Décryptage

Ce que l’on retiendra de 2020 dans le monde du catch

bilan catch 2020

On referme enfin 2020. Bilan de cette année pas comme les autres dans le monde du catch.

VoxCatch

2020 est enfin terminée. Que ce soit dans le catch ou ailleurs on n’en gardera pas forcément un bon souvenir. Avant de quitter définitivement cette année, on fait un petit bilan qui nous confirme une chose : on a vraiment vécu une année de merde.

Le catch sans public, c’est pas terrible

Le COVID-19 est sans nulle doute l’ennemi public n°1 de l’année et a ruiné tout ce que vous pouviez avoir comme divertissement culturel cette année, y compris le catch dont la profession se retrouve comme d’autres en grande partie sans activité. Seul les plus gros acteurs du milieu ont pu continuer à travailler grâce à leurs juteux contrats télé. L’indépendant lui, se débrouille.

Mais pour pour poursuivre ses activités il a fallu prendre des mesures restrictives pour endiguer la propagation du virus et se séparer du public a été sans nul doute la plus dommageable en apparence.

La WWE a par exemple du tourner ses épisodes de RAW, SmackDown et NXT au Performance Center jusqu’en août dernier — profitant de l’installation de NXT, originalement pour un soir dans son centre d’entrainement — sans public et le rendu était très anxiogène. L’utilisation de talents en développement comme public n’a pas vraiment aidé. S’il y avait un peu plus d’ambiance, le fait que ces derniers avaient certaines consigne n’a pas aidé. Quant au Thunderdome, s’il a aidé à apprécier un peu plus facilement les shows, on en voit (ou entend, surtout) rapidement les limites avec les faux bruitages de foules qui n’ont absolument rien de naturel.

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L’AEW a été moins bête et ce dès le début : elle a utilisé son roster présent sur place pour mettre de l’ambiance aux abords du ring et utilise une salle semi-ouverte, le Daily’s Place, dont la configuration permet une aération permanente et donc d’accueillir un public — certes restreint, mais le rendu est quand même très bon. Quant au Japon et notamment la NJPW, il a eu plus de chance et a pu faire entrer du public dans ses salles moyennant un nombre de spectateurs revu à la baisse et des consignes sanitaires très strictes.

Vince McMahon est toujours un piètre bookeur…

S’il y a une chose qui n’a pas beaucoup changé durant cette dernière décennie, c’est que Monday Night RAW est toujours la plupart du temps un show difficilement supportable. Trop long, trop de programmes en cours et pas forcément tous intéressant, ou une écriture bête à manger du foin — comparez avec d’autres show télévisé en dehors du catch, le gouffre est assez énorme. Il en a été de même pour SmackDown, même si la durée de deux heures aide souvent à mieux digérer l’ensemble et nous évite un remplissage futile à outrance.

Résultat : les téléspectateurs se détourne du show. Cette année Monday Night RAW a réalisé par deux fois la pire audience de son histoire cet été et il y a encore quelques semaines. Et la concurrence a bon dos. Elle est peut-être responsable de la perte de téléspectateurs de temps à autre, mais la tendance étant la baisse depuis quelques années, elle ne peut pas porter le chapeau éternellement — surtout quand l’AEW réussi à faire de meilleurs scores sur la cible des 18-49 ans le mercredi soir.

Vince McMahon a-t-il les clés pour réussir à redresser la barre ? On en doute fort. RAW Underground et RETRIBUTION ont été une première tentative d’attirer les curieux qui avaient fuit cet été, sans doute saoulé par les rivalité entre Seth Rollins et Rey Mysterio ou encore Jeff Hardy et Sheamus du côté de SmackDown, mais une production pitoyable pour le premier et un booking trop hasardeux pour les seconds ont eu raison de ces tentatives.

Pour cette dernière chute d’audience, la WWE nous prépare pour la rentrée un RAW spécial légendes. Est-ce que ça va fonctionner ? Vous avez déjà la réponse. En attendant, USA Network attend du changement.

