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WWE Fastlane 2017 : La victoire de Goldberg, une vision cynique du catch

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Ils l’ont fait. Cinquante ans, trois minutes sur un ring, champion Universal de la WWE. Goldberg est probablement le boss final des part-timers. Impossible de le booker autrement parce que « ça fait partie de son personnage », l’homme qui revient pour être un super-héros dans un monde où l’on préfère les vilains a réalisé son rêve de remporter ce qui sera probablement un dernier titre à la WWE. Le pire, c’est que tout ça conclue un pay per view assez terne, sans saveur, parsemé de résultats assez douteux.

Nul doute que la WWE a ses raisons pour ce qui concerne le main-event et on y reviendra, mais la victoire de Goldberg ne fait que cacher un problème plus dense à la WWE. C’est peut-être une folie que de penser dans ce sens, mais on aime à croire que ce que fait la WWE lors de ces shows hebdomadaires ont un sens et que, dans cette espèce de série télé géante qu’est le catch, chaque storyline a pour but d’amener les catcheurs d’une rivalité d’un point A à un point B. Pas de manière ultra linéaire, évidemment, mais avec un but final.

On pourra accuser ce type d’analyse de ne pas sortir de la tête d’un fan mais de quelqu’un qui prend peut-être trop à cœur le booking qu’on lui propose. Il faut cependant bien comprendre qu’à l’heure actuelle, le booking est une part importante de l’appréciation d’un show. La conscience d’un fan de catch n’étant plus limitée à suivre aveuglément les faces, le critère du résultat rentre en compte dans l’appréciation d’un show pour une très grande partie des fans. Nous commentons tous de manière régulière les choix de la WWE, avec nos favoris et nos boucs émissaires, il n’y a donc aucune raison de ne pas appliquer cette logique à Goldberg, malgré son statut plus particulier.

Une première partie très faible

Après un kickoff qui a renoué avec la tradition du match tag team des Cruiserweights, et qui a vu l’équipe de Swann et Tozawa l’emporter sur Kendrick et Dar dans un match plaisant, on attaquait le pay-per-view avec un match qui avait le potentiel d’un petit showstealer sur le papier : Samy Zayn contre Samoa Joe. Bon moyen de débuter un pay-per-view, la rivalité est assez importante pour que le public suive, les catcheurs sont appréciés en majorité et le résultat, bien que prévisible, ne contrariera personne.

Les faits vont mettre ce postulat de base à l’épreuve. Le match va avoir du mal à réellement décoller. Avec moins de dix minutes offertes aux deux catcheurs, le résultat ne pouvait pas laisser assez de place, notamment pour Sami Zayn. Le but du match était de bien mettre en avant le fait que Samoa Joe est un heel puissant. Sami Zayn, lui, est perdu dans des rivalités qui semblent pouvoir le mettre en avant mais qui finissent par le rabaisser à un statut de jobber de luxe. On ne voit pas trop le destin des deux pour WrestleMania et c’est assez dommage.

La suite du show n’était pas bien plus enthousiasmante avec le match tag team entre The Club et Enzo & Cass. Ce match se résume assez facilement : il ressemble à tous les matchs tag teams simples du monde. Face en détresse, hot tag à un big man, phase rapide, reprise en main des heels, sursaut des faces, victoire par triche des heels. Ils n’ont rien fait de mauvais mais ils n’ont également rien fait de bien terrible dans une division qui, à l’approche de WrestleMania, est orpheline du New Day – les vrais, pas les pancartes publicitaires qui se baladent dans RAW depuis deux mois.

Bien qu’elle tourne autour de quatre catcheuses grand maximum, la section féminine reste l’une des satisfactions de RAW. C’est imparfait, ça part dans tous les sens mais on s’en sort avec de bons matchs et quelques bons segments. Même si Smackdown a une section féminine plus diversifiée, les matchs féminins de RAW sont souvent plus intenses. Parmi les deux matchs féminins, le premier se révélera comme une déception assez amère. Nia Jax, en position de force depuis quelques semaines, affronte une Sasha Banks sur le déclin.

