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CyberFight Festival 2021 : Pour écrire l’histoire…

cyberfight festival 2021

Retour sur CyberFight Festival 2021, où se rencontrent la NOAH, la DDT, la TJPW et la Gambare.

CyberFight

La Saitama Super Arena a été le témoin le 6 juin dernier de la concrétisation du projet de CyberFight, propriétaire de la DDT et de surcroît de la TJPW et de la Ganbare depuis fin 2017, et de la Pro Wrestling NOAH depuis janvier 2020.

Se présente ainsi CyberFight Festival 2021, qui se veut comme un événement annuel, où chacune des promotions envoient la crème de la crème de leur roster pour pas moins de six heures de show. Quelques affrontements inter-promotions vont ponctuer cette folle journée, le plus important étant surtout la défense du championnat majeur de la DDT, NOAH et TJPW.

Une première partie de show solide comme oubliable

Tout le monde n’aura pas la chance de figurer parmi les têtes d’affiches mais figurer sur un événement d’une telle ampleur n’en reste pas moins gratifiant. La Ganbare, petite sœur de la DDT dirigée par Keh Ohka, qui a lancé la promotion sur un don de 15 000¥ (soit 114,21€) de Sanshiro Takagi, se voit offrir un match en pre-show où têtes de gondoles s’affrontent dans un court combat avant de lancer les hostilités. Les jeunes femmes de la TJPW ont l’opportunité d’ouvrir le show tandis que les jeunes et vétérans de la DDT et NOAH s’affrontent dans une bataille royale remportée par l’hilarant Antonia Honda, le temps que les 4 800 spectateurs de la Saitama Super Arena puissent prendre place dans l’arène.

Après une bonne heure et demie de pre-show, le bal peut réellement commencer avec un lancement sans ménagement des jeunes Toi Kojima et Yuki Ino (DDT) face à Junta Miyawaki et Kinya Okada (NOAH). On fait confiance à la jeunesse tandis que c’est celle de la promotion de feu Misawa qui prouve sa supériorité. Vient ensuite un match Tag Team 3-Way entre Hyper Misao & Shoko Nakajima face à Hakuchumu (Miu Watanabe & Rika Tatsumi) ainsi que les BAKURETSU Sisters (Nodoka Tenma & Yuki Aino). De l’expérience comme de la jeunesse au rendez-vous et surtout beaucoup de comédie et de fun, on rigole un bon coup avant les choses sérieuses, assurément.

La comédie n’est jamais finie lorsque Danshoku Dieno et Super Sasadango dévalent la rampe d’entrée. Les deux énergumènes ont eu la bonne idée d’aller défier Takashi Sugiura et Kazushi Sakuraba. On peut trouver cela très drôle comme ne même pas esquisser un sourire durant le match. Deux bourrins face à deux comiques, ça passe ou ça casse, on connait les risques — surtout quand l’humour porte en dessous de la ceinture. En tout cas, on a bien rigolé du côté de la foule.

Pour conclure ces presque deux heures de bon gros fun, Masa Kitamiya fait une bouchée du pauvre Hideki Okatani qu’on envoie tel de la chair à canon. Kitamiya a tourné le dos au clan KONGOH lors de NOAH Mitsuhara Misawa Memorial 2021 le lundi et c’est du pur changement de dernière minutes. Squash des familles avant de passer dans les choses intéressantes. Sans être foncièrement mauvaise, personne ne vous en voudra d’avoir oublié cette première partie de show.

Les clans font le spectacle

Certes, on reste sur des matchs préliminaires mais ces derniers possèdent plus d’importance que ceux d’ores et déjà passés. C’est en premier lieu la TJPW qui lance les hostilités en envoyant Maki Ito, Marika Kobashi et Yuki Kamifuku affronter  Hikari Noa (championne International Princess), Mizuki et Yuki Arai, cette dernière étant plutôt connue pour être une idol (une chanteuse). Les occidentaux s’enjaillent comme des fous furieux sur l’entrée de Maki Ito, qui constituera le seul amusement de ce match. Tout à fait correct mais on a presque préféré le match plus haut dans la carte.

Surgit ensuite l’éternelle guerre dans la division Junior de la NOAH : Atsuhi Kotoge (champion GHC Junior), Daisuke Harada et Hajime Ohara (champions GHC Junior par équipes) s’élancent contre le clan STINGER composé de Yoshinari Ogawa, HAYATA et Seiki Yoshioka. Sans être non plus des plus flamboyants, le match constitue une bonne vitrine pour la NOAH dont les champions en sortent logiquement vainqueurs.

