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WWE Battleground 2017 : L’atroce été indien de SmackDown

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Dernier pay-per-view exclusif à une division avant SummerSlam, Battleground arrive comme ce qui devrait être la fin de la transition de WrestleMania. Problème, à un mois du plus grand show de l’été, difficile de ressentir une véritable ambition du côté de la WWE. Entre un champion principal porté par un personnage patriotique primaire, une upcard qui se cherche et s’affronte sans grande ambition, on se retrouve avec un sentiment de lassitude palpable.

L’attente pour ce Battleground était pour le coup très faible. Des rematchs pour les titres, un match pour désigner la challengeuse du côté du titre féminin et pour les rivalités déclenchés depuis Money in the Bank des matchs simples sans trop d’enjeu sur le placement dans la carte pour les catcheurs impliqués.

Triste tout de même de voir Tye Dillinger perdre en kickoff face à Aiden English, deux mois après l’avoir battu. Le Perfect Ten semble subir un syndrome « Tyler Breeze » et n’a toujours pas réussi à se frayer un chemin jusqu’à la carte principale des pay-per-views, ni même du show bleu. C’est frustrant de voir la WWE faire aussi souvent preuve d’opportunisme sur un simple chant pour au final faire arriver un catcheur dans le roster principal sans avoir de plan pour lui. Reste derrière que Aiden English n’est pas un mauvais catcheur pour autant mais on peut douter que cette victoire ne mène bien loin.

Les New Day premiers à remporter les deux titres par équipe

Comme une évidence, même si on ne l’attendait peut-être pas tout de suite, The New Day est la première équipe à remporter les titres par équipe de SmackDown après avoir également détenu ceux de RAW. Cela s’est fait au terme d’un match revanche où étonnamment Big E ne prend pas part au match et laisse sa place à Xavier Woods, ce qui est vendu comme une sorte de surprise stratégique par les commentateurs. Pourquoi pas.

Si le début du match fonctionne assez simplement sur un schéma de face en détresse et de domination des Usos, le premier hot tag va changer la physionomie du match qui va tourner à la recherche d’un gros spot pour achever l’ennemi. De chaque côté, on tente des mouvements aériens, par équipe, dans l’espoir de finir le match.

Le spot du match se fera sur ce superkick à la réception d’un saut depuis la troisième corde de Xavier Woods, qui s’en relèvera cependant puisqu’il conclue un match vraiment dense entre les deux équipes par la victoire clean du New Day. Un poil décevant tant les Usos avaient la possibilité de gagner en stature en se débarrassant du New Day. On peut toutefois se réjouir à l’idée que ces deux équipes n’en ont certainement pas fini là, avec peut-être un peu plus d’ambition pour remonter progressivement dans la carte.

On enchaîne avec un match plutôt surprenant entre Shinsuke Nakamura et Baron Corbin. Est-ce qu’on peut dire déjà, après à peine trois mois que l’utilisation de Nakamura est décevante au mieux ? Ses débuts étaient assez protégés mais apparemment ça s’est très vite dissipé pour faire rentrer Nakamura dans le rang. Le sentiment actuel est que Nakamura bosse pour Corbin et l’installer dans la carte principale alors que Nakamura n’y est même pas vraiment installé.

Si la WWE protège encore le japonais d’une défaite – et le fera encore longtemps, elle ne le protège pas d’un booking très moyen. Le pire, c’est que Corbin ne profite pas tant que ça de l’aura de son adversaire. Le match qu’ils offrent est assez léger, les coups de pieds de Nakamura ne sont pas vendus comme sa véritable artillerie lourde mais juste comme des coups de pied. Certes ça fait toujours mal, mais ça devrait vraiment une sorte de menace permanente pour ses adversaires.

Du coup, le match tombe à plat sans que cela soit nécessairement la faute de l’un ou de l’autre. Reste qu’à un mois de SummerSlam, Nakamura n’est même pas proche du main-event de son show, à tel point qu’on se demande si sa montée n’a pas été pensée plus loin que le moment où sa musique retentit dans une arène. Sûr, Nakamura maintient une attente importante et une popularité grâce à sa mise en scène, mais il n’a même pas eu le temps de construire un premier temps fort qu’il doit déjà jouer le bouche-trou.

