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GCW rSpringBreak : Dans le game de la violence

gcw rSpringbreak

Cette année le Joey Janela’s Springbreak est entre les mains du grand méchant Rickey Shane Page. Inutile de vous dire que la violence est de mise.

Earl Gardner / GCW

Le Joey Janela’s Springbreak, c’est devenu le lieu de toutes les rencontres et l’événement les plus loufoques et complètement surréalistes mais aussi très attendu que peut connaître le WrestleMania Weekend.

Néanmoins, petite différence cette année : le Springbreak est aux mains de l’infâme Rickey Shane Page, champion du monde de la Game Changer Wrestling en titre. Celui-ci s’est accaparé de l’événement le mois dernier lors de GCW Take Care en défendant avec succès sa ceinture face à Joey Janela qui avait mis son bébé en jeu. C’est assez burné de faire ça mais voyons voir ce que ça donne, ça reste tout de même un Springbreak ou désormais « rSpringbreak », en référence aux initiales de Page : RSP.

Les jeunes et les luchadors ouvrent les festivités

Pour ouvrir ce rSpringbreak, la GCW envoie deux jeunes au charbon pour chauffer la foule : Billie Starkz, âgée de 18 ans sur la route des 19 et Starboy Charlie, qui vient de fêter sa majorité. Un pari risqué d’envoyer de si jeunes talents en opener mais tous deux ferment de nombreux clapets en produisant un match des plus solides. Y’a quelques erreurs de placement et certains moments à plat mais on ne vas pas leur en vouloir.

De gros enchaînements de moves où ça se met bien dans la tronche avec notamment un Michinoku Driver bien stiff sorti de nul part de Charlie sur Starkz pour la victoire. Impressionner par leur précocité au travers d’un match mixte, ça casse fort des barrières. S’ensuit une attaque de Bobby Beverly et Eric Ryan du clan 440HI de Rickey Shane Page sur les jeunes avant d’être sauvés par Shane Mercer et KTB, un match est décidé pour la déconne duquel ces derniers se sortent facilement victorieux au prix de quelques portes brisés, y’avait plus de budget pour des tables en bois.

Vous prendrez bien d’une dose de lucha libre avec tout cela ? Le trio de Black Taurus, Ares et Gringo Loco affrontent celui de Lareto Kid, Aramis et Dragon Bane et ces six hommes vont nous lâcher quelque chose tellement symbolique à la lucha : un bon gros spotfest des familles. Ça va voltiger sec et dans tous les sens, il fallait une seconde paire d’yeux tellement ça partait dans tous les sens. Ces gens se sont fait oubliés par la gravité, ce n’est pas possible autrement. La foule a tellement aimé le match qu’elle a fait pleuvoir les billets sur le ring, comme le veut la tradition mexicaine le veut en gage de respect aux luchadors.

À la vie, à la mort

La foule est bien chaude, tout comme la température autour du ring : il est désormais temps de passer aux choses sérieuses, éloignez les gosses et les plus sensibles de l’écran. Ce qui va se passer pour les deux prochaines heures du show sera bien plus violent.

Des rivalités prennent fin sur le ring de rSpringbreak, à commencer par celle opposant Jordan Oliver à Lio Rush, du moins sa version possédée par une entité dénommé « Blackheart » au travers de laquelle Rush parvient à exprimer sa créativité. Une entrée spéciale et une tenue définissent le personnage face à un Oliver qui a encore des choses à prouver pour passer à l’étape supérieure. Néanmoins, le match déçoit énormément.

Un match bien trop long (environ vingt minutes) pour ce qu’il est, qui implique des moments où l’action est à plat afin de faire souffler les protagonistes, et on sent qu’ils ne savent pas comment faire évoluer leur match. L’utilisation des armes n’y change rien. Un affrontement du genre méritait davantage un brawl d’une bonne douzaine de minutes, cela aurait clairement suffit afin de garder l’intensité et la tension régnant entre les deux hommes. Lio Rush s’en sort gagnant au prix malgré tout d’une bonne performance et il n’en est pas moins pour Jordan Oliver. C’est le booking du match en lui-même qui n’a pas suivi.

C’est le moment de laisser exprimer votre côté psychopathe pour le combat suivant : le jeune Attitus Cogar, 24 ans, souhaite se la donner avec MASADA, de quinze ans son aîné et reconnu comme une légende du deathmatch. Cogar essaye depuis de nombreux mois d’attirer l’attention du vétéran pour un match et a dû se résigner à l’attaquer et lui coûter quelques matchs afin que MASADA finisse par accepter le défi.

