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WWE Roadblock 2016 : Une fin d’année terne

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Enfin. La fin de l’année est arrivée et avec elle le dernier pay-per-view de la WWE, celui exclusif à RAW cette fois-ci Roadblock. Entre la fatigue généralisée de ceux qui regardent la WWE semaine après semaine et des rivalités qui sont très inégales, la carte de Roadblock : End of The Line finit par devenir moins alléchante qu’elle ne pourrait l’être. Une carte qui est par ailleurs assez légère et qui va laisser du coup pas mal de temps aux matchs principaux.

L’enjeu existe mais le fait est qu’on ne le sent pas réellement peser sur nous. Michael Cole essaiera pourtant plusieurs fois de rappeler que tout le monde a accompli d’énormes choses cette année et aura « marqué l’histoire » – probablement l’expression la plus utilisée à la WWE ces derniers temps – mais rien n’y fait, le sentiment autour de ce Roadblock est assez mitigé.

Le kickoff va se charger de donner un avant-goût de la thématique de la soirée. Bien que s’appelant « End of the line », le pay-per-view ne sera finalement que très rarement conclusif. Dans une confrontation très plate entre Big Cass et Rusev, ce dernier manipule le duo en attaquant Enzo Amore à l’extérieur du ring, s’offrant une victoire par décompte à l’extérieur lorsque Big Cass va aux nouvelles de son coéquipier. Enzo & Cass vont donc probablement continuer à chercher une quelconque revanche contre le couple Rusev / Lana. Un programme assez pauvre en intérêt et qui risque de ne pas mener les protagonistes bien loin.

Des matchs de qualité inégale

Là où le pay-per-view ne déçoit pas vraiment, c’est sur la qualité générale de ses catcheurs, surtout à RAW où le niveau est quand même assez élevé. Ce Roadblock le montre encore, son opener en tête. Énorme travail des deux équipes pour ce match où les New Day ont perdu leur ceinture. Entre un sens du timing très aigu et des catcheurs rapides et techniques, la variété sur le ring se fait sentir. Si l’on ne peut que souligner l’évidence de la forme exceptionnelle de Cesaro, il faut saluer le travail des cinq catcheurs impliqués dans le match.

Les cinq, car Xavier Woods aura lui aussi été très performant dans ses interventions et tout le travail qui a fait du New Day les détenteurs du record. Sheamus, bien que plus en retrait, exécute très bien son travail de rabat-joie de l’équipe, ramenant souvent le match à une vision plus terre-à-terre du catch, plutôt dans la force pure que la puissance alliée à la vitesse technique de Cesaro. Dans un match où Big E, Kofi Kingston et Cesaro ont plutôt joué cette carte des enchaînements, Sheamus a pas mal travaillé sur des pauses dans ce rythme fou et c’est temps mieux.

On peut aussi saluer la performance du duo Seth Rollins et Chris Jericho, qui a montré une complicité certaine sur le ring avec beaucoup de contres et prises effectuées avec beaucoup d’aisance. L’effet miroir des contres aux abords du ring, une fois par Y2J, une autre par Seth Rollins, était assez malin. Avec un peu plus d’enjeu et de développement dans la rivalité, ce match aurait probablement pu emballer le public.

Constat un peu moins tendre pour les Owens vs Reigns et Zayn vs Strowman. Les deux matchs n’ont pas été totalement mauvais – notamment l’opposition entre Owens et Reigns qui a découlé de plusieurs beaux spots – mais manquaient d’implication émotionnelle, tellement l’on sentait que les enjeux n’étaient pas sur le ring mais en dehors. Quand la rivalité se concentre plus sur la relation entre Zayn et Foley qu’avec Strowman ou entre Jericho et Owens plutôt que Reigns, on se retrouve avec deux matchs qui laisse un peu le public de côté, ne le réveillant que pour les spots.

Le match pour les Cruiserweight sera lui aussi du même acabit. Un mélange de petits spots pour éveiller la surprise de la foule qui reste totalement amorphe le reste du temps. La faute à triple threat assez mal géré par Rich Swann, Brian Kendrick et TJ Perkins, qui ne semblent pas avoir réussi à s’entendre sur le storytelling à développer sur le ring dans le – très court – laps de temps qui leur était accordé. Heureusement pour eux, le retour de Neville derrière et son heelturn immédiat a permis de sauver quelque peu cette période du show.

Un booking maladroit et difficilement surprenant

Le vrai point noir de tous ces matchs reste que l’intérêt n’a pas été suscité par les rivalités. Les suiveurs de la WWE sont en majorité fatigué par ce rythme totalement surréaliste qu’a crée la WWE depuis le Brand Split. Un pay-per-view toutes les deux ou trois semaines, c’est beaucoup trop même lorsque les shows concernés ne sont pas les mêmes. Si TLC s’en sortait grâce à des matchs surprenant et des choix de booking assez tranchés, Roadblock n’a que trop rarement fait ce choix.

Uniquement le match par équipe semble avoir bénéficié d’une idée très claire dans l’orientation du match, avec un développement autour de la nécessité de contrer les interventions qui ont fait la popularité du New Day malgré la mésentente entre Cesaro et Sheamus. On aurait pu en vouloir à la WWE de donner l’impression d’avoir juste voulu battre le record pour ensuite enlever les titres aux New Day, mais la manière dont cela a été exposé sur le ring permet de ne pas trop se focaliser sur cette défaite manquant un peu d’ampleur pour un règne pareil.

Les autres matchs par contre, sont assez pauvres en terme de finalité. On parlera à peine du match Cruiserweight dont le seul intérêt se situe après le match avec le retour violent de Neville qui a plutôt intérêt à garder ce côté badass. Avec un visage pas très lisse et une attitude pareil, Neville pourrait bien devenir le patron de la division Cruiserweight assez rapidement. Une sorte de monster heel des poids légers.

