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WWE Tables, Ladders & Chairs 2017 : Quand la méningite sauve la soirée

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Drôle de semaine. On s’approchait de cette édition de TLC avec une carte assez légère, marquée uniquement par le retour du Shield. On avait aussi en tête cet affrontement entre Bray Wyatt, enfin, Sister Abigail et « The Demon » Finn Bálor. Un instant Nanarland duquel on a échappé grâce au nouveau scénariste de la WWE : la méningite virale. Bray Wyatt et Roman Reigns out, c’est AJ Styles et Kurt Angle qui rentrent en jeu, rendant le pay-per-view autrement plus intéressant.

Si l’on pouvait s’inquiéter de la présence d’Angle, on échange par contre un échec quasi assuré pour un match qu’on aurait aimé voir avec plus de build-up mais qui fait tellement plaisir à voir qu’on se gardera de trop se plaindre. Le reste de la carte n’a que deux matchs de championnat, le titre féminin et Cruiserweight étant en jeu, et les débuts de Asuka face à Emma.

Du coup, les rivalités secondaires ont eu aussi pas mal de temps, à commencer par Alicia Fox et Sasha Banks qui ont fait leur match lors du kickoff. Alicia Fox a un personnage de nerveuse instable assez étrange, qui navigue un peu entre ce que l’ancienne division féminine pouvait proposer et un niveau in-ring qui ne détonne pas avec celui de l’actuelle division féminine. Reste que le match est assez saccadé car le but est d’en faire des tonnes sur Alicia Fox qui finit par perdre après un Banks Statement. Pas sûr que ça avance à grand chose cette affaire.

Asuka galère déjà un peu

C’est un grand mot mais on s’attendait clairement à une victoire un peu plus tranchante de Asuka. Disons-le également tout de suite, le match est bon, probablement un des matchs féminins les plus propres de cette année, ça enchaîne bien, y a aucun soucis technique et on sent que les deux pourraient offrir encore plus. Mais dans l’état actuel des choses, Emma aurait dû se prendre une valise. Si Asuka doit faire peur, Asuka doit vraiment marcher sur les catcheuses en arrière-plan de la division féminine, et malgré sa sous-utilisation, Emma en fait partie actuellement.

On voit bien toute la vision court terme de la WWE dans ce match. On doit construire un personnage fort, mais on aimerait bien garder Emma comme une menace pour occuper Asuka. Résultat : un match où ça navigue un peu entre les deux catcheuses, où Asuka vend mais pas trop parce qu’il faut sourire pour montrer qu’elle a le match en main, alors qu’en réalité elle se fait un peu dominer. Au final, pas d’accident, Asuka garde son invincibilité, mais perd en domination.

Asuka, son personnage est simple, c’est Goldberg qui sait catcher. En conséquence, il faut que ses prochains matchs montrent son move-set au public en dominant outrageusement ses adversaires puis qu’elle se frotte à des défis plus relevés. Bayley pourrait justifier un affrontement comme elle avait voulu le faire en parlant de l’époque de NXT. Sasha Banks a déjà montré qu’elle voulait affronter Asuka. Bref, beaucoup de solutions pour un problème qui ne devrait clairement pas en être un. Avec Survivor Series toutefois, ça s’annonce compliqué de développer ces affrontements.

Alexa Bliss et Mickie James ne devraient pas en rester là

Quand un match tag team Cruiserweight arrive à trouver sa place dans les trois heures du pay-per-view, on sait que la carte a vraiment de la place à combler. Pourtant, ce tag team entre l’équipe de The Brian Kendrick et Jack Gallagher et celle de Cedric Alexander et Rich Swann a donné un bon petit dix minutes de divertissement. Ça manquait cruellement d’intérêt mais le public a vraiment aimé le spectacle proposé, montrant une nouvelle fois que l’intérêt des Cruiserweights ne se trouve pas dans des rivalités classiques de la WWE.

Par contre, est-ce qu’on peut dire que cela méritait une place en pay-per-view ? Peut-être pas. C’est du calibre d’un bon tag team de RAW, avec un match sous les dix minutes qui voit les faces l’emporter sans grande conséquence, même pas une possibilité de les voir s’approcher du titre. Créer de l’enjeu en dehors de simples querelles serait pas si mal pour une division Cruiserweight qui aurait besoin de se trouver un nouveau souffle.

