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À Wembley, la PROGRESS Wrestling s’est mise à la hauteur de l’événement

Pour le plus grand événement de catch anglais de ces 30 dernières années, la PROGRESS Wrestling a envahit la SSE Arena Wembley de Londres, un événement que nous ne pouvions pas manquer.

James Musselwhite

C’était dimanche dernier, nous étions présents à la SSE Wembley Arena de Londres pour le Chapter 76 de la PROGRESS Wrestling, intitulé simplement « Hello Wembley! ». Un événement indépendant historique — le plus grand à être organisé en Angleterre depuis 30 ans — et qui est arrivé après un an d’anticipation, des mois de construction et beaucoup de péripéties. Dans un environnement hors norme, c’est neuf combats qui étaient proposés sur la carte, avec tous les titres de la promotion remis en jeu, des confrontations extrêmement attendues et quelques autres effets qui font le sel de ces quelques shows calibrés pour que l’on se souviennent d’eux pendant longtemps.

Hey Ho Mambo !

Avant le début officiel du show, une Battle Royal était organisée pour offrir un spot aux talents un jour passés sur le ring de la PROGRESS, et à ceux qui seront l’avenir de la promotion. Nous avons notamment retrouvé le « Pastor » William Eaver, Ricky Shane Page, RJ Singh, Drew Parker, Roy Johnson et une quinzaine d’autres. Parmi les surprises, le retour quatre ans après sa retraite du très populaire et totalement barré Mad Man Manson, qui s’auto-éliminera, et la présence de la poupée Lykos accompagnée par le vrai Kid Lykos, toujours blessé.

Un combat entièrement fun, qui a facilement su faire élever la température dans la salle. Dans le carré final, nous avons pu observer les principaux favori : TK Cooper, Spike Trivet, Chris Ridgeway et Chuck Mambo. C’est d’ailleurs ce dernier qui l’a emporté, encourager pratiquement à l’unanimité par les fans présents, éliminant en dernier Trivet et inscrivant ainsi une deuxième victoire importante à la PROGRESS cette année, après la World Cup au mois de juillet.

Après ça, le show s’est ouvert sur une performance du groupe Wars, qui avait été sélectionné grâce à un concours. Ambiance totalement au rendez-vous. Puis ce fût à un Jim Smallman ému de lancer les hostilités.

Matt Riddle a dit au revoir circuit indépendant

Et pour commencer fort, le premier combat a opposé Mark Haskins à Matt Riddle, qui effectuait là officiellement sa dernière apparition sur le circuit indépendant avant d’entrer à temps plein à la NXT. Un combat partagé et assez intense, où la grosse majorité du public était derrière le King of Bros, donnant un peu l’impression à Haskins de passer pour un adversaire lambda, alors qu’il reste l’un des plus réguliers à la PROGRESS et qu’il y a encore deux ans à l’O2 Brixton – pour le premier plus gros show de l’histoire de la promotion – c’était lui la tête d’affiche.

Si l’affrontement est resté peut-être éloigné de ce qu’aurait pu nous offrir Riddle dans d’autres circonstances il y a quelques mois, il n’empêche que ce fût une très belle entrée en matière. C’est Haskins qui l’a emporté, après avoir exécuté un splendide Canadian Destroyer sur un contre, suivi quelques secondes plus tard d’un Made In England. Une victoire importante pour lui, puisqu’en cas de défaite, son avenir serait soudainement devenu flou et sombre. Après le match, les deux hommes ont échangé des marques de respect, puis Riddle est resté quelques instants seul sur le ring, profitant une dernière fois devant un public debout et reconnaissant. Des « adieux » justes et sobres.

Jinny s’est faite une nouvelle alliée et une nouvelle ennemie

La déception de la soirée, la seule, est venue du match comptant pour le championnat féminin. Avec les forces en présence, c’est à un combat d’envergure que nous nous attendions… il n’aura finalement duré que quelques décentes minutes. Jinny, accompagnée par la House of Couture, remettait son titre en jeu contre l’ancienne championne remise de blessure Toni Storm, et Millie McKenzie. Une construction très classique pour ce match triple menace, avec pour culmination les traditionnelles German Suplex de McKenzie, quelques instants avec que celle-ci soit mise hors d’action définitivement par Storm avec un Strong Zero porté sur le bord du ring.

