brock lesnar no mercy 2017
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WWE No Mercy 2017 : Braun Strowman interruptus

WWE

Après un SummerSlam partiellement marquant notamment pour son main-event mais dix fois trop long et très mal construit, la WWE a resserré les rangs. Du Fatal-4-Way on repasse à un match simple pour le titre Universal et on réinstalle John Cena pour construire une rivalité avec Roman Reigns. Les tag teams se trouvent une rivalité fixe avec le duo Cesaro & Sheamus qui courre après leurs titres perdus aux mains de Dean Ambrose et Seth Rollins.

On retrouve tout de même un peu de nouveauté. La division féminine se retrouve dans un Fatal-5-Way et The Miz s’est trouvé un challenger pour le titre Intercontinental avec Jason « Essayez de ne pas rire à chaque fois qu’on dit qu’il est le fils biologique de Kurt Angle » Jordan. Finn Bálor et Bray Wyatt se retrouvent quant à eux mais le problème c’est qu’on ne s’y intéresse pas vraiment.

Quelque part, la carte de ce No Mercy ressemblait presque à une carte d’un vieux SummerSlam. Des affiches stables mais nouvelles qui donnent pas mal envie. Le fait que le show se déroule au Staples Center, précédent hôte marquant du show de l’été, ne fait qu’accentuer cette sensation.Pour être honnête, ça manquait un peu d’ambiance dans le public pour vraiment avoir cette sensation d’été prolongé. Pourtant, Elias Samson a plutôt bien chauffé la foule avec sa guitare, mais l’arrivée d’Apollo Crews et un match propre mais pas très emballant va un peu casser cela. La victoire de Samson reste notable mais pas non plus de quoi emballer grand monde.

Jason Jordan a tout, sauf un gimmick

Si The Miz n’est pas exactement un natif de l’étape, le fait est qu’il réside à Los Angeles et est très populaire dans la cité des anges. Dommage du coup d’envoyer un Jason Jordan qui galère avec le public se faire un peu manger par la foule. Ce qui est encore plus dommage, c’est quand ce public a eu tendance à ignorer que ce match était plutôt bon. The Miz a déroulé son rôle de heel qui subit mais s’en sort et Jason Jordan a quant a lui montrer qu’il avait la capacité de faire à peu près tout avec une très grande énergie.

Dans l’émotion, la volonté et le rythme, Jason Jordan a vraiment maximisé l’espace laissé par The Miz pour vraiment offrir des séquences très agréables à suivre dans un opener. Mais un peu comme à son habitude, The Miz va s’en sortir grâce à des interventions extérieures, ce qui est toujours décevant par rapport à la qualité du reste du match. On donne après le micro à Jason Jordan pour qu’il prenne un peu plus de huées et on ne sait pas si la WWE veut faire un heel turn ou pensait réellement que le public allait applaudir Jordan. Un moment bien maladroit comme on les aime.

Autre point, dans le pre-show, The Miz est venu interpeller Kurt Angle et vers la fin du show, il vient le narguer. Un peu difficile de construire une rivalité quand l’un des protagonistes doit à la fois porter le fait d’être le fils du general manager mais aussi celui d’être un peu ignoré. Tout cela fera probablement grandir les suppositions de heel turn d’un Jason Jordan qui pourrait devenir arrogant et abusif du pouvoir de son père mais globalement on peut aussi dire que ce genre d’histoire en 2017 ont besoin d’une rigueur pour être un tant soit peu crédible et là on a juste l’impression qu’on se fout du public mais aussi de Jason Jordan.

On enchaîne avec Finn Bálor et Bray Wyatt qui vont se battre avant même le début du match, histoire de bien mettre en avant le côté courageux de Finn Bálor l’humain qui doit aller affronter Bray Wyatt sans le démon. On se moquera un peu de cet espèce de stipulation de match « homme contre homme » mais reste que la suite était extrêmement bien faite. Y a eu des petits loupés mais le match a duré assez longtemps pour mettre les deux catcheurs en avant et en une soirée et beaucoup moins de mots, ils ont réussi à construire davantage qu’en deux-trois mois.