Premier des deux seuls matchs de championnat de la soirée, l’affrontement entre Mickie James et Alexa Bliss a été assez décevant, et notamment à cause d’Alexa Bliss qui pour une fois, a peut-être été la cause d’un match assez moyen. Quelques problèmes de timing et un selling pas toujours parfait, la championne a un petit peu mangé la feuille là où Mickie James s’est donné bien plus qu’attendu dans un match de championnat qui jouait la carte de l’opposition entre génération et qui a plutôt bien fonctionné auprès du public.

Mais voilà, c’était globalement approximatif surtout dans la première partie du match, un peu sauvé par une deuxième partie où Mickie James a pris un peu les choses en main. Au final, Alexa Bliss prend la victoire avec un DDT mais on se dit qu’un match un peu plus clean serait la bienvenue. Si on leur donne une seconde chance, aucun doute que les deux catcheuses sauront donner un meilleur match.

Neville a raison de vouloir partir

C’était tellement, mais tellement nul. Pas le match en lui-même qui est plutôt pas mal mais ce match de championnat pour le titre Cruiserweight finit exactement comme le match entre Enzo Amore et Neville un mois auparavant. C’est presque un copié-collé à la différence qu’Amore n’est pas allé chercher la ceinture pour distraire Neville mais a simplement mis ses doigts dans les yeux de Kalisto.

Quel champion d’ailleurs, ah c’était utile de le faire revenir en essayant de lui donner une hype qu’on ne comprend toujours pas. Ce match n’était pas mauvais franchement mais son booking est catastrophique. L’opération « Enzo Amore pour sauver 205 Live » semble continuer en en faisant le heel irritant — et ça fonctionne — mais c’est du court terme cette affaire, qui peut prétendre lui succéder derrière ? Kalisto est un partisan du workrate, on ne construit pas de faces avec un gimmick assez intéressant pour rivaliser avec le merchandising de Amore, du coup on finit avec ce genre de fin de match ?

Les Cruiserweights sont devenus une division d’arrière-plan, traitée comme la WWE sait traiter ses ceintures secondaires, ce n’est plus une division à part, c’est juste… une division de plus. Une sorte de parasitage du temps d’antenne avec des mecs talentueux mais dont on ne veut rien faire. Drew Gulak était drôle dans le pre-show mais est-ce que ça va le mener plus loin ? Certainement pas. Cedric Alexander et Rich Swann n’auront rien après leur victoire plus tôt donc on peut oublier ça aussi. Du coup, que nous reste-t-il ? Probablement du Kalisto contre Enzo Amore pendant deux bons mois encore avant de faire tourner la roue des challengers. C’est assez fade comme perspective.

Booker de l’année : la méningite

Merci, ô toi maladie virale qui est probablement la seule à avoir réussi à mettre à terre de manière clean Roman Reigns. Merci, d’avoir annulé ce potentiel navet entre Finn Bálor et Bray Wyatt pour finalement offrir une confrontation entre Finn Bálor et AJ Styles. C’était environ vingt minutes d’une qualité vraiment très apaisante. Ce sentiment de juste pouvoir se poser sans s’inquiéter de rien, en sachant qu’on peut profiter à fond parce que ce sera précis, technique et divertissant à la fois. C’était un délice d’enchaînements entouré par une hype autour de deux catcheurs qui se reverront certainement.

C’est bien simple, ce match doit servir à une construction sur le long terme, avec Survivor Series, ils se recroiseront et si la WWE prend le temps d’impliquer également Karl Anderson et Luke Gallows, cela pourrait offrir une rivalité qui s’écrit toute seule. Mais, il ne faut pas trop rêver, ce « dream match » comme si souvent répété par Michael Cole, ne se reproduira probablement pas avant un moment et c’est dommage car les deux n’ont clairement pas tout donné. Vu la rapidité d’adaptation qu’il a fallu, le résultat est tout de même excellent. C’est bien simple, aller dans les détails ne sert à rien, regarder juste le match, c’est pas l’affrontement de l’année mais c’est un plaisir comme on en a trop rarement à la WWE.

Derrière ça, Elias et Jason Jordan. Sans passer par un sas de décompression c’est violent. C’était assez mauvais d’ailleurs. Si Elias fait vraiment le boulot pour avoir une heat monstrueuse rien qu’en chantant, Jason Jordan est vraiment perdu. Jeter des légumes en souriant bêtement c’est drôle une fois mais au bout d’un moment c’est lassant. Ce match ne se justifiant qu’ainsi parce que Elias avait d’abord narguer Jason Jordan car il était dans le PPV, lui puis par les lancers de légumes de Jason Jordan, bah le public n’a pas trop de raisons de s’y intéresser.

