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Reportage

À LuchaMania II, l’APC conclut sa meilleure saison avec Tyler Bate

L’APC proposait ce 8 juillet son dernier show de la saison 2017/2018 avec la présence exceptionnelle de Tyler Bate et le catcheur de la CMLL Nitro.

Darren Fog

Après l’annulation de Moose, catcheur d’Impact Wrestling, les fans ont été en quelques sortes surclassés. L’APC a en effet trouvé un remplaçant de choix en la personne de Tyler Bate. Dimanche dernier à 17h, l’APC proposait ainsi un show qui à la fois marquait une nouvelle fois le catch en France par la présence d’un talent de la WWE sur l’un de ses shows mais aussi une sorte de bilan de ce qu’elle peut proposer au catch en France par la présence de talent.

C’est une salle une nouvelle fois bien remplie, peut-être pas autant que pour Pete Dunne — il faut dire que la métropole parisienne, en plus d’être en vacances, accueillait la Japan Expo — qui s’est retrouvée pour le dernier show 2017/2018 de l’APC. Un show où les deux affiches majeures étaient celles de Tyler Bate contre Aigle Blanc et les retrouvailles de Tristan Archer et Senza Volto sur un ring.

Popoff le Gitan, la star de la soirée

Ironiquement et comme l’APC a pu assez bizarrement le faire tout au long de l’année, c’est encore les arbitres qui monopolisent l’attention. Il faut dire que ce n’est pas le controversé Tommy Palacio qui fait son entrée mais Popoff le Gitan, catcheur des années 60-70, marque de l’histoire du catch à son époque la plus populaire en France. Pourquoi ? On se le demande et on va vite avoir la réponse.

Là où l’APC s’est souvent manifestée par un match de catcheurs du centre de formation de l’APC en entrée de show, elle va ici décentraliser l’attention pour la mettre sur l’arbitre du jour, perdu dans les nouvelles règles et qui va du coup se disputer avec un public chambreur qui s’amuse ouvertement.

Une astuce sympa qui n’empêche pas aux catcheurs en apprentissage de dérouler leur gamme, il y a du bon et moins bon mais globalement c’est plaisant. Par contre, tout cela ne crée que très peu d’attaches avec ces catcheurs et c’est toujours le défaut de ce premier match souvent fourre-tout.

Popoff repart dépité par l’attitude du public et de la nouvelle génération mais a offert un sacré morceau de personnage, qui reviendra poindre le bout de son nez près de la cloche et qui s’est définitivement trouvé un support chez le public dans un rapport d’amour-haine très drôle à vivre.

Un rythme plus classique pour la suite du show

Par la suite, on a un spectacle correct qui reste dans ce que l’APC offre le plus régulièrement, des petits morceaux de rivalité dans des matchs un peu alambiqués et au booking flou. La défaite de l’équipe de Amale Winchester & Delia face à Anastasia & Marie-Anna, en fin de saison, est un peu étrange. Il n’y a pas de division féminine à l’APC – ni dans beaucoup de structure en France ce qui est toujours dommage à souligner – et du coup on ne sait pas trop si tout ça va mener quelque part. Le match a eu des hauts et des bas avec de bonnes intentions et une intensité certaine apportée par Amale.

Pour rien arranger à la perception du booking toutefois, le match suivant est un six pack à élimination dont on découvre la stipulation dans le match dans lequel Sylvain Guernalec avait du mal à se faire entendre, lui qui assurait l’intérim en l’absence de Sturry. Un remplacement compliqué où peut-être l’expérience d’un annonceur simple et pas d’un annonceur/commentateur aurait pu être tentée.

Du coup, on a le droit à l’ascension de Thiago Montero, probablement voué à un bel avenir à l’APC tant il monte les échelons progressivement et prend des grosses victoires, qui gagne ce match où on notera la présence de Nitro, catcheur de la CMLL qui se gratifiera d’un discours vaguement traduit où il saluera notamment le partenariat de l’APC et la passage de Dick Rivière au Mexique. C’était pas toujours bien dans ce match et un peu redondant par moments mais on a eu le droit à un Spear magnifique de Hellmer Lo Guennec et ça on aime.

Tristan Archer et Senza Volto, un rendez-vous manqué ?