L’affrontement entre Sami Zayn et Braun Strowman lui aurait pu être plus marquant si la révolte de Sami Zayn avait été faite sans Mick Foley. L’idée est bien sûr de faire une distraction et justifier la défaite finale de Strowman mais cela n’a pas vraiment pris auprès du public malgré une rivalité d’upcard un peu plus ambitieuse que d’habitude.

Les interventions de Kevin Owens et Chris Jericho dans le match de l’un puis de l’autre pour finalement reformer une amitié qui a été mise en doute tout au long de la soirée ressemblaient plus à un fil rouge d’un épisode de Monday Night Raw qu’à un événement surprenant. On sentait bien que l’amitié n’allait pas immédiatement éclaté parce qu’il fallait un élément pour perturber le main-event.

Cela entraîne d’ailleurs des problèmes pour leurs opposants directs. Seth Rollins et Roman Reigns sont mis un peu au second plan de ce fil rouge. Alors que Seth Rollins a besoin de moments forts et d’impact en tant que face crédible, l’intervention de Owens lui donne une victoire peu marquante et qui ne l’aide en rien. Il faut que Triple H arrive assez vite pour enfin lui donner une rivalité claire et sans distraction.

De l’autre côté, avec une énième intervention et une défaite par disqualification pour Roman Reigns, on préserve encore un champion des États-Unis qui n’a que la ceinture pour rappeler ce statut. La WWE a besoin de construire un nouveau heel fort physiquement pour aller avec Roman Reigns maintenant que Rusev est hors course. Mais préserver à ce point Reigns n’aide pas forcément la WWE. En ajoutant une nouvelle victoire de Owens par une quelconque triche, la ceinture Universal ne prend pas vraiment l’ampleur qu’elle devrait commencer à avoir. Il ne faut pas que construire des catcheurs mais aussi des titres avec le Brand Split.

Une conclusion maladroite pour Banks et Flair

Esquivé jusqu’ici, le Iron (Wo)Man Match féminin de 30 minutes synthétise un peu tout ce qui peut être dit sur le show à une exception près : c’est le seul match réellement conclusif de la soirée. À tel point qu’il avait probablement plus sa place dans le main-event que Owens et Reigns. Il ne faut pas que la WWE hésite à remettre les femmes régulièrement en main-event, cela n’a pas vraiment choqué et a même plutôt bien marché à Hell in a Cell et encore une fois ce dimanche, cela aurait pu être le vrai main-event.

Très différent du premier Iron Man Match féminin entre Banks et Bayley à NXT Takeover : Respect, cet affrontement entre Charlotte Flair et Sasha Banks n’en reste pas moins très bon techniquement et en terme d’implication émotionnelle. Oui, la rivalité est bordélique. Oui, les changements de championne à répétition, c’est lassant. Mais il faut bien avouer que c’est la seule rivalité à autant mettre le public dans un match. Notamment lors du Figure Eight de l’égalisation de Charlotte ou du Banks Statement lors de l’overtime, deux moments forts de la soirée, où le public était prêt à exploser.

Dans sa globalité, ce match a pourtant été scénarisé avec les pieds. Le fait que ce soit Charlotte qui court après le score à la fin du match la met plutôt dans la peau d’une face que d’une heel et ce craquage final à deux secondes de la fin met définitivement Sasha Banks en position d’infériorité par rapport à Charlotte. Le changement de championne n’est pas une mauvaise chose et Charlotte est, plus que jamais, la vraie patronne de la division de Raw avec encore une fois une performance exceptionnelle lors de Roadblock.

Le fait que la victoire soit clean est également un bon choix, mais ce craquage à deux secondes de la fin, c’est un choix extrêmement maladroit, pour ne pas dire idiot. Cela faisait une bonne minute que Sasha Banks était coincée dans le Figure Four / Figure Eight. Elle voit le compteur, il est très loin d’être invisible, pourquoi tape-t-elle à deux secondes de la fin ? La douleur, elle l’avait déjà depuis longtemps et elle aurait disparu en même temps si elle n’avait pas tapé vu qu’il restait DEUX SECONDES.

Alors, en gardant un esprit d’ouverture, l’idée se défend évidemment : on fait cela pour vraiment montrer que Sasha Banks a atteint une limite et, qu’à ce moment et dans cet état d’esprit, elle est incapable de garder le titre et mérite donc de sortir de la title picture. Sa défaite en overtime n’est par ailleurs que la suite logique de la chose. Mais est-ce qu’on aurait pas pu faire passer ce même message quinze, trente secondes auparavant ?

Cela entâche un match qui aura mis du temps à se mettre en place, notamment avec l’absence de tombé / soumission avant la dernière dizaine de minutes mais qui aura servi probablement le moment le plus intense d’un pay-per-view qui en dehors de cela s’est révélé assez quelconque. En manque de rivalités marquantes, RAW va devoir se retrouver un esprit plus combatif avec la Road to WrestleMania. Si le retour imminent de Goldberg et Lesnar à RAW devrait animer les lundis, il ne faudra pas oublier le reste d’un roster qui semble incroyablement délaissé par son équipe créative.

Il faut bien plus d’ambition et de prise de risques pour construire les titres d’une division qui, si elle est en manque de moments forts, ne manque pas de talent. Quelque part, malgré son traitement chaotique et un peu trop concentré sur l’idée de « faire l’histoire », la ceinture féminine reste le point fort de RAW en cette fin d’année. Avec un roster qui possède un aussi gros vivier de talent, construire des rivalités marquantes pour WrestleMania est largement réalisable, il ne reste plus qu’à sauter le pas.

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