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WWE Extreme Rules 2018 : Extrêmement gênant, mais totalement oubliable

On ne sait pas trop ce qu’il se passe du côté de la WWE en ce moment. Rien ne passionne, on regarde, on réagit peu, on s’ennuie et on oublie tout rapidement, et Extreme Rules 2018 ne dérogera pas à la règle.

En tant que français, si vous êtes à la fois fan de catch et fan de foot, il ne fallait pas avoir peur de l’hydrocution pour passer de la victoire de l’Équipe de France au Mondial 2018 à Extreme Rules sans se mouiller la nuque. Passer de la fête à un show qui s’annonçait pas hyper emballant, fallait être courageux — le rédacteur de ces lignes ne l’a pas été. Des stipulations pas hyper bien amenées et des rivalités qui sentent bon le coup d’un soir, tel était le programme d’Extreme Rules.

Un programme où SAnitY, New Day et Andrade « Cien » Almas sont en kickoff là où la rivalité entre Finn Bálor et Baron Corbin, match simple dans un PPV normalement à stipulation, a les honneurs du show principal. Pour Almas, c’est pas si grave vu que de toute façon les bookers ont dû oublier qu’il fallait un plan pour utiliser au mieux un catcheur donc le temps que cela arrive, autant le faire mijoter et attendre. Pour SAnitY et le New Day, c’est un peu plus triste tant le public semblait pouvoir rapidement se mettre dans le match et où les deux équipes ont fait du gros boulot pour le kickoff.

On se retrouve pour le reste avec dix matchs sur 3h40 de show. C’est terriblement douloureux à encaisser en live, un peu moins quand on peut passer les rappels et autres résumés / interviews. Soyons honnêtes, le contexte joue énormément de votre appréciation globale d’un pay-per-view, c’est normal et c’est pareil pour tous les spectacles. Cela n’enlève pas certains gros défauts du show et il y en a eu.

Des angles incohérents et parfois aberrants

Bon, tout n’est pas non plus à jeter à la poubelle, mais il y a quand même des choix totalement pourris. Si la victoire de Nakamura en quelques secondes et après un low blow sur Jeff Hardy avant le match est déjà frustrant, la surprise avait au moins le mérite d’être présente. Pareil pour l’intervention d’Orton et ce turn. Mais une fois l’effet passé, que reste-t-il de ce moment ? Pas grand chose si ce n’est l’espoir de voir enfin ce titre des États-Unis bouger un peu.

En attendant, Nakamura manque toujours de réel piquant, Orton va sûrement jouer double jeu auprès du public et Jeff Hardy vient de prendre une défaite tellement rapide qu’à côté Victory Road 2011 c’était un grand match de sa part. Sauf que là il était sobre.

On a aussi bien compris que Nia Jax et Alexa Bliss s’affrontaient uniquement pour hyper Ronda Rousey et le match de championnat qu’elle aura à SummerSlam. Mais du coup cela a forcé la WWE à ressortir un jeu d’alliances un peu étrange pour créer du surnombre et à ressortir Mickie James et Natalya qui n’avait pas forcément grand chose à faire ici. Le match en plus est du coup totalement inutile, un angle à RAW aurait suffit et cela enterre la rivalité de Nia Jax et Alexa Bliss avec un bilan vraiment négatif dans sa globalité que ce soit en termes de match et de traitement dans le booking.

Cas particulier par contre pour Kevin Owens et Braun Strowman, qui sortent un match court mais vraiment divertissant sur le moment qui finit par ce lancer de Kevin Owens en dehors de la cage — qui gagne donc le match. Et malgré cela, c’est tellement triste parce que cela veut dire que Kevin Owens va revenir en disant qu’il a gagné et du coup relancer une rivalité déjà bien difficile à vivre pour le Canadien. Son personnage est détruit, en miettes et n’a que très peu de moments où il prouve un statut supposé de heel majeur. Tout ce que fait Owens depuis des mois c’est subir et courir ou gagner par accident.

Braun Strowman lui s’occupe en attendant son cash-in mais en dehors de ce spot, pas sûr que ce genre de segment soit très utile pour lui sur le long terme, et ce n’est pas dans une opposition qui ne montre que très rarement de la résistance qu’on construit réellement ce qui est maintenant à 99% un futur champion Universal.

Des matchs bien, mais pas top et surtout sans intérêt

Ce qui se démarque par contre très clairement de ce pay-per-view, c’est un manque d’implication profond du public pour plus de la moitié des matchs. Au mieux, ce sont les personnages qui font réagir mais pas les rivalités. Sur les dix matchs de ce pay-per-view, seulement trois se démarquent un peu plus.

Le premier de manière vraiment moindre, c’est ce Finn Bálor contre « Constable » Baron Corbin, qui, s’il ne s’achevait pas par la millième défaite par roll-up de Baron Corbin dans sa carrière, aurait pu être intéressante. Mais là, ça sent le remplissage à plein nez pour une opposition qui, comme 3/4 de la soirée, a duré environ huit minutes — c’est d’ailleurs assez effrayant de noter cette constante dans les matchs secondaires d’avoir quasiment la même durée.

