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GCW Josh Barnett’s Bloodsport 6 : Parce qu’on aime la baston

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Un ring sans cordes, de la baston et parfois du sang : petit coup d’œil sur la sixième édition de GCW Josh Barnett’s Bloodsport.

Nick Karp / GCW

L’événement est devenu l’un des rendez-vous les plus attendus du WrestleMania Weekend dans le circuit indépendant. Les habituelles cordes entourant le ring sont absentes, le laissant ainsi à nu. Place à la bagarre, la vraie : c’est l’heure de GCW Bloodsport, fort de sa sixième édition, organisé sous la tutelle de l’ancien combattant de MMA Josh Barnett.

Les règles de Bloodsport sont les suivantes : les arts martiaux mixtes et le catch ne font qu’un durant la soirée. L’issue de ces combats se font uniquement par K.O ou par soumission, dans la veine de l’UWF-I, apogée du  shoot-style au Japon ou encore de la tristement célèbre ère de l’Inokiism à la NJPW à la fin des années 1990 jusqu’aux années 2000.

Le français sanguinaire

C’est au sein du Cuban Club, situé au coeur de Ybor City, quartier historique italo-hispanique de Tampa que se déroule ce Bloodsport 6 — lieu où la GCW a posé son ring pour le Collective Remix durant la semaine de WrestleMania. Au centre du ring, l’annonceur accueille l’ensemble des combattants de la soirée et rappeler les règles de l’événement ainsi que le code de conduite spécifiant évidemment de combattre à la loyale, interdit de se défiler lors d’un Bloodsport.

Voilà l’une des affiches les plus légitimes d’un Bloodsport : Matt Makowski, ancien combattant de MMA notamment au sein du Bellator fait face à l’unique français qui nous représente lors de cette semaine de WrestleMania : Heddi Karaoui. Si vous ne le connaissez pas, il a été entraîné par les illustres Antonio Inoki et Billy Robinson, il est lutteur gréco-romain et a fait son trou au Mexique où on l’appelle El Sanguinario Frances. Si vous avez fait LV2 Espagnol, vous avez compris.

Certes assez court, le combat est assurément le show-stealer. Le background des deux hommes donne presque l’illusion d’un réel affrontement de MMA. Ça se fracasse fort et ça se plie dans tous les sens. Néanmoins, la mauvaise prise de son ne permet pas d’entendre les réactions de la petite foule présente — ce sera malheureusement comme ça durant toute la soirée. Pas une seconde de répit et chacun tente tout à chaque instant. Makowski soulève Karaoui d’une force presque insolente avant de l’enfermer dans une clé de bras pour la victoire.

Grosse performance des deux hommes qui se témoignent leur respect à la fin de cette confrontation. Gardez un œil sur Heddi Karoui, l’un de nos français qui s’est le plus exporté et qu’on oublie malheureusement trop souvent.

Les femmes frappent fort elles aussi

Sur une carte comportant douze combats, deux sont féminins. Dans le cadre d’un événement comme Bloodsport, on approuve. Les femmes sont les bienvenues dans ce monde hybride où y figure toujours ne serait-ce qu’un seul match féminin. On leur fait confiance en les envoyant même en opener.

Ainsi, Karen Trai et Janai Kai ouvrent ce show. Toutes deux expertes en art martiaux, les deux femmes vont offrir un affrontement des plus complets, très porté au sol où elles démontrent leurs aptitudes de jiu-jitsu. On remarque le manque d’investissement de la foule, peut-être que ce combat n’aurait pas dû ouvrir ce sixième Bloodsport. Elles sont assez méconnues du circuit par un manque d’expérience mais un affrontement de ce calibre va pouvoir leur permettre de montrer ce qu’elles valent. Trai achève Kai d’un reverne spinning kick avant de la soumettre.

La seconde confrontation voit l’ancienne championne du monde de la NWA Allysin Kay, habituée des Bloodsport, affronter la jeune russe Masha Slamovich, formée au Japon par l’illustre Chigusa Nagayo et habituée des rings nippons avant de s’exporter sur le territoire américain en pleine pandémie. Un combat court mais dans lequel Slamovich va montrer de belles choses sur le ring, même si Kay la domine de bout en bout, elle la laisse lui mettre quelques tatanes pour stiffer un minimum, quand même.

