Édito

La petite mort de l’Undertaker

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L’Undertaker a officiellement mis fin à sa carrière de catcheur ce dimanche soir à Survivor Series 2020 dans une cérémonie marquée par son contexte, mais tout de même symbolique.

WWE

Ça y est, le chapeau, le manteau et les gants sont désormais rangés au placard. L’Undertaker a officiellement annoncé sa retraite des rings et à moins d’une surprise, celle-ci est définitive.

La WWE l’avait annoncé il y a quelques semaines, le Deadman serait présent au Thunderdome installé dans l’Amway Center d’Orlando à l’occasion des 30 ans de ses débuts chez Vince McMahon le 22 novembre 1990. La concordance des dates avec Survivor Series 2020 était trop bonne pour ne pas en profiter, l’heure était venue pour Mark Callaway de faire comprendre qu’il en avait fini avec l’Undertaker, avec son personnage, avec le catch.

Le cérémoniale est sobre. Un poignée de talents qui ont partagé le ring ou les vestiaires avec lui sont présents. Kane, Shawn Michaels, Triple H, Jeff Hardy, Mick Foley, Kevin Nash, le Big Show, Shane McMahon ou encore Savio Vega et les Godwinns. Mais ceux-ci ne partageront rien avec le Deadman l’écran, après un petit clip vidéo qui retrace quelques grands moment de sa carrière sur « Now That We’re Dead » de Metallica, plus personne n’est sur le ring. Personne à part Vince McMahon, venu d’une voix de plus en plus roque lui rendre hommage non sans une certaine émotion — qui lui fera dire WWF au lieu de WWE, la nostalgie sans doute — en disant que « Si l’on a pour coutume de dire que rien n’est éternel, l’héritage de l’Undertaker le sera », et annoncer sa venue.

Le Chairman se retire pour laisser entrer l’Undertaker, qui nous offre une dernière fois l’entrée la plus mythique de l’histoire du catch — et sans doute l’une des plus longues avec Randy Orton.

Le Deadman part seul

La réalité nous frappe tout de même à ce moment. Avant de prendre le micro l’Undertaker attend, comme s’il voulait profiter de l’ovation qui lui était offerte par le public. Mais il n’y a personne dans la salle. Le bruit de la foule est artificiel malgré les chants scandant son nom et les applaudissements, et il n’y a personne sur les écrans du Thunderdome. Il est seul sur le ring.

Le discours ne sera pas la partie la plus longue de cette cérémonie. « Pendant 30 longues années, j’ai fait cette lente marche jusqu’à ce ring et j’ai mis des gens au tapis à maintes reprises. Maintenant, mon heure est venue. L’heure est venue de laisser l’Undertaker reposer en paix. » Pas une ligne de plus, il nous salut de son chapeau.

Autre moment fort de cette cérémonie, une apparition de son ancien manager Paul Bearer, décédé en 2013, en hologramme tandis que retentit le célèbre et très aigu « Ooooh yeaaaaah! » 

Le gong retentit à nouveau, le theme song se lance tandis que pour une toute dernière fois l’Undertaker fait les gestes qui l’ont rendu célèbre, le mime de l’égorgement qui laissait présager la fin pour ses adversaires, repart vers la rampe et lève le poing tandis que le logo de Survivor Series apparait sur l’écran. Le Deadman disparait une dernière fois en coulisse.

Une fin de carrière officielle que plus personne n’attendait, même pas Callaway lui-même avant que la réalité ne le frappe au printemps dernier à la mort de son (vrai) frère, alors qu’il tourne le Boneyard Match de WrestleMania 36 contre AJ Styles. « J’en suis à un point où il est temps que le cow-boy s’en aille vraiment. Il ne me reste plus rien à conquérir ou à accomplir » avouait-t-il déjà en juin dernier après l’annonce de la fin de sa carrière à la fin de la très bonne série documentaire The Last Ride sur les dernières années de celle-ci.

Une fin de carrière qui ne s’est visiblement pas tout à fait passée comme il le voulait, « Brock Lesnar n’aurait pas dû mettre fin à la Streak » avouait-il dans l’interview de Stone Cold dans Broken Skull Session, « Roman Reigns aurait dû », « WrestleMania 32 aurait dû être son dernier match », des pensées que Callaway partage avec ses fans.

Une fin de carrière pourtant nécessaire pour ne pas entacher un mythe qui dans la seconde décennie du 21ème siècle perdurait avec du mal. Le Kayfabe n’est plus ce qu’il était et les apparitions diverses du catcheur en dehors de son personnages se faisaient de plus en plus nombreuses au grand dam des ardents défenseurs du 4ème mur. Le corps meurtri par des années de catch, de blessures et d’opération demande du repos. Il était temps.

On aura du mal à oublier le contexte dans lequel s’est déroulé cette cérémonie, pas de vrai public pour traduire l’émotion suscitée par ces au revoir, mais la symbolique est là. Une page vient de se tourner à la WWE.

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