Reportage

On y était : ICWA Revolution 9 à Maubeuge

icwa revolution 9
ICWA

L’ICWA posait ce samedi, et ce comme tous les ans désormais, son ring à la Luna de Maubeuge pour son show Revolution 9. Un show qui prenait la succession d’un Revolution 8 où le match des échelles et un overbooking massif avaient entraîné des critiques négatives qui ont fait beaucoup plus parler qu’elles n’auraient dû.

Une carte de sept matchs était présenté aux fans réguliers de Maubeuge qui ont une nouvelle fois quasiment rempli la Luna pour un show qui dure — avec ses deux pauses — un bon 3h30. C’est une remarque que l’on fait souvent mais cela est assez long pour un public familial. Certes, nous sommes le week-end, mais avec beaucoup d’enfants dans la salle on prend le risque de voir l’ambiance un peu baisser au fur et à mesure que la soirée avance, la fatigue naturelle venant.

Surtout que ce public est quand même généreux au niveau de la voix, et c’est toujours un plaisir de voir que tant de personnes se passionnent pour le show de la ICWA dans un public qui se compose de fans réguliers de catch comme de parents qui accompagnent simplement leurs enfants sans plus en attendre du show. À l’inverse, on regrette que depuis quatre ans, la sono soit toujours aussi limite. Quand Christophe Agius lui même souligne ces problèmes, il faut prendre en compte que le problème nuit également pour le public présent.

Du catch efficace avec un niveau homogène

Le show a commencé après le petit discours traditionnel des représentants politiques locaux par un match par équipe entre les champions par équipe, les Shooting Stars (Senza Volto & Ace Angel), et les challengers, la Team Belgium (Darkmondo et Alex le Grand). Une opposition de style qui va rapidement voir un petit scénario s’écrire, les challengers voulant que les champions enlèvent leur masque. Derrière, un profil de match classique se dessine, Ace Angel joue le face en détresse qui va finir par faire un hot tag pour Senza Volto. On pense le scénario dessiné et au final, première surprise, la team Belgium retire le masque de Ace Angel ce qui permet une distraction pour leur victoire et la prise des titres.

Du storytelling bien pensé et très efficace auprès d’une foule chauffée à blanc. Malgré la défaite des faces, cela n’a pas trop terni à l’ambiance tant les deux équipes ont très bien joué sur le suspens. Le match suivant, entre Oz et Mike D Vecchio, jouera lui aussi très bien sa carte avec une victoire rapide du face qui, une fois la phase de domination de Oz rapidement écartée, a très vite conclu le match en enchaînant de manière très fluide.

Les matchs s’enchaînent alors très bien et le match pour le titre de champion de France entre Cormac Hamilton et Christianium le Surréaliste termine une première partie avec un match tout aussi dense en action même si différent de ces deux prédécesseurs. Plus posé et avec un storytelling plus classique que le premier match – la présence de Kermarek aux côtés de Cormac permettant les interventions classiques du manager – le match se permet lui aussi de ne pas aller droit à l’évidence. Si l’on s’attend à une victoire en heel de Cormac Hamilton, les deux catcheurs ont bien pris le temps de mettre en avant la résistance de Christianium est d’ainsi ne pas laisser le public sur sa faim.

Les échelles ont tenu

Le match « échelle du temps » de l’année dernière était probablement ce qui était le plus déplaisant dans le show : voir des catcheurs prendre énormément de risque à cause d’un matériel bancal, ça ne fait jamais plaisir. Pour rappel, ce match « échelle du temps » se déroule en deux parties, un mini-Rumble à 7 où l’on peut éliminer chaque entrant en le faisant passer par dessus la troisième corde — occasion pour le public de bien reprendre la catchphrase de Christophe Agius et Philippe Chéreau — puis une fois le septième catcheur entré, le match devient un match à l’échelle classique où il faut aller chercher une horloge afin d’obtenir un match pour le titre n’importe où et n’importe quand.

La première partie du match voit donc les entrants défiler et comme l’année dernière, aucun d’entre eux ne se fera éliminer. C’est dommage de ne pas utiliser cette première partie de la stipulation d’un match, surtout quand l’année dernière le nombre de catcheurs présents n’avait probablement pas aidé à minimiser les risques. Enlever un catcheur moins en vu comme El Tetanos en fin de Rumble aurait pu donner à cette première partie de match plus d’utilité. Sinon, autant lancer le match de l’échelle immédiatement.

Cette année, on retrouve les mêmes échelles que l’année dernière accompagnées par une nouvelle qui apparemment a été bien utile puisqu’elle a été utilisée principalement pour monter vers l’horloge du temps. Pas de séparation d’échelle cette année et au contraire un match qui a largement jouer le rôle de rédempteur de son prédécesseur. Jack Spayne, et l’entrant surprise Senza Volto — blessé mais pas à terre — ont principalement fait le spectacle, le premier subissant tous les gros spots et l’autre en créant plusieurs notamment une sortie aérienne impressionnante vers les extérieurs du ring. C’est Jack Spayne qui arrache littéralement l’horloge au final dans un match plus orienté autour des spots et qui a très bien fonctionné grâce à l’ensemble de ses participants.

