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WWE Survivor Series 2018 : SmackDown, éternel underdog face à RAW

La soirée a très mal tournée pour SmackDown au niveau des résultats et pourtant, le show a probablement plus gagné dans ces Survivor Series que RAW.

6-0. Un score à sens unique, qui fait mal. Qui paraît injuste, qui paraît incohérent également quand dernièrement, le show bleu avait autant repris du poil de la bête que le show rouge, si ce n’est plus. Mais voilà, avec un nouveau champion de la WWE du nom de Daniel Bryan et la blessure de Becky Lynch au dernier RAW avant Survivor Series, les cartes étaient redistribuées et l’on craignait beaucoup d’un show qui était déjà pas préparé de longue date.

Est-ce que le 6-0 a été acté avant la blessure de Becky Lynch ? On ne le saura jamais, ce qu’a fait Charlotte Flair, Becky Lynch aurait pu le faire et Nia Jax, même sans cette heat, avait déjà besoin de la victoire pour aller se mesurer à Ronda Rousey. Du coup, pour parler des Survivor Series, il faut bien se dire que malgré les couacs, le plan était probablement de voir RAW gagner tous les matchs.

Tous ? Non, une bande d’irréductibles tag teams ont résisté à l’envahisseur, sauf que c’était en Kickoff donc dans le camion de la prod’ on regardait pas. Dans 10 ans, on ne s’en souviendra de toute façon même pas. Même si c’était pas mal du tout, même si le New Day, Revival et les Usos ont vraiment eu une belle part et que malgré un début un peu lent, le tout permettait de se divertir sans trop de soucis.

Le plus important, il est dans cette correction, dans cette promesse d’un Baron Corbin qui veut rester general manager de ramener le « clean sweep » et faire repartir SmackDown la tête basse. Problème, RAW est en grande partie en disgrâce auprès du public. Pas que les faces soient hués, mais chez SmackDown, même les heels sont populaires et veulent la peau de RAW.

Nia Jax, par le souhait du booking

Le show s’ouvre sur le cinq contre cinq féminin où l’on peut juger de l’influence folle de Becky Lynch. Son débarquement à RAW en plus de son changement de personnage récent a vraiment marqué le public. « The Man » est présente sans l’être, provoquant une heat nucléaire pour Nia Jax à chacune de ses interventions et apparitions, heat qui déteint sur le reste de la soirée comme une évidence. SmackDown, c’est l’underdog que tout le monde apprécie et RAW, une machine à gros noms habitués à gagner.

L’histoire de ce cinq contre cinq sera plutôt décevante. Une opposition pas toujours réussie, approximative même et avec des finishs qui manquent souvent d’impact, comme l’élimination de Tamina sur une roll-up de Carmella. Derrière, l’esprit du match tourne autour de Nia Jax, tandis que le public se rattache au fur et à mesure à Asuka comme son dernier espoir. Mais en dehors de l’opposition entre Sasha Banks et Asuka, le match ressort sans trop de moments marquants si ce n’est cette victoire.

La réaction de la WWE face à l’incident est même vraiment lucide et pour ça il faut saluer car cette victoire amène Nia Jax a une montée encore plus importante des huées envers elle et on attend avec impatience le moment où Becky Lynch aura le droit de mettre la main sur elle. C’est gagnant/gagnant pour la WWE, tant qu’elle gère bien son calendrier évidemment.

Habitué des openers, Seth Rollins arrive pour ce deuxième match dans un duel de champions dont on oublie souvent qu’ils ont une ceinture. Parce que s’il y a bien une chose à dire, c’est que Shinsuke Nakamura entre dans cette catégorie de champions des États-Unis à qui on ne donne rien. Peut-être qu’après cette fin de match, ça changera.

Si la première partie est assez laborieuse et le milieu pas bien plus emballante, le match, après le Kinshasa de Nakamura, s’offre un dernier acte assez majestueux, où le public semble enfin pris par le combat de deux catcheurs forcés à porter des t-shirts. Des séquences de fin plutôt intense qui rappelle que l’on peut tirer beaucoup de Shinsuke Nakamura si on le motive.

La victoire de Rollins paraît plus surprenante au moment de son arrivée, puisque l’on s’attend à voir Dean Ambrose coûter un point à RAW et faire fauter Rollins. C’est peut-être le match qui a le plus été handicapé par ce 6-0 forcé. Nakamura est obligé de se coucher après un Curb Stomp quand Rollins se relève du Kinshasa et se retrouve du coup au même point dans son évolution à SmackDown, même si la WWE laisse la porte ouverte à un potentiel rematch.

Une pause spectaculaire avec 205 Live

Le pire de la soirée arrive alors. Le match tag entre AOP et The Bar, peu mis en avant tant les deux divisions par équipe manquent de consistance et de matchs références en ce moment, offre un spectacle ennuyeux où l’événement sera Enzo Amore qui se fait virer de l’arène. Ou sinon c’est cette merveilleuse fin (non) où Drake Maverick se pisse dessus et permet par la distraction à AOP de remporter le match.

Y a eu un semblant de match, avec un public distrait et un booking dramatique pour les champions par équipe qui s’ils ne sont pas ceux qui sont moqués, seront maintenant cachés derrière cette blague. Il était une époque où la division tag team était une valeur sûre de spectacle, cette époque est révolue.

C’était inattendu mais la WWE a offert une place pour les Cruiserweights dans son show principal, comme une récompense des critiques positives sur le show depuis plusieurs mois. Et alors que l’ancien champion qui représentait tout ce que 205 Live ne doit pas être quittait l’arène, Buddy Murphy et Mustafa Ali ont tout donné pour convaincre un public loin du compte au début.