Un match dominé par la monster heel de la section féminine qui fait souvent valoir son avantage physique face à Sasha Banks. Cette dernière répond par des soumissions principalement et tout cela rend le format du match assez léger, centré autour des contres de Sasha Banks puis des reprises de domination de Nia Jax. Alors qu’elle semble en position de l’emporter, Nia Jax se fait surprendre sur un roll-up. On suspectera que le finish est peut-être un poil raté vu que l’impression que donne Sasha Banks est d’aller chercher les cordes pour l’aider dans son roll-up, ce qui aurait été une victoire à connotation plus intéressante.

Mais voilà, la finalité reste qu’on a construit cette monster heel depuis des semaines, tout ça pour au final se retrouver avec une Sasha Banks qui revient se mêler à la course au titre, tant Nia Jax sous entendait que la victoire de ce soir menait à une place de challenger. Cela va être un défaut récurrent de la soirée, voir les constructions de rivalité se faire détruire une par une et pour des raisons assez dommageables pour les perdants, c’est frustrant quand on recommençait à prendre goût aux divers moments de RAW.

Prière de rester silencieux pendant l’enterrement de Rusev

Arrive alors un moment bizarre, voire hallucinant, qui fait suite à une annonce en pre-show : Rusev et Jinder Mahal se séparent et auront tous les deux un match simple ce soir. Non pas entre eux, mais tous les deux. Jinder Mahal se faisant battre par un Cesaro qui a porté le match tout seul puis Rusev qui va se faire battre par le Big Show. Avant ces deux cauchemars, Jinder Mahal avait dominé Rusev dans un brawl d’avant-match. Sans s’attarder de trop sur le cas Jinder Mahal – dont les nerfs aux muscles font assez peur – on se doit de souligner la fin du match entre Rusev et The Big Show.

Celle-ci est assez violente pour le Bulgare. Chokeslams et KO Punchs sur un homme déjà à terre, ça commence à ressembler à une exécution. On aurait pu croire que Rusev aurait eu un traitement plus en accord avec une « renaissance » de son personnage et peut-être un ticket pour sortir de ce type de storylines où on se moque de lui juste parce que Lana est sensée être Russe. C’est triste de voir la déchéance d’un personnage avec tant de talent, qui s’en sortira peut-être un jour mais qui aurait mérité de déjà rivaliser avec mieux que The Big Show.

Le pire étant au final qu’on consacre une vingtaine de minutes à deux catcheurs qui se font ridiculiser et enfoncer dans le fond de la carte. Le but derrière ces vingt minutes ? Personne ne le saura mais la raison la plus probable est de gagner du temps. On regrettera de ne pas avoir vu ces vingt minutes ajoutées à des matchs comme l’opener ou celui qui a suivi ces vingt minutes sans aucun sens.

Et ce match, il faut le dire, représente une division qui va mieux. Cette division a souffert, a mis du temps à trouver son chemin mais avec les bons ajustements, la voilà sur de bons rails. Cette division, c’est la division Cruiserweight, emmenée par son champion Neville dont on se demande encore pourquoi il n’a pas été heel plus tôt. Face à lui, Jack Gallagher qui combine l’exploit d’être un face drôle mais une menace crédible au titre de Neville.

Les deux catcheurs vont offrir les meilleures minutes de votre soirée avec des prises de risque, de l’idée, de la technique, tout cela avec un suspens maintenu quant au résultat final, bien que la victoire du champion était attendue, tant Neville est le premier champion Cruiserweight à avoir une aura naturelle de champion. Pour Jack Gallagher, il faudra probablement attendre encore un peu mais cet homme est tout sauf loin du titre en ce moment. Après la performance d’hier, un rematch est clairement une requête crédible.

Braun Strowman devra attendre

Si les discussions se sont énormément concentrées sur le main-event, on n’a pas assez parlé du résultat de ce match. Roman Reigns bat Braun Strowman après, il faut quand même le dire, un long et bon match de gros gars. Le seul bémol qu’on peut souligner étant que la première moitié a ressemblé à un résumé de leurs brawls lors des épisodes de Monday Night Raw depuis plusieurs mois et qu’il a fallu attendre la deuxième partie du match pour avoir un peu plus de développement inédit.