Une deuxième moitié un peu plus timide

Le show continue et Lucas Di Léo puis Booster prennent le micro avant leur match afin de le changer en match sans disqualification. Une stipulation qui permet de rapidement donner un ton plus sec par rapport aux autres matchs. C’est plus lent mais plus physique et le fait que le perdant ne puisse pas participer à Revolution 10 est souvent ramené par Christophe Agius qui a fait encore une fois un travail exceptionnel auprès de la foule tout au long de la soirée, le commentateur met toutes ses tripes dans le show et on le sent.

Il va d’ailleurs aider énormément pour vendre la fin de match, très étrange, entre Booster et Di Léo. Plus tôt dans le match, Booster a fait une chute dans les tribunes assez violente et, à l’exception de deux « Greetings from Carcassonne » de Booster, Di Léo domine outrageusement le match, finissant par contrer Booster avec un simple kick alors que celui-ci est K.O au milieu du ring. Tout cela donne un sentiment étrange, très abrupt avec Lucas Di Léo qui gagne pour partir rapidement laissant Booster seul sur le ring avant que Rosto ne vienne l’aider à se lever.

Une fin très romancé et qui a laissé le public un peu perplexe. Pas indifférent attention, mais dans un sentiment d’inquiétude mêlé à de l’incompréhension, le ton de ce match tranchant énormément avec ce que peut faire Revolution habituellement. Un match à part, qui a malheureusement un peu sonné la foule pour la suite du show mais qui n’en reste pas moins un moment dont on se souviendra.

Gianni Leone suit cette rencontre face à Demolition Davies pour déterminer un challenger au titre de l’ICWA. Un match où le gérant de la Pulse Factory hébergeant la nouvelle Usine à Catch qui a effectué une série de vidéos menant à Revolution 9 a fait un boulot énorme avec l’Allemand pour remettre la foule dans le show après la seconde pause. Les esprits fatiguaient, mais l’activité sur le ring a permis, avec la victoire de Leone, de remettre le public dans son ambiance habituelle. Demolition Davies a lui aussi été très impressionnant dans un combat disputé et très agréable à suivre.

Le plus abouti des Revolution ?

Le dernier match permet de voir Doug Williams et Tristan Archer s’affronter dans une opposition heel / face qui au final sera le match où la surprise sera la moindre. Entre un Doug Williams très axé sur l’interaction avec la foule et un Tristan Archer mêlant puissance et technique, on reprochera peut-être au début de match les successions de prises au sol de Tristan Archer, atténuant le rythme à la manière d’un heel dans une sorte de contre-rôle. Tout cela s’efface cependant une fois que l’on approche du final et où les deux catcheurs déroulent leur partition sans trop de problème.

Le public a eu plus de mal à rentrer dans le match et Christophe Agius a dû plus souvent aller chercher la foule pour qu’elle encourage Archer mais cela s’explique plus par l’heure tardive que par un réel manque d’intérêt envers le match. La victoire de Archer se fait dans une bien meilleure ambiance et conclut un show qui a conquis largement la foule, ce qui est l’une des constantes des Revolution. Car lorsque l’on sort et qu’on laisse traîner nos oreilles, on entend souvent le contentement des gens venus et ça nul doute que ça suffit amplement à Booster.

Mais, là où l’année dernière la partie du public qui est plus demandeuse de catch était partie déçue voire en colère par rapport à ce qu’elle avait vu, ici, le show a contenté à la fois le public local mais aussi les fans plus assidus car la carte s’est révélée variée, équilibrée avec un ensemble de catcheurs qui ont permis cela.

Qu’on se le dise, Revolution 9 est un très bon cru, les matchs ont été bons dans l’ensemble et tous avait au moins une envie de montrer des choses, de faire plus pour un public qui lui rend bien. Ce genre de show donne envie de se déplacer et de continuer à voir les semblables de Senza Volto, Tristan Archer, Vince’NT, Gianni Leone, Lucas Di Léo, etc. sur d’autres shows en France. On a en France un socle solide de catcheurs français — certains dont Peter Fischer n’étaient même pas là — qui ne peuvent que faire bénéficier ce genre de show de leur qualité in-ring qui accompagne ici l’ambiance populaire de la Luna.

L’accessibilité des catcheurs et de Christophe Agius pendant les pauses et après le show, l’organisation rodée même si encore sujette à quelques couacs techniques et la qualité in-ring permettent de sortir avec le sentiment d’avoir vu un bon show de catch solide, ni trop lisse ni trop exagéré où l’on peut avoir quelques critiques sur certains aspects, certains prises ou mouvements, mais qui sont rapidement effacées par le sentiment d’un niveau général très satisfaisant.

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