Comme attendu, les présences de Chakara, Charlie Morgan et Nina Samuels dans le coin de la championne ont compté sur la décision du match, puisqu’elle ont à plusieurs reprises tenté d’intervenir. Pour équilibrer les forces, Laura Di Matteo et Candy Floss sont venues prêter main forte à Storm, avant qu’à la stupeur générale Di Matteo se retourne contre elle et lui porte un Acid Rainmaker, permettant à Jinny de conserver sous la bronca générale. Décision assez surprenante, puisque si Jinny avait d’abord été la mentor de la jeune italienne, elles étaient depuis de grosses rivales.

La House of Couture a donc ajouté une nouvelle membre à ses rangs, éliminant sur le coup toute adversité… jusqu’à ce que Jordynne Grace ne fasse son entrée après le match ! Jamais apparue au Royaume-Uni sous la bannière PROGRESS, la foule a quand même très bruyamment et positivement réagi à cette surprise, ne pouvant qu’apprécier le ménage entrepris par l’américaine et la fuite de Jinny et ses acolytes.

Une dernière réussie pour Doug Williams

Il n’y a pas que Matt Riddle qui effectuait ses adieux lors de ce show, mais aussi Doug Williams, d’une manière plus radicale. Non seulement son titre de champion de la division Atlas était en jeu contre Trent Seven, mais sa carrière également. Si évidemment l’issue du combat était prévisible, cela n’a rien enlevé au côté dramatique du moment. L’émotion pouvait se lire sur le visage du vétéran avant même le début du combat, et l’ovation réservée par les fans lors de son introduction était de ses instants rares qui nous font dire parfois que le catch est plus que du catch.

Le combat fût brillamment exécuté, une leçon de style, nous donnant même parfois l’impression que Williams pouvait l’emporter. L’investissement émotionnel du moment était tel que Trent Seven, pourtant ultra-populaire, s’est fait hué quand la fin du combat s’est fait sentir. C’est sur un simple Crossbody – qu’il rate d’habitude de façon systématique – que le membre de Moustache Moutain a décroché la ceinture et prononcé la dernière sentence de son adversaire.

Devant un Wembley debout, les deux hommes se sont mutuellement remerciés après le match, avant que le ring ne soit laissé à Williams un dernier instant. Pas de prise de parole, juste un moment d’ultime célébration. Pendant ce temps sur la rampe d’entrée, la plupart des catcheurs présents en coulisses sont apparus pour eux-aussi remercier la légende britannique, qui a ainsi mis un terme à une carrière longue d’un quart de siècle.

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© James Musselwhite

Règlement de compte sanglant, évidemment

Le dernier combat de la première partie du show était bien sûr réservé à Jimmy Havoc et Paul Robinson, en prévision du carnage dont il était certain qu’il faudrait au moins une pause pour en nettoyer les dégats. Le King of the Goths est arrivé sur le ring le corps maquillé de blanc et les yeux recouverts de noir, pour un match sans disqualification, remake du Chapter 21. Une rivalité déterrée en urgence après l’annonce de l’absence de Will Ospreay, qui aura finalement pu régler ses compte une dernière fois avec Havoc au mois d’août, et qui aura amener Robinson à remonté sur le ring.

Ce fût une exhibition de catch hardcore, comme l’ancien champion PROGRESS sait si bien les proposer. Une porte, une table à repasser, des chaises, des punaises, des agrafes, notamment, et beaucoup, beaucoup de sang. Si l’affrontement est paru équilibré, Jimmy Havoc semblait davantage imbattable ce soir-là, résistant à tout et ne sentant même pas la douleur de coup de poêles dont la résonance pouvait surement se faire entendre à l’autre bout de Londres.

Et c’est de la façon dont il s’était fait battre lors de leur précédent affrontement qu’il est parvenu à s’imposer, en explosant la tête de Robinson à travers des néons poser entre deux chaises. Dans sa catégorie, ce fût un très bon combat aux règles extrêmes avec plein de spots certes déjà vus, mais toujours impressionnants à voir.