Un booking proche du néant

Donnez plus de temps à ces femmes et vous obtenez un match bien plus sympa que cette sorte de résumé de match à éliminations que l’on a eu. Les éléments du match ont filé à toute vitesse et en dehors du duo Lana / Tamina, aucune des catcheuses présentes n’a eu le temps de développer une quelconque histoire sur le ring. C’est d’une tristesse sans fin quand on sent des catcheuses prêtes techniquement à assumer un match mais que derrière la manière dont il se déroule montre un manque d’investissement en temps et sur la personne qui va gagner.

Parce qu’au final on a plus vu de la relation entre protectrice et protégée jouée par Tamina et Lana qu’autre chose. Une fois éliminées, le match s’est tout d’un coup accélérer et s’est terminé en à peine deux ou trois séquences. Non seulement éliminer un duo qui semble travailler ensemble en premier, c’est probablement le mettre de côté pour un moment, mais en plus quand derrière la personne qui élimine ce duo – Becky Lynch donc – se fait jeter ensuite. C’est dur.

Pour ponctuer ce récital de mauvais storytelling, Natalya gagne sur un simple contre sur Charlotte. La surprise de la victoire de Natalya est alors totalement absorbée par cette fin qui laisse perplexe. Derrière, Naomi – qui avait fait une performance plutôt médiocre aux commentaires – vient tenter de serrer la main de sa challengeuse, sans succès. La division féminine mériterait un peu plus de temps in-ring surtout lorsqu’elle n’a qu’un seul match avec cinq participants. Carmella se fait oublier avec sa mallette aussi, ce qui est assez caractéristique des porteurs de mallettes.

Peut-être la seule affiche qui promettait un match plus alléchant que la moyenne, le match entre Kevin Owens et AJ Styles a tourné un peu en rond. Beaucoup de headlocks et autres joyeusetés de début de match qui vont s’étendre un peu trop longtemps. Une fois lancé, les deux catcheurs développent leur arsenal mais sans faire vraiment preuve d’une véritable connaissance de l’adversaire, ça ne contre pas énormément et on s’en tient à une structure classique jusqu’au moment où AJ Styles est envoyé sur l’arbitre.

Ce ref bump fait tourner le match dans un duel de soumissions qui ne réussissent pas. Au final, AJ Styles perd son titre fraîchement acquis sur un compte de trois assez étrange. Alors que l’arbitre se remet du choc, il compte le tombé, ce que AJ Styles ne semble pas réaliser puisqu’il ne lâche pas la prise qu’il a sur Owens ni ne tente de bouger. Une fin tellement étrange qu’elle a été suspectée d’être imprévue alors qu’un catcheur comme AJ Styles en a quand même vu d’autres.

En tout cas, si c’est une véritable décision d’écriture, c’est probablement l’une des pires idées de tombé pour un match de ce calibre. Les deux semblent ne pas savoir exploiter le maximum de ce qu’une opposition entre les deux catcheurs pourraient éventuellement donner, et c’est bien dommage.

Cena et Rusev s’offrent une rediffusion

Jouer sur la fibre patriotique entre John Cena et Rusev n’a absolument rien de nouveau. WrestleMania 31 et globalement leur rivalité de 2015 devait souffrir tant ce flag match manquait de saveur. Pourquoi ? Parce que Rusev a eu son premier match de PPV en un contre un depuis Fastlane alors qu’il était encore du côté de RAW. Rusev a vécu une traversée du désert majeure et cette rivalité semblait alors n’être qu’un échauffement pour ce qui attend John Cena à SummerSlam.

Très dur du coup de trouver un quelconque suspense dans ce match. La construction sera toutefois plutôt propre, la stipulation assez bien utilisée malgré un côté vraiment très lassant à terme. Si Cena n’a pas fait le match de sa vie, il a su construire les phases avec Rusev pour bien jouer les échanges de domination entre les deux catcheurs, Rusev passant même à 30 cm de la victoire.

Mais une fois la victoire de John Cena actée, on se demande bien si ce match était nécessaire. Probablement le match le moins sujet à contestation, il est cependant bien le match le plus inutile de la soirée, permettant à Rusev de retrouver un peu de lumière mais au prix d’un spot à travers deux tables et d’une défaite pour laisser à John Cena l’opportunité de jouer le patriote fade comme si l’on était à la fin des années 2000. John Cena restera toujours John Cena, pour le meilleur et pour le pire. Ici, c’est au final assez moyen malgré la bonne exécution générale.

