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WWE Money In The Bank 2017 : Et les faces dans tout ça ?

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Le Money in the Bank est un concept qui est désormais bien ancré dans l’esprit des fans. Cela doit d’ailleurs venir assez rapidement lorsque l’on demande à un fan ce qu’il préfère en terme de match à stipulation particulière. Du coup, voir ce pay-per-view devenir un pay-per-view exclusif à SmackDown est assez dommageable pour Raw qui perd un élément de surprise majeur pour son show. Car cette mallette est une astuce scénaristique en or pour faire monter rapidement un catcheur heel ou face.

Le profil du détenteur de mallette est d’ailleurs maintenant bien défini : c’est un upcarder pas encore capable d’accéder au main-event et qu’on voit rarement accéder en haut de l’affiche dans l’immédiat. Cela permet de tricher un peu et de prendre un raccourci pour voir comment fonctionne un catcheur une fois le titre majeur sur ses hanches. Edge, Daniel Bryan, CM Punk (la seconde fois) ou encore The Miz avait bénéficié de manière très positive de la mallette, s’offrant un chemin jusqu’au main-event pour une durée plus ou moins longue, mais qui a surtout bien installé et développé leurs personnages auprès de la foule.

À l’inverse, mal amené, le tout peut tomber à plat. CM Punk (la première fois), Jack Swagger ou Dolph Ziggler avait au final vu le soufflé retomber assez rapidement. Reste que de voir le format arriver chez les femmes était une source de contentement, on pourrait ainsi s’offrir plus de choix quand aux rivalités féminines. C’est d’ailleurs par là qu’on commence la soirée, après un kickoff où les retrouvailles des Hype Bros ont plutôt bien chauffer la foule, les deux compères s’offrant une victoire assez nette sur les Colons.

James Ellsworth offre la victoire à Carmella

C’est un secret de Polichinelle, Carmella n’est pas la catcheuse préférée du fan de catch technique. Son personnage et son développement sont assez vulgaires dans la forme et la présence de James Ellsworth rend le duo assez étrange dans un mélange de tricherie cheap et de quelques traits d’humour autour du ridicule du duo. Du coup, lorsque James Ellsworth prend la mallette et la jette à Carmella, ça passe assez mal.

Il faut toujours distinguer temps court et temps long sur le catch, surtout quand la compagnie qui vend son produit parle très souvent de faire l’Histoire. Sur le temps court, cette idée pourrait être bénéfique à Carmella. Bien entendu qu’on ne voulait pas voir un homme décrocher la mallette féminine, mais un manager qui tente de prendre la mallette quand tout le monde est à terre, on a vu ça également chez les hommes, même si ça n’avait jamais abouti jusque-là. De ce moment, Carmella peut en faire son grand moment heel et provoquer plus de réactions de la foule. Sur le temps long, on reste sur une notion d’image et la révolution féminine a bien besoin de moments marquants. Du coup, lorsque l’on reviendra sur ce MITB et que l’on verra Ellsworth, ça manquera clairement d’impact, car le duo a peu de chances de durer sur le long terme. Pire, Carmella était juste un peu assommée, pas incapable de monter l’échelle, du coup, on voit que l’idée manque de travail sur les réactions globales des fans et du public en live qui au final a pas plus mordu que ça. Le choix n’est pas immonde car Charlotte Flair ou bien Becky Lynch peuvent gagner des titres seules, mais on ôtera pas de la tête de beaucoup que ce match méritait mieux, et c’est sur ce sentiment que les bookers de SmackDown veulent miser pour faire monter Carmella. Un pari risqué et qui risque de ne pas payer.

Surtout qu’au final jusque là le match s’en sortait bien. Si on sentait le manque d’expérience autour des échelles, toutes s’en sortent avec les honneurs. Tamina notamment a été plutôt bonne dans son rôle de powerhouse et a semblé plutôt à l’aise par rapport à Charlotte Flair par exemple qui, si elle a pris le match à sa charge, a eu un peu de mal à toujours mettre la bonne implication dans ses mouvements. Elle s’offre cependant le mouvement de MITB féminin, bien qu’il n’implique aucune échelle, avec son moonsault vers l’extérieur du ring.

Pas le temps de vraiment contester tout cela malgré les débats entre arbitres, Ellsworth valide la victoire, puisque apparemment il peut, et on enchaîne avec la division par équipe avec un match qu’on a plus vu depuis un moment : The New Day contre les Usos. Et franchement, ce repackaging des Usos fonctionne tellement bien qu’on dirait Cryme Tyme en crédible. Du côté des New Day, rien de bien nouveau si ce n’est que ce changement de division permet de rafraîchir leurs oppositions.