…et un impitoyable patron d’entreprise cotée en bourse

La WWE avait les reins solides financièrement parlant. Mais une entreprise côté en bourse qui ne prend pas de mesures sévères face à une crise financière qui s’annonce en raison de la pandémie de COVID-19, ça ne rassures pas les actionnaires. Alors Vince McMahon a purgé.

Pour ce faire, la WWE s’est séparée de 40% de son effectif pendant quelques mois (licenciements de Superstars, mises à pieds d’employés, non-renouvellements de contrats), reporté le déménagement de son siège social et baissé les salaires de plusieurs de ses dirigeants. Le but : économiser 40 millions de dollars sur l’année 2020. Efficace ? Sans doute, l’action WWE qui souffrait déjà pas mal en ce début d’année 2020 a même réussi à remonter. Utile ? On en est moins sûr.

Selon l’analyste Brandon Thurston, la WWE avait malgré la crise et sans licencier, des chances de pouvoir atteindre à nouveau des bénéfices records, en grande partie grâce toujours à ses contrats de diffusion télé avec FOX et NBC Universal.

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Tout n’est heureusement pas sombre dans cette histoire, puisqu’une grande majorité des employés mis à pieds en avril dernier on retrouvé le chemin du travail à Stamford dans le courant de l’automne, quand d’autres on pu aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

On se souviendra aussi du TwitchGate qui nous rappelle que la WWE est ultra possessive envers ses talents, allant jusqu’à les empêcher coute que coute de générer des revenus en dehors de leur travail de Superstars bien qu’ils soient employés comme contractuel indépendant. Zelina Vega a préféré la liberté, quand d’autres espèrent encore une syndicalisation des Superstars.

L’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ?

Dans un monde où la WWE a le monopole, celle-ci devient rapidement un objectif pour tout·e·s catcheurs ou catcheuses qui a de l’ambition. Et quand on y est, on a rarement envie d’en partir même si son rôle n’est pas toujours reluisant, parfois en allant contre certains de ses principes et en rongeant son frein en coulisse en espérant de jours meilleurs.

Mais quand un acteur avec de gros moyens nous fait les yeux doux, on résiste difficilement. L’AEW a cette année pu profiter une nouvelle fois de talents peu ou mal utilisé par la WWE dont cette dernière s’est débarrassée en avril pour certains, officiellement pour des raisons économiques. Matt Hardy, Brodie Lee — qui nous a malheureusement quitté récemment —, FTR, Shawn Spears, Matt Cardona, Miro, Taynara Conti entre autres ont pu trouver une nouvelle maison où espérer peut-être donner un second souffle à leur carrière. Puisse l’avenir leur donner satisfaction.

D’autres comme Eric Young, Brian Myers, EC3, Heath Slater ou les Good Brothers Luke Gallows et Karl Anderson ont retrouvé ou osé franchir la ligne comme on disait à la bonne époque en rejoignant Impact Wrestling. Si pour certain comme Young ou EC3 c’est une manière de retrouver une famille qui traite bien ses membres, pour d’autres comme Slater, Gallows ou Anderson cela ressemble surtout à une période de transitions le temps que la crise passe. Et peut-être même un tremplin étant donné le partenariat d’Impact avec l’AEW.

#SpeakingOut : Le catch n’est pas clean, mais vous le saviez déjà

Lors des mouvement de #MeToo qui ont libéré la parole des femmes victimes d’abus et agressions sexuelles, on nous a longtemps expliqué que le catch était clean, que ce genre de chose n’arrivait pas dans les vestiaires de notre discipline trop bien droite dans ses bottes. On y a jamais cru, et #SpeakingOut n’était qu’une bombe à retardement que l’on voyait chauffer de loin.