Sami Zayn a gagné dans un pay-per-view. Savourez ce moment car ça n’arrivera pas avant probablement plusieurs mois. Il prend sa revanche sur Mike Kanellis qui n’a pas montré grand chose par rapport à d’autres catcheurs. Le power couple n’est pas une denrée rare à la WWE et Maryse et The Miz ont probablement une meilleure légitimité et un meilleur booking que Maria et Mike Kanellis. Cette rivalité avec Sami Zayn n’était pourtant pas trop mal pour eux pour les installer comme un couple heel classique mais le public ne semble pas prendre.

Le match lui, a laissé la place à Sami Zayn afin qu’il enchaîne son move-set. Le problème ? Le public le connaît déjà et réagit déjà par rapport à Zayn. C’est dingue d’avoir une baby face déjà over, bien installé auprès de la foule, et de le laisser dans la midcard sans but. Incompréhensible.

Le Great Khali est de retour. Fin de la blague.

Horrible. On pensait que Randy Orton avait vécu le pire avec le House of Horrors match mais décidément ses adversaires aiment le mettre dans des stipulations moisies. Si les règles du Punjabi Prison ne sont pas trop mauvaises, la structure en elle-même est trop dense pour permettre une passage télévisuel. Pire, apparemment même les spectateurs sur place avaient du mal à percevoir l’action.

Dingue que la WWE arrive à prévoir des caméras pour des segments en backstage mais ne prévoit pas de caméras spéciales pour ses cages – critique qui peut être émise pour toutes les stipulations avec un environnement particulier. Certes, l’utilisation d’un caméran est nécessaire pour suivre l’action et lui donner le cachet un peu particulier qu’aime la WWE. Mais au moins une caméra fixe pour donner un angle dans la première structure c’était trop demander ?

Du coup on passe notre temps à décrypter l’action qui se résume à un brawl assez fade, à peine intensifié lors des ouvertures de cages. L’intervention des Singh était prévisible, le spot que se prend Samir Singh avec sa chute sur la table a permis de réveiller la foule et est peut-être le seul élément qui a donné un peu d’intérêt au match. Le reste est assez froid, linéaire, la séquence de Randy Orton dans la deuxième partie de la structure est similaire à celles des deux précédents matchs donc même dans une stipulation, Orton et Mahal ne modifient pas vraiment leur structure de match.

La seule différence est cependant assez grande. Genre 2,16m. Le Great Khali revient pour empêcher Randy Orton de gagner. Voilà. Franchement c’est plutôt paresseux en terme de créativité simple. Certes, cela permet à Jinder Mahal de renouveler un peu sa heat, mais cela reste plutôt facile, se fondant uniquement sur son entourage. The Miz peut être accusé de la même chose d’ailleurs et on le ressent. On doute également que le Great Khali soit un véritable apport charismatique pour des segments. Sa tendance à être perdu dans les segments ou les matchs ne doit pas aller en s’arrangeant avec sa retraite des rings.

Et pire encore, ça ouvre la porte à un retour sur les rings du Great Khali et vous ne voulez pas voir ça, personne de mentalement sain veut voir ça. Sur ce constat, Battleground s’achève avec une nouvelle victoire de Jinder Mahal qui va arriver à SummerSlam avec le titre de la WWE. Il va falloir trouver un autre challenger pour Jinder Mahal afin de relancer son règne. Si le Great Khali devrait apporter une nouvelle « dynamique » – même si c’est difficile d’associer ce terme au géant indien – il faut aussi renouveler le challenger. Randy Orton ne tourne pas depuis si longtemps autour de la ceinture mais ses rivalités ne sont tout simplement pas intéressantes.

SmackDown semble avoir perdu de sa superbe et Battleground cristallise l’ensemble des problèmes du show bleu. Les rivalités sont plutôt pauvres et par conséquent dépendent trop de la qualité des matchs. Du coup, lorsque le niveau moyen baisse, celui du pay-per-view prend un sacré coup. Alors que l’on devrait s’exciter quand à la possibilité de certaines affiches pour SummerSlam comme quelques rivalités peuvent le faire du côté de RAW, ici on a plutôt envie de mettre un gros coup de pied dans la fourmilière pour relancer la machine. Si elle est capable de se relancer.

WWE Battleground 2017 : L’atroce été indien de SmackDown
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