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WWE Backlash 2017 : Jinder Mahal, champion « out of nowhere »

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La période de WrestleMania nous avait un peu fait quitter ce rythme de pay-per-views que la WWE impose depuis sa Draft, mais nous revoici lancés sur le rail du pay-per-view toutes les deux à trois semaines. Après RAW avec Payback, SmackDown LIVE avec Backlash en attendant dans à peine deux semaines le retour de RAW avec Extreme Rules. Un rythme qui risque fort de voir un désintérêt des fans sur certains pay-per-views, préférant probablement sauter des affiches intermédiaires pour attendre le moment où la WWE met en place plus d’enjeu.

Ici, avec Jinder Mahal qui avait sa chance pour le titre de la WWE, on ne savait pas trop si cela tenait de l’envie de piquer la curiosité des fans ou du push réel « out of nowhere », ironique quand l’adversaire et champion du soir est Randy Orton. Reste que Backlash voulait attirer au-delà d’une simple affiche : les débuts de Nakamura et l’affiche AJ Styles contre Kevin Owens pour le titre des États-Unis étaient de bons moyens de convaincre le fan de ne pas sauter le pay-per-view.

On sera aussi content de voir que l’événement se déroule à Chicago et que la ville donne de la voix rapidement lors du Kickoff alors que Aiden English faisait vibrer ses cordes vocales. Le local de l’étape a toutefois renversé toute forme de solidarité du public en disant bien qu’il n’était pas fier d’être de Chicago. Ce Aiden English chantant est assez sympathique à suivre, même si cette histoire d’émotions qui l’empêchent de gagner est assez étrange. Tout cela donne quand même un match agréable face à un Tye Dillinger qui travaille encore sa popularité auprès du public.

Ziggler met Nakamura en difficulté

Pas le temps de s’échauffer pour le public, Nakamura entre en scène dès l’opener dans une ambiance classique de ses entrées. Le public de Chicago a su se faire entendre tout au long de la soirée ce qui rend toujours le contenu de la WWE plus agréable. Pour le match, Nakamura a fait ce qu’il sait faire de mieux depuis son arrivée à la WWE, le service minimum. Quelques imprécisions mais coups de genou massifs et une opposition qui ne laisse pas indifférent.

Difficile de se dire que Nakamura n’en garde pas sous le coude quand c’est Dolph Ziggler qui domine 80% du match et dirige assez largement la confrontation. On peut même saluer le fait qu’il soit proche de gagner ce qui lui permet de sortir de ce match sans être trop ridicule, une sorte de performance pour un catcheur qui avait subit une rechute dans la carte après sa rivalité face à The Miz.

Bien entendu qu’on attend plus de Nakamura, mais pour un premier match, en opener, les deux catcheurs ont fait ce qui leur était demandé. Offrir une confrontation avec de l’intérêt sans pour autant trop en livrer. La clé du succès de Nakamura passe par la montée progressive de son personnage dans la carte, pas à une destruction du reste du roster.

Malgré cela, la WWE aurait peut-être pu faire monter un peu mieux la sauce concernant le catcheur, en plaçant le match en opener, elle a rapidement livré au public ce qu’il voulait, au lieu de le teaser un peu plus en amont, ce qui aurait permis d’offrir encore un peu plus d’ambiance à un match qui a fait le boulot, mais qui aurait pu être mieux organisé.

Par contre, quand un match qu’on n’attend pas spécialement se révèle sous certains aspects inattendus, c’est toujours appréciable. Breezango et les Usos s’affrontaient pour les titres par équipes de SmackDown et pour être honnête, l’avant-match avec la vignette de Breezango et son arrivée en agent d’entretien sous couverture ne m’a pas immédiatement convaincu. Pourtant, une fois sur le ring, le travail de comedy wrestling par Tyler Breeze était tel que l’on était obligé d’être divertis.

La comédie dans le catch est un bon instrument pour faire réagir une foule mais mal dosé, il a tendance à lasser. Du coup, voir les Usos rester sérieux et dans leur style face aux facéties de Tyler Breeze en grand-mère et en agent d’entretien ainsi que le in-ring convaincant de Fandango ont aidé ce match a resté divertissant sans tomber dans le comique outrancier. C’était bien dosé, bien rythmé avec un public qui aurait été dingue si Breezango gagnait mais qui reste conquis par la performance une fois que les Usos prennent la victoire. Alors que les New Day arrivent à SmackDown LIVE, Breezango s’est peut-être fait une place dans la division par équipes avant qu’il ne soit trop tard.

