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WWE Survivor Series 2017 : Triple H, Triple H et encore Triple H

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Après des années de balbutiements autour de son pay-per-view du Big Four, la WWE semble avoir défini sa formule avec une opposition entre les brands. Un système un peu usé mais qui permet d’offrir des oppositions ou des croisements qui mettront en joie le public et le téléspectateur. Derrière tout ça par contre, assez peu d’enjeux en dehors de la sacro-sainte suprématie d’une division sur l’autre avec un score tenu tout au long de cette soirée.

Dommage, peut-être, de ne pas avoir pris le temps de mettre des oppositions entre Raw & SmackDown dans le kickoff, avec un match pour les recalés. À la place, on a Matt Hardy qui se couche pour Elias dans un stade à moitié vide, une ceinture Cruiserweight défendue après trois publicités en début de match et dont on retiendra plus l’entrée fabuleuse de Kalisto que le contenu d’un match quelconque remporté par Enzo Amore sans trop de surprise.

Petit point positif, ce match bouche-trou entre KO & Zayn et la Fashion Police qui finit par une victoire des heels mais une bonne performance de l’équipe de Fandango & Tyler Breeze. Il serait par contre temps de plus miser sur eux sur le ring que dans les segments backstage, aussi sympa que pouvaient être les Fashion Files, l’équipe a besoin de diversité pour offrir quelque chose à la division tag team et pas de tourner en rond sur un fond de commerce très fragile.

Le SHIELD et le New Day embrouillent l’arbitre

The New Day en opener, ça faisait un bail, et ça marche toujours autant pour mettre en route la foule. Alors quand le trio qui les suit, c’est le SHIELD, forcément, ça offre de quoi mettre le public en feu d’entrée de jeu, ce qui a pas mal lancé la soirée. Les deux équipes ont franchement bien joué le jeu du miroir dans ce match. Entre deux compositions plutôt similaires avec Big E et Roman Reigns en point d’ancrage sur la puissance et des combinaisons plutôt connues que chacun peut se piquer à l’autre, les bases du match étaient claires et efficaces.

Les deux équipes en ont d’ailleurs usé et abusé, au point que les combinaisons nécessitaient des tags rapides qui sont rapidement devenus source de confusion à la fois pour l’arbitre, le spectateur et même les catcheurs sur le ring. La notion d’homme légal était parfois très floue tellement on avait perdu le fil avec des tags en chaîne qui ont plutôt distrait le public que divertit. Le flottement était sensible mais bien rattrapé par les séquences suivantes.

La victoire du trio de RAW était plutôt prévisible, entre une première en pay-per-view à trois et un besoin de victoires là où le New Day est mieux installé, le SHIELD devait l’emporter. L’ambiance était cependant moins électrique qu’on aurait pu le croire. En comparaison par exemple au premier affrontement entre le SHIELD et la Wyatt Family, cet affrontement aurait peut-être pu atteindre d’autres sommets. Le match était bon – très bon  même – mais on sent qu’il n’a pas forcément atteint le maximum de son potentiel.

Mettre à la suite de ce match le cinq contre cinq féminin était assez rude et aurait sûrement à une autre période provoqué une redescente du public. Il est assez agréable quand on suit le catch depuis un moment de constater que si la Women’s Revolution a réussi une chose, c’est à starifier quelques membres de la division féminine et de les sortir de l’indifférence. Avec Asuka, Sasha Banks, Bayley ou encore Becky Lynch, il y a suffisamment de catcheuses installées pour ne pas risquer de perdre le public en mettant ce match après l’opener.

Malheureusement, le booking de ce match est une catastrophe. Entre des éliminations déprimantes pour Becky Lynch et Nia Jax, on a senti sur les trois quarts du match de l’approximation chez tout le monde. L’élimination d’Alicia Fox et si elle était prévue ou botchée est toujours un mystère tant cela a été expédié et mal exécuté. Le match est toutefois un peu sauvé par la fin avec Asuka qui profite d’une situation d’un contre deux pour imposer sa domination, dans un match où elle est probablement la plus épargnée par les erreurs de booking.

La division par équipe, une valeur sûre

Premier des quatre duels entre champions qui vont s’enchaîner, l’opposition entre le champion intercontinental et celui des États-Unis s’est soldé par une victoire de Baron Corbin. Ce dernier, clairement sur une dynamique plus fragile que le Miz, avait plutôt subi les assauts verbaux de son opposant sur les réseaux sociaux. La victoire du champion US vient à contre-courant et probablement comme la première surprise de la soirée, une surprise aussi sur le ring même si l’on ne va pas non plus s’attarder très longtemps sur ce match.