Bray Wyatt se donne encore en pâture à un face pour s’enfermer un peu plus dans sa spirale de défaite et force est de constater que ça ne fonctionne plus vraiment pour Bray Wyatt. Sa capacité à faire briller ses adversaires est assez variante et Finn Bálor n’est pas vraiment plus over que ça en battant Bray Wyatt. Le charisme du gourou est parti depuis longtemps et même si l’idée derrière le personnage était rafraîchissante à ses débuts, il est temps de lui donner un nouvel élan autrement. Il y a du potentiel chez Bray Wyatt, mais il a besoin de canaliser cela tant sur le ring qu’au micro. Reste que le match, sans être excellent, a offert une bonne dizaine de minutes d’action plaisante à regarder.

Cesaro marque le tag team match de son empreinte (dentaire)

S’il y a bien une chose qui fonctionne à la WWE en ce moment, c’est le tag team. Pas qu’il soit constamment mis en avant, au contraire, les rivalités manquent assez fréquemment de mordant mais voir les matchs par équipe voler la vedette d’un show, ce n’est pas si rare que ce soit à Raw ou SmackDown. Cesaro & Sheamus, le New Day, les Usos se sont souvent fait une joie de se sublimer avec différents adversaires pour offrir des performances singulières.

Ce coup-ci la performance est tout de même bien involontaire. Après un slingshot de Dean Ambrose, Cesaro se réceptionne sur le poteau du coin du ring et se fracasse littéralement les incisives. Un résultat spectaculaire surtout quand on voit que le Suisse va continuer le match et pas n’importe comment. L’action sur le ring entre les quatre protagonistes aurait pu être éclipsée par cet inci-dent de match mais ça l’a plutôt sublimé. Quand Cesaro passe à l’offensive avec un Crossface, il offre un des visuels les plus marquants de 2017. Pas qu’on soit des fans de sang, le match aurait pu très bien fonctionner sans, mais le fait que le Suisse continue quasiment comme si de rien était pousse à l’admiration.

On se souviendra aussi de ce White Noise de Sheamus sur Ambrose suivi de la Powerbomb de Cesaro sur Seth Rollins et Ambrose depuis la troisième corde. Un spot qui vient combler un match intense et complet, tout ce qu’on aime dans les matchs par équipe. Mais, quand même, Cesaro est le meilleur worker à la WWE actuellement. Il est peut-être un peu plus maladroit au micro, mais sa capacité à entraîner un public par des petites actions, son move-set et son athlétisme ferait de lui une top star n’importe où et il mériterait un énorme push. Peut-être bientôt, puisque le Brogue Kick de Sheamus loupe sa cible et atteint Cesaro, permettant à Dean Ambrose d’appliquer un Dirty Deeds pour la victoire des 2/3 du Shield.

Difficile de passer après ça, même quand on est cinq. Le match féminin a pourtant fait le boulot, même si le temps alloué à la division n’a pas dépassé les dix minutes. Après un départ un peu timide, le match va se construire autour de quelques points majeurs : la domination de Nia Jax et comment la gérer, la relation entre Sasha Banks et Bayley qui vont s’empêcher de gagner et la victoire opportuniste de Alexa Bliss ou de Emma.

Globalement, deux bon spots vont sortir de ce match avec la powerbomb vers l’extérieur des quatre catcheuses sur Nia Jax et ce Samoan Drop simple mais efficace de Nia Jax sur Alexa Bliss et Sasha Banks – même si cette dernière s’est un peu placée pour le spot sans grande raison. Derrière, c’est les enchaînements entre Bliss, Banks et Bayley qui feront le match jusqu’à ce que la championne réussisse à mettre son DDT sur Bayley.