Sami Zayn, le héros du selling

Baron Corbin et Sami Zayn avait un peu de temps devant eux. Les programmes pour le titre de la WWE et des États-Unis devraient être bouchés un moment et pour les deux catcheurs, l’objectif sera sûrement le Money in the Bank qui se déroule dans moins d’un mois. Une manière de solidifier une des rivalités qui animera le match de l’échelle autour de laquelle se grefferont d’autres catcheurs. Le moins que l’on puisse dire c’est que les chances de Sami Zayn paraissait assez minces tant Baron Corbin semble se rapprocher des titres du côté de SmackDown LIVE.

Et la tournure du match avec une domination assez outrancière de Baron Corbin semble guider vers un match un peu comme à Fastlane lorsque Zayn avait perdu face à Samoa Joe. De plus, Zayn prend dans ce genre de situation un malin plaisir à montrer qu’il vend les coups mieux que personne. S’il y a bien une chose à retenir au final de ce match, c’est que l’intensité mise par Corbin a très bien transparu sur les expressions corporelles et faciales de Sami Zayn.

Du coup, une certaine brutalité est ressortie du match et cette fin où Sami Zayn arrive à prendre à la victoire à contre-courant du match paraît comme un énorme effort de face. Ce n’est pas pour rien si Zayn est probablement le meilleur babyface du roster actuellement. Si les défaites s’enchaînent en général pour lui, une victoire suffit à vraiment obtenir l’appui du public. Pour Baron Corbin, sa démonstration de force devrait suffire à réclamer une revanche et c’est toujours mieux que lorsqu’on le fait perdre par roll-up.

On passait un bon show jusque-là, pas flamboyant mais très correct. Et puis le match féminin est arrivé. Pourtant la qualité sur le ring est là : Charlotte, Naomi ont démontré qu’elles étaient en forme, Becky Lynch assure les dynamiques et Natalya, quand tout va bien, reste maîtresse des rings. Le rôle de powerhouse de Tamina était correct dans ce match tandis que Carmella a eu le mérite de laisser les vraies catcheuses avoir la majorité du temps in-ring.

Reste que ce tag team était tout à fait quelconque. La victoire du Welcoming Committee est logique, le fait que Becky Lynch prenne la soumission va dans le sens d’une suite de rivalité où elle sera le maillon faible mais aussi le centre des prochains événements. Le soucis c’est que c’est difficile de s’intéresser au tout quand l’histoire derrière est pour l’instant assez banale et tiens d’un trois contre trois qu’on pourrait retrouver dans tous les shows hebdomadaires.

Owens et Styles entament les hostilités

Dernier match à faire saliver les amateurs de catch technique, ce match pour le titre des États-Unis avait de quoi faire rêver. Mais en tant que première confrontation mais aussi du fait de sa place dans le show, on sentait que le match ne donnerait pas de son plein potentiel. Avec un finish plutôt bien vu et mettant Kevin Owens comme un champion plus malin que couard, le résultat permet d’affirmer Owens sans décrédibiliser un Styles qui a atteint un niveau de popularité solide pour ne pas dire impressionnant.

Sur le ring, il faut quand même souligner que techniquement on est sur de la qualité exceptionnelle. Pas de fioritures, pas d’imprécisions ou presque pas, on dira qu’on n’en attend pas moins des deux hommes mais ça reste très agréable de voir qu’ils sont capables de répondre aux attentes à ce niveau. En attendant, ce match sert plutôt d’amuse-bouche à de prochaines confrontations entre les deux catcheurs.

Le potentiel de la rivalité est élevé tant le public peut rapidement réagir et que les deux catcheurs travaillent la foule de manière très juste. Le match cette fois-ci était plutôt orienté sur du storytelling continuant celui des shows hebdomadaire avec le travail sur la jambe droite d’AJ Styles par Kevin Owens. Ce travail et le selling de cette blessure aboutissant au final où Styles reste coincé à l’extérieur du ring dans les fils de la table des commentateurs du fait de Kevin Owens. C’était efficace mais pas époustouflant, on reste tout de même sur du haut niveau de ce que peut apporter la WWE.