Un bon gros combat de bouchers, il n’y a pas d’autre mot. L’action monte en intensité au fil du temps, la panoplie d’armes utilisée est quant à elle bien diverse. Des tables remplies de pics en bois, en passant par des d’autres pics à planter sur le crâne de son adversaire ou encore des coups de lames de rasoir. Une petite séance d’acuponcture en somme. Cogar en prend même à l’intérieur de la joue, au prix d’une bonne flaque de sang. C’est purement et simplement un passage de flambeau où chacun y met de sa personne avec des spots bien crades bien qu’on puisse reprocher une fin à plat mais l’envie était là. Cogar a de l’avenir.

Le papa obscène et son méchant garçon

Après avoir assisté au spectacle de deux hommes en train de se découper le front avec des objets divers et variés, il est temps de souffler un coup. On envoie deux workers solides pour garder la foule éveillée. Le premier, Lee Moriarty catche pour la dixième fois dans ce WrestleMania Weekend : Lee Moriarty, qui fait face au champion du monde d’IMPACT qu’est Rich Swann. Un match sans enjeu mais qui fait complètement le job. Chacun va à l’essentiel pour un match d’une bonne dizaine de minutes, on n’a pas à se plaindre. Le spectacle est assurée tandis que la victoire revient logiquement à Swann malgré un Moriarty combattif et les côtes en vrac.

C’et l’heure de régler quelques comptes. Le Springbreak a fini entre les mains de Ricky Shane Page suite à la défaite de Joey Janela  lors de Take Kare en mars pour le championnat du monde la GCW par la faute de Chris Dickinson. Le Dirty Daddy a trahi son pote Janela et le Bad Boy veut logiquement se venger. C’est parti pour un grudge match.

Joey Janela vient ici au Cuban Club vêtu de son meilleur cosplay de Bam Bam Bigelow face à Chris Dickison qui sort d’un combat dont remporté contre Shane Mercer lors de Josh Barnett’s Bloodsport 6 organisé la veille. Les armes font vite leur apparition dans ce règlement de comptes avec notamment un convoi de chaises envoyées sur le ring de la part des fans. Non sans rappeler Cactus Jack et Terry Funk qui demandent à la foule de l’ECW Arena de jeter leurs chaises sur leurs adversaires inertes sur le ring. Dickinson lacère ensuite le front de Janela avec une porte. Une porte bon sang.

Janela lui renvoie la pareille à coups de chaises et de pics à brochette et Dickinson en sang fait son effet. C’était pas une petite plaie, c’était le visage peint d’hémoglobine. Les choses commencent à réellement déraper lorsque Janela décide d’entreposer une échelle dans le ring et de construire une pyramide de chaises sur laquelle il y pose une porte. Tu connais l’adage Joey : celui qui construit la pyramide, c’est lui qui se la prend. Une séquence des plus spectaculaires où Dickinson porte un Death Valley Driver pour un compte miraculeux de 2. Le Bad Boy finit par avoir son adversaire à l’usure à travers une Figure Four Leglock, qui fait étonnamment taper Dickinson. Excellent match, assurément le show-stealer avec le trois contre trois mexicain.

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Wrestling is gay

Avant de s’attaquer directement au main-event de la soirée, ce qui va suivre est totalement l’angle qu’on case avant d’envoyer la sauce. Voilà que Gregory Iron de 440H débarque au ring accompagné de Virgil, l’ancien manager de Ted DiBiase, vêtu d’un t-shirt de la faction. Soit.

Face à lui se dresse Effy, l’icône LGBT du catch indépendant et dont l’événement Effy’s Big Gay Brunch qui lui est dédié sera organisé le lendemain. Muni de sa coupe mulet et de sa moustache des plus sexy, Effy pourrait rendre toute les hommes de cette planètes complètement gay. Un match des plus courts où Virgil va s’avérer être en réalité de mèche avec ce dernier. Le t-shirt « Wrestling is Gay » le prouve. Un coup de bouteille de vodka dans la poire d’Iron qui finit les fesses en l’air et c’est emballé.

Un moyen efficace pour caler un placement de produit pour la vodka NEFT, partenaire de la GCW durant ce Collective Remix 2021. Petite particularité : la bouteille est un baril à taille réduite, ils ont le sens du design ces russes.

