l’événement au mainstream

Pour atteindre le plus grand nombre, WrestleMania a toutefois su aller dénicher ce petit quelque chose qui ajoute de l’attention autour d’un événement : l’invitation de stars, provenant d’univers très différent. Chanteurs, sportifs, acteurs et même participants d’émissions de la télé-réalité. Dans ou en dehors des combats, les stars sont venus tâter le ring du bout des doigts pour des résultats aussi divers que variés.

On pourrait penser que cette popularisation de l’événement est plus récente mais elle est déjà présente dès WrestleMania I. Mr T. était dans le ring avec Hulk Hogan pour affronter Paul Orndorff et Roddy Piper tandis que Cindy Lauper était quant à elle ringside aux côtés de Wendi Richter lors de sa victoire face à Leilani Kei. L’engagement de ceux-ci dans les rivalités est assez variable. Les exemples récents tels que Snooki, Mickey Rourke – assistant ringside à la défaite des légendes face à Chris Jericho – ou Floyd « Money » Mayweather ne sont pas vraiment les plus mémorables de WrestleMania. Et quand on ajoute à cette liste la participation de Donald Trump, on se dit bien que parfois la WWE fait tout et n’importe quoi concernant les stars qu’elle amène lors de son principal événement.

Toutefois, les spéculations autour de la participation de Ronda Rousey à l’avenir après son apparition à WrestleMania 31 ont fait l’objet de nombreux commentaires, notamment de Dana White lui-même précisant que l’athlète de l’UFC ne ferait pas davantage d’apparitions à la WWE. Mais cette confrontation orale lors de l’édition de 2015, qui s’est terminée par une attaque physique de Ronda Rousey sur Stephanie McMahon, a fait beaucoup parler de la WWE, ce qui est au fond, est toujours le souhait du propriétaire de la WWE.

Aussi variables soit la qualité des invités de WrestleMania, ils touchent tous des univers plus étendus et exposent temporairement la WWE à un audimat moins habituel. Si les noms de The Undertaker ou John Cena sortent de la bouche de votre ami qui n’a jamais regardé Raw ou SmackDown, c’est bien parce qu’à un moment il a entendu parler de WrestleMania dans des journaux de la presse traditionnelle. Effet qui doit être exacerbé aux États-Unis.

La WWE à dimension planétaire

Une fois le contenu, l’idée est aussi de prendre un contenant plus spécifique pour le plus gros show de l’année. À grandes ambitions, grandes infrastructures. La WWE accueille lors de WrestleMania les foules du monde entier. Comme une bulle temporelle, la WWE passe de salles d’une dizaine de milliers de personnes à des stades de football américain ou de baseball, capables d’accueillir de 70 000 à 80 000 personnes environ.

En 2016, la WWE tentait même de battre le record établi lors de WrestleMania III où une foule de 93 173 spectateurs avaient pénétré l’arène du Pontiac Silverdome de Détroit. L’AT&T Stadium de Arlington au Texas peut en effet contenir plus de 100 000 spectateurs, une fois les conditions réunies. La WWE a tenté de faire en sorte que les places s’élèvent à une affluence proche du record et même si ce n’est qu’un détail de notre soirée, WrestleMania 32 a marqué l’histoire du Granddest Stage of Them All avec une affluence record pour l’événement — bien que les chiffres soient toujours contestés.

Chaque année, l’infrastructure fait par ailleurs l’objet de nombreux commentaires. De la disposition de la scène jusqu’aux entrées des catcheurs, WrestleMania prend également une dimension plus large dans la présentation de son show. Les feux d’artifice sont légions, on chante America The Beautiful, on fait appel aux groupes comme Motorhead ou Rev Theory qui chantent les theme songs des catcheurs. L’idée est de donner une proportion « Bigger Than Life » à WrestleMania, autant que peuvent l’être certains personnages dans le temps de la WWE.

La WWE a d’ailleurs plusieurs fois mis les petits plats dans les grands, parfois jusqu’à l’excès comme lors de WrestleMania 27 où l’écran géant était de taille démesurée. Démesuré comme les entrées de certains catcheurs. Triple H et ses entrées inspirées de gladiateurs, John Cena et la démesure du héros américain ou The Undertaker dont l’entrée prend une autre ampleur à WrestleMania.

WrestleMania, c’est le catch à la puissance 10, une fête autant dédiée aux fans de catch qui voguent pendant la WrestleMania Week qu’aux non-convertis découvrant l’excès de ce sport-théâtre, ce soap sans fin aux genres aussi diverses que variés. WrestleMania est devenue ce concentré de divertissement dont a toujours rêvé Vince McMahon, être le Superbowl du catch où le temps d’une soirée, la WWE devient le temple de tous les possibles et pour tous.

Article originalement publié le 28 mars 2016

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