Loin de ce niveau, on retrouve Luke Harper et Erick Rowan pour un match qui arrive au moins trois ans trop tard. Bray Wyatt n’est plus à SmackDown LIVE mais on règle tout de même les comptes entre les restes de la Wyatt Family. Si le match est en soit pas affreux, l’intérêt porté par le public pour la rivalité tend vers le néant absolu. Peu de réactions, peu d’enjeu et du coup une victoire de Harper qui finit sur un passage étrange où Rowan se laisse absorber par son masque. Ce dernier avait par ailleurs été le sujet de plusieurs passages en kickoff très étranges et on doute qu’il y ait un but derrière tout ça.

Le Mahal rageux champion

Viens enfin le main-event. Le match que tout le monde attendait. Non pas Shinsuke Nakamura qu’on a laissé en opener. Non, le seul, l’unique Jinder Mahal, l’ancien membre phare des 3MB, ancien acolyte indispensable de Rusev. Oui, lui. C’est dingue comme la WWE arrive plusieurs fois dans son histoire à promouvoir des catcheurs aussi unidimensionnels à la fois dans le personnage et sur le ring. Depuis sa prise de muscles, le catch de Jinder Mahal n’a pas pour autant été très emblématique et au contraire la WWE a profité de cela pour lui mettre un caractère heel où il se défend des reproches faits par les Américains.

Il déclare même en arrivant dans l’arène qu’il va se servir de cette haine du peuple américain pour être champion. Un discours classique de challenger étranger, notamment quand il vient d’un pays non Européen ou nord-Américain. L’attitude de Jinder Mahal est en soit bonne si l’on suit cette directive. Son expression faciale de colère constante passe bien et au final, il fait un heel un peu archaïque mais pas moins crédible qu’un autre.

Le problème c’est que sur le ring, déjà que Randy Orton n’est pas connu pour être un catcheur qui porte les matchs, quand Mahal se met à faire la même clé de bras pendant une période de cinq à six minutes, ça devient très compliqué d’être emballé par le match. Si le reste du match est plutôt classique de la victoire d’un heel accompagné par des soutiens — c’est-à-dire que ces derniers distraient le face pour permettre la victoire du heel, on ne peut pas dire que la victoire de Mahal soit un point très emballant de la soirée.

Si le public a plutôt bien suivi et même parfois applaudi Mahal — ce qui prouve que le public de la WWE est parfois prêt à avaler n’importe quoi tant que ça change, on doute que cette victoire « choc » soit vouée à un long règne. Déjà, conquérir le marché indien est peut-être important pour la WWE, mais il ne faudrait pas que le règne de Mahal ne dure trop sans autre idée en tête. Pour l’instant, le fait de vouloir le respect est une chose, mais si Mahal ne change pas rapidement de registre dans ses promos, son règne va tourner en rond et tomber à plat.

Aussi, il faudra lui mettre un face peut-être plus rafraîchissant que Randy Orton qui sort de deux rivalités pas très intéressantes et qui va probablement tenter de récupérer son titre malgré cela. Il y a énormément de points de doute par rapport à cette victoire mais la première c’est tout simplement sur les capacités de Mahal. Il n’est pas réputé comme étant le catcheur le plus sûr du roster et les doutes autour de sa forme physique sont deux handicaps majeurs à sa réussite sur le long terme.

Autant d’obstacles qui rappellent un peu d’autres heels pushés à vitesse express sans grande raison. Un exemple de la fin des années 2000 serait Vladimir Kozlov. Un mec pas tout à fait talentueux sur le ring mais qui a vendu son personnage de heel caricatural pour aller tutoyer les hauteurs du roster. Lui n’avait pas touché au titre de la WWE, mais Mahal se trouve dans la même veine d’un catcheur qui risque d’avoir un one-shot puis de sombrer (à nouveau) dans les tréfonds du roster.

Backlash est au final un pay-per-view qui aura le mérite d’avoir essayé de se démarquer avec des matchs variés dans leur construction et des ambitions malheureusement pas toutes abouties. On reprochera la construction d’ensemble du pay-per-view mais aussi le build-up autour de Nakamura qui au final apparaît en opener alors qu’il était bien plus attendu que cela. Dans un cadre où les pay-per-views s’enchaînent de nouveau, ce spécial de SmackDown LIVE aura toutefois réussi à garder de l’attention autour d’un roster qui est assez prometteur concernant l’année avenir.

Un roster où des Shinsuke Nakamura, AJ Styles, Kevin Owens, Sami Zayn, Dolph Ziggler vont pouvoir se côtoyer. Mais aussi un roster où le champion majeur est actuellement Jinder Mahal. Comme quoi, la WWE aime bien aller à contre-courant, trop peut-être.

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