Parce que la foule était assez morte et elle avait de quoi l’être, même si le pipi fait rire aux États-Unis, le match tag team avait mis un coup à l’ambiance. Du coup, Mustafa Ali a donné de sa personne, prenant énormément de gros bumps. Les deux ont offert le match qui est techniquement probablement le plus spectaculaire de la soirée et ont réussi, sans artifice lié à la connaissance d’une rivalité – il faut l’admettre, 205 Live n’attire pas tout le monde – des « This is Awesome » bien mérité d’une foule qui semblait certes bon public mais pas non plus si facile que ça à chercher.

Le mieux, c’est que les variations étaient là et que le temps laissé a permis aux deux catcheurs d’offrir de très bonnes séquences. Ils n’ont rien cherché à ajouter, pas de fausses recherches de l’affection du public, que du catch cruiserweight et c’est peut-être un bon moyen de s’offrir une place fréquente dans ces pay-per-views de trois heures et demi.

Trois matchs, trois défaites sur le papier pour SmackDown Live

Le cinq contre cinq des hommes et les matchs champion contre champion pour les titres majeurs féminins et masculins sont revenus à RAW, mais dans le fond, SmackDown n’a-t-il pas réussi à chaque fois à tirer son épingle du jeu ? C’est probablement ce qu’il fallait entrevoir dans les comportements de chaque côté. L’image qui reste est celle d’une équipe de RAW qui gagne dans le désordre total alors que SmackDown s’arrache et laisse même The Miz s’offrir une performance de capitaine exemplaire.

Une image un peu amère, puisque l’on se dit que les débordements de RAW ne permettent même pas à SmackDown de gagner, mais dans les faits, SmackDown avait aussi des handicaps. Un co-capitaine qui a pété les plombs pour devenir champion de la WWE forçant au changement rapide de l’équipe, une élimination rapide de Samoa Joe qui se présentait comme l’atout fort de l’équipe. Bref, des imprévus. Et on peut être triste de ces imprévus, mais ce sont une somme d’événements qui, dans une histoire, force à se dire que SmackDown a subi, selon notre niveau de lecture, un mauvais booking ou tout simplement, des coups du sort.

Car en soit la performance des hommes en bleu est à la limite de l’héroïsme, quand celle de RAW apparaît comme chaotique, nerveuse, profitant de petits instants. C’est une défaite belge pour SmackDown dans ce cinq contre cinq. Une défaite où ils avaient la possession, mais l’adversaire a profité des faiblesses.

Côté féminin, c’est Charlotte Flair qui pète un câble dans un des meilleurs matchs féminins de l’année en terme d’intensité. Y a pas à dire, on aime ou pas Ronda Rousey pour ses discours et son passé, mais dans le ring ça monte assez vite et ça pousse tout le monde vers le haut quand la technique est là.

Charlotte Flair derrière s’offre un match d’égal à égal et on se demande si on ne veut pas qu’elle aussi s’offre un vrai match de championnat face à Ronda Rousey. C’est bien simple, en une intervention et un match, SmackDown offre deux challengers largement plus crédibles à Ronda Rousey que RAW depuis des mois. Et ce beatdown au kendo stick, il est encore applaudi par un public un peu plus divisé mais quand même plus largement derrière SmackDown.

Puis vient un Daniel Bryan assez étrange, qui vanne Brock Lesnar, qui subit une déconvenue avant de profiter du premier coup du sort en la faveur de la brand bleue pour s’offrir quasiment une victoire mais qui, comme AJ Styles l’année dernière, finit par craquer après une grosse performance contre The Beast. Ce qui offre un match au début éteint, comme tous les beatdowns de Brock Lesnar puis une sorte de folie douce, comme chaque match serré de Brock Lesnar.

Le pire et le meilleur du client de Brock Lesnar a eu lieu dans ce match, et on a aussi le droit à un premier gros match référence pour Daniel Bryan depuis son retour. Mais même, lui, heel depuis une semaine, est archi soutenu par le public. Alors que ça fait déjà 5-0 pour RAW, alors que la soirée est dramatique pour SmackDown, il y a une sorte d’allégeance du public pour la brand bleue quand on la compare à RAW.

Sur trois défaites, SmackDown n’a pas perdu d’âme ni de public. Si sur le papier c’est une déconvenue, dans les faits, il y a eu combat et bien plus. RAW a-t-il réellement gagné hier en mettant ce 6-0 ? Dans les faits, le roster de RAW est-il vraiment en meilleur forme que SmackDown ? Rien est moins sûr. Chaque match montre plutôt que RAW a profité, hors du main-event, d’éléments en leur faveur, de domination qui ne sont que temporaires alors que chez SmackDown, il y a une unité malgré les tensions, et un esprit derrière chaque combat.

Si c’est l’histoire que la WWE a voulu raconter, si la WWE veut créer la frustration en donnant une victoire à quelqu’un qui blesse une catcheuse tout ça pour donner plus tard un retour de bâton, c’est plutôt bien pensé. Surtout qu’au final, l’enjeu de « qui est supérieur », on le met souvent au second plan parce que l’on a eu des matchs divertissants et vraiment bons pour un pay-per-view qui a semblé bien plus animé et moins routinier que le reste des pay-per-views de l’année. De bonne augure pour les mois à venir, même si l’on sait que tout va très vite dans un sens comme dans l’autre à la WWE.

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