Comme on pouvait s’y attendre, le match a un peu tourné en une version plus élaborée du Nia Jax vs Sasha Banks, la différence étant amenée dans la capacité de Roman Reigns a joué dans le registre de Braun Strowman. Là où la réponse de Sasha Banks se devrait d’être technique, celle de Roman Reigns était dans la puissance. Ce match a cependant cloué le cercueil de la continuité dans les rivalités de RAW. À quoi cela sert d’installer des personnages de monster heel pour qu’ils finissent par perdre chaque match de pay-per-view ?

Si l’on regarde Braun Strowman ces derniers mois, il a été présenté comme une force inarrêtable que même Roman Reigns ne pouvait annihiler seul. Et là il perd le match sur deux spears. C’est pas comme si c’était lui qui était passé à travers la table des commentateurs, non, c’est Roman Reigns qui a subi ce sort. Du coup, si on se retrouve avec un Roman Reigns « qui surpasse toujours les obstacles » comme longuement souligné dans le kick-off, on se retrouve avec un Braun Strowman sans victoire majeure à l’approche de WrestleMania.

Après le dernier RAW, on comprend mieux le but de cette victoire, en classant The Undertaker comme une menace supérieure et un nouveau défi pour Roman Reigns quand Braun Strowman aura sûrement le gant de baseball à scratch comme lot de consolation – comprenez la Andre The Giant Battle Royal. On risque par conséquent de retrouver une nouvelle fois Roman Reigns très fort à WrestleMania, lui qui truste déjà les segments de fin de RAW même s’il n’est pas du match principal. Difficile de ne pas entretenir la haine autour du Big Dog quand la WWE a semble-t-il décidé de vivre avec plutôt que d’améliorer la situation.

La Reine des pay-per-views chute de son trône

On continue le bal des décisions de booking assez étrange dans leur réalisation avec le match pour le titre féminin. l’avènement de Bayley au titre féminin de la WWE semblait être un leurre pour WrestleMania et tout le monde pensait voir la Reine des pay per views, Charlotte Flair, l’emporter. C’était sans compter sur Sasha Banks. Alors que Charlotte Flair arrive sans Dana Brooke vers le ring, répondant au défi de Bayley, Sasha Banks va elle intervenir pour donner la victoire à Bayley dans une arrivée qui aurait dû provoquer la disqualification de la championne.

Ce qui aurait à la fois été un résultat un peu décevant mais aussi un bon moyen de conserver la streak de Charlotte Flair pour qu’elle soit finie à WrestleMania. Mais là, on lâche une série construite sur plusieurs mois pour faire revenir Sasha Banks dans la course au titre.

C’est assez confus, mal exécuté mais, puisqu’il y en a un, cela devrait mener à un triple threat assez sympathique et à une Sasha Banks de plus en plus proche du heel turn. Problème pour RAW : les faces ne sont pas une denrée très répandue dans la division féminine, ce qui implique soit l’arrivée de sang neuf, soit un face turn prochain parmi le peu de catcheuses qui ont de l’exposition dans le show rouge.

Goldberg, l’excuse économique

Soyons directs : il va falloir arrêter de dire que la victoire de Goldberg lors de ce pay-per-view est logique. Dans le déroulement, la WWE a fait ce qui était prévisible par rapport à une victoire de Goldberg, et on peut essayer de se rassurer en disant que Kevin Owens a été distrait. Mais, arrêtons de faire comme si la WWE avait toujours raison, et que les résultats des pay-per-views aient à être dictés par un résultat financier quand au final, la WWE n’essaye pas de mettre en avant ses catcheurs actuels. Le roster a besoin de nouvelles têtes et c’est pas en leur offrant le titre des Etats-Unis ou Intercontinental qu’on va les construire.

