Décryptage

Ce que représente la victoire Jinder Mahal en tant que champion de la WWE

jinder mahal smackdown celebration
WWE

On l’avait vu venir et pourtant la surprise est totale. Jinder Mahal est devenu champion de la WWE dimanche dernier lors de Backlash, le dernier pay per view exclusif à SmackDown. Le push a été rapide, la victoire aussi.

Jinder Mahal a profité d’un push très rapide. Tout juste arrivé à SmackDown Live après le Superstar Shake up en avril, il s’est très vite retrouvé challenger de Randy Orton une fois Bray Wyatt écarté du titre — déjà avant le House of Horrors Match. À ce moment il était difficile d’imaginer Mahal devenir champion, l’idée d’un challenger de transition était plus d’actualité en attendant une Superstars bien mieux placée sur la carte.

Mais c’est vite oublier que SmackDown est aussi appelée par Shane McMahon et Daniel Bryan « la terre des opportunités ». Dimanche, à Backlash, Jinder Mahal a pu profiter de l’intervention des ex-Bollywood Boyz qui se sont joint à sa cause assez rapidement pour faire nuire à Randy Orton, et remporter le titre de champion de la WWE haut la main.

Une victoire de heel simple et classique tellement improbable du fait du calibre de Jinder Mahal qu’elle en était devenue prévisible. Pas facile de surprendre le WWE Universe en 2017.

Surprendre, toujours surprendre

Une des idées de la WWE derrière cette victoire, en dehors de tout contexte économique, était de surprendre, de susciter des réaction que ce soit dans l’arena — les plans dans le public sur des spectateurs choqués par dizaine devenu une habitude insupportable de la production de la WWE — et sur internet et les réseaux sociaux. Ceux qui ont pris la peine de regarder Talking Smack après le pay per view pourront en témoigner, en voyant les deux présentateurs Renee Young et Pete Rosenberg insister sur le caractère inattendu de la victoire de Jinder Mahal, le mot d’ordre de cette victoire était : surprise.

Jinder Mahal de son côté préfère jouer le chanceux et mettre en avant un travaille acharné qui paye comme il l’avouait dans une interview au site Sportskeeda quelques heures après sa victoire. Un classique chez une Superstar de la WWE, bien qu’on hésite sur le côté kayfabe de la réponse où, sur une possible naïveté.

Vince [McMahon] était très heureux. Il était très fier de moi parce qu’il sait à quel point j’ai travaillé pour ça. Et je lui ai dit, « Hey Vince, mon but est de revenir chaque semaine et m’améliorer. À chaque fois que vous me verrez performer je serai meilleur au micro, je serai meilleur sur le ring et je serai en meilleure forme chaque semaine ». Je pense que Vince apprécie vraiment ça et la WWE est un endroit où l’on récompense le travail acharné, j’en suis un bon exemple.

Aucun doute par contre sur le fait que Vince McMahon soit ravi de la victoire, où plutôt que son plan se soit déroulé sans accro, et la célébration offerte au nouveau champion dans l’épisode de SmackDown qui a suivi cette victoire en est un témoin. La WWE veut marquer le coup très fort avec cette victoire.

Les motivations de Vince McMahon sont assez claire: à l’image d’autres Superstars non-américaine, le but est d’attirer le regard du pays dont sont originaires celles-ci pour faire croitre le marché sur place.

« L’Inde est une priorité pour nous »

Quand Jinder Mahal, canadien de naissance, passe son premier tryout à la WWE, il y va sans se poser de question vêtu d’un turban, une tenue typique indienne et ne parlait que Punjabi dans ses promos pour mettre en avant ses origines. Dans une interview à Slam Sport en 2010, il déclare, d’une manière presque prémonitoire à propos de son tryout dans une interview au site canadien Slam Sports: « Je pense qu’ils avaient besoin d’un type indien, ils en cherchaient un ».

Il y a encore quelques jours, Ed Wells, vice-président exécutif à la WWE déclarait au quotidien indien Hindustan Time « Nous avons une longue histoire avec l’Inde et nous essayons actuellement de profiter de la popularité de la WWE dans le pays. Nous avons dédié beaucoup de ressources pour faire la promotion du sport, et en ce moment, l’Inde est une priorité pour nous ». Le message est clair et le lien avec la victoire de Jinder Mahal à Backlash est facile à faire.

La WWE est en effet très populaire en Inde. Le public indien de la promotion de Stamford est totalement acquis à la cause du divertissement sportif, il suffit de se rendre sur les différentes pages Facebook de la WWE pour se rendre compte que de nombreux commentaires viennent de l’Inde. « Quand il s’agit du soutien sur les réseaux sociaux, l’Inde est la première et à en juger par les ventes de merchandising et les réactions des fans, nous nous dirigeons probablement vers un nouveau chapitre dans notre relation avec l’Inde » annonce Ed Wells.

L’Inde est un eldorado pour la WWE. En 2016 la compagnie de Stamford a organisé deux shows à New Delhi et signé un partenariat avec le groupe de télévision indien Ten Sports pour lancer un package de programmes made in WWE destiné au public indien.

Il ne manquait plus qu’une chose: une superstar indienne. Depuis le départ du Great Khali la WWE n’a jamais retrouvé de talent indien pour le remplacer et même si Jinder Mahal était déjà à la WWE à l’époque, cette dernière ne semblait pas encore convaincue par Mahal. Il aura fallu attendre son retour et cette transformation physique pour que Vince McMahon trouve en LA Superstar du pays.

Une victoire symbolique et porteuse d’espoirs

Il faut aussi noter une chose importante. Jinder Mahal n’est pas un champion comme les autres, il représente non seulement la mondialisation de la WWE qui cherche à s’implanter aux quatre coins du globe, mais aussi les diversités qu’elle comporte dans son roster, à l’instar de la championne de SmackDown Naomi.

Si l’on retire les Samoans, très présents à la WWE avec notamment The Rock et Roma Reigns qui ont tenu ce titre ces dernières années, ou les latinos tels Rey Mysterio — qui n’a tenu le titre de la WWE que pendant 24h — et Alberto Del Rio, la liste des détenteur de cette ceinture est en grande majorité blanche. Si l’on regarde son histoire, en 49 détenteurs depuis 1963 et en incluant Jinder Mahal, seulement 9 n’étaient pas blanc.

Les règnes de ces derniers n’étaient pas franchement long, pour la plupart. On peu prendre l’exemple d’Antonio Inoki qui a tenu la ceinture pendant seulement six jours ou encore The Iron Sheik qui a été champion pendant seulement vingt-huit jours. Jinder Mahal ne défendra pas sa ceinture avant le 18 juin prochain, cela lui fait un règne minimum de vingt-cinq jours. Si le règne venait à durer, ce serait une bonne nouvelle quant au futur et ouvrirait la porte à de nombreuses Superstars qui n’ont jamais pu accéder à ce titre du simple fait de leur couleur de peau ou de leurs origines.

Évidemment d’un point de vue totalement focalisé sur le catch cette victoire n’est pas du tout plaisante au premier abord. Jinder Mahal n’est pas le type de catcheurs très en vogue aujourd’hui. Ses qualités sur le ring ne sont pas plus abouties que celles de Randy Orton pour prendre son exemple, et ses promos sont assez monotones. Il va falloir peut-être penser à lui mettre un challenger plus intéressant pour que son règne soit plus mémorable. SmackDown nous a déjà agréablement surpris à plusieurs reprise depuis la séparation des brands, souhaitons que ce règne soit une surprise de plus.

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