Le second, c’est un des matchs principaux entre Bobby Lashley et Roman Reigns qui s’il rentre dans le moule des matchs WWE trop classiques, a eu le mérite de se sortir d’un début de match plat pour ensuite un peu partir dans tous les sens, les catcheurs jouant avec la limite du match simple et des règles de disqualification. Première bonne victoire de Bobby Lashley et même si c’est pas hyper excitant, la route pour SummerSlam va le concerner.

Et enfin, le match pour le titre de la WWE a eu une très bonne dynamique, qui aurait même parfois mérité de plus prendre son temps pour faire monter la tension mais clairement, Rusev a eu sa chance et a fait un challenger solide face à AJ Styles, le champion échappant à chaque fois à l’Accolade et devant son salut qu’à une erreur de communication entre Rusev et Aiden English, ce dernier ayant enlevé la protection du coin que se prendra au final Rusev. Un storytelling présent, de la tension pour un match sympa à suivre sans jamais touché non plus à l’excellence. Mais du solide.

Cherche booker désespérément, pas d’expérience requise

La victoire de la B-Team en opener sur Deleters of World ainsi que la victoire des Bludgeon Brothers — due aussi à une blessure de Kane — sur la Team Hell No sont deux marques d’un booking totalement en manque de cohérence. Là où Rusev a dû attendre cinq-six mois de hype autour du Rusev Day pour avoir une réelle opportunité en pay-per-view, on voit la B-Team, distrayante mais pas non plus l’angle le plus en vue du public, arracher un titre deux mois après la séparation avec The Miz et laissant The Revival ou The Authors of Pain rêveur de juste apparaître à RAW deux semaines d’affilée.

Et même si la victoire de la B-Team est de l’ordre du changement surprenant et un peu plus frais, cela continue aussi de distancer la division par équipes de sa précédente valeur : celle d’un catch plus pro-actif et spectaculaire. Ici, on retourne dans du catch un peu terne et du côté de SmackDown, la partition de Daniel Bryan en infériorité numérique est bonne et attrape le public mais l’attaque en coulisses vend un peu le final de ce match, que ce soit pour le retour de Kane ou la victoire finale des Bludgeon Brothers.

Mais surtout, où va Daniel Bryan à l’approche de SummerSlam ? La blessure de Kane vient sûrement à pic pour que The Miz intervienne et la WWE a plutôt intérêt à offrir une grosse affiche en pay-per-view. Elle a bien commencé lors de l’épisode de SmackDown suivant, parce que bon Big Cass et cette reformation de Team Hell No c’est mignon mais loin de ce qu’on veut voir autour de Daniel Bryan.

Et puis il y a eu cet accident industriel qu’était le Iron Man entre Dolph Ziggler et Seth Rollins où c’est overbooké à mort pendant quinze minutes. Des nearfalls qui ne veulent plus rien dire et ne racontent rien. L’Iron Man qui est à 4-3 en un quart d’heure et qui devient ensuite une course à l’égalisation où Ziggler se sort de tout pendant quinze minutes. C’est hallucinant de stupidité, au moins autant que celle du public qui franchement a pas mal manqué de respect, même si on comprend que le temps paraisse long.

Quand on parle de catch comme un divertissement sportif, il faut bien comprendre que le divertissement empiète à tel point sur le sport qu’il a du coup son effet inverse. Là où dans un sport classique le spectacle est souvent dans la compétition et les célébrations, l’intensité d’un match de catch se gagnera plus dans l’histoire et ce qui amène le tombé, la soumission qui représente un aboutissement de l’histoire racontée. Et c’est pas parce qu’il y a un chronomètre que cela change quoi que ce soit. Sur les neufs tombés, quatre au moins sont inutiles au scénario du match.

C’est un peu présomptueux de vouloir partir dans « ça aurait dû se passer comme ça » mais pourquoi McIntyre ne peut pas intervenir à 0-0 en sacrifiant un point tard dans le match pour que Ziggler en prenne deux puis que Rollins cravache pour égaliser. Même histoire, même résultat sauf qu’on fait monter la sauce on ne l’envoie pas dès les quinze premières minutes.

Surtout que Rollins et Ziggler sont largement capables de tenir quinze / vingt minutes sans qu’il y ait un tombé. Les nearfalls auraient eu plus d’impact et le premier tombé également. Bref, tout mais pas ce scénario où on se désintéresse du in-ring à cause des événements. Et puis au final Ziggler gagne du coup le retour de Rollins est un peu vain dans le scénario.

Ce qui est en fait le problème global. Il n’y a pas de direction, pas de grand plan pour les shows de la WWE. L’absence de Lesnar a son impact et on serait prêt à mettre un balai champion Universal tellement lui serait au moins présent pour faire vivre la ceinture mais même si cela changera peut-être à SummerSlam, la réalité est là, on est dans une grosse période creuse et ce depuis longtemps.

C’est bien simple, une fois l’aspect historique d’un événement enlevé, on se rend compte que c’est le vide intersidéral en terme d’enjeu, que ça ne raconte plus grand chose. Tout manque à la fois d’implication mais aussi très bizarrement de simplicité. Tout doit être énorme mais rien ne l’est. Tout doit être extrême mais rien ne l’est. Tout doit être historique mais rien ne l’est. On regarde, on consomme, on oublie.

 

WWE Extreme Rules 2018 : Extrêmement gênant, mais totalement oubliable
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