L’argument des résultats financiers produits par Goldberg est une non-prise de position, une vision cynique du catch. C’est un moyen de se cacher derrière un résultat qui vous déplaît autant qu’à la majorité des fans. Restons clairs, on a le droit d’aimer le résultat de ce dimanche. Si vous vouliez voir Goldberg champion Universal, c’est probablement le match que vous aviez en tête. Mais il faut arrêter de dire que WrestleMania se vendra plus avec un Goldberg champion face à Brock Lesnar que s’il ne l’avait pas été. On parle de WrestleMania, un show qui globalement va faire parler de ses matchs et de ses part-timers qu’ils aient un titre ou non. Brock Lesnar et Goldberg ont le poids des années pour eux et n’ont pas besoin d’un titre pour faire réagir le public. Même Paul Heyman le dit avant le match. Titre ou non, Lesnar allait venir à WrestleMania pour battre Goldberg.

La rivalité entre Kevin Owens et Chris Jericho a en revanche besoin d’un titre. Du coup là le choix de la WWE est plus significatif. Le titre des États-Unis a un traitement très secondaire, et tant mieux qu’il ait un match de cette valeur pour WrestleMania, mais ne peut-on pas offrir des main-events à des superstars qui sont là pour vendre les shows toutes les semaines ? Si l’on revient à ce système économique, un jour, la WWE n’aura plus de part-timers assez influents ou de vieilles légendes avides d’une dernière heure de gloire pour compléter une carte de WrestleMania.

Quand on se targue de mettre en avant une nouvelle ère comme le fait la WWE depuis deux ans, il faut s’y tenir à WrestleMania, car c’est là qu’on crée les plus grandes superstars. Daniel Bryan, sans ses blessures, serait actuellement l’un des fers de lance de WrestleMania. Pourquoi ? Parce qu’on lui avait donné l’opportunité de briller face à un part-timer sur le retour et une superstar bien en place. Établir un main-eventer, c’est lui donner de grands moments lors de grands shows, pas juste lui donner le titre le reste de l’année pour qu’il le cède au premier revenant venu.

Dernière chose, Goldberg a plutôt intérêt à partir après WrestleMania. Parce que les matchs entre dix secondes et trois minutes, les fans – même les plus tolérants – ne seront plus surpris par cela la troisième fois. Nul doute que le match entre Goldberg et Lesnar sera court pour éviter l’incident de WrestleMania XX, mais même là l’assurance d’une ambiance dévouée au match n’est pas certaine. Au final, la WWE reste gagnante et une partie des fans seront moqués et mis de côté pour avoir souhaité un match autre pour le titre majeur de RAW mais c’est clairement pas un modèle à suivre, demandez à la WCW.

Comme chez SmackDown Live, trois heures, c’est dur à remplir régulièrement, du coup Fastlane a dû faire avec des matchs improvisés, qui doivent leur présence à un manque de contenu. Ici toutefois, le problème est différent. On a eu neuf matchs lors de ces trois heures Fastlane, ce qui est plus que la moyenne d’un show de cette longueur. Pour cause, aucun match n’a dépassé les vingt minutes. Pas que la longueur d’un match soit une marque de bonne ou mauvaise qualité, mais il évoque peut-être un manque de confiance dans certaines rivalités. Samoa Joe et Sami Zayn ou surtout le match Cruiserweight auraient mérité plus de temps.

On se retrouve au final avec l’un des pires pay-per-views en terme de qualité. Trop de matchs courts, de décisions incohérentes par rapport au produit proposé ces dernières semaines et un main-event qui va diviser les visions de ce que doit être un WrestleMania selon les fans. En tout cas ce qui est sûr, c’est que la WWE a abandonné l’idée de rivaliser avec les six étoiles de Kenny Omega et Kazuchika Okada et qu’on se dirige vers un nouveau WrestleMania à la saveur mitigée, entre l’excitation de l’événement et des matchs qui ne fédèrent pas autour de nouveaux visages mais qui vénèrent de vieilles gloires.

WWE Fastlane 2017 : La victoire de Goldberg, une vision cynique du catch
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