Décryptage

Après une excellente année 2016, que va nous réserver 2017 ?

bayley

On vient de passer sans doute l’une des années les plus importantes de l’histoire du catch, que nous réserve la suivante ?

WWE

Prévoir le futur dans le catch est délicat tant le catch est une source d’imprévus et de retournements de situation. Observer des dynamiques, juger des états de forme sur une année, c’est déjà assez compliqué mais quand en plus on ajoute un aspect scénaristique qui peut propulser un catcheur de manière inattendue en quelques semaines, on peut dire que c’est impossible de tout voir venir. Mais à l’aube de la Road to WrestleMania, la situation est aussi idéale pour s’atteler à ce genre de prévisions. C’est de toute façon un exercice à part entière du fan de catch, les pronostics, l’envie d’être dans la tête des scénaristes est devenue un aspect des conversations entre fans.

Il convient également de ne pas partir directement dans l’année 2017 pour essayer de débusquer ce qui nous attend. 2016 est porteur d’une dynamique pour le catch qu’il soit à la WWE ou ailleurs, nous avons essayé tout au long de ce dossier de vous donner certaines clés de ces dynamiques pour que vous puissiez attaquer 2017 avec des attentes par rapport aux satisfactions et aux déceptions de cette année. Si la WWE va prendre énormément de place dans ces prévisions, d’autres fédérations et émissions ont besoin d’être évoquée pour aborder au mieux 2017.

Des matchs de plus en plus spectaculaires

Depuis 2013, le catch est dans une phase ascendante concernant la qualité de ses matchs, 2016 ne déroge pas à la règle. 164 matchs se sont attirés les faveurs de la Wrestling Observer Newsletter et de Dave Meltzer avec une note égale ou supérieure à quatre étoiles. Pour ceux qui ne connaissent pas ce système, Dave Meltzer note les matchs selon leur qualité sur cinq étoiles, cette note maximale étant plutôt rare. Quatre étoiles, c’est l’assurance d’un match de qualité et qui porte à la fois une valeur technique mais aussi émotionnelle, ce qui est tout aussi important dans le catch.

Sur ces 164 matchs notés entre quatre et cinq étoiles, 72 d’entre eux nous proviennent de la NJPW, qui a encore une fois réussie son année. Enlevez leur AJ Styles, Shinsuke Nakamura et ils vous ressortiront Kenny Omega, Tetsuya Naito ou l’éternel Kazuchika Okada. Ces trois catcheurs font d’ailleurs partis des heureux élus de l’année ayant réussi la prouesse de participer à un match récoltant la note de cinq étoiles. Quatre matchs ont obtenus cette note, trois étant des matchs de la NJPW, une prouesse de la part de la fédération japonaise. Celle-ci commence l’année très fort avec son main-event entre Okada et Omega qui récolte ni plus ni moins qu’une note à six étoiles de la part du Wrestling Observer. Le dernier match a avoir récolté la note maximale en 2016, c’est un match de la fédération Pro Wrestling Guerilla qui a encore une fois accroché les fans avec son tournoi Battle of Los Angeles, le match tag team opposant les Young Bucks & Adam Cole à Ricochet, Matt Sydal & Will Ospreay empochant la note suprême.

De là à dire que la WWE est dépassée, il y a un pas que nous ne franchirons pas tout à fait, la fédération de Stamford a obtenu 40 fois une note supérieure ou égale à quatre étoiles pour ses matchs. Un nombre en progression et qui est dû à la multiplication des shows proposés par la WWE. Le Cruiserweight Classic a été applaudi par la critique et que ce soit à NXT ou dans le roster principal, des catcheurs comme Sami Zayn, Shinsuke Nakamura, Cesaro ou bien sûr notre catcheur de l’année AJ Styles, tous ont su monter leur niveau pour proposer d’excellents matchs. On se surprend même à retrouver plusieurs fois The Miz dans la liste des matchs à plus de quatre étoiles, preuve de la renaissance qu’il a vécu en 2016, et qu’on espère voir continuer en 2017.

