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Portrait

De l’American Dragon à Daniel Bryan

Le lundi 8 février 2016 restera une date bourrée d’émotions. Daniel Bryan a pris sa retraite des rings et cette annonce n’a laissé personne indifférent. Mais dans un monde où les blessures sont légions et où beaucoup de catcheurs ou catcheuses doivent prendre leur retraite, Daniel Bryan a changé son destin.

Jonathan Bachman/AP Images/WWE

Il s’en est bien sorti en débarquant en 2009 à la WWE par le biais de la FCW, ancien centre de formation, en changeant à peine sa réelle identité. Daniel Bryan c’est finalement l’inverse de son nom qu’il a fait passer à la postérité chez les fans du circuit indépendant, Bryan Danielson. Et cela reflète bien le personnage toujours authentique et dont le moindre match aura eu un intérêt. Il ne se sera arrêté que très peu dans sa carrière avant la WWE et ces deux malheureuses dernières années.

C’est un talent qui a tout de suite voulu apprendre chez les plus grands, très brièvement avec l’homme aux mille prises Dean Malenko mais ensuite davantage avec Shawn Michaels. Ainsi, il ne pouvait qu’être un diamant brut ultra-complet qui a forgé sa résistance avec William Regal ensuite. D’un gabarit plus que quelconque et même très handicapant pour le haut niveau, 1m78, il aura pourtant réussi à vite s’imposer sur tous les continents et à se forger le surnom d’American Dragon qui le suivra tout au long de ses seize ans de carrière. Seize ans, ce n’est pas beaucoup c’est certain, surtout pour quelqu’un n’a finalement que trente-quatre ans, un âge mur pour un catcheur professionnel. Seulement on le sait que les blessures, plus particulièrement les commotions, ont eu raison de lui et l’ont empêché d’écrire encore bon nombre de chapitres inoubliables à la WWE. Mais il a sans souci une place au Hall Of Fame qu’il devrait prendre très rapidement.

Un technicien des plus complets

Son parcours est donc essentiel pour mieux comprendre ce qu’il peut représenter maintenant. Il a toujours laissé de grands souvenirs dans les rings qu’il a fréquenté, que ce soit aux Etats-Unis bien sûr mais aussi au Japon surtout du côté de la NOAH où il a été champion et en Europe. Sa technique très complète lui a permis de très vite avoir ce statut de catcheur d’élite et malgré son gabarit il s’est vraiment fait un nom à vitesse grand V à la Ring Of Honor dont il est un des grands totems. Cette fédération a toujours laissé la chance à tous les types de gabarits où ils peuvent s’exprimer dans de grands combats épiques. C’est ce qu’a fait Bryan Danielson, très longtemps sans la barbe et la chevelure épaisse qu’il a adopté ces toutes dernières années à la WWE.

Tout a toujours été dans l’expression artistique dans le ring avec lui et c’est toute une histoire qu’il racontait. Et cela avec les plus grands talents – Austin Aries, Chris Hero, Claudio Castagnoli devenu Cesaro, KENTA devenu Hideo Itami, Roderick Strong, son plus grand rival Nigel McGuiness et plus récemment CM Punk, Randy Orton, Triple H ou John Cena pour les noms les plus marquants. On aurait bien voulu le voir abattre Brock Lesnar dans un conte épique qui aurait surpassé celui de David contre Goliath. Le champ de tous les possibles a toujours été ouvert avec Bryan  mais dans sa carrière indépendante c’est surtout la qualité de ses rivalités et ses affrontements dans le ring qui l’emportait sur les titres car finalement il n’a eu qu’un titre à la ROH mais ça lui suffisait bien pour cimenter définitivement sa légende là-bas. Avec Bryan c’était dès l’entrée que l’on avait la chair de poule avec ce thème fantastiquement kitsch du Final Countdown qui a fait rugir de plaisir de nombreuses foules.

Les plus chanceux en Europe auront été les Anglais et les Allemands du côté de la wXw avec ses rings encerclés par les fans en folie. Mais également des passages en France du côté de l’ICWA où il était chaque fois le grand monsieur vivement attendu par les fans pour une période de pur bonheur dont beaucoup de monde se souvient encore avec les frissons qui les agitaient. On peut ainsi mieux comprendre pourquoi en tant que Bryan Danielson il avait déjà tout accompli en dix petites années sur le circuit indépendant mondial et qu’il voulait franchir le palier suprême après avoir aidé au lancement de l’EVOLVE de Gabe Sapolsky, fédération aujourd’hui très proche de la WWE.