Des nouveaux champions par équipe

De retour de l’entracte, Jim Smallman révèle que nous sommes 4 750 à assister au show, un record en Angleterre pour une fédération indépendante. Il en profite pour annoncer le retour du tournoi Super Strong Style 16 à l’Alexandra Palace, du 4 au 6 mai 2019. Apparaît ensuite l’ancien champion PROGRESS, Travis Banks. Au terme d’une courte promo totalement heel, il révèle être toujours blessé, mais annonce être officiellement le premier entrant du SSS16.

Après ça, ce fût aux titres par équipe d’être remis en jeu, dans un match ThunderBastard, où chaque duo participant faisait son entrée toutes les deux minutes. Les champions Bandido et Flamita ont été les premiers à faire leur entrée, suivis par Jack Sexsmith et David Starr. Les autres équipes se sont ensuite succédé, sans finalement que les ordres d’apparitions disputés pendant tout l’été aient une réelle importance. Dans une quasi-indifférence et pendant qu’une autre équipe faisait son apparition, Maverick Mayhew et Connor Mills ont été éliminés les premiers.

Dans ce combat un peu bordélique, forcément, nous retiendrons la performance de haute voltige de Bandido que l’on aurait souhaité plus longue, la domination de Wild Boar & « Flash » Morgan Webster qui ont éliminé pas moins de trois équipes, l’entrée par le public et sous des huées magistrales de Zack Gibson & James Drake, et le match de Los Federales Santos Jr., qui aura notamment réussi à mettre Wembley debout avant d’effectuer un Dive, et qui fût hilarant à l’extérieur du ring au moment d’être pris en grippe par Timothy Thatcher.

Dans un triangle final inattendu, avec les champions Bandido & Flamita éliminés auparavant, Kyle Fletcher et Mark Davis sont parvenus à résister jusqu’au bout aux assauts de The 198 et des Grizzled Young Veterans, et sont devenus pour la premières fois les heureux détenteurs des championnats par équipe. Un vrai feel good moment, qui a rapidement fait effacé la sensation d’une fin de combat un peu longue.

© James Musselwhite

UNBESIEGBAR pas si invincible que ça

C’est ensuite à une confrontation inédite et passionnante que nous avons eu le droit. Pete Dunne affrontait pour la toute première fois Ilja Dragunov, avec les débuts officiels dans le ring de la PROGRESS de ce dernier, et pour l’une des ses très rares apparitions au Royaume-Uni. Avant le début du duel, Christian Michael Jakobi s’est saisi du micro pour rappeler les enjeux symboliques de l’affrontement, et probablement aussi car les quelques cinq mille fans présents n’étaient pas tous familiers avec cette très jeune rivalité. Dans le même temps, il se murmurait dans les gradins que le Bruiserweight était blessé et que son statut était encore incertain avant le début du show.

C’est en effet en boitillant que le champion WWE du Royaume-Uni est monté sur le ring, mais en laissant transparaître aucune douleur. Dans le fond, le match en aura peut-être un peu souffert, puisqu’il fût moins exceptionnel qu’attendu. Le début fût un peu poussif, sans engager à outre mesure le public. Les échanges sont restez basiques, avant de monter réellement en intensité dans les dernières minutes. Dans ces instants, Pete Dunne s’est mis à piétiner violemment la tête de Dragunov, et s’est dégagé d’une attaque vicieuse de CMJ. C’est en écartelant les doigts de l’Unbesiegbar à plusieurs reprises qu’il est parvenu à finalement le faire abandonner.

Une défaite cinglante pour l’ancien champion du monde de la wXw, d’une manière tout à fait surprenante pour quelqu’un que l’on surnomme « l’invincible ». Même si ce ne fût pas un combat d’anthologie, il faudrait être difficile pour avoir bouder son plaisir et ne pas souhaiter en voir plus, dans d’autres circonstances, entre ces deux catcheurs au talent incroyable. Leur rivalité devrait s’arrêter là pour l’instant puisque c’est sur une poignée de main qu’ils se sont quittés.