Senza malade, l’affiche entre les deux catcheurs français soulevait quelques inquiétudes mais a en même temps baissé les attentes parfois trop grandes autour d’eux. Pas qu’on les pense incapables de combler ses attentes, mais il faut donner du temps à cette affiche et peut-être pas faire dans les superlatifs quand on compare parce que non, comparer Archer vs Volto à Omega vs Okada, ce n’est pas normal.

Cette affiche suscite de la hype et justifie un emballement, mais il faut lui laisser le temps de se construire. Et c’est globalement ce qu’il s’est passé à l’APC dimanche. Un match qui a paru finalement pas si long où Tristan Archer s’en est sorti par une démarche totalement heel par rapport à Senza Volto. Dans le storytelling du catch français, c’est assez étrange par rapport à Ouest Catch de voir Archer se comporter en heel mais dans le storytelling entre les deux hommes c’est parfait.

Surtout quand avant, le public n’est pas vraiment partagé et soutient davantage Senza Volto que Tristan Archer. Du coup, choisir cette histoire d’un des tauliers récents du catch en France qui se fait bousculer par un babyface en puissance encore un peu inexpérimenté, ça donne envie d’en voir plus. Le match en lui-même était propre et a offert un bon spectacle mais a surtout laissé une bonne impression sur sa fin quant à l’ambition du match suivant et peut-être de celui encore après, et après, et après…

On reste un peu moins rêveur sur le booking du match de championnat de l’APC où A-Buck affronte Dick Rivière dans un lumberjack match et où on voyait, cousu de fil blanc, le scénario se dérouler devant nous. C’était un peu le bordel, surtout autour du ring, dans le ring c’était un jeu de domination avec très peu de retournements — ceux-ci se déroulant quasi exclusivement à la sortie d’un des catcheurs près des lumberjacks.

Le match se conclut sur un ref bump puis un coup de ceinture de Dick Rivière, champion heel par excellence et probablement encore pour quelques temps jusqu’à ce qu’un nouveau babyface émerge à l’APC — la logique pointerait Thiago Montero. A-Buck lui, prend ses cliques et ses claques ainsi que la chicotte à papa et semble en avoir marre de l’APC, ce qui peut être intéressant pour la suite et pour le duo qu’il forme avec Christianium. Beaucoup de pistes laissées et très peu de conclusion au final pour l’APC en fin de saison, comme une envie de cliffhangers apparemment.

Tyler Bate, la classe supérieure

Mais pour conclure, on a eu le droit à ce petit moment où l’APC nous gratifie d’un affrontement où vraiment l’on est juste heureux que ça se passe. Tyler Bate affronte l’Aigle Blanc. Et si l’issue du match était assez prévisible, ce match exhibition où l’on sort du booking mouvant de l’APC, permet de juste admirer la densité physique et technique d’un catcheur de l’envergure de Tyler Bate.

C’est juste à tous les instants, ça s’adapte et ça fait briller l’opposant. C’est beau, technique et en plus, Aigle Blanc a parfaitement assuré sa part dans le match. On a donc deux catcheurs très jeunes — respectivement 21 ans pour Tyler Bate et 19 ans pour Aigle Blanc, qui montrent une palette technique vraiment sympa avec évidemment une dimension plus impressionnante pour Tyler Bate qui malgré son âge exprime toute l’expérience acquise outre-Manche et outre-Atlantique.

Un moment qu’on retiendra, avec un final où Tyler Bate salue le public mais aussi son adversaire, ce match où tout le monde brille et où tout le monde ressort content et finalement ça suffit amplement.

LuchaMania II a fonctionné comme une synthèse de ce qui est sans doute l’une des plus grosses saisons de l’APC, on a pas pu être à tous les shows mais on semble discerner un schéma commun entre les shows malgré des grandes différences où évidemment SuperClash II a une place à part mais où on aperçoit une envie de raconter quelque chose sur un ou plusieurs shows mais où l’on se perd aussi un peu parfois dans une envie de trop en faire.

Ça mériterait d’être parfois plus simple et mieux amené mais on pourra quoiqu’il arrive dire que l’APC, cette année, a pris une place majeure dans le paysage du catch en France et peut ambitionner de continuer son évolution tant le public répond présent de manière assez fréquente. On se retrouve après l’été pour le catch made in France et avec une envie de voir encore de la progression pour une scène française qui a définitivement réussi une chose cette saison : retrouver de l’ambition.

À LuchaMania II, l’APC conclut sa meilleure saison avec Tyler Bate
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