Des débuts difficiles à la WWE jusqu’à WrestleMania XXX

Et pourtant rien n’a été facile pour lui. Son arrivée a bien été remarquée à NXT où il était managé par The Miz mais ses vrais débuts dans le roster principal sont marqués par des actes jugés trop limites par la WWE lors de l’invasion de la Nexus lui valant un renvoi. Toujours avec son look sans barbe de jeune premier, il est pourtant revenu rapidement à Summerslam en 2010 pour lancer vraiment cette aventure de plus de cinq ans à la WWE, bien trop brève. En même temps que sa barbe et que ses cheveux ont poussé, il s’est mis à abattre une à une toutes les portes. Il a ainsi collectionné les titres progressivement et avec le recul on peut aujourd’hui dire que l’on aura assisté à une ascension sûre et superbe de l’Himalaya avec WrestleMania XXX comme Everest.

Champion des Etats-Unis d’abord puis Mr Money In The Bank puis champion du monde poids lourds avec cette histoire passionnelle avec AJ Lee. Et tout cela en même pas deux ans. Puis il y a eu ce choc de la défaite en dix-huit secondes à WrestleMania qui aurait pu le précipiter vers une descente infernale.

Mais le personnage était déjà là depuis plusieurs semaines et bien trop installé sur une plateforme haute pour qu’il en redescende vraiment. Le YES avait déjà bien fait son œuvre, la catchphrase la plus simple mais la plus efficace de l’histoire du catch et tellement forte qu’il y aura carrément tout un mouvement autour de ce simple slogan. Il avait déjà réussi son coup et il aura alors fait valoir sa capacité d’adaptation exceptionnelle quand il s’associe à Kane dans une Team Hell No qui avait tout du cadeau empoisonné au départ. Mais cette équipe est vite devenue l’équipe la plus populaire de la WWE avec un titre décroché, agrandissant toujours plus sa vitrine et le relançant immédiatement, s’il avait vraiment besoin de l’être, vers le main-event. Plus que jamais on l’aura vu alors repousser toutes les barrières, à commencer par celle d’une autorité veillant à ce que ses deux premiers règnes de champion de la WWE soient de courtes durées. Il y a eu ce jeu du chat et de la souris avec nous les fans qui voulions toujours voir Daniel Bryan en haut et rugir les YES avec lui.

Ce cycle de frustrations a eu le don de le renforcer toujours plus. Il a ainsi forcé la porte de WrestleMania en devenant la grande Superstar de la trentième édition déjà avec une victoire mythique sur Triple H puis en sortant champion du monde poids lourds de la WWE pour boucler la boucle avec éclat et donner des airs de conte légendaire à ce 6 avril 2014. Malheureusement c’est tout au sommet de l’Olympe que tout s’écroule. Une grave blessure à la nuque le force à abandonner le titre et les rings, laissant déjà un grand vide. Et tel un alpiniste s’accrochant coûte que coûte, il reprend son avancée vers les sommets une fois cette blessure guérie, remportant le titre Intercontinental qui complète sa collection des titres à la WWE.

La résurrection

Mais la joie sera de courte durée. Tout le monde tombe de très haut quand la nouvelle tombe : sa carrière va devoir prendre fin sur une commotion cérébrale. la commotion de trop, ou du moins la dernière avant que tout empire. L’American Dragon doit raccrocher les bottes au grand dam des fans et de lui-même, qui aurait certainement voulu que cette histoire ne finisse jamais tellement son attachement au ring était important, fusionnel. Beaucoup de frustration pour lui et pour les fans évidemment. « J’ai aimé ça d’une façon dont je n’ai jamais aimé autre chose » nous avoua-t-il le 8 février dernier. C’est une fin abrupte, marquée par la frustration et par l’émotion.

Une frustration qui va de nouveau le pousser à changer le destin. L’appel du ring est plus fort. N’écoutant que son envie de catcher à nouveau, Daniel Bryan se met alors en tête de chercher les meilleurs médecins spécialisés dans les lésions cérébrales, afin d’accéder aux meilleurs soins possibles. Peu importe ce que cela lui coûtera. Pendant qu’à l’écran, il commente le Cruiserweight Classic ou joue les general manager de SmackDown Live, en dehors il part en croisade contre la décision de la WWE de le mettre hors d’action.

Une persévérance qui le caractérise bien et qui va porter ses fruits. Tous les médecins qu’il rencontrera après deux ans de soins à travers l’Amérique du Nord seront d’accord sur un point : il est guéri. Il ne lui manquera plus feu vert de la WWE pour remonter sur le ring. Si celle-ci va faire durer l’attente, Daniel Bryan, sûr de son coup, s’entraîne déjà pour son retour en tant que catcheur. Et il aura raison. Le 20 mars 2018, en pleine route vers WrestleMania 34, la WWE annonce officiellement le retour de Daniel Bryan sur le ring.

Bryan Danielson est devenu Daniel Bryan le Grand, homme unanimement respecté qui aura de par son talent, ses incroyables performances sur le ring, sa persévérance et un amour de la discipline, une place de choix dans l’histoire du catch. On a la chance de suivre le parcours d’un homme ne répondant pas aux standards demandés par les hautes instances mais à qui il a su leur donner tort et rendre au catch une image très humaine et authentique.

Article originalement publié le 19 février 2016 et mis à jour.

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