Tant bien que mal, Mark Andrews est passé à table

C’était peut-être l’affrontement le plus attendu de la soirée, et il a pris une tournure inattendue. Après une vidéo de sept minutes récapitulant une année de rivalité, Mark Andrews et Eddie Dennis se sont livrés à une rude bataille agrémentée de tables, d’échelles et de chaises. Si l’histoire de ce match était plus qu’un simple contrat pour un match de championnat suspendu au-dessus du ring, elle s’est rapidement transformée en un running-gag douloureux où aucune table ne voulait se briser. Powerbombs, chutes en dehors du ring, saut depuis le sommet d’une échelle (à la Jeff Hardy/Wrestlemania 2000)… rien n’est parvenu à les casser. Si à vrai dire la douleur a dû être multiplié au moment des impacts, visuellement cela a fait beaucoup rire dans les travées de Wembley, malgré le contexte du match.

Les stigmates sur le dos de Mandrews après une violente projection sur une échelle était là pour nous rappeler que c’était du sérieux. Après ce moment, le Pride of Walls aurait d’ailleurs pu filer décrocher le précieux, mais le sentiment de vengeance était tel qu’il a préféré continuer à infliger une punition à son ex-meilleur ami. Si ces actions au cours des derniers mois ont été très limites, il n’empêche qu’il était tout de même ici supporter par une large majorité du public.

En conclusion, Eddie Dennis a pu décrocher le contrat sans être inquiété au moment de son ascension, après avoir porté un Death Valley Driver depuis le haut d’une échelle à travers une table qui se sera finalement brisée, la seule du match !

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© James Musselwhite

Final parfait

Enfin pour le main-event comptant pour le titre de la PROGRESS, les choses avaient été vues en grand. Le challenger Tyler Bate a fait son entrée vêtu de ses habits du lumière, tandis que le champion WALTER est apparu après que deux violonistes aient joué en live la symphonie n°9 de Dvorak. L’un accompagné – mais sans engagement physique pendant l’affrontement – par Pete Dunne et Trent Seven, l’autre par Timothy Thatcher. Et quel match, quel match !

Pendant trente minutes, les deux hommes sont entrés en collision, chacun jouant sur ses propres forces. Et comme on pouvait s’y attendre avec soixante kilos d’écart, WALTER a longtemps eu la maîtrise du match, mais le courage et la détermination de Bate ont fini par rééquilibrer les débats. Si au début du combat les gradins affichaient 50/50 de popularité, la performance du premier champion WWE du Royaume-Uni est parvenu à faire chavirer de nombreux cœurs. L’un des moments forts fût quand, pris au piège d’une Sleeper Hold, Bate parvenu à se remettre sur pied avec son géant d’adversaire sur le dos. Une prestation physique hors du commun, qu’il n’aura eu de cesse de répéter.

Ce combat fût une éloge au storytelling de David contre Goliath. Un mix parfait de styles, avec des manœuvres que l’on ne sort que pour les grosses occasions. Tout simplement peut-être le meilleur match de l’année en Europe. Et pour casser la formule qui veut que « le challenger underdog s’impose toujours sur les grandes scènes », c’est finalement le champion qui s’imposa en patron en détruisant les cervicales de Bate avec un Piledriver.

Et c’est sur une poignée de main et une célébration de WALTER que se sont ainsi terminées plus de cinq heures de show – une durée rallongée qui a d’ailleurs forcé de quelques fans mécontents à partir avant la fin. Quoiqu’il en soit, c’est à une soirée historique que nous avons pu assister. Dans les chiffres, certes, mais aussi parce qu’elle nous a offert de grands moments et des combats dont on se souviendra pendant longtemps.

Si la route menant à Wembley fût sinueuse et que des craintes existaient de manière légitime avant le show, c’est une réponse quasi sans fausse note qui fût donnée. Des cartes furent aussi redistribuées, et c’est avec une curiosité retrouvée que nous suivrons de près l’après-Wembley. Le prochain Chapter aura lieu le 28 octobre et le premier match a déjà été annoncé… WALTER remettra son championnat PROGRESS en jeu contre Zack Sabre Jr. !

Chapter 76 : « Hello Wembley! » est disponible en vidéo à la demande sur Demande Progress.

À Wembley, la PROGRESS Wrestling s’est mise à la hauteur de l’événement
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