Alors que le catch indépendant était totalement à l’arrêt en juin dernier, une affaire d’agressions sexuelles vise David Starr. La bombe explose et de nombreuses femmes victimes de talents, promoteurs ou employés de promotion de catch témoignent ensemble à travers le hashtag #SpeakingOut. Joey Ryan, Jack Gallagher, Travis Banks, El Ligero mais aussi Matt Riddle ou Velveteen Dream sont entre bien d’autres visés.

Si beaucoup de promotions, notamment indépendantes, ont fait le choix de ne plus booker les personnes visés, la WWE s’est séparé de quelques uns d’entre eux après avoir selon ses dires enquêté sur les cas qui la concernaient. Travis Banks, Jack Gallagher ou encore El Ligero se sont vu montrer la porte de sortie, tandis que pour Velveteen Dream et Matt Riddle — qui vient même de signer un nouveau contrat bien avantageux — la WWE n’a visiblement rien trouvé de concluant, pour elle.

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Mais le mouvement #SpeakingOut n’a pas été vain, notamment outre-manche où un code de conduite auquel peuvent adhérer les promotions britanniques a été mis en place et a accessoirement libéré une parole trop longtemps bâillonnée, et on l’espère, donnera confiance à tout·e·s celles et ceux qui voudraient parler.

On retiendra aussi…

  • Roman Reigns aura été absent une bonne partie du printemps et de l’été, mais pour revenir encore meilleur. Si ce que la WWE nous a proposé cette année ne nous a pas totalement convaincu, le heelturn du Big Dog transformé en Tribal Chief est un des meilleurs programme de l’année.
  • Drew McIntyre aura lui aussi clairement marqué l’année et mérité sa place de main-eventer sur la carte de la compagnie de Stamford. Champion de la WWE deux fois — pour offrir un bref titre en plus à Randy Orton mais un titre quand même — il aura su porter Monday Night RAW sur ses épaules malgré la tempête.
  • S’il y a un retour que l’on attendait pas, c’est celui d’Edge. Neuf ans après une retraite anticipé et très peu d’espoir de le revoir un jour, la Rated-R Superstar a fait son retour au Royal Rumble. Malheureusement 2020 ne se sera sans doute pas passé comme prévu puisque quatre mois plus tard, c’est la blessure et la disparition pour le reste de l’année. On ne lui en voudra pas s’il décidait de ne pas revenir, on le préfère en famille et en bonne santé.
  • On est content pour Eddie Kingston, qui reçoit enfin la reconnaissance qu’il méritait depuis tant d’année avec son arrivée à l’AEW et on espère pour lui une année 2021 pleine de victoire.
  • On n’a pas boudé notre plaisir non plus en apprenant que la catcheuse française Amale avait signé un contrat à la WWE pour NXT UK, et même si les débuts sont timides, on croise les doigts pour qu’elle s’y fasse une bonne place en 2021.
  • Dominik Mysterio, qui en quelques mois a su convaincre qu’il avait de l’avenir sur le ring et ça, y’en a même qui sont là depuis des années et qui n’en sont pas capable.
  • Bray Wyatt/The Fiend, qui aura réussi à être bien plus intéressant en 2020 après des débuts un peu trop poussé et hasardeux en 2019.
  • NXT, parce que malgré une année entière à la télévision, un roster incroyable, des storylines bien faites et d’excellents matchs, la sauce ne prend pas. La faute à qui ? à quoi ? On ne sait pas même si on ressent un manque de buzz autour du show. Il faudra clairement marquer le coup en 2021 en revoyant sa copie, et parce qu’en face l’AEW ne se prive pas et commence à sérieusement récolter les fruits de son travail.
  • Brodie Lee, parce que quand on y pense, il avait certainement encore beaucoup à faire durant sa carrière et ce run à l’AEW lui offrait des perspectives très intéressantes. Et ça, ça fait chier.

L’année 2020 dans le monde du catch est une année dont on se souviendra mais dont on espérerait oublier certains aspects. On croise les doigts pour une année 2021 pleine de bonnes nouvelles et de rebondissements, de feel good et de mark moments. On en a bien besoin.

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