Surtout, ce qui vient derrière va probablement permettre d’offrir une série de matchs jusque SummerSlam qui devrait être très intéressante à suivre, tant ce premier affrontement entre les champions et leurs challengers a été divertissant à voir. Il n’y a pas à dire d’ailleurs, Les Usos et les New Day sont probablement les deux équipes avec la meilleure gestion du rythme que doit prendre un tag team. Les moments de domination varient et le storytelling du match va montrer des New Day dominants et proches de la victoire mais des Usos capables de survivre aux offensives avant de finalement fuir et offrir une victoire par décompte à l’extérieur afin de rester champions.

Une fin assez dommageable dans le cadre d’un pay-per-view et qui est, comme souvent en ce moment à la WWE, pas très conclusive mais la dynamique du match laisse un souvenir suffisamment agréable pour ne pas trop leur en vouloir. C’est même plutôt rassurant de voir ce genre de matchs et on aimerait que les autres équipes de SmackDown en profite car entre le match du kickoff et les trois minutes de Breezango plus tard dans la soirée, on part sur des bases assez fragiles.

Lana fait des débuts honnêtes sur le ring

C’était un des autres moments de la soirée en dehors des matchs de l’échelle, le titre féminin était défendu par Naomi face à Lana qui faisaient ses débuts dans le main roster. Un match court et qui suit la baisse de la moyenne des matchs féminins. Pas forcément issue d’une mauvaise volonté de la part de la WWE, cette baisse de temps accordé au match s’explique plutôt par le manque de construction autour de ceux-ci et de participantes capables de les tenir.

Si elle n’a pas été honteuse sur le ring, Lana a encore pas mal à peaufiner. Normal, on ne va pas demander à une catcheuse à l’expérience plus limitée que ses partenaires de devenir la plus grande technicienne en un soir, mais point de vue comportement, Lana a encore un peu de travail sur son attitude in-ring. Son kickout du Rear View était aussi maladroit, dépassant à peine le compte de deux. Si la présence du MITB féminin a permis ce match de championnat, il faut offrir à Lana des opportunités plus modestes et pas parachuter les noms, sans quoi on continuera de voir ce genre de petit match à la fin maladroite.

Une fin qui ne s’arrange pas quand Carmella arrive et fait semblant de cash-in, ce qui permet à la championne de reprendre l’avantage et de gagner le match par soumission. Troisième match, et troisième fin non-clean de la soirée. Un défaut récurrent mais qui devient franchement lassant quand les victoires cleans sont plus souvent proposées lors des matchs hebdomadaires. Un pay-per-view n’est pas un épisode de Raw ou de Smackdown et les bookers ont du mal à cerner cette différence, le pire étant que la suite n’offre pas vraiment mieux.

Orton et Mahal offrent une rediffusion améliorée

Pour vous parler de ce match de championnat, il me suffirait de vous renvoyer vers l’avis donné après Backlash. L’opposition entre Orton et Mahal a accouché d’une redite de sa première version, en plus étoffé. L’intensité du match a été plus évidente et le contenu probablement plus dense. Mais la présence du père d’Orton et des légendes en soutien – ironique quand on se souvient des premières années d’Orton en Legend Killer – n’est là que pour offrir une légère modification de la fin de Backlash. Les frères Singh interviennent de nouveau dans le match et l’arbitre, sous les demandes d’Orton, renvoient les deux acolytes de Mahal plutôt que de demander une disqualification. Ceux-ci se retournent alors sur les légendes présentes au premier rang pour distraire Orton qui, après avoir démoli les Singh, se fera surprendre par Jinder Mahal et son finisher afin que ce dernier ne conserve son titre.

Cette fin beaucoup trop lisible est à considérer comme de la véritable paresse d’écriture. Donner des victoires détournées à un heel est un bon moyen de lui créer de la heat mais on a bien vu également avec Kevin Owens que ce n’est pas une option durable pour asseoir un personnage dans le main-event. Bien qu’on se doute que la présence de Mahal au top de la WWE est temporaire, voir qu’on refait les mêmes erreurs décisionnaires est assez frustrant à suivre.

Petit détour par les Fashion Files avec les Breezango qui parodient Deux Flics à Miami. Ceux qui attaquaient Tyler Breeze proposent un match pour ce soir, challenge accepté. Les assaillants se révéleront n’être nul autre que The Ascension et si vous attendiez mieux c’est que vous êtes un peu naïfs. Au final, The Ascension est balayé en quatre minutes, rien de bien intéressant.