En tout cas, ce nouveau record de matchs à valeur supérieure ou égale à quatre étoiles est une preuve que la qualité générale est en hausse. Il faut voir aussi cela comme une montée des offres extérieures à la WWE. Si l’on a déjà évoqué la NJPW ou la PWG qui occupent une grande partie des 164 matchs, on peut noter la présence de la CMLL, de la ROH ou même de plusieurs matchs de la Revolution Pro Wrestling, fédération britannique qui fait quelques apparitions méritées grâce à des catcheurs phares du circuit indépendant comme Marty Scurll, Chris Hero ou Will Ospreay, probablement l’un des noms qui a le plus circulé dans les rumeurs de 2016 concernant la WWE.

L’offre s’étend autant en terme de territoire qu’en terme de nombre. Les fédérations se multiplient et chacun en a pour son argent, pas un hasard si la WWE continue avec des projets pour le WWE Network d’étendre sa visibilité, notamment avec le prochain tournoi qui va mettre en avant la scène britannique, actuellement dans une dynamique très intéressante pour la scène européenne avec en plus de la RPW, une fédération comme la Insane Championship Wrestling, fédération écossaise qui attire de plus en plus de fans. On oubliera évidemment pas un show comme la Lucha Underground, qui propose des matchs avec une ambiance unique et un show à l’esthétique très léchée.

Une opulence qui n’est toutefois pas généralisée

À l’aube de 2017, tout le monde n’est pas vraiment logé à la même enseigne. Les péripéties connues par la TNA semblent s’être enfin stabilisées, notamment grâce au gimmick du fantasque « Broken » Matt Hardy, en pleine renaissance grâce à un mélange savant de kitsch, de private jokes et de matchs très divertissants, il est probablement le phare d’une fédération qui s’est plongée dans les eaux sombres de l’océan et qui semble couler inexorablement malgré ses tentatives multiples d’attirer des ex-WWE en mal de reconnaissance. Entre Drew Galloway, Aaron Rex – ex-Damien Sandow ou Cody Rhodes, l’arrivée des trois anciens midcarders de la WWE n’ont pas eu l’effet escompté sur une fédération qui semble toujours aussi complexe dans son fonctionnement.

On peut aussi dire que si la WWE fait grandement partie des matchs supérieurs ou égaux à quatre étoiles, cela reste proportionnellement peu en comparaison du nombres de shows que propose la WWE. Si l’on ne demande pas un match cinq étoiles à chaque Raw ou Smackdown, on peut observer que la WWE porte les faiblesses d’un booking qui a été assez moyen tout au long de l’année. Du règne de Roman Reigns qui paraissait totalement poussif dans une Road to WrestleMania prévisible et mal gérée à celui de Kevin Owens, effacé par Chris Jericho et la mauvaise utilisation de Seth Rollins, face par défaut après la blessure de Finn Bálor, les champions ont été plutôt mal lotis en 2016.

La WWE a sous-utilisé beaucoup de ses lutteurs et a eu du mal à animer une midcard / upcard qui n’attend que ça. La séparation des brands était la bonne décision, mais son utilisation et le multiplication jusqu’à l’overdose des pay-per-views en seconde partie d’année n’ont pas aidé à l’appréciation d’un roster qui ne manque pas de talent mais plutôt d’une orientation générale. En se reposant trop souvent sur les retours de Brock Lesnar et autres part-timers, la WWE oublie souvent qu’elle doit construire des personnalités fortes pour son show, et que ce n’est pas uniquement en étant à la WWE que les catcheurs deviennent immédiatement des stars incontournables.

2017 sera un test à la fois pour la WWE mais aussi ses concurrents. Face à un empire qui affiche clairement ses velléités d’expansion mondiale et de monopole du marché – Tournoi britannique, embauche de nombreux talents à NXT, accord avec Evolve pour le développement des lutteurs, opérations multiples sur le continent asiatique pour attirer l’attention sur son produit – il faudra voir comment réagiront les autres fédérations, loin des moyens de Stamford, mais ne manquant pas du talent pour convaincre.

Si l’on ne verra probablement pas encore de guerre ouverte, la tactique actuelle de la WWE n’est pas innocente, elle sait que le catch connaît un renouveau mondial et que le monde indépendant est de plus en plus mis en lumière grâce, notamment, à Internet et des fans qui sont de plus en plus passionnés par des produits extérieurs à la WWE. Si elle reste la solution principale quand on veut regarder du catch, les alternatives sont désormais légion, et se développent sous plusieurs formes, avec une qualité qui varie.