La DDT clôt le bal avec leurs deux factions les plus populaires : DAMNATION, représentés par Tetsuya Endo, Daisuke Sasaki et Soma Takao affrontent 37Kamina que sont MAO et Shunma Katsumata épaulé par Chris Brookes, toujours dans les bons coups. Les six hommes ont clairement tiré leurs épingles du reste, on sent la petite compétition qui subsiste entre les deux promotions masculines et ce sont les gars de Sanshiro Takagi qui font le spectacle. Les deux factions se connaissent presque par cœur et chacun de leurs affrontements n’en sont jamais décevants.

DDT vs. NOAH, c’est l’heure du du-du-du duel

C’est le moment. L’instant des matchs pour lesquels la foule s’est principalement déplacée à Saitama. Sanshiro Takagi en personne, mène cinq de ses employés que sont Eruption (Kazusada Higuchi & Yukio Sakaguchi), Akito, Naomi Yoshimura et Yukio Naya sous l’égide de sa promotion pour affronter le clan KONGOH au grand complet : Kenoh, Katsuhiko Nakajima, Manabu Soya, Nioh, Haoh et Tadasuke. Deux styles complètement opposés.

Takagi y met directement de sa personne en mangeant dans les premières minutes un sale passage à tabac par Kenoh puis Nakajima. Viennent ensuite Higuchi et Sakaguchi pour leur faire face avec des échanges qui nous font toute chose. La foule est complètement morte de rire. Les gars de la DDT sont là pour faires les pitres tandis que KONGOH n’est pas là pour les conneries et le contraste est hilarant. Lorsque Yoshihiko débarque pour sauver la mise de la bande à Takagi, celle de Kenoh implose et se permet même de s’en prendre physiquement à Yoshihiko. Criminels.

Cependant, face à tout le côté clownesque de la promotion rivale, Kenoh part se saisir du vélo amenée par celle-ci pour leur rouler dessus. Du grand n’importe quoi, c’est ça qu’on aime. Vingt minutes de crises de rire, c’est ça qu’on veut.

On s’embarque désormais dans le domaine du sérieux. Chacune des deux promotions possèdent ces petites pépites, celles qu’elles chérissent depuis leurs débuts : la DDT possède Konosuke Takeshita, qui a 26 ans a presque déjà tout décroché là-bas ainsi que Yuki Ueno, valeureux champion Universal. Face à eux se dressent Kaito Kiyomiya, dans lequel la NOAH placent tous ses espoirs ainsi que Yoshiki Inamura, joyaux de puissance pure en pleine explosion sur le tard.

Personne n’est étonnée quant à la qualité du combat. Les quatre protagonistes y vont de bon cœur pour l’honneur de leur promotion, le fighting spirit à la japonaise qu’on reconnaît tant. Chacun prouve et démontre tous les espoirs qu’on place en eux. Les deux promotions avaient ce match entre leurs mains et elles n’allaient surtout y passer à côté. La petite surprise revient à Ueno qui claque le tombé sur Kiyomiya. Le premier continue sa montée en puissance tandis que le second poursuit sa descente aux enfers pour mieux rebondir ensuite. Certainement le show-stealer de la soirée.

On croise les doigts pour que la DDT et la NOAH s’échangent l’un de ces quatre pour leur tournoi respectif que sont le D-OU Grand Prix et le N-1 Victory. Un petit Takeshita contre Kiyomiya, ça va faire décoller des paires de fesses de leurs chaises.

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La vitrine des princesses

Forte de sa victoire aux dépens de Rika Tatsumi le 4 mai dernier, la nouvelle championne Princess of Princess en la personne de Miyu Yamashita se rend à Saitama pour retrouver une vieille rivale dénommée Yuka Sakazaki, une autre tête d’affiche de la TJPW.

Les deux femmes se connaissent par cœur, se sont affrontées des dizaines et des dizaines de fois et une petite erreur commise peut faire basculer le cours du combat. Ça y va bon train quant à quelques paires de coups de pieds envoyés en pleine poire ainsi que quelques prises de risques comme en témoigne des chutes sur le tablier du ring. Sakazaki sait qu’elle a les clés pour battre Yamashita, qui est quant à elle très sûre d’elle. Le dénominateur comment des deux catcheuses étant le souhait de tout donner pour leur promotion.

Ce combat est en effet la meilleure des vitrines que peut offrir Tokyo Joshi Pro Wrestling pour des fans qui hésitent encore à sauter le pas. La concurrence fait rage dans le puroresu, elle l’est aussi dans le joshi, où la petite sœur de la DDT fait tout pour égaler son homologue de la STARDOM.