On offre une victoire à Jason Jordan d’ailleurs, dont on ne sait toujours pas quoi penser, mais il faudrait ne pas faire les choses à moitié. Il ne peut pas se moquer du heel puis gagner de manière un poil illégitime. Il ne peut pas être le fils de Kurt Angle puis juste être un face souriant aléatoire. Bref, le projet semble un peu mort-né et dans quelques mois on l’aura quasiment oublié. Ce qui est triste parce qu’on parle de Jason Jordan, pas d’une chèvre sur le ring.

Du fun, rien de plus, rien de moins

Le main-event, lui aussi parasité par la méningite, a vu le retour sur les rings d’un Kurt Angle tout fier de porter un petit gilet pare-balles. Ce petit sourire benêt en entrant, il fait d’ailleurs partie de ce qu’on aime chez le gars, cette candeur à l’approche du ring, heureux d’être au milieu du Shield et du public comme un enfant qui imiterait les entrées des catcheurs dans sa chambre. Il faut dire aussi qu’il s’est bien débrouillé, propre dans le peu qu’il a eu à faire, il a porté ses prises parfaitement et a bénéficié du grand nombre de catcheurs pour être bien protégé, notamment par Ambrose et Rollins qui ont vraiment aidé à l’intensité du match.

Pas certain que Kurt Angle puisse gérer tout de suite un match simple de plus de dix minutes, mais dans ce format de TLC qui a été un pur spot fest, le champion olympique a bien endossé son costume de Roman Reigns. Subissant un gros coup pour disparaître en coulisse avant de finalement revenir sauver les meubles. Le match aurait probablement dû se passer ainsi même avec Roman Reigns tant le script ressemble à une victoire du Shield avec le Big Dog.

Reste que l’intérêt du match n’était pas seulement là. Kane a été, et il faut le souligner, brillant. Dans sa gestion du match, des interventions et son duel avec Braun Strowman, le vétéran a fait le boulot. Sa tête lorsque Strowman se relève après avoir reçu un tas de chaises sur lui était vraiment énorme. Si l’on doute aussi qu’il soit très intéressant de le voir dans des matchs simples, Kane se fond vraiment très bien dans ce type de match où le spot est roi et où il n’y a pas besoin de trop réfléchir à une construction in-ring.

Au final, cette opposition entre Kane et Strowman va faire exploser l’équipe du Miz, et on regrettera que Cesaro — qui ressemble maintenant plus au Requin qu’à James Bond — et Sheamus aient eu un rôle aussi secondaire dans le match, jouant vraiment les hommes de main du Miz, qui lui a excellé dans sa partition de leader couard. Au final, les faces gagnent, sans grande conséquence pour tout le monde si ce n’est le fait qu’on s’est bien amusé, et c’était le principal.

Par contre, on aime bien m’amuser, y a aucun soucis là-dessus, mais on aime aussi quand un show a de l’intérêt, surtout quand le rythme des pay-per-views est aussi élevé. Si le main-event a été le seul match avec des tables, échelles et chaises, cela est moins grave de donner un show où en dehors du main-event et du Styles contre Bálor, les matchs auraient pu se dérouler dans un show hebdomadaire. C’est bien simple, après une bonne nuit de sommeil, ce show ne laisse pas une très grande trace, et vu sa construction puis ses imprévus, ce n’était pas le but.

Mais alors pourquoi faire des pay-per-views toutes les deux semaines ? On en revient toujours à la même histoire mais si on ne peut pas assumer un tel rythme avec un mois de construction pour chaque brand entre chaque pay-per-view, il faut revoir le système pour l’améliorer ou prendre sur soi et se questionner. Ici, la WWE ne fait ni l’un ni l’autre, offrant un show sympathique presque par erreur grâce à une maladie. Les enjeux entre SmackDown et RAW ont intérêt à avoir bien plus d’enjeux qu’une simple supériorité de brand sinon on va passer un mois de novembre assez difficile.

Quand on mise son business sur des histoires, des rivalités, on se doit d’offrir quelque chose de meilleur que le produit proposé actuellement, et c’est dommage car le potentiel est réel, mais vraiment mal exploité avec énormément de maladresses. Cette année 2017 est vraiment compliquée à défendre d’un point de vue qualitatif, entre l’overdose de pay-per-views et un manque cruel de rivalité marquante, et on entre maintenant dans le sprint final et il ne s’annonce toujours pas très glorieux.

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