Vers une affirmation du circuit indépendant face à la WWE

2017 sera probablement une nouvelle année faste pour les fédérations du circuit indépendant. Avec des shows désormais bien ancrés dans l’esprit des passionnés et dont l’accessibilité est de plus en plus facilité par les fédérations : la NJPW et son service vidéo NJPWWorld, la ROH et sa distribution variable mais facilement accessible ou même des offres pour des fédérations de moindre envergure comme la Progress ou la ICW avec ICW On Demand. En résumé, le circuit indépendant se construit grâce à des offres autour de la communication sur Internet, sait déjà à quel genre de fans son catch est adressé et au lieu de chercher à se battre avec la WWE sur le poussiéreux terrain de la télévision – comme la TNA avait pu s’y casser les dents en 2010, elles détournent cet affrontement pour s’ouvrir aux nouveaux terrains.

Réussissant à se placer dans le bon wagon, le WWE Network de la WWE est une bonne initiative qui a lui a permis de s’assurer une fiabilité financière reconnue et elle ne s’en cache pas. Cependant, sur Internet, cela n’empêchera jamais les autres fédérations de faire leur bout de chemin, et cela bénéficie au final à plusieurs personnes. Le fan, d’abord, qui peut sélectionner ce qu’il veut voir, quand et comment. Mais surtout le-la catcheur-se, qui va pouvoir bénéficier d’offres de plus en plus multiples et pérennes, avec peut-être une stabilité financière qui sera accessible à plus de monde.

Chacun développe son produit de son côté et engage de nombreuses collaborations pour y accéder. Les échanges entre la ROH et la NJPW pour garder des catcheurs à l’intérieur de son circuit, les accords entre la WWE et Evolve pour étendre la capacité du territoire de développement de la WWE sont autant d’accords qui sécurisent le futur de tous et permet d’augmenter aussi la viabilité d’une carrière dans le circuit indépendant. La vision des « bingo halls » pour évoquer les salles du circuit indépendant à la WWE pourrait bientôt ne plus avoir lieu d’être.

Point d’orgue du développement de l’offre indépendante, Floslam et son service de diffusion en direct et à la demande des shows du circuit indépendant. Si le service est encore jeune et incomplet, il pourrait s’imposer comme une très bonne alternative à la WWE qui ne semble pas vraiment craindre ce genre de projet mais plutôt encourager la démarche, laissant Gabe Sapolsky et l’Evolve participer à Floslam. Le marché a évolué et en mieux, et 2017 devrait confirmer tout cela, avec pourquoi pas, des rivaux de plus en plus clairs à la WWE, la NJPW en tête qui a annoncé sa venue aux États-Unis pour deux jours du G1 Climax, une annonce faite lors d’un Wrestle Kingdom 11 qui a encore une fois fait vibrer énormément de monde.

WrestleMania 33, à nouveau un show des part-timers ?

Ce qui risque toutefois d’occuper principalement notre attention en ce début d’année 2017, c’est la Road to WrestleMania. Une Road qui va débuter très fort avec un Royal Rumble qui devrait dessiner les principaux contours du plus gros show de l’année. Avec Goldberg et Brock Lesnar dans le Royal Rumble, la WWE va faire un choix, éliminer les deux et les inciter à faire un troisième un contre un à WrestleMania, où faire gagner l’un des deux pour ajouter probablement une ceinture à tout cela et peut-être, un troisième protagoniste. Ce dernier pouvant alors bénéficier de l’aura des deux catcheurs.

La plus grande probabilité reste une opposition qui conclurait la rivalité après le match choc de Survivor Series. Cette possibilité est également un risque. Avec autant de star-power, les deux hommes vont probablement prendre une grande part des shows quotidiens et il ne faudra pas oublier les autres rivalités de WrestleMania. En évitant peut-être des matchs fourre-tout pour les ceintures Intercontinental ou Tag Team, la WWE pourrait mettre en avant son upcard de manière assez exceptionnelle. Il faudra aussi espérer que ce match ne soit que « l’un des main-events » et non pas le main-event, au risque d’éclipser les matchs pour les ceintures majeures féminines et masculines.