Cœur et âme

HARASHIMA est ce que Hiroshi Tanahashi est aux yeux de la NJPW : son cœur et son âme. Les deux hommes ont même déjà rivalisé par le passé sur les rings de la DDT. Il est prêt à défendre coûte que coûte sa promotion, notamment face au règne d’un vétéran craint de tous : Jun Akiyama. Il ne compte plus supporter longtemps ce fardeau et a défié son aîné à l’occasion de CyberFight Festival 2021.

Jun Akiyama a 51 ans. On dirait pas. Il en a encore 25 dans le corps malgré le petit ventre apparent. HARASHIMA en est à ses 47 printemps, ça ne ressent pas non plus. À un âge où les habilités physiques déclinent, ces deux-là y sont allés comme des gorets tout en nous faisant passer par une belle palette d’émotions. Connu pour toujours la faire comme un malpropre, Akiyama perd patience face à un adversaire qui résiste à tout ce qu’il prend dans le museau et prêt à tout pour triompher du champion.

Exploder Suplex après Exploder Suplex, HARASHIMA tient la dragée haute tandis que Akiyama perd patience face à tant d’abnégation. Une bagarre de darons où chacun veut prouver qu’il est le plus fort et dans ce domaine, le champion s’est avoué le plus fort, profitant d’un moment d’inattention de son challenger pour l’endormir d’une guillotine. Le boss final reste sur son trône.

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Tempête sur l’arche de NOAH

Véritable coup de poker réalisé par la Pro Wrestling NOAH au mois de février à l’occasion de son retour au Nippon Budokan : le champion GHC Heavyweight Go Shiozaki, qu’on croyait imbattable, se fait avoir par Keiji Muto, 58 ans et dont les grincements des genoux se fait entendre dans les quatre coins du monde. Un coup marketing certes discutable mais ne pas profiter de la popularité de Muto serait aussi une belle erreur. La décision a fait parler mais la NOAH est tout bonnement gagnante au bout du compte.

Néanmoins, même s’il porte un certain respect envers le champion, ça n’enchante pas non plus Naomichi Marufuji de voir un vieillard de 58 balais traîner la ceinture de son mentor autour de ses hanches. Plutôt en retrait ces dernières années, Marufuji a tenté le coup et son aîné a accepté sans rechigner le défi lancé.

Le corps de Muto-san est en miettes, c’est un secret pour personne mais le vétéran peut toujours nous faire réagir. Il y met toujours de sa personne même si on a ce frisson à chaque grosse prise de risques. Face à Marufuji, il veut prouver qu’il n’est pas qu’une simple vitrine de la NOAH, puis bon, il a tout de même battu Kaito Kiyomiya puis Masa Kitamiya, prouvant ainsi que le vieux a encore un tour dans son sac. Néanmoins, son adversaire, porte lui aussi sa promotion dans son cœur et à son esprit et prêt à tout pour envoyer le papi à la retraite.

Face à cette confiance et cette insolence, Muto fait lui aussi preuve de la plus grande combattivité et ne va pas hésiter à réaliser une prise interdite par ses médecins : son mythique Moonsault. Rien qu’à voir la réaction de la foule quand il monte sur la troisième corde suivi de la prise. Marufuji se dégage et on voit dans les yeux du champion que c’est fini pour lui. Le jeune catcheur de 41 ans n’a plus qu’à l’achever pour rejoindre Go Shiozaki et Takashi Sugiura avec quatre règnes de champion GHC Heavyweight.

Naomichi Marufuji célèbre tandis que Jun Akiyama et Miyu Yamashita le rejoignent au centre du ring. Les trois champions majeurs remercient les spectateurs présents dans la Saitama Super Arena d’avoir fait le déplacement. Ce n’est que le début de grandes choses. Chaque talent présent sur le show rejoint le trio sur la rampe d’entrée pour saluer la foule. Jun Akiyama porte même Yoshihiko sur ses épaules avec le sourire au coin des lèvres, si ce n’est pas une preuve d’amour.

Une chose est certaine : CyberFight Festival 2021 peut se présenter comme candidat au meilleur show de l’année. Trois (+1) promotions s’allient sous la même égide pour montrer qu’elle a le talent et les outils pour aller chatouiller ceux qui dominent le paysage. Six heures qui rentreront dans l’histoire comme la lancée d’une machine qui ne se semble pas près de s’arrêter. On a rigolé, on a été surpris, on a pleuré, on a jubilé : toutes les émotions étaient au rendez-vous à Saitama. On vous évite évidemment à être curieux et de suivre de près ces promotions. C’est dans ces moments-là qu’on réalise qu’il faudra plus d’une vie pour mater l’intégralité du catch du passé et de maintenant.

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