Décryptage

NWA Powerrr : La nostalgie camarade

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La NWA se relance en hebdomadaire avec son show Powerrr, une heure de nostalgie assumée et de catch sans fioriture.

NWA

On joue beaucoup sur la nostalgie dans le catch, parce que celui-ci évolue rapidement ces dernières années, qu’il se diversifie et que ceux qui l’ont connu il y a 20, 30 ans sont encore là et ont toujours une petite tendresse pour le divertissement qu’ils regardaient enfants. La NWA, rachetée par Billy Corgan en 2017 et dirigée avec Dave Lagana après leur départ d’Impact Wrestling, a décidé de surfer sur cette tendance pour son nouveau show hebdomadaire, « NWA Powerrr ».

La promotion historique d’Amérique du Nord se relance depuis plusieurs mois pour tenter un comeback sur le devant de la scène, avec les moyens du bord. La promotion a aussi établie le temps de quelques mois un partenariat avec la Ring of Honor, partenariat qui n’aura duré que quelques mois mais qui aura permis à la NWA de se remettre une bonne fois pour toutes sur les rails et de fêter notamment ses 70 ans comme il se doit l’année dernière.

Machine à remonter le temps

Maintenant seule, la NWA s’est retrouvée un petit public et n’avait plus qu’à lancer Powerrr, et si vous vous attendiez à un show de catch ordinaire vous allez être surpris. Si l’on retire le fait qu’il soit diffusé sur Youtube et qu’il soit filmé en HD, NWA Powerrr est une véritable machine à remonter le temps dans laquelle la promotion a fait monter ses talents.

Produit aux GPB Studios d’Atlanta, tout sonne comme dans les années 80 et semble pleinement assumé dans ce show : le générique et sa musique, les synthés à l’écran vous mettent dans l’ambiance afin de vous donner l’impression de retrouver un show télévisé de l’époque où ceux-ci n’avaient que pour rôle de faire la promotion des plus grands événements, le tout remasterisé en HD.

Le décor est lui aussi assez cheap. Un ring de taille moyenne, un public disposé sur deux de ses faces, une table de commentateurs et une autre pour les interviews, rien de plus. Tout se fait dans le même studio, rien en coulisse. Pour filmer son catch la NWA utilise même d’énormes caméras de télévision sur pieds comme on n’en voit plus depuis bien longtemps aux abords du ring, loin d’être pratiques aujourd’hui pour filmer l’action et ça peut se ressentir parfois à l’image. Point positif: on échappe aux zooms et mouvements de caméra souvent bien trop présents dans d’autres shows.

Jim Cornette est là aussi, parce qu’il n’y a pas plus années 80 que Jim Cornette comme commentateur disponible aujourd’hui — les autres sont soit déjà pris, soit décédés. Les interviews de David Marquez, que vous connaissiez déjà sans doute si vous suiviez la Championship Wrestling From Hollywood ou la série Ten Pounds of Gold de la NWA sur Youtube, que l’on retrouve avant et après chaque match rappellent elles aussi le côté vintage du show. Sans parler de cette pub pour l’école de catch d’Austin Idol qui frôle la parodie, mais toujours assumée.

L’aspect sportif du catch avant tout

Tout est aussi fait pour mettre l’accent sur l’aspect sportif du catch et se concentrer sur l’action dans le ring. Ne vous attendez pas à des musiques d’entrée, à des coups de cloche avant et après les matchs et encore mois des pyros. Rien ne vient détourner votre attention de ce qui se passe sur le ring. Un point qui plaira sans doute au ardents défenseurs du catch plus technique et plus athlétique que spectaculaire, tandis que les autres seront rassurés par la courte durée des matchs, ce style de catch n’étant pas forcément accrocheur pour tout le monde.

La NWA compte aussi beaucoup sur Nick Aldis et ça ne date pas d’hier. L’ancien catcheur d’Impact Wrestling entre autres est champion depuis 2017 — avec un bref passage de titre à Cody Rhodes à All In l’an dernier — est le premier champion de l’ère Corgan/Lagana de la NWA et est devenu un visage plus que récurrent de la promotion. On reprochera par contre à celui-ci et à d’autres plusieurs fois dans l’épisode de s’être un peu trop forcés à imiter d’anciens catcheurs dans l’attitude et le ton lors des interviews, seul Eddie Kingston à qui on devrait donner plus souvent la parole nous a semblé naturel ici.

Pour ce premier épisode Nick Aldis retrouvait Tim Storm, celui à qui il avait pris le titre en 2017, pour un troisième affrontement dans le main-event. La rivalité est tout de même intéressante: Storm, 54 ans — et plus en forme que bien d’autres catcheurs plus jeunes que lui — joue le rôle de la légende face qui n’a plus grand chose à perdre et qui tente une dernière chance de se remettre sur les rails en affrontant le jeune champion heel Nick Aldis. C’est simple mais assez beau et suffisant pour vous inciter à regarder le match, en plus de la superbe promo d’avant match de Storm. Le tout se termine sans surprise sur la victoire d’Aldis, Storm a échoué à sa dernière chance, mais une brève démonstration de respect mutuel vient terminer l’histoire.

Pour un public averti

Si cette histoire est très bien mise en avant dans l’épisode, il faut avoir vu Ten Pounds of Gold pour le reste. C’est un des défauts de NWA Powerrr, une heure ça passe vite et avec cinq matchs on a pas beaucoup de temps pour nous faire s’intéresser au reste des talents avant de les envoyer sur le ring. Cela viendra peut-être avec le temps mais il va être nécessaire de mettre l’accent sur l’histoire pour que l’on s’intéresse ensuite un peu aux talents et à ce qu’ils font sur le ring.

Il reste néanmoins que ce show ne s’adresse qu’à un public averti. S’il y a encore assez de fans de catch de longue date pour apprécier cet effet de nostalgie certes totalement assumé mais parfois un peu poussif, attirer un nouveau public sans ajouter un peu de modernité risque d’être compliqué. Il n’est pas certain qu’un plus jeune public né dans les années 90 ou 2000, élevé à la WWE et moins perméable à tout ceci, puisse comprendre l’intérêt de tout ce décorum qui va leur rappeler la Southpaw Regional Wrestling.

NWA Powerrr a un concept à lui et c’est déjà un gros avantage dans le milieu du catch. On ne cherche pas ici à faire comme les autres ou mieux qu’eux. Le but de la NWA avec ce show est très certainement de se différentier d’une offre de catch de plus en plus florissante et diversifiée comme le fait à sa manière la GCW, avec une formule qui sort de l’ordinaire et qu’on ne voit que chez eux, pour l’instant. Attention tout de même : à trop jouer sur la nostalgie, on peut vite sombrer dans la parodie.

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