La performance de Baron Corbin est dans la lignée de ses performances, avec une certaine nonchalance physique qui ne plait pas forcément à tous. Alors quand en face on a le Miz, pas très à l’aise dans le rôle du leader sur le ring, on a eu un match meilleur que prévu, mais pas non plus brillant. Un match solide qui se conclue sur une victoire qui n’a pour seul mérite que de remettre SmackDown dans la course aux points.

Ils vont même rattraper ce retard avec les Usos qui vont se débarrasser de manière clean de Sheamus et Cesaro. Un choix logique quand on sait que les Usos sortent d’une rivalité où ils ont battu le New Day quand The Bar vient à peine de prendre les titres au Shield grâce à une distraction. Le match a pris une structure plutôt classique dans un premier temps, à un niveau dont on a pris l’habitude mais qui clairement montre que la division tag team a fait des progrès énormes.

La fin du match est d’ailleurs un petit bijou de conclusion entre Cesaro qui intervient pour prendre un Double Superkick à la place de Sheamus, qui finit pourtant par prendre sa dose et derrière on a le droit à se tag en plein air des Usos pour empêcher Cesaro d’intervenir lors du splash. On sent qu’il y a de la créativité, que les Usos ont vraiment bénéficier de leur repackaging et leur heel turn et que cette division a de beaux jours devant elle, à condition de continuer à se renouveler et ne pas laisser trop filer des duos comme elle a pu le faire avec American Alpha ou comme elle le fait avec Gallows & Anderson.

Comme les tag teams qui ont vu Sheamus & Cesaro prendre les titres récemment, Charlotte arrive en tant que toute fraîche championne de SmackDown à Survivor Series. Une petite promo entre Bliss et Flair a eu lieu en kickoff et elle donne vraiment envie de voir ces deux catcheuses dans un programme un peu mieux préparé. Sur le ring, l’attitude est aussi vraiment là pour les deux catcheuses et il y a une vraie connexion qui se crée au fur et à mesure du match.

L’intensité, la technique du match était globalement bonne, on regrettera juste un manque d’attention sur les tombés et les nearfalls. Ce jeu qui doit captiver le public semblait ici trop préparé presque, notamment quand on voit Alexa Bliss partir pour la jambe droite de Charlotte Flair pour faire le tombé mais qui finit par prendre la gauche pour la laisser mettre la jambe sur la corde. C’est des petits détails qui font au final sortir un peu du match qui se termine sur un Figure Eight mais globalement aussi une bonne performance des deux championnes et un booking un peu rédempteur des énormités commises dans le cinq contre cinq.

Brock Lesnar, ce bourrin

Le défaut de la victoire de Charlotte Flair, c’est qu’elle amène SmackDown à un score de 3-2 à deux matchs de la fin et cela a un peu enlevé tout l’intérêt du match entre Lesnar et AJ Styles. On peut se dire qu’on savait que Lesnar allait gagner, qu’il ne perdra pas jusqu’à WrestleMania et l’affrontement presque déjà inévitable face à Roman Reigns, mais quand même, c’est dommage de se priver d’un peu plus de suspense.

Surtout que les deux catcheurs ont fait un match comme on en avait plus vu avec Lesnar depuis un moment. Un Brock bien bourrin, mais aussi un peu maladroit, face à un AJ Styles qui franchement, a intérêt à avoir un programme majeur à WrestleMania tant il assure dans tous les programmes qu’on lui donne. Ici, il a hyper bien worké pour Lesnar, notamment pour les phases de domination de ce dernier, qui s’est un peu sortis les doigts aussi quand AJ Styles a eu sa phase d’enchaînements.

Le moment fort du match, c’est le Calf Crusher qui résulte d’un boulot sur la jambe de AJ Styles hyper bien vendu par Lesnar et qui se termine par un dégagement d’une brutalité assez énorme où Lesnar cogne à plusieurs reprises la tête de AJ Styles au sol. La technique ne l’emporte toujours pas sur la force brute à la WWE mais on espère qu’un jour, ces deux-là se recroiseront pour offrir encore un peu plus.

Le finish, sur ce Phenomenal Forearm contré en F5 était d’une limpidité presque écœurante tellement Lesnar a pris AJ Styles en plein vol. Le finish de Lesnar est sur-protégé, un seul d’entre eux et le match se termine, et on comprend bien que la WWE va entrer dans une période où elle va commencer à présenter Lesnar comme une équation sans solution où si un seul F5 mène à la perte du match, qui peut le contrer ? C’est une question rhétorique, on a tous la réponse, espérons juste que le booking soit vraiment bien huilé pour offrir une belle route aux deux hommes.

