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Culture Catch

Enjoy Wrestling : Venez comme vous êtes

Que vous soyez hommes, femmes ou tout ce qu’il y a entre les deux, la Enjoy Wrestling vous accueille à bras ouverts.

AJ Small / Enjoy Wrestling

Des promotions de catch indépendantes il en existe des milliers à travers le monde. Sans oublier la discipline principale, certaines se démarquent avec des concepts bien à eux qui font leur identité. D’autres vont jusqu’à insuffler une dose de militantisme dans ce concept parce que comme toute culture, le catch peut-être vecteur d’un message.

Parmi celles-ci, on retrouve la promotion américaine Enjoy Wrestling. Basée à Pittsburgh en Pennsylvanie, elle s’inscrit dans une ligne directrice progressiste où des communautés minoritaires telles que les homosexuels, les transgenres où ceux qui ne s’inscrivent dans aucun des genres attribués peuvent désormais s’assumer pleinement dans leur activité.

Tout le monde est le bienvenu

Ainsi, que vous soyez un homme, une femme ou tout ce qui se situe entre les deux : vous êtes la bienvenue à la Enjoy Wrestling. Le langage épicène fait donc son apparition sur le bandeau de présentation des talents venants au ring : He/Him si c’est un homme, She/Her si c’est une femme et They/Them pour toute personne non-binaires. Petit point histoire et grammaire anglaise: Le they singulier est apparu dès le XIVème siècle mais les grammairiens de l’époque l’ont jugé contraire à la langue anglaise, sept siècles plus tard les choses n’ont pas vraiment changé. Le pronom They/Them est par ailleurs utilisé par l’annonceur·seuse de ring Meg Fair.

Sur le ring ou à l’extérieur de celui-ci, des personnalités et talents de la communauté LGBTQ+ sont ainsi conviés comme le catcheur Effy qui officie aux commentaires. Effy est l’un des noms les plus en vue du catch indépendant américain actuellement, ayant même son propre show à la Game Changer WrestlingEffy’s Big Gay Brunch où d’autres talents LGBTQ+ y sont bookés.

Le catch intergender, lui aussi toujours aussi mal perçu, fait naturellement parti du produit de la Enjoy Wrestling. Un talent comme Solo Darling fait donc face à Lee Moriarty, qui fait aussi face à Edith Surreal, ou son autre identité complètement délirante « Still Life With Apricots And Pears » qui fait face à Ziggy Haim. Peu importe le sexe ou le genre, on se bastonne. Pas de différences à faire et pas de jaloux.

Aussi, dans un business qui a vu la dénonciation de comportements abusifs qu’ils soient moraux ou sexuels au travers du mouvement #SpeakingOut survenu l’an dernier et qui a écarté bon nombre de personnalité du milieu dont les agissements étaient restés jusque là entre les murs des vestiaires. La Enjoy Wrestling s’inscrit dans cette politique de l’inclusivité et du vivre-ensemble, rendant notamment un hommage à des personnalités comme le récemment regretté Barry Orton (oncle de Randy Orton). Barry Orton a été complètement banni des rings après avoir dénoncé le harcèlement subi de la part du promoteur Terry Garvin, lorsqu’il insistait lors de voyages en voiture de lui faire une fellation, ce qu’Orton a formellement refusé.

Un cadre atypique

Basé à Pittsburgh, capitale de l’Etat de Pennsylvanie, la Enjoy Wrestling a choisi un lieu plutôt atypique et aux antipodes de ce que l’on pourrait imaginer pour une telle promotion pour tourner ses shows : une église reconvertie en une salle de réception. De son nom « The Clement », elle accueille mariages, anniversaires et toutes sorte de fêtes. Néanmoins, on ne s’en rend compte que lors d’une petite publicité durant laquelle la promotion américaine remercie la direction de The Clement de les laisser organiser leurs shows à l’intérieur de l’édifice religieux.

Maintenant que l’on sait où ça se déroule, cela ajoute un certain piquant à ce qu’on regarde à travers notre écran. À voir ce que cela aurait donné avec une foule rassemblée autour du ring. L’endroit reste malgré assez petit en superficie, du moins la nef principale de l’église. Un ring de catch fait six mètres sur six pour les standards, la structure prend donc toute sa place et laisse peu d’espace pour rassembler un public, mais c’est aussi ça le charme du circuit indépendant. Les autres talents présents sur les shows de la Enjoy s’assoient autour du ring histoire de ne pas présenter une salle totalement vide.

La production vidéo est quant à elle des plus classiques mais de qualité : une caméra fixe pour la vue d’ensemble et deux caméramans aux abords du ring, c’est largement suffisant. La qualité de l’image est au rendez-vous. À noter par ailleurs l’excellent graphisme offert par la Enjoy Wrestling : en commençant par un logo graphiquement inspiré des années 1980, style évidemment assumé qui se retrouve partout dans la production.

Kitch et catch

Dans un contexte non-favorable à l’accueil d’un public, difficile de prospérer lorsque de nombreuses promotions indépendantes basent la plupart de leur budget sur la billetterie pour financer le show suivant et ainsi de suite, la Enjoy Wrestling a eu l’idée d’organiser un show hebdomadaire réparti en saisons comme le font actuellement la NWA avec son programme phare NWA Powerrr ou encore l’APC en France avec Résistance.

Dénommé « Canned Heat », la première saison du show s’est contentée de quatre épisodes durant lesquels huit talents s’affrontaient au travers d’un tournoi pour être sacré vainqueur de la Enjoy Cup. Avoir sa propre ceinture de championnat coûte très cher pour une promotion, alors la Enjoy Wrestling attendra encore un peu. Un beau et volumineux trophée fera pour l’instant l’affaire.

Le programme est court, mois d’une heure. Pratique pour celles et ceux qui n’ont pas vraiment le temps ou l’envie de se poser longtemps devant un show de catch. Cependant, il faut noter la grande différence de temps entre les épisodes : les deux premiers durent moins d’une demi-heure avec des matchs relativement courts couplés à des angles, majoritairement des interviews avec un beau fond aux couleurs de la promotion, mais les deux derniers épisodes durent dans les quarante-cinq minutes. Malgré cela, les épisodes s’enchaînent assez bien. On ne cherche pas à aller dans le fantasque, on va à l’essentiel.

Au niveau des prestations sur le ring, c’est du très solide. Les enjeux comme les prises de risques montent au fil du tournoi tandis que de nombreux styles défilent : on passe à des grosses bagarres à de la voltige en passant par de la bonne technique. Chacun y retrouve son compte. Les personnages, quant à eux, sont aussi variés. On retrouve Eddith Surreal, qui même si parfois son gimmick va dans le cliché, assure de superbes prestations in-ring. Il y a aussi l’Emo de service en la personne de Shawn Phoenix ou encore Mr. Grim, dont la passion est de mettre ses adversaires vaincus dans un sac mortuaire. On retrouve aussi Lee Moriarty, dont les comparaisons avec Jonathan Gresham sont aisées.

De par son identité d’ores et déjà trouvée et un professionnalisme qui fait plaisir à voir, la Enjoy Wrestling peut se vanter d’avoir l’un des meilleurs démarrages pour une promotion indépendante qui n’en est encore qu’à ses balbutiements. Espérons donc une deuxième saison au programme Canned Heat et du succès une fois le public de retour dans les salles.

Si vous désirez vous lancer à la découverte de Enjoy Wrestling : Canned Heat, c’est à retrouver gratuitement sur leur chaîne YouTube.

Enjoy Wrestling : Venez comme vous êtes
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