Le p*tain de Roi retrouve son trône

Dix-huit longs moins qu’on attend le point d’orgue de cette histoire. Celle de Nick Gage qui doit buter Rickey Shane Page, qui s’est saisit de la GCW et de son titre majeur en la faisant à l’envers à AJ Gray qui venait de gagner la ceinture à la loyale contre Gage.  Une revanche a eu lieu l’an dernier lors de Run Rickey Run, très plébiscitée d’ailleurs, durant laquelle RSP a démontré une nouvelle fois toute sa roublardise.

Entre temps, la crise sanitaire liée au COVID-19 a fait ses dégâts puis lorsque la GCW est revenue aux affaires durant la saison estivale,  Nick Gage s’est sévèrement blessé à la jambe et cette nouvelle confrontation face à Page est son premier match depuis juillet 2020. Nick Fuckin’ Gage arrive au ring comme le Christ arrivant au Vatican, la foule survoltée le soutient corps et âme, on soupçonnerait même les commentateurs de l’être aussi. Rickey Shane Page débarque quant à lui de blanc vêtu, montrant ainsi qu’il n’a peur pour rien au monde. Rien qu’aux introductions des deux protagonistes, on sent toute la haine et l’intensité régnant.

Pas le temps de présenter RSP, celui-ci se fait manger d’entrée par Gage et les néons entreposés sur les tabliers du ring ne tardent pas à péter. Utile de spécifier, Page se bat torse nu. Son dos est une véritable toile pour le King Of Ultraviolence. Des tables en verre s’invitent aussi à la fête et les flaques de sang se déversent sur les débris. Ce ne sont plus des bouchers à ce stade, on est à l’abattoir.

Le clan 440H vient sans surprise prêter main forte à son leader avant qu’une bande de faces composée de Joey Janela, Mattew Justice, Effy et bien d’autres viennent sauver la mise à Nick Gage. La bonne grosse dose d’overbooking qui rajoute un trop plein de drama dans ce genre de confrontation, c’est un classique mais ça fonctionne toujours. L’action se porte désormais sur une structure entreposée près du ring et de laquelle Gage va jeter Page sur une table sur laquelle était posée un pack de néons. Compte de 2, la foule vient de se faire climatiser. Atticus Cogar vient à son tour tenter de sauver les miches de RSP, on croit que c’en est fini mais voilà que débarque le promoteur de la GCW Brett Lauderdale qui vient lui flanquer une paire de néons dans la poire. Paul Heyman est en train de regarder tout ça avec un énorme sourire de coin.

Gage n’a plus qu’à porter un piledriver dans une pyramide de chaises et de tables en verre pour reconquérir l’or qu’il aurait dû garder un an et demi plus tôt. Dans le domaine du deathmatch, c’est une excellente masterclass. On pourrait se laisser croire qu’il n’y a pas besoin d’histoire dans ce genre de catch mais quand deux homme se détestent viscéralement régler leurs comptes dans un match de cet acabit, ça rajoute toujours quelque chose. L’overbooking et le drama est complètement poussé à son maximum mais le deathmatch sublime cela complètement.

Jon Moxley veut tater du néon

Ce bon vieux Nick Gage célèbre sa victoire tant attendue et espérée, jette la ceinture de Rickey Shane Page pour révéler celle aux couleurs de la GCW avant qu’une autre musique que For Whom The Bell Tolls retentisse.

Jon Moxley débarque ainsi au ring. Il s’est fait tabasser par Josh Barnett la veille, à manger salement des barbelés le mois dernier lors de AEW Revolution et souhaite désormais revenir au bon vieux temps de la CZW avec Gage avant qu’il ne fasse envoyer cinq piges au trou pour avoir braquer une banque. Des retrouvailles sanglantes où Moxley finit par envoyer Paradigm Shit dans le museau de Gage, dont un sur des néons pour envoyer un message plus que clair. Renee Paquette en furie. Pendant ce temps-là, la foule est aux anges. Qu’est-ce que c’est bien le catch.

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Que de penser de ce GCW rSpringbreak ? Dans sa globalité, c’est un show extrêmement solide. Certainement pas le meilleur Springbreak proposé mais on félicite toujours cette capacité à envoyer de nombreux registres de catch dans un seul et même show. On envoie des luchadors assurer le spectacle en couplant à cela de l’hardcore et du deathmatch, marque de fabrique de la GCW ainsi que de bons petits matchs simples casés ici et là. On a que de l’amour pour la Game Changer Wrestling, qui prouve petit à petit que son nom n’est pas là que pour faire joli. On attend de pied ferme le double homicide entre Gage et Moxley.

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