Avec le double des titres à gérer dans un preshow de 2h et un show de 4h, ce WrestleMania 33 risque à nouveau d’être un événement immense mais qui pourrait aussi devenir assez anecdotique si la Road to WrestleMania se révèle peu passionnante. Avec pour l’instant des oppositions entre AJ Styles et John Cena et entre Kevin Owens et Roman Reigns, la WWE devrait chambouler la carte du main-event une fois le vainqueur désigné. Un vainqueur qui, on l’espère, aura le choix entre les deux ceintures majeures, comme c’était de tradition avec la réunification des brands.

La place du catch féminin sera également majeure. Il faudra succéder au Triple Threat Match de l’année dernière avec cette fois-ci deux ceintures à mettre en avant de manière égale. La probable rivalité entre Charlotte et Bayley pourrait suffire pour RAW et garder Sasha Banks un peu de côté peu faire du bien à la division féminine. Du côté de SmackDown, l’arrivée prochaine de Mickie James devrait permettre d’apporter un nouvel air à la division bleue, Alexa Bliss réussissant plutôt bien ses débuts en tant que championne.

Il y a énormément à construire et il ne faudra pas oublier un autre facteur important : la surprise. Il faut faire monter de manière très rapide quelqu’un d’aimé mais d’inattendu. La WWE manque d’un babyface fort dans le main-roster et WrestleMania est l’occasion parfaite pour en construire un nouveau.

Cesaro et Bayley, le duo de l’année à la WWE ?

Avec un début d’année qui devrait être largement à son avantage, Bayley pourrait bénéficier du travail effectué par Charlotte et Sasha Banks pour s’offrir une année 2017 d’anthologie. Si réussir à WrestleMania est une étape importante, s’affirmer dans les performances et en tant que championne sera un objectif majeur pour la babyface. Avec une côté de popularité qui se veut toujours plus grande, la Californienne devra confirmer tout le bien que l’on peut penser d’elle. Il se dit aussi que la WWE compte énormément sur elle pour cette année, on l’espère.

Elle fera également face à une lourde concurrence, Charlotte Flair a écrasé 2016, elle pourrait très bien continuer en 2017. Avec des performances aussi stables et une évolution pour s’imposer en patronne, Charlotte Flair ne sera pas forcément mise à l’écart de manière immédiate et risque d’énormément tourner autour d’une ceinture à laquelle on souhaite nos vœux de stabilité pour 2017, après une fin d’année où elle avait l’air de beaucoup glisser des mains de ses détentrices.

Chez les hommes, l’évidence semble se dessiner avec un costard arraché et une boule à zéro suisse. Si l’on attend beaucoup d’autres superstars comme AJ Styles qui peut confirmer son statut de catcheur de l’année 2016, de Sami Zayn et autres Kevin Owens, Cesaro semble bien être à l’aube d’une dynamique inarrêtable. Incroyable dans ses performances tout au long de l’année, certes enfermer dans une division par équipes un peu terne, le catcheur Suisse bénéficie toutefois d’une côté de popularité qui ne finit par de monter que ce soit auprès des fans hardcore que ceux plus lambda.

Si son début d’année devrait rester autour des titres par équipes qu’il vient de récupérer, la période après WrestleMania devrait lui permettre un envol certain. Que ce soit à Raw ou à Smackdown, Cesaro devrait quoiqu’il arrive se positionner comme un main-eventer indéniable en 2017. S’il n’y arrive pas, vous pourrez considérer cela comme un échec, à la fois de la WWE mais de Cesaro lui-même. Car il faudrait être aveugle pour ne pas voir le potentiel d’ascension du Suisse, et la WWE ne l’est pas.

Tout ceci reste évidemment sous plusieurs conditions : des blessures, des pertes de vitesse et baisses de performances peuvent arriver, une nouvelle draft dans l’année peut également énormément participer à une redistribution des cartes. Et puis il y a ce dernier élément, dont on parle toujours de manière assez légère car elle est très difficile à analyser avant qu’elle n’arrive : la surprise. La bonne, celle qui vous fera marker, qui provoquera des ascensions, des renaissances inattendues. 2017 sera une année probablement aussi riche que 2016 et qui comportera comme chaque année son lot de satisfactions, de déceptions, de frustrations et d’émerveillement. Parce que c’est ça le catch.

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