À seulement 22 ans, Masha Slamovich possède un bel avenir devant elle. Être formée au Japon dont on connait les vertus des entraînements connus comme des plus difficiles à suivre, c’est les bases d’une bonne carrière.

Les grands noms se bousculent

Les GCW Bloodsport sont toujours l’occasion d’assister à des apparitions auxquelles on ne pensait pas. Dans cette catégorie, on peut y désormais inscrire Chavo Guerrero Jr. qui tient à désormais 50 piges la forme de sa vie. Face à lui se dresse Rocky Romero. On pourrait s’étonner à le voir aussi mais le NJPW Dojo propose des entraînements d’arts martiaux à ses élèves, dans la lignée du shoot style.

Une opposition complètement inédite, encore plus dans cette configuration. Les deux vétérans assurent le spectacle dans un environnement dans lequel on ne les verrait pas en premier lieu. Chavo s’impose avec un bon gros Brainbuster, pour le plaisir d’entendre sa musique d’entrée qu’il avait à la WWE. Parce qu’à la Game Changer Wrestling, on s’en tamponne des droits d’auteur.

Les grands noms se bousculent au portillon pour venir claquer des grosses tatanes : on retrouve Lio Rush, qui démontre de belles capacités dans le domaine lâcher une très bonne performance face à Yoya, talent originaire de Washington D.C. On retrouve aussi Davey Boy Smith Jr. et Simon Grimm (ex-Simon Gotch), dont la particularité commune est d’avoir participé à la totalité des Josh Barnett’s Bloodsport, chacun se débarrassant facilement de leurs adversaires. Plus qu’à se retrouver à la MLW.

Les jeunes de la NJPW sont aussi de la partie, Alex Coughlin vient taper Royce Issacs de la NWA dans une revanche du précédant Bloodsport où Issacs avait blessé Coughlin à la nuque. L’histoire est toute écrite et les deux hommes se la donnent bien sur le ring. Un moyen pour le jeune Coughlin d’acquérir de l’expérience et de démontrer les fruits d’un entraînement voire une éducation avec ce tueur qu’est Katsuyori Shibata.

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L’art de la guerre

C’était l’attraction principale de cet événement, synonyme d’un réveil de la foule présente et même à l’arrivée d’autres nombreux fans pour voir ce Jon Moxley enfin affronter Josh Barnett après un an et demi de build-up non-intentionnel. Prévu une première fois en septembre 2019, Moxley fait une rechute de son staphylocoque dorée au coude et doit annuler sa participation. Rebelote l’an passé suite à la pandémie : la vie souhaite nous priver de cette confrontation, bon sang.

Une foule survoltée, un Jon Moxley complètement taré et un Josh Barnett dont la satisfaisante envie d’en découdre se lit sur son visage, on tient un bon mélange. Les deux catcheurs nous offrent un bon gros combat de tarés où l’action ne s’arrête jamais même quand le War Master se retrouve à l’extérieur, et se prend un Moxley qui claque un dive, MOX passe au dessus des règles et c’est tellement lui dans le personnage. Sans surprise, le sang s’invite dans la sauterie où Barnett l’ouvre avec la pointe de ses coudes pour le masque de sang. Ces deux mecs sont des bons gros toughs guys et le combat est aux limites du réel tellement ça y va comme des gorets.

Barnett finit par achever Moxley avec des gros coups de pieds dans la tronche et ce dernier le prend très mal, il ne voulait pas en rester là. Il revient à la raison et offre son respect à son aîné mais les brefs échanges entre les deux hommes nous laissent penser que ça sent très bon la revanche et ce dans de bien meilleures conditions.

Josh Barnett’s Bloodsport est toujours aussi immanquable, mais au bout de six éditions on regrette toujours autant la piètre qualité de la production audio et vidéo, les commentateurs au son bien trop fort ou bien les micros qui saturaient salement ont notamment masqué l’impact des coups et des prises ainsi que les réactions d’une foule bien amorphe. Néanmoins, pour les amateurs d’arts martiaux et de shoot-style, c’était LE rendez-vous du WrestleMania Weekend.

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