Entre les Fashion Files et le match, on a toutefois eu un moment particulier avec l’arrivée de Maria Kanellis et de Mike Benn… euh Kanellis. Moment étrange, déjà parce que Maria tenait son micro les deux tiers du temps alors qu’on lui donne un micro serre-tête mais aussi par rapport au gimmick annoncé. Cette histoire de couple où l’homme prend le nom de la femme peut bien fonctionner et faire grincer des dents JBL, même si on peut rester sceptique. Mike Kanellis donc devrait être une sorte d’homme transit de sa compagne qui revient comme seule figure déjà passée par la WWE, et en soit cela légitime l’angle proposé. Maintenant il faudra voir leurs objectifs à SmackDown.

La WWE déteste-t-elle les faces ?

Originalité de la carte, ce placement du Money in the Bank en main-event mais qui se comprend assez rapidement. L’affiche du titre de la WWE ne fait pas rêver alors que le match MITB masculin a du Nakamura et Styles en tête d’affiche et du beau monde derrière. Si l’on se doutait que Nakamura ou Styles n’avaient pas besoin de la mallette, la question se posait davantage entre Sami Zayn et Baron Corbin, tous deux candidats possibles à la mallette. Car, contrairement à une idée reçue que je vois pas mal depuis MITB, la mallette n’est pas un instrument exclusivement réservé au heel. Même si généralement cela correspond mieux à ce profil, le cash-in est un moment qui crée une réaction de surprise et qui a donc vocation à être positive ou négative selon les conditions. Triple H met un pedigree et Orton débarque ? Réaction négative. Daniel Bryan se faufile pour prendre le titre à deux géants ? Réaction positive.

Du coup, lorsque l’on fait l’état des lieux, Zayn et Corbin étaient clairement en duel du fait de leur position d’outsider dans la map et de leur absence de titre. Les deux auront d’ailleurs un gros rôle dans le match. Corbin attaque Nakamura avant le début du match et prend ainsi de la heat au passage tandis que Sami Zayn sera probablement le catcheur le plus actif de la rencontre, donnant pas mal de sa personne et offrant quelques bons spots. Kevin Owens lui est plus venu pour subir les gros spots et c’est franchement fair-play de sa part. On retiendra davantage en moment marquant de ce match l’opposition en fin de match entre Nakamura et AJ Styles, prouvant notamment qu’une opposition entre les deux peut faire exploser un public. Baron Corbin envoie finalement les deux voltiger et s’offre une victoire qui au final paraît logique à la vue des efforts mis par la WWE sur le catcheur. Le match était le meilleur de la soirée et c’est normal vu les personnes présentes. Ziggler aura d’ailleurs lui aussi fait une très bonne performance et rappelle que bon, si on ne croît plus en lui, il reste un élément plus qu’utile du show bleu.

La conclusion de ce pay-per-view finit donc sur un heel qui gagne, pour la quatrième fois en quatre pay-per-views depuis WrestleMania 33. Une continuité pour la WWE qui semble prendre le parti de frustrer sa foule. Le problème, c’est que des faces qui gagnent dans des moments forts, cela devient assez rare dans le roster principal. Reigns a eu son grand moment à WrestleMania 33 mais est méprisé par la moitié de la foule. AJ Styles ne gagne plus depuis son face turn. Seth Rollins végète depuis sa victoire contre Triple H, etc. La construction des faces est inexistante et c’est une problème assez récurrent.

La WWE loupe souvent son timing avec les faces là où elle préfère miser sur des figures heels avec du potentiel mais qui ne répondent pas forcément aux attentes. On pourra dire ce que l’on veut, Baron Corbin a beau avoir fait des progrès, il reste un pari très incertain pour le main-event par rapport aux réactions qu’il déclenchera. Pendant ce temps, un babyface comme Sami Zayn n’a toujours pas touché un titre depuis son arrivée dans le main-roster il y a un peu plus d’un an. Des détails peut-être mais qui créent beaucoup plus de moments de frustration et de mécontentement que ce que l’on voudrait réellement. Ce n’est pas malsain de vouloir créer cette atmosphère dans un roster, mais il faut que cela soit compensé par des moments forts pour des faces par la suite, ce que la WWE ne semble plus vraiment savoir créer une fois sortie de WrestleMania.

On part alors de ce Money in the Bank avec sentiment qui se compare aux autres pay-per-views, en soit, le in-ring n’est pas mauvais mais les décisions de booking sont vraiment très maladroites dans leur réalisation et sans grande vision sur le long terme, ce qui est dommage lors que l’on a un des meilleurs outils pour construire une superstar dans cette ère.

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