Triple H et sa pelle reprennent du service

Ce cinq contre cinq masculin arrive donc en juge de paix, celui qui donnera pendant un an la supériorité à l’un des deux shows hebdomadaires de la WWE, enfin, jusqu’à ce qu’on l’oublie dans un mois. Un affrontement vraiment chargé en possibilités que le début de match va énormément explorer. Finn Bálor vs Shinsuke Nakamura, Triple H vs Shinsuke Nakamura, Triple H vs Bobby Roode. Trois confrontations qui vont donner au public l’occasion de bien s’amuser.

L’occasion aussi de voir Shinsuke Nakamura un brin plus motivé dans ces quelques séquences, on sent que le gars a besoin d’être motivé pour avancer et c’était le cas lors de Survivor Series. Reste que ces moments sympas se sont vite estompés quand Braun Strowman a éliminé les deux catcheurs. C’est assez triste de voir la WWE être aussi conservatrice avec John Cena et Randy Orton quand Nakamura et Roode ont clairement plus de possibilité à l’heure actuelle pour haranguer une foule.

C’est d’ailleurs Cena qui se charge de remettre SmackDown sur les rails en éliminant Samoa Joe avant de se faire éliminer par un Finn Bálor lui aussi discret dans ce match. John Cena qui d’ailleurs, est venu faire un service minimum, vendre son dernier merchandising pour repartir après son élimination. C’est rare d’ailleurs de le voir aussi peu investi alors que son rôle semblait si important et qu’il devait être une si bonne affaire pour SmackDown. Pareil pour Orton, conserver un maximum mais qui finit éliminer après avoir simplement mis un RKO à Finn Bálor avant que Braun Strowman ne revienne.

Ce dernier revient alors d’un spot massif à l’extérieur du ring où les cinq membres, même ceux éliminés, de la team SmackDown, l’ont fait passer à travers une table. S’il y en a bien un qui a esquivé la pelle de Triple H, c’est lui, et si l’histoire du match tourne autour de Angle / McMahon / Triple H, il est l’élément destructeur mis en avant par ce match. Son push continue, et il devrait obtenir un gros match où il devra encore plus faire ses preuves.

En dehors du quatuor Strowman / Triple H / Angle / McMahon, le reste n’a tout simplement presque pas existé une fois les cinq premières minutes passées, et la conclusion n’arrange rien. En 2017, Triple H joue encore la carte du twist, de la trahison. Sauf que celle-ci était tellement prévisible que même Shane McMahon ne joue pas la surprise et montre même qu’il sait que Triple H ne se rallie pas à SmackDown. Un twist, ça doit changer le cours d’un match. Ici, SmackDown était voué à l’échec et le sursaut de Triple H ne changeait rien, RAW allait gagner de toute façon.

Alors que Kurt Angle avait le Angle Lock sur Shane McMahon, le fait que Triple H intervienne à ce moment pour lui mettre un Pedigree semble tout sauf intelligent, c’est pas un plan, c’est un caprice. Ce qui peut en effet définir Triple H en tant que catcheur à lourd égo, mais en général cet égo est compensé par le but final du plan. Si ici il était de faire virer Angle, comme la team RAW a gagné, c’est un peu un plan stupide.

Le seul intérêt est de pouvoir voir cette tête de Strowman et son face turn plutôt avancé. On nous vend vraiment un gros plan derrière ce gars et franchement comment leur en vouloir. Son programme avec Reigns était vraiment un des meilleurs de l’année à la WWE – la concurrence étant assez faible cette année il faut l’avouer – et le Monster Among Men semble en progression constante. La WWE a presque sacrifié l’enjeu de ce match et son final pour offrir à Strowman l’opportunité de mettre ses Running Powerslams sur Triple H.

RAW l’emporte 4 à 3 mais on ne peut pas dire que cela nous intéresse tant que cela. Le numéro de Triple H et le final conclue le show sur une note très WWE qui dit à ses spectateurs d’attendre RAW pour avoir des moitiés de réponse et des débuts de rivalité qui devront attendre un peu parce que WrestleMania n’est pas si près que ça. On entre maintenant dans une période d’attente, ce qu’on appelle dans les animes « le filler », avec une séries de shows qui ne vont pas trop prendre de risque du côté du main-event en attendant au moins le Royal Rumble.

Cette soirée était toutefois plutôt sympa, avec des bons matchs et surtout un match entre Styles et Lesnar qui a pas mal volé la vedette. Pas de quoi changer quoique ce soit si ce n’est l’espoir de voir la WWE miser au moins sur une grosse affiche avec le Phenomenal One. On peut de toute façon de plus en plus théoriser maintenant les destins de chacun à WrestleMania, en espérant que la route pour y aller se montre intéressante.

WWE Survivor Series 2017 : Triple H, Triple H et encore Triple H
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