Un match qui a gardé la foule proactive tout en offrant à chacun – même à Emma même si elle était moins en vue – sa part du gâteau. C’était rapide, intense et bien amené et permet à Alexa Bliss d’attendre tranquillement Asuka qui arrivera pour Tables, Ladders & Chairs. L’arrivée de la japonaise dans la division devrait secouer le tout pour une division qui a cruellement besoin d’un angle fort puis d’un peu de stabilité.

La mort de Superman

John Cena et Roman Reigns dans un programme ensemble, c’était dans les tuyaux depuis un moment. Roman Reigns avait déjà évoqué l’opposition et on s’étonne qu’elle ne soit pas arrivée à WrestleMania ou à SummerSlam. Entre le timing ou les rivalités de chacun, jusque là la WWE n’avait pas eu l’occasion de faire s’affronter ses deux poulains préférés. Cette thématique est d’ailleurs beaucoup revenue dans des promos qui à défaut d’être totalement efficace ont permis de construire un bon résumé d’avant-match.

Cette histoire de l’ancienne garde contre la nouvelle vague, la WWE nous l’a déjà racontée mais rarement avec deux catcheurs détesté quasi unanimement par les plus de 16 ans. Deux catcheurs qui rentrent sous des huées et des chants contre eux mais qui sont au final les catcheurs qui ont toutes les clés à la WWE. Mais d’un point de vue technique, il faut bien le dire, les deux font pas rêver. Si Cena a toujours su se sublimer avec des catcheurs supérieurs techniquement, il a toujours plus de mal à convaincre quand il a un catcheur de son style face à lui.

Et pendant un moment le match n’a pas changé cette habitude. Les deux ont servi leur soupe habituelle en offrant des phases assez simplistes avec quelques enchaînements plus rapides. Mais le cœur du match s’est plutôt situé dans l’excès, la surenchère des coups « marque de fabrique » des deux catcheurs. Un duel entre Attitude Adjustement et Superman Punch / Spear qui va finir sur un cassage de table et Roman Reigns qui se relève de quatre Attitude Adjustement dont un depuis la deuxième corde.

Cette surenchère du kickout n’a même pas tant fonctionné sur la foule, en tout cas moins que ce que la WWE aurait pu espérer. On a vers la fin du match ce sentiment qu’on déteste de sentir un catcheur invincible et dont la victoire est inévitable. Le manque d’opposition, de suspens est souvent cruel quand les deux catcheurs sont censés être sur un même plan. Mais ça peut se comprendre, l’idée est de montrer que Cena est dépassé par un Roman Reigns qui a déjà marqué la WWE à sa manière en battant l’Undertaker à WrestleMania par exemple là où Cena n’a même pas eu l’occasion de l’affronter.

La défaite de Cena, suivi par cette longue séquence sur le ring, semble marquer la fin de ce chapitre de la carrière de John Cena où il était là pour animer les rivalités de l’upcard et faire monter les catcheurs de la nouvelle génération. John Cena va sûrement tourner la page des affrontements où il est l’homme à battre pour devenir quelqu’un à la WWE et peut être revenir avec un aspect plus égoïste, avec une ambition renouvelée. Cette défaite et cette séquence doit entraîner un changement dans les objectifs de John Cena à la WWE, sinon elle restera comme un passage inutile, un point de détail de cette soirée. SuperCena a rencontré son Doomsday, mais comme tout super-héros, il ne meurt jamais vraiment.

Enzo Amore détruit probablement les Cruiserweights

La WWE n’a rien compris à l’intérêt qu’il y avait autour du Cruiserweight Classic. Depuis un an d’existence, cette division est l’objet d’un traitement qui esthétiquement paraît particulier et fait pour la démarquer du reste des shows, mais qui dans les faits est juste un titre de midcard là pour faire passer dix minutes. Enzo Amore est une blague pour les Cruiserweights, une très mauvaise. Surtout quand on lui donne la ceinture.

C’est toujours dangereux de sous-estimer la capacité de la WWE à vouloir faire un changement de titre juste parce que ça a l’air de fonctionner à 205 Live. Peut-être que plus de monde regarde depuis que Enzo Amore est là. Mais le doute est permis quant à l’influence de la popularité du catcheur. Le manque de succès de 205 Live et de la division Cruiserweight tient plus d’un manque d’audace de la WWE, qui a traité la division comme une coupure d’un show traditionnel, plutôt que du manque de potentiel des catcheurs. La WWE n’a pas voulu faire avec 205 Live ce qu’elle a fait avec NXT : en faire un vrai show à part entière.

Et de cette erreur majeure, on atterrit un an après avec un champion qui annonce après No Mercy qu’il va jeter le titre pour le remplacer par une version avec des diamants comme le dernier des beaufs. Que Neville perde soit, mais il faut que Enzo Amore se fasse détruire par la suite, pour le bien de la division, il faut que tout le monde le déteste et veuille qu’il s’en aille car Enzo Amore aura beau faire moins que le poids maximal de la division, il ne correspond en aucun cas à la division Cruiserweight et ce qu’elle aurait dû représenter.

En attendant, le match en lui-même était une purge, voir Neville se moquer de Enzo Amore c’est drôle une minute mais quand ça s’étend c’est vraiment pénible. Un match affreux, avec une fin qui laisse vraiment un sentiment de lassitude envers le traitement de la division par la WWE.

Brock Lesnar et Braun Strowman loupent leur coup

Braun Strowman est le succès de la WWE en 2017, c’est une sorte d’anomalie dans le traitement des catcheurs, le seul a avoir un booking plutôt cohérent tout au long de l’année et une progression notable. Et le simple fait qu’une bonne partie des fans ont abordé ce pay-per-view avec l’idée que Braun Strowman champion en battant Brock Lesnar était une idée crédible, c’est une victoire de la WWE et du catcheur.

Mais toute bonne série a une fin. Quand pendant un mois on s’appuie sur l’excellent match de SummerSlam pour montrer que Strowman a le dessus physique et qu’il se fait battre en un F5, c’est un peu dur. Il faut toutefois nuancer, en oubliant pas qu’il a pris une grosse session de Kimura Lock et que globalement ça peut aussi justifier le fait qu’il ne lève pas l’épaule. Reste que le match était vraiment trop court et sa fin trop abrupte.

Et c’est dommage car la WWE aurait pu vraiment garder Brock Lesnar champion tout en continuant sur la bonne lancée de cette rivalité. Brock Lesnar n’est pas un catcheur ordinaire, mais ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas utiliser des moyens ordinaires pour s’en sortir. Il n’est pas obligé de gagner clean. On est à un stade où si un catcheur est présenté comme crédible pour battre le champion, la suite logique voudrait que ce champion s’en sorte par un moyen détourné. Une distraction de l’arbitre par Heyman ou une disqualification. Bref, quelque chose qui permet de ne pas changer le titre dans un pay-per-view hors du big four mais qui donne un contenu un peu nouveau par rapport à Lesnar.

Le manque d’ambition dans le résultat a donné une sorte de conclusion amère à ce show, le sentiment que le match le plus important et le plus hypé de la soirée s’est au final révélé comme un match lambda. Ce qui termine une soirée qui était agréable pourtant jusque-là. Si on exclut les deux derniers matchs, c’était un show plus que correct, où les affiches ont au pire assurées l’essentiel et au mieux se sont sublimées d’une manière plus ou moins orthodoxes.

Le tag team match a volé la vedette d’un show qui sera plutôt retenu pour les dents de Cesaro que pour l’opposition entre Lesnar et Strowman, qui a manqué son coup. On peut toutefois resté optimiste puisque par rapport à la première partie de l’année, RAW est clairement le show qui a le mieux assuré sa transition, à SmackDown de montrer qu’elle n’est